Résolution constitutive du Comité international de la Quatrième internationale

Le 23 novembre 1953, les sections anglaise, française, américaine [il était écrit « néo-zélandaise » car la loi américaine interdisait l’affiliation du SWP à la QI], suisse de la Quatrième internationale ont décidé ce qui suit :
1.- Nous affirmons notre solidarité avec la ligne fondamentale de l’appel du Comité national du Socialist Workers Party [Parti socialiste des travailleurs] aux trotskystes du monde entier, et, particulièrement avec la définition qui s’y trouve des bases programmatiques du trotskysme :
a) L’agonie du système capitaliste menace la civilisation de destruction, par des crises de plus en plus graves, des guerres mondiales et des manifestations de barbarie comme le fascisme. Le développement des armes atomiques souligne aujourd’hui le danger de la façon la plus sévère.
b) La chute dans l’abîme ne peut être évitée qu’en remplaçant le capitalisme par l’économie socialiste planifiée à l’échelle mondiale et en rentrant ainsi dans la voie du progrès dans laquelle s’était engagé le capitalisme à ses débuts.
c) Cette œuvre ne peut être accomplie que sous la direction de la classe ouvrière, seule classe réellement révolutionnaire de la société. Mais la classe ouvrière elle-même doit faire face à une crise de direction, bien que le rapport des forces sociales dans le monde n’ait jamais été aussi propice qu’aujourd’hui à la marche des travailleurs vers le pouvoir.
d) Pour s’organiser afin de mener à bien cette tâche historique, la classe ouvrière de chaque pays doit construire un parti révolutionnaire sur le modèle qu’a développé Lénine, c’est-à-dire un parti de combat, apte à combiner dialectiquement la démocratie et le centralisme – la démocratie dans l’élaboration des décisions, le centralisme dans leur exécution. Une direction contrôlée par la base, une base apte à marcher au feu avec discipline.
e) Le principal obstacle dans cette voie est constitué par le stalinisme qui n’attire les travailleurs, en exploitant le prestige de la Révolution russe d’octobre 1917, que pour les rejeter ensuite, une fois qu’il a trahi leur confiance, dans l’apathie ou dans les illusions à l’égard du capitalisme.
Le prix de ces trahisons, ce sont les travailleurs qui le paient, sous la forme de raffermissement des forces monarchistes ou fascistes et de l’explosion de nouvelles guerres fomentées par le capitalisme. Dès le début, la Quatrième internationale a défini comme l’une de ses tâches principales le renversement révolutionnaire du stalinisme, à l’intérieur et à l’extérieur de l’URSS.
f) La nécessité pour beaucoup de sections de la Quatrième internationale, et de partis ou de groupes qui sympathisent avec son programme, d’adopter une tactique souple, rend d’autant plus indispensable pour eux qu’ils sachent comment combattre l’impérialisme et ses agences petites-bourgeoises (comme les formations nationalistes ou les bureaucraties syndicales) sans capituler devant le stalinisme ; et inversement, qu’ils sachent comment combattre le stalinisme (qui est en dernière analyse une agence petite-bourgeoise de l’impérialisme) sans capituler devant l’impérialisme.
Ces principes fondamentaux, établis par Léon Trotsky, conservent leur pleine validité dans la réalité toujours plus complexe et plus fluide du monde politique actuel. En fait, les situations révolutionnaires qui, comme Trotsky l’avait prévu, surgissent de toutes parts, ont maintenant rendu entièrement concret ce qui pouvait autrefois apparaître comme des abstractions tant soit peu éloignées, non intimement liées à la réalité de l’époque. La vérité est que ces principes acquièrent aujourd’hui une force croissante à la fois dans l’analyse politique et dans la détermination des actions politiques.
2.- Nous considérons comme déchu de ses pouvoirs le Secrétariat international des usurpateurs pablistes, qui consacre son activité à la révision du trotskysme, à la liquidation de l’internationale et à la destruction de ses cadres.
3.- Représentant l’immense majorité des forces trotskystes de l’Internationale, nous décidons de constituer un Comité international de la Quatrième internationale.
4.- Nous appelons toutes les directions de sections de la Quatrième internationale à se mettre en rapport avec la direction représentative du programme trotskyste et de la majorité des forces de la Quatrième internationale. Chaque cadre responsable, chaque militant trotskyste, soucieux de l’unité de l’internationale et de l’avenir de sa section nationale, doit prendre clairement et rapidement position entre le centre révisionniste et liquidateur des usurpateurs pablistes et le Comité international de la Quatrième internationale.
Paris, le 23 novembre 1953
Pour la section anglaise : « Burns » (Gerry Healy)
Pour la section française : Bleibtreu
Pour la section américaine : « Smith » (Farrell Dobbs)
Pour la section suisse : « Jacques » (Heinrich Buchbinder)