Amendements du CoReP au projet de déclaration commune sur la Palestine soumis par la L5I et l’OTI, 19 décembre 2023

Suppression / Ajout

L’Opposition trotskiste internationale (OTI), la Ligue pour la Cinquième Internationale (LFI), le Collectif Révolution permanente (CoReP), le Parti révolutionnaire des travailleurs (PRT) de Russie, et … se trouvant d’accord sur les perspectives prolétariennes révolutionnaires pour la Palestine, ont adopté cette déclaration commune.

L’oppression, l’expulsion et les meurtres constants de Palestiniens en Israël, en Cisjordanie et à Gaza ont une fois de plus attiré l’attention des travailleurs du monde en raison de la contre-attaque menée par le Hamas et d’autres combattants de la résistance le 7 octobre (Djihad, FPLP, FDLP) et de la réponse brutale d’Israël contre l’ensemble de la population de Gaza, plus importante que ses précédentes attaques dans cette région. Cela a indigné et mobilisé des millions de personnes dans le monde entier contre l’État sioniste et contre le soutien inconditionnel qu’il a reçu de la part de ses soutiens impérialistes et racistes.

Il est du devoir urgent de tous les révolutionnaires d’apporter un soutien maximal à ce mouvement mondial, tout en présentant une perspective révolutionnaire anticapitaliste claire pour son développement. Dans ce but, nous présentons la déclaration suivante et appelons tous ceux qui partagent notre point de vue sur la situation à nous rejoindre dans cet effort.

Une colonisation basée sur le terrorisme

Le sionisme est depuis sa fondation en 1897 un projet de colonisation. Son objectif est d’expulser la population arabe indigène de Palestine pour laisser place aux colons juifs. Dans ce but, les nationalistes bourgeois juifs cherchent l’appui des États impérialistes européens, incluant le 3e Reich de 1933 à 1944.

Ils partageaient la vision que les Juifs n’avaient rien à faire en Europe, en Amérique, en Afrique du Nord, au Proche-Orient sauf en Palestine. Durant les années 1930, les États bourgeois ont empêché les Juifs d’émigrer aux États-Unis et en Europe occidentale. Pendant la 2e guerre mondiale, les « démocraties » britannique et américaine n’entreprirent rien pour protéger les Juifs d’Europe ; les États hongrois, roumain, italien et français ont participé à l’extermination nazie des Juifs, des Tziganes et des communistes.

Avant que l’Holocauste assassine six millions de Juifs européens et que les trois millions restants cherchent désespérément un refuge l’idée d’une colonie sioniste en Palestine semblait extravagante. En raison de l’antisémitisme, la plupart des Juifs ont été empêchés d’émigrer aux États-Unis et en Europe occidentale. Les organisations sionistes ont conduit beaucoup d’entre eux en Palestine. Le seul courant du mouvement ouvrier qui s’est opposé à la colonisation de la Palestine fut la 4e Internationale.

La confédération syndicale Histadrut (Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël) a été fondée en 1920. Elle ne s’adressait qu’aux travailleurs juifs parce que sa fonction n’était pas de défendre tous les salariés mais de remplacer les ouvriers et employés arabes par des Juifs et soumettre ces derniers à la bourgeoisie juive nationale.

Après la 1re guerre mondiale, les deux ailes du sionisme mirent sur pied leur organisation terroriste :

  • L’aile révisionniste, fasciste et raciste, eurent pour milice l’Irgoun sous le commandement de Begin (futur fondateur du Likoud et 6e premier ministre d’Israël) ;
  • La bureaucratie syndicale et le parti ouvrier bourgeois Mapaï (Parti des travailleurs de la Terre d’Israël) sous le commandement de Ben Gourion (futur premier ministre d’Israël).

Au moment où l’État britannique se retirait, l’ONU décida de découper la Palestine qui ratifiait la colonisation. Dans l’une des plus grandes tragédies du 20e siècle, un peuple terriblement opprimé, les Juifs européens, a infligé une terrible oppression à un autre peuple opprimé, les Arabes palestiniens. Lors de la Nakba de 1948, les sionistes se sont emparés de 78 % de la Palestine mandataire et l’ont proclamée Israël. Les milices sionistes et l’armée israélienne ont expulsé 750 000 Palestiniens et des milliers d’autres ont fui. La plupart étaient musulmans mais une petite minorité était chrétienne. La Nakba a réduit la population arabe, dans le territoire revendiqué par Israël, de 1 324 000 en 1947 à 156 000 en 1948.

