Lettre du CoReP aux HWRS, 23 octobre 2013 (Español, Français)

Collectif Révolution Permanente

Pour : HWRS

Objet : rapprochement international

Date : 22 octobre 2013

Chers camarades,

Depuis plusieurs années, le Collectif révolution permanente tenteny d’examiner les possibilités de rapprochement avec les HWRS des États-Unis. Votre groupe a pu, entretemps, vérifier le bien-fondé des avertissements que nous avions lancés à l’égard du gourou de la LOI d’Argentine (et de son adjoint du CWG de Nouvelle-Zélande) qui avaient antérieurement calomnié le Collectif et tenté de liquider sa section du Pérou.

À la suite de la traduction en anglais sur de la résolution du CoReP sur la Syrie, nous avons reçu votre lettre encourageante du 3 octobre :

Après avoir lu votre position sur la Syrie, nous pensons que nous avons une position similaire à la vôtre. C’est très important car une méthode révolutionnaire à l’égard de la Syrie est aujourd’hui une épreuve de vérité pour la méthode révolutionnaire. Elle divise la gauche en deux camps opposés : les marxistes révolutionnaires qui luttent pour les mobilisations indépendantes des travailleurs et des opprimés contre Assad et les forces islamistes réactionnaires face à la gauche opportuniste qui s’adaptent aux islamistes et à l’ASL qui sont devenus les fantoches de l’impérialisme américain.

Nous devons explorer sérieusement si nos groupes ont des accords principiels sur le programme révolutionnaire internationale et la méthode. D’après ce que nous savons, la plus grande divergence entre le CoReP et les HWRS réside dans le soutien critique à la sociale-démocratie. Mais cette différence est avant tout historique et tactique et ne doit pas constituer un obstacle à l’établissement de relations fraternelles.

Nous proposons de débuter des discussions systématiques entre nous. Peut-être nous pouvons établir un bulletin international commun dans ce but. Dans un tel bulletin international, nous pourrions explorer notre méthode et nos positions sur les questions internationales décisives et établir s’il y a des accords pour établir des relations fraternelles plus étroites entre nos groupes.

Comme vous, notre petite organisation internationale estime que les crises révolutionnaires d’Afrique du nord et du Proche-Orient (et les menées contre-révolutionnaires militaires et islamistes) sont des questions importantes pour le prolétariat mondial, même s’il faut procéder avec prudence dans une situation de guerre civile (et d’interventions étrangères à l’aide des deux camps) sans que nous ayons de camarades sur le terrain, comme en Syrie aujourd’hui.

À notre avis, le mouvement initial de révolte contre Assad devait être soutenu, en dépit de sa direction initiale car il reposait sur le prolétariat et les autres couches exploitées et s’inscrivait dans le mouvement de mobilisation révolutionnaire des masses qui s’est développé en Tunisie et en Égypte. Mais, en l’absence d’un parti ouvrier révolutionnaire et même de toute organisation ouvrière significative, la guerre civile a tendance à opposer deux forces tout aussi réactionnaires, si bien que

  • ceux qui, dans le mouvement ouvrier, soutiennent au nom de l’anti-impérialisme le régime d’Assad qui est responsable d’une répression sanglante et répugnante contre la jeunesse et le peuple et qui est aidé sur l’impérialisme russe et l’impérialisme chinois,
  • ceux qui appuient l’ALS (contrôlée par les Frères musulmans) et les bandes djihadistes malgré l’expérience, entre autres, de la révolution et de la contre-révolution en Iran,
  • ceux qui prétendent que les bourgeoisies impérialistes occidentales peuvent intervenir militairement dans l’intérêt de la population, voire de la « révolution »,

se rangent aux côtés d’un pôle impérialiste ou d’un autre.

Par contre, le CoReP n’adopte pas de position principielle sur toutes les élections de chaque pays car cela reste une question tactique. Ces questions ne font pas partie du « programme révolutionnaire international », comme vous en convenez.

Le CoReP se prononce seulement contre le vote pour des partis bourgeois, y compris dans les pays dominés. En ce qui concerne l’analyse du mouvement ouvrier, le CoReP estime que le programme de la 4e Internationale reste pertinent :

  • Le mouvement ouvrier mondial, à l’époque impérialiste, se divise inéluctablement entre deux pôles : les communistes internationalistes et les agences de la bourgeoisie dans la classe ouvrière.
  • Les différences, au sein de ces dernières, entre les bureaucraties ouvrières de type syndical ou de type politique sont, à cet égard, secondaires.
  • L’étiquette « socialiste » ou « sociale-démocrate » d’un parti politique ne suffit pas à le rattacher au mouvement ouvrier. Il suffit de penser au Parti radical-socialiste de France de la fin du 19e siècle, au NSDAP d’Allemagne du début du 20e siècle, au PASOK de Grèce, au PS du Sénégal, au PSD du Brésil de la fin du 20e siècle. Désormais, il en va de même de l’étiquette pourtant plus radicale de « communiste », comme l’illustre le PCC au pouvoir en Chine (et le KPRF dans l’opposition en Russie).
  • Au sein des partis politiques ouvriers bourgeois, les différences entre ceux qui sont nés dans la classe ouvrière avec un programme bourgeois (LP d’Australie, LP de Grande-Bretagne, PS de France, PT du Brésil…) et ceux qui sont apparus sous le drapeau du marxisme (la sociale-démocratie classique d’Europe et les partis communistes du monde entier) se sont estompées avec la trahison social-patriotique de la 1e Guerre mondiale par la 2e Internationale, le tournant vers le front populaire de la 3e Internationale.
  • Elles ont disparu depuis le rétablissement du capitalisme par les bureaucraties de l’URSS et de la RPC. L’éclatement consécutif de l’appareil international du stalinisme a transformé certains fragments en partis simplement bourgeois (libéraux, écologistes voire fascisants), d’autres en partis ouvriers bourgeois (KKE et Synaspismos en Grèce, par exemple), alors que d’autres fusionnaient avec des « socialistes » (DL en Allemagne).
  • Par conséquent, le CoReP n’accorde aucun caractère progressiste aux partis ouvriers contemporains issus du stalinisme par rapport aux autres partis réformistes. L’assassinat d’ouvriers en grève en 2012 en Afrique du Sud par le gouvernement qui comprend le SACP a confirmé le verdict de la 4e Internationale.

Si vous jugez importante une discussion sur ce sujet (le mouvement ouvrier mondial), nous pourrions publier, avec le PCO d’Argentine s’il est intéressé, un numéro de Debate Comunista ensemble en espagnol et en anglais.

Le CoReP soumet à la discussion deux documents synthétiques :

  1. Un bilan de la 4e Internationale adopté en 2010,
  2. La plateforme du GMI de France qui a été approuvée par le GKK d’Autriche et RP du Pérou.

En pratique, nous proposons :

a)     que les HWRS cosignent rétrospectivement la déclaration Syrie d’août,

b)     que les HWRS rédigent un projet de résolution commune sur la lutte des classes dans toute la région,

c)      que nous nous rencontrions rapidement.

Avec nos salutations communistes internationalistes,

Bureau du CoReP