Groupe marxiste internationaliste
section français du Collectif révolution permanente
Date : 7 décembre 2014
Pour : Voix des travailleurs
Objet : annulation de votre venue à notre conférence
Le centre de gravité de l’organisation de classe réside dans l’Internationale. (Rosa Luxemburg, Thèses sur les tâches de la sociale-démocratie, 1915)
L’ouverture du Collectif révolution permanente et de sa section française
Camarades de Voix des travailleurs,
Dès la fusion du Comité communiste internationaliste et du Groupe bolchevik (lors de la conférence de fondation à laquelle était invité le groupe français VdT, qui n’avait pas daigné venir), le Groupe marxiste internationaliste a présenté ouvertement à l’avant-garde internationale et française ses analyses et ses méthodes.
Contre la dispersion et la confusion, nous poursuivrons le regroupement sur la base du programme communiste que nous avons initié à l’échelle internationale et nationale, en nous adressant aux militants, fractions et organisations qui cherchent la voie de la révolution prolétarienne mondiale. (GMI, Pour le communisme, pour en finir avec le capitalisme, avril 2013).
Le 28 juin, la direction nationale du Groupe marxiste internationaliste invite le groupe français VdT, en même temps que d’autres organisations, à sa 2e conférence (prévue les 25 et 26 octobre). Le 27 août, elle renouvelle son invitation pour lui donner l’occasion d’approfondir l’échange initié à partir du bombardement sioniste de Gaza, de défendre ses positions devant l’ensemble des militants du GMI, la délégation d’un autre groupe français et camarades de groupes étrangers. Le 10 septembre, la direction du GMI précise les horaires et le lieu de la conférence ; elle propose, en outre, de tenir une réunion commune aux militants du groupe français VdT et de la section du CoReP.
Notre conférence se tiendra à […] en trois parties dont : une sera réservée aux membres du Collectif révolution permanente (dimanche après-midi : organisation) ; deux autres seront ouvertes aux invités d’autres organisations (de samedi matin 10 h 30 à dimanche vers 12 h : situation mondiale, situation française).
Les observateurs d’autres organisations peuvent intervenir dans la partie ouverte dans les mêmes conditions que les membres du Groupe marxiste internationaliste (mais ne votent pas).
Nous avons bien reçu l’invitation à votre AG du 14 septembre. Notre calendrier ne nous permet pas d’envoyer des membres de la direction ce jour-là. Néanmoins, nous vous proposons d’organiser, après notre conférence, une réunion commune des militants de VdT et du GMI, qui pourrait porter, par exemple, sur deux thèmes :
- la situation mondiale et les réponses des communistes internationalistes,
- la colonisation sioniste en Palestine et les tâches stratégiques du prolétariat en Israël, Gaza et Cisjordanie…
Nous vous soumettons aussi le projet de déclaration Irak du CoReP. Nous l’utilisons de manière provisoire sur les sites en langue allemande et française, mais nous le mettrons à jour s’il est cosigné ou amendé par des organisations nationales en dehors du CoReP.
En avant vers le rassemblement des communistes internationalistes sur la base du programme marxiste ! (GMI, Courriel, 10 septembre)
Le 11 septembre, Robert Paris écrit que des membres de son groupe se rendront à la 2e conférence du GMI.
Nous vous confirmons notre venue à votre réunion. Dommage que vous ne puissiez pas venir à la nôtre et que vous n’estimiez pas nécessaire de continuer le débat qui a été commencé… Des révolutionnaires sans débat écrit ne sont pas véritablement des trotskystes ! salutations communistes révolutionnaires. (Robert Paris, Courriel, 11 septembre)
Une fâcheuse dérobade et une occasion manquée
Il faut des « débats écrits », exige l’inamovible et unique représentant du groupe français VdT. Pourtant, quand qu’il reçoit le 23 octobre, une contribution de l’organisation communiste internationale CoReP, Robert Paris annule brutalement la délégation de VdT à la conférence du GMI.
Robert Paris découvre soudain, après la réponse du CoReP (le « débat écrit » qu’il réclamait), que le Groupe marxiste internationaliste est une secte obéissant à une « logique de groupe » ; lui-même étant guidé, en toute modestie, par une « logique de classe ».
C’est sans doute cette triste et étroite logique de groupe (et pas la logique de classe, la seule véritablement révolutionnaire) qui amène le GMI et le COREP à affirmer que VDT est un groupe sans principe, qui fait en gros n’importe quoi… (Robert Paris, Courriel, 25 octobre)
C’est la paille et la poutre. Si un groupe cherche à construire l’internationale et à se dissoudre au sein d’une organisation plus vaste, c’est bien le Groupe marxiste internationaliste ; si un dirigeant cherche à maintenir sa routine, tout en prétendant que la guerre mondiale est imminente, c’est bien Robert Paris.