Le sionisme est passé au terrorisme à grande échelle, à un terrorisme d’État.

En 1947, la bureaucratie de l’URSS a voté à l’ONU pour la partition et, en 1948, elle a soutenu la proclamation d’Israël. À l’intérieur de l’URSS, le régime de Staline devint de plus en plus antisémite. Mais l’offensive des États-Unis contre l’État ouvrier dégénéré, durant la prétendue Guerre froide, poussa l’URSS à miser sur les États bourgeois arabes en 1955 et même à rompre les relations diplomatiques avec Israël.

Les impérialismes américain et européen, alliés d’Israël, ont deux intérêts principaux au Moyen-Orient : sa position stratégique au carrefour de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique, ainsi que son pétrole et son gaz. Depuis plus d’un siècle, ils tentent de dominer la région à la fois en exerçant la violence et en dressant les populations les unes contre les autres.

Sionisme et impérialisme

Au cours des années 1950 et 1960, les États-Unis ont supplanté en tant que puissance impérialiste dominante dans la région la Grande-Bretagne et la France, qui sont devenus des partenaires de second rang. L’État français a donné à Israël l’arme nucléaire en 1956-1960. Tous trois ont promu des coups, des monarques et des dictatures militaires du Maroc à l’Iran et ont réussi à intégrer des gouvernements qui avaient été nationalistes dans son ordre mondial néocolonial, tels que ceux d’Algérie, d’Égypte, de Syrie et d’Irak.

Israël s’est avéré très utile dans la création de l’ordre impérial néocolonial, en particulier après avoir vaincu l’Égypte, la Syrie et la Jordanie lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Les États-Unis ont envoyé des milliards de dollars d’aide et d’armes pour faire d’Israël un gendarme au cœur du monde arabe. Israël a également une fonction politique, au sens où il permet aux États-Unis de masquer leurs opérations militaires et où il aide les gouvernements arabes réactionnaires et compradores à détourner l’attention de leur propre incurie vers un ennemi extérieur, Israël.

La faillite du panarabisme

La colonisation sioniste, l’expulsion et l’oppression des Arabes de Palestine ont engendré une conscience nationale palestinienne et une résistance. La première vague était sous hégémonie des seigneurs et du clergé. Le grand mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, était antisémite et jouait la carte des impérialismes allemand et italien.

Vers 1949, la direction passe à la fraction laïque, nationaliste, panarabe de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie palestiniennes, en bénéficiant de l’aide de Nasser (Égypte). Après les succès des guérillas en Chine, au Vietnam et en Algérie, la stratégie partagée de toutes les composantes (Fatah majoritaire, ses rivaux FPLP, FDLP, FLP…) de la deuxième vague de la résistance fédérée dans l’OLP est la guérilla contre Israël et la recherche d’aide de la part des États arabes et de l’URSS.

Lors de la guerre de 1967, Israël écrase les armées bourgeoises de l’Égypte, de la Syrie, de l’Irak, de la Jordanie et s’empare de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau du Golan, achevant ainsi l’occupation de la Palestine, du Jourdain à la mer Méditerranée. Il occupe également la péninsule égyptienne du Sinaï.

La résistance palestinienne est alors à la tête du mouvement révolutionnaire au Proche-Orient. Mais sa nature de classe l’empêche d’y faire face, car cela signifierait s’en prendre aux régimes arabes et défier la bureaucratie de l’URSS. La direction s’en tient à la ligne : d’abord la révolution démocratique, plus tard le socialisme.

Lors de la guerre de 1973, l’Égypte et la Syrie ont combattu à nouveau Israël. L’Égypte a récupéré le Sinaï et, en 1979, a reconnu Israël. Certains des coups les plus durs portés aux réfugiés et aux combattants sont portés, non par Israël, mais par des éléments de la bourgeoisie arabe voisine : le royaume de Jordanie en 1970, les Phalanges libanaises et le régime du Baas syrien en 1976, le parti Amal du Liban et le régime syrien en 1985-1986. En conséquence, les milices de l’OLP sont expulsées en Jordanie, en Syrie, en Égypte et au Liban.

