L’enjeu de notre discussion avec l’OTI

La guerre en Ukraine rappelle brutalement au prolétariat que l’impérialisme est la période des guerres et des révolutions. L’Ukraine est un enjeu entre les différents impérialismes. L’impérialisme russe l’attaque et nous devons défendre le droit à l’Ukraine d’exister contre cette attaque impérialiste. Et en même temps, cette guerre rapproche de l’affrontement entre les principaux impérialismes dont les dépenses d’armement ne font que s’accélérer depuis une dizaines d’années. L’axe principal de l’affrontement inter-impérialistes pour les prochaines années reste l’opposition entre l’impérialisme américain et l’impérialisme chinois.

Nous écrivions dans la plateforme du COREP en 2017 :




L’impérialisme ne se contente pas de préparer la guerre. La marche à la barbarie du stade impérialiste se manifeste de mille et une manière, que ce soit la gestion désastreuse de la pandémie de COVID, la poursuite du saccage écologique de la planète et du réchauffement climatique, la crise économique qui frappe durement le prolétariat des centres impérialistes encore plus celui des pays dominés ainsi que toutes les autres couches paupérisées, ou bien encore le combat de la réaction contre les droits des femmes ainsi que des LGBT aux USA, en Pologne et dans bien d’autres pays, etc.

Le prolétariat combat, mais il est entravé, égaré, trahi, par les directions réformistes, social-chauvines et les bureaucraties syndicales. Ce n’est pas nouveau. Mais le combat pour faire de la 4e internationale le parti mondial de la révolution, après la trahison de la 3e internationale, malgré le combat acharné de Trotsky, n’a pas abouti. La 4e internationale n’a pas pu se construire comme centre dirigeant car elle a été victime des erreurs, des révisions du programme, des crises, des déviations multiples, dont les racines, sous des formes très diverses, résident toujours dans l’adaptation à la bourgeoisie, à la petite bourgeoisie, ou à l’ombre de la bourgeoisie projetée dans le mouvement ouvrier par les appareils bureaucratiques réformistes ou staliniens. Vous avez tiré un bilan de la crise de la 4e internationale. Vous pensez qu’elle peut être encore sauvée, qu’il faut la refonder ou la reconstruire. Nous pensons qu’elle a été détruite par ces crises successives et que les ressources pour la défendre et la reconstruire ont été épuisées.

Cela ne signifie pour nous que les acquis théoriques, programmatiques de la 4e internationale, à commencer par l’immense travail de Trotsky, soient devenus obsolètes, au contraire. Nous sommes pour la défense des ces acquis théoriques et programmatiques fondamentaux, indispensables, car nous n’avons pas changé d’époque, et c’est au contraire la perte de ces acquis théoriques dans les rangs de ceux qui se sont réclamés de la 4e internationale qui a abouti à sa perte. Comment se peut-il aujourd’hui que tout en se réclamant du trotskysme, des organisations défendent l’agression impérialiste russe contre l’Ukraine, ou bien renvoient dos-à-dos le pays dominé et l’impérialisme, ou bien sombrent dans le pacifisme béat et refusent à l’Ukraine le droit de se procurer des armes pour se défendre ? Que reste-t-il de la 4e internationale dans ces conditions ? Le centrisme a de multiples visages, mais il est toujours destructeur au bout du compte car il égare les travailleurs qui cherchent la voie de la révolution et du parti révolutionnaire. Le centrisme n’aide pas à construire le parti révolutionnaire, il le sape tout en empruntant son drapeau.

Et pourtant il faut construire une internationale ouvrière révolutionnaire mondiale, appuyée sur tous les acquis de Marx, Engels, Lénine et Trotsky, sur les acquis de la 1e, 2e, 3e et 4e internationale. Être aujourd’hui pour refonder ou reconstruire la 4e internationale comme vous l’êtes ou bien considérer qu’il faut construire une nouvelle internationale ouvrière comme nous le sommes constitue sans doute une divergence, mais certainement pas un obstacle pour avancer ensemble. Le plus important n’est pas dans l’appellation, mais dans le contenu du programme, de l’orientation de cette internationale. Et c’est donc de la discussion franche, de la clarté dont nous avons besoin les uns et les autres pour franchir peut-être un pas considérable dans cette construction ou reconstruction que constituerait le rapprochement de nos deux organisations, voire à terme leur fusion.

La clarté et la discussion franche sur quoi ?

Et bien d’abord notons que nous avons été d’accord sur la question de l’Ukraine, et c’est fondamental, car les tournants de la situation obligent toujours les organisations se réclamant de la révolution à préciser leur orientation, à l’évaluer à la mesure des évènements. Il reste évidemment bien d’autres questions, sur le centrisme, le front unique anti-impérialiste, l’armement du prolétariat, la grève générale contre les journées d’action etc.

Vous avez écrit un texte sur la situation internationale, un autre sur la crise de la 4e internationale, et une déclaration sur les principes de l’opposition trotskyste internationale. Vous nous avez communiqué ces textes, c’est une marque de confiance et nous vous en remercions.

Nous avons de notre côté transmis la plateforme du COREP qui constitue le résumé de nos positions fondatrices.

Au-delà des échanges de ce soir, nous pensons que l’ouverture d’une discussion écrite organisée entre nos deux organisations sur la base de ces textes est souhaitable et nécessaire. Cette discussion pourrait s’inscrire dans les débats préparatoires à votre conférence mondiale internationale à laquelle nous souhaiterions participer en tant que COREP. Enfin, la rédaction et l’adoption de textes en commun, comme nous vous l’avions proposé sur le 1er mai, sur des questions de la lutte de classe internationale devraient être recherchées à la fois pour vérifier nos points d’accord et avancer concrètement dans la vois du rapprochement.