Non seulement le camarade n’a jamais répondu à la proposition de s’associer à la déclaration internationale contre l’intervention israélienne à Gaza, mais il esquive les arguments, sérieux et réfléchis, du Collectif révolution permanente pour se réfugier dans la dérision.
Les faits sont têtus. Robert Paris annule au dernier moment la venue de la délégation de VdT à la conférence du Groupe marxiste internationaliste, boude la rencontre avec des militants du Pérou et d’Autriche qui ont fait l’effort de traverser l’Europe ou l’Atlantique.
À cette occasion, il prend une fois de plus des libertés avec la vérité.
C’est sans doute pour cela que vous ne nous avez pas envoyé de mail de confirmation de notre invitation à votre congrès. (Robert Paris, Courriel, 25 octobre)
Trois courriers d’invitation (28 juin, 27 août, 10 septembre, dont le dernier avec les indications de lieu de métro et les horaires) ne suffisent-ils pas ?
Depuis les trahisons de 1914 et de 1933, le mouvement ouvrier est clivé
Camarades, le capitalisme n’est pas mort. Tant qu’il survit, il exploite, il opprime, il détruit. Il menace d’entraîner toute l’humanité dans son agonie. La classe ouvrière a pour rôle historique d’y mettre fin par la révolution mondiale.
Le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. (Karl Marx, Manifeste du parti communiste, 1848)
Il faut au prolétariat un outil pour lutter contre la classe dominante, rallier les autres exploités et dominés, renverser le capitalisme.
La politique qu’il faut faire, c’est la politique ouvrière ; il faut que le parti ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois, mais bien en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui. (Friedrich Engels, Discours sur l’action politique de la classe ouvrière, 1871)
Depuis la rédaction fin 1847 du programme de la Ligue des communistes par Marx, un bouleversement s’est produit : à l’époque de l’impérialisme, après les trahisons historiques de la social-démocratie et du stalinisme, il n’est plus possible d’avoir un parti unique de la classe ouvrière, d’être dans le même parti que les lieutenants ouvriers de la bourgeoisie.
La Commune de Paris démontra que le prolétariat ne peut arracher le pouvoir à la bourgeoisie sans avoir à sa tête un parti révolutionnaire éprouvé. Or la longue période d’essor capitaliste qui suivit entraîna, non l’éducation d’une avant-garde révolutionnaire, mais au contraire, la dégénérescence bourgeoise de la bureaucratie ouvrière, qui devint à son tour le frein principal de la révolution prolétarienne. Cette « dialectique » , les auteurs du Manifeste ne pouvaient la prévoir… (Léon Trotsky, 90 ans de Manifeste, 1937)
Quelle que soit la taille des organisations qui les incarnent, il y a depuis trois courants au sein de la classe ouvrière :
- ceux qui veulent que le capitalisme survive (les bureaucraties corrompues qui ont, par leur soumission à la classe dominante, provoqué la scission irréversible du mouvement ouvrier) ;
- ceux qui refusent de combattre les précédentes : soit qu’ils ne veulent pas rompre avec elle (les centristes), soit qu’ils se contentent de les dénoncer sans les affronter au sein des masses (les gauchistes) ;
- ceux qui veulent que le capitalisme meure et donc s’efforcent de construire une internationale (et un parti dans chaque pays) pour mener la révolution à la victoire.
Par conséquent, la lutte pour la révolution inclut la lutte contre les agences de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière.
C’est un fait que les « partis ouvriers bourgeois » se sont déjà constitués dans tous les pays capitalistes avancés et que, sans une lutte décisive et implacable sur toute la ligne contre ces partis, ces groupes, ces tendances, il ne saurait être question ni de lutte contre l’impérialisme, ni de marxisme, ni de mouvement ouvrier socialiste. (Vladimir Lénine, L’Impérialisme et la scission du socialisme, 1916)
La lutte des communistes, des internationalistes doit être menée de manière faire retomber, dans l’action et par l’expérience, la responsabilité de la division des rangs ouvriers sur ses responsables, d’où l’activité des communistes au sein des syndicats de masse quelle que soit leur direction, leurs propositions d’unité de lutte (front unique ouvrier, alliance ouvrière…) aux organisations de masse de la classe ouvrière, la mise sur pied d’organes de combat (soviets, conseils…) rassemblant toutes les tendances du mouvement ouvrier.