La stratégie de guérilla à partir des États limitrophes a échoué. Une fois de plus, la révolution par étapes s’est révélée une impasse. Le peuple de Palestine a besoin d’une direction prolétarienne. La classe ouvrière de Palestine, hébreux et arabes, ont besoin d’une stratégie de révolution permanente.

Intifada

Les accords d’Oslo et la reddition du Fatah et d’Arafat

Après la contrerévolution islamique de 1979 en Iran, la restauration du capitalisme de 1992 en Russie, la contrerévolution islamique de 1992 en Afghanistan, l’invasion impérialiste en 2001 de l’Irak, l’intervention impérialiste de 2011 en Libye, d’anciens régimes panarabes antérieurs ont sombré (Irak, Libye) et les survivant ont abandonné toute référence au socialisme (Égypte, Syrie, Algérie…).

Depuis lors, un schéma s’est dessiné : Israël, soutenu par les États-Unis et leurs alliés européens, occupe la Palestine ; les États arabes, turc, perse protestent mais ne font rien ; et les Palestiniens se soulèvent périodiquement pour contester leur marginalisation, comme lors de la première Intifada de 1987 à 1993.

La première Intifada de 1987 à 1993 a débouché sur les accords d’Oslo, qui ont créé l’Autorité nationale palestinienne (ANP) chargée d’administrer la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les accords impliquaient une solution à deux États pour le conflit israélo-arabe en Palestine, mais Israël n’a jamais accepté cette solution, pas plus qu’une partition que les Palestiniens pourraient accepter.

En 1993, l’État américain a imposé les accords d’Oslo au Fatah, dépourvu de toute perspective. Officiellement, les accords imposaient une solution à deux États : l’OLP reconnaissait la colonisation sioniste sur une partie décisive de la Palestine et, en échange, obtenait l’Autorité nationale palestinienne sur la Cisjordanie et sur la bande de Gaza. Edward Saïd a dit justement : « appelons cet accord de son vrai nom : un outil de la capitulation palestinienne ».

Le Hamas a été fondé ouvertement en 1987, après l’éclatement de la 1re Intifada, comme la branche palestinienne des Frères musulmans. Les FM sont une organisation ultraréactionnaire, panislamiste et antisémite, née en 1928 en Égypte (où ils ont incendié des églises chrétiennes en 2012). En 1973, avec la tolérance d’Israël, qui administrait alors la bande de Gaza, les Frères musulmans ont pris la forme d’une organisation caritative, le Mujama al-Islamiya, qui offrait des soins, de la nourriture, des activités… L’argent venait du Qatar (qui surexploite les travailleurs immigrés, Palestiniens inclus), d’Iran (qui opprime les femmes, les Kurdes, les Arabes, les Azéris…), de Turquie (qui opprime les Kurdes et persécute les réfugiés arabes de Syrie). Le gouvernement de Netanyahou a non seulement fermé les yeux, mais les a encouragés.

Bien avant 2023, la direction du mouvement national palestinien est passé des panarabistes aux panislamistes, du Fatah au Hamas. La seconde Intifada de 2000 à 2005 a contraint Israël à se « désengager » de Gaza en retirant ses troupes et en démantelant les colonies israéliennes qui s’y trouvaient. Le Fatah, basé en Cisjordanie, et le Hamas, basé à Gaza, se sont affrontés lors des élections législatives palestiniennes de 2006. Le Hamas a remporté la majorité des voix, ce qui a conduit le Fatah à se séparer de l’ANP. Après une brève guerre civile, le Fatah a consolidé sa position en Cisjordanie et le Hamas a pris le contrôle de Gaza. Depuis, l’Égypte participe au blocus de Gaza en collusion avec Israël.

L’expansion israélienne

Le capitalisme sioniste n’est pas basé sur la surexploitation des travailleurs undigènes, comme l’était l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid, mais sur leur expulsion. Il préfère d’ailleurs importer de la main-d’œuvre immigrée d’autres zones d’Asie (Philippines, Thaïlande, Inde, Népal…) et même d’autres continents (Ukraine, Argentine…).

