De 1975 à 1991, du renversement à la restauration du capitalisme par le stalinisme
Le Cambodge est maintenu dans l’arriération par le colonisateur français, au contraire du Vietnam voisin. Il est littéralement ravagé par l’aviation américaine en 1973, ce qui permet au Parti « communiste » khmer de gagner la confiance des paysans et de renverser en 1975 la dictature militaire de Lon Nol mise en place par les États-Unis. Le PCK de Pol Pot, formé par le PCF au début des années 1950, exproprie mais il vide aussi les villes (donc disloque le prolétariat naissant), collectivise de force les campagnes (ce qui mine le soutien des paysans) et extermine la minorité vietnamienne ainsi que les intellectuels. Le « Kampuchéa démocratique » (sic), armé par la Chine, agresse le Vietnam, soutenu par l’URSS, à partir de 1977.
L’armée vietnamienne envahit le Cambodge en 1979, dont le régime s’effondre. Elle installe un gouvernement de transfuges du PCK qui fondent un nouveau parti unique, le Parti révolutionnaire du peuple du Kampuchea (PRPK). Dans le nouveau gouvernement, figure Hun Sen, ancien du PCK.
En 1989, sous la pression de Gorbatchev et en proie aux mêmes difficultés économiques que l’URSS, le Vietnam évacue le Cambodge. Le PRPK rétablit le capitalisme. Le Cambodge redevient une monarchie, le bouddhisme est la religion d’État. Hun Sen reste parvient à rester aux commandes de l’État. Le PRPK se rebaptise Parti populaire cambodgien, les bureaucrates staliniens qui dirigeaient le PRPK et la République populaire du Kampuchéa, Hun Sen et sa famille inclus, mutent en capitalistes, comme leurs homologues en Russie et en Chine.
2014 : le gouvernement de Hun Sen réprime les grèves
Cependant, vu la taille du pays et le faible niveau des forces productives, la nouvelle bourgeoisie présente des traits compradores prononcés. Par exemple, les 3 aéroports sont gérés par le groupe français Vinci. La déforestation se poursuit au compte de groupes de Singapour, de Taiwan, de Malaisie, de Chine… Les paysans sont spoliés de leurs terres. Les inégalités s’accroissent. La malnutrition continue à sévir. La prostitution augmente.
Les 650 000 travailleurs du textile sont mal payés par les 500 entreprises de la confection, travaillent longtemps, sont mal logés, licenciés sans indemnité, obligés de se syndiquer à des syndicats jaunes.
300 000 se sont mis en grève en décembre 2013 pour obtenir 160 dollars par mois, soit le doublement du salaire (actuellement de 80 dollars, 59 euros).
Le 2 janvier 2014, le gouvernement PPC de l’ancien PCK Hun Sen réprime la grève en tuant 5 ouvriers, en en blessant des dizaines. Le lendemain, les manifestations sont interdites et les dirigeants syndicaux annulent la grève.
L’exploitation capitaliste à grande échelle a fait naître un mouvement ouvrier : des grèves, des syndicats, alors que le colonisateur français, la monarchie « neutraliste », la dictature militaire et le stalinisme totalitaire avaient empêché son émergence. La classe ouvrière doit préserver son indépendance de l’autre parti bourgeois, le PSNC de Sam Rainsy, qui veut utiliser les travailleurs comme instruments pour prendre le pouvoir avant de gouverner pour la même classe que le PPC de Hun Sen.
Pour renverser à son compte et à celui de tous les opprimés et exploités ce dernier débris du stalinisme, il lui faut sa propre expression politique, un parti ouvrier, démocratique, révolutionnaire, internationaliste. Alors, le prolétariat pourra imposer un gouvernement révolutionnaire, qui soit désigné et contrôlé par les ouvriers et les paysans, et ouvrir la perspective d’une véritable fédération socialiste de toute la péninsule indochinoise.