Les divisions des partis ont des raisons historiques… Pour la victoire, l’arme d’un nouveau parti est indispensable. Mais cela n’exclut pas l’action et même l’organisation commune de l’action. Au contraire, cela l’impose. (Ligue communiste, Programme d’action, 1934)
Rompre avec la routine nationale et l’isolement international
Il n’y a pas plus « d’extrême-gauche révolutionnaire » que de « camp des nouvelles puissances impérialiste des BRICS ». Une telle catégorie recouvre les organisations centristes, la gamme des anarchistes, les sectes cristallisées et les noyaux communistes internationalistes qui se fondent sur la théorie marxiste et la stratégie de l’Internationale communiste et de la 4e Internationale.
En 1937, les partisans de la 4e Internationale en France fondent le Parti ouvrier internationaliste (POI). Il se délimite du centrisme (Gauche révolutionnaire, Groupe que faire) et de l’anarchisme (Que veut le POI, 1937, p. 20-21). En 1938, les partisans américains de la 4e Internationale fondent le Parti socialiste des travailleurs (SWP). Il se démarque nettement des sectes du pays et du moment.
Il ne serait pas fructueux de dépenser de l’énergie avec la variété de sectes ultragauches en décomposition (Oehler, Weisbord, etc.) qui se sont condamnées elles-mêmes à la stérilité et ont muté en obstacles réactionnaires sur la voie de la construction du parti ouvrier révolutionnaire aux États-Unis. (Résolution sur la situation politique et les tâches du parti, 1938, The Founding of the SWP, Monad, p. 105)
La 4e Internationale elle-même a lutté pour clarifier la théorie, la stratégie, la tactique contre l’opportunisme et le gauchisme.
Se préparer à la révolution signifie, pour les sectaires, se convaincre soi-même des avantages du socialisme. Ils proposent de tourner le dos aux « vieux » syndicats, c’est-à-dire à des dizaines de millions d’ouvriers organisés – comme si les masses pouvaient vivre en dehors des conditions de la lutte de classes réelle !… Ils se refusent à faire en pratique une différence entre la démocratie bourgeoise et le fascisme – comme si les masses pouvaient ne pas sentir cette différence à chaque pas !… Incapables de trouver accès aux masses, ils les accusent volontiers d’être incapables de s’élever jusqu’aux idées révolutionnaires… Les événements politiques sont pour eux une occasion de faire des commentaires, mais non d’agir… Dans leurs propres milieux, ils exercent d’ordinaire un régime de despotisme. (4e Internationale, Programme de transition, 1938, GB, p. 38)
À quoi peuvent bien servir de multiples groupes et groupuscules qui vivotent à l’ombre des partis réformistes (PCF, PS, PdG) et d’organisations centristes de plus grande taille (LO, NPA), alors que leur taille même les empêche de trouver le chemin de la classe ouvrière ?
Pour gagner la confiance de la jeunesse, il faut non seulement déclarer une guerre à mort à la social-démocratie moralement corruptrice et à la misérable bureaucratie de la IIIe Internationale, mais aussi créer réellement une organisation internationale basée sur la pensée critique et l’initiative révolutionnaire : comités de défense contre le fascisme, détachements de combattants rouges, milice ouvrière, lutte pour l’armement du prolétariat. (Léon Trotsky, La Guerre et la 4e Internationale, 1934)
VdT doit aujourd’hui faire un pas vers l’internationale ouvrière révolutionnaire, sous peine de régresser.
Il n’y a rien de pire que la stagnation de petits groupes proches les uns des autres. Ils peuvent rester assis et stagner ainsi pendant des années. Le conservatisme des petits groupes est solide. Il est particulièrement ancré en France. (Léon Trotsky, Lettre à Klarine, 1929)
Pour préparer le renversement du capitalisme, pour démasquer les directions actuelles de la classe ouvrière et pouvoir déjouer leurs trahisons, il faut regrouper sans tarder les communistes, à l’échelle internationale et locale, sur la base du programme.
L’initiative d’une minorité consciente, un programme scientifique, l’agitation courageuse et inlassable au nom d’objectifs clairement formulés, l’impitoyable critique de toute ambiguïté sont quelques-uns des facteurs les plus importants pour la victoire du prolétariat. Sans un parti révolutionnaire soudé et aguerri, une révolution socialiste est inconcevable. (Léon Trotsky, Pour la 4e Internationale, 1935)