Israël opprime les Palestiniens dans les trois secteurs de son régime d’occupation d’apartheid : la Cisjordanie, Gaza et Israël lui-même.

Depuis 2007, Israël a poursuivi son expansion en Cisjordanie et sur le plateau du Golan. 450 000 colons israéliens se sont installés en Cisjordanie hors Jérusalem-Est, 220 000 à Jérusalem-Est et 25 000 sur le plateau du Golan. Les colons, qui sont des fanatiques religieux et des suprémacistes, forment une force paramilitaire armée. Soutenus par l’armée israélienne et appuyés par la police de l’ANP, ils terrorisent leurs voisins palestiniens et volent leurs terres.

Israël n’a pas de colons à Gaza, mais il contrôle l’espace aérien du territoire, sa côte maritime et six de ses sept points de passage terrestres. Israël contrôle l’approvisionnement en eau, en électricité et en télécommunications de Gaza. L’armée israélienne maintient une zone d’exclusion à l’intérieur de Gaza et pénètre à volonté dans le territoire. Israël a lancé des guerres majeures contre Gaza en 2008-2009 et en 2014, et a attaqué des manifestants non violents lors de la Grande Marche du Retour de 2018-2019.

Israël prétend être une démocratie, mais il refuse les droits démocratiques non seulement aux 5,5 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza et à un nombre équivalent vivant en tant que réfugiés en dehors de la Palestine, mais aussi aux 2,1 millions de Palestiniens vivant en Israël. Un juif vivant n’importe où dans le monde peut s’installer en Israël et devenir un citoyen à part entière. Un Palestinien dont la famille vit en Palestine depuis bien avant l’existence d’Israël ne peut jamais devenir un citoyen à part entière. Les Palestiniens sont systématiquement victimes de discriminations, exclus économiquement et politiquement, et traités comme des ennemis.

Le 7 octobre et le génocide qui a suivi

Depuis les accords de Camp David en 1978, les États-Unis tentent d’amener les gouvernements des États arabes à normaliser leurs relations avec Israël, malgré le traitement qu’il inflige aux Palestiniens et la haine qu’il suscite au sein du peuple arabe et des musulmans. En 2020, les États-Unis ont négocié des accords qui ont normalisé les relations d’Israël avec le Bahreïn, le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite a entamé des pourparlers en ce sens.

L’attaque du 7 octobre a fait exploser suspendu les plans israéliens et impérialistes. Après un an de préparation minutieuse, négligée par les forces de sécurité israéliennes, Tandis que Nétanyahou et l’armée étaient concentrés sur la colonisation de la Cisjordanie, les combattants palestiniens dirigés par le Hamas ont franchi les défenses frontalières d’Israël et frappé des dizaines de cibles militaires, ainsi que quelques cibles civiles. Ils ont pris des centaines d’otages avant d’être contraints de repasser la frontière, une tactique classique en cas de guerre dissymétrique.

Les mauvais traitements, la torture et le meurtre de civils non armés et n’ayant pas l’âge de servir dans l’armée doivent être condamnés sans équivoque, même si nous reconnaissons qu’il s’agissait, en partie, de l’expression de la colère des Palestiniens face aux massacres et à la dépossession de leur peuple par Israël. Elle a fait le jeu de la machine de propagande sioniste qui déshumanise les Palestiniens et « justifie » leurs propres crimes de guerre, plus massifs que ceux du Hamas ou des autres forces de résistance. Mais la majeure partie de l’opération, y compris la prise d’otages, était militairement légitime.

L’attentat a mis un terme au processus de « normalisation » des relations d’Israël avec les États arabes et musulmans parrainé par les États-Unis, a révélé la guerre coloniale sous-jacente d’Israël contre le peuple palestinien et a remis la Palestine à l’ordre du jour mondial.

Dans les semaines qui ont suivi, Depuis, Israël a lancé une guerre génocidaire contre Gaza. L’armée israélienne a bombardé des maisons, des hôpitaux, des écoles et des centres communautaires, faisant bien plus de victimes que le raid du 7 octobre. La moitié des victimes sont des enfants, une proportion bien plus importante que celle du raid du 7 octobre. L’armée israélienne a accepté un bref cessez-le-feu pour échanger des prisonniers et a maintenant repris son attaque génocidaire, repoussant les 2,3 millions d’habitants dans un coin de plus en plus petit de la bande de Gaza, menaçant d’une nouvelle Nakba.

La campagne accusant d’antisémitisme les antisionistes

Des bourgeoisies impérialistes, dans le monde entier, calomnient toute critique du sionisme et d’Israël comme antisémite. C’est une arme idéologique et politique dressée contre les mouvements de solidarité avec les Palestiniens en Europe et en Amérique. Depuis plusieurs années, les musulmans sont devenus la cible des médias réactionnaires. Ils sont dénoncés comme des assassins potentiels, des ennemis des libertés démocratiques et des suppôts de l’antisémitisme.

Des partis fascisants comme le FPO d’Autriche, l’AfD d’Allemagne, le RN de France, le RUK de Grande-Bretagne, Vox d’Espagne, les FdI en Italie, le FIDESZ en Hongrie… soutiennent le gouvernement de Nétanyahou et le massacre des Arabes de Palestine. Un groupe fasciste a attaqué une réunion en défense de la Palestine à Lyon (France) le 11 novembre. Cette mouvance qui a minimisé, voire dénié, la Shoah, qui a imprégné d’antisémitisme ses campagnes et qui a mis en accusation un « mondialisme » qui est un nom de code pour « juiverie internationale », se présente aujourd’hui comme des défenseurs d’Israël. Ce déplacement repose sur le prétendu ethno-pluralisme conçu par les fascistes de la Nouvelle Droite, dont le projet est de renvoyer les immigrés dans leur pays d’origine.

Cette offensive réactionnaire doit être contrée par le front unique ouvrier et l’autodéfense des travailleurs et des minorités opprimées. Même si les bandes fascistes et les partis fascisants visent d’abord les immigrés musulmans, le vieil antisémitisme peut être ravivé à tout moment : après tous, il y a un « État juif » (Israël), si bien que les Juifs du monde entier devraient s’y retrouver. Telle est l’opinion affichée de fondamentalistes chrétiens, dont le télé-évangélique Hagee à qui la Fédération Juive a donné la parole lors de son rassemblement de masse à Washington le 14 novembre.

Solidarité internationale prolétarienne

L’audace de la résistance palestinienne et la férocité de la contre-attaque israélienne ont relancé le mouvement de solidarité avec la Palestine dans le monde entier. D’énormes manifestations ont eu lieu dans le monde arabe, mais aussi en Europe Grande-Bretagne, aux États-Unis et ailleurs. Le mouvement de solidarité avait été endormi par le lent étranglement de la Palestine et la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et quatre États arabes. Le 7 octobre génocide israélien à Gaza a ranimé le mouvement.

Les marxistes révolutionnaires doivent participer aux actions de solidarité de toutes sortes des étudiants et des travailleurs. Un cessez-le-feu à Gaza et le retrait des Forces de défense israéliennes (FDI), de l’armée sioniste pour mettre fin au génocide, est la priorité, mais le mouvement de solidarité devrait également exiger une aide humanitaire pour Gaza, le refrènement des colons israéliens en Cisjordanie, la protection des droits des Arabes israéliens et des Juifs antisionistes en Israël, le droit au retour des réfugiés, et la coupure des liens militaires avec Israël.

Les actions en cours comprennent déjà des manifestations, de la désobéissance civile, des événements publics, une mise à nu médiatique et des campagnes de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël. Les syndicats et d’autres organisations adoptent des résolutions appelant à un cessez-le-feu et à la coupure de l’aide militaire. Dans certains endroits, les travailleurs répondent à l’appel de la Fédération générale palestinienne des syndicats (FGPS) pour interrompre la production et l’expédition d’armes à Israël.

La perspective prolétarienne

Si les marxistes révolutionnaires doivent participer aux actions de solidarité chaque fois qu’ils le peuvent, leur rôle unique est de promouvoir la compréhension de la crise et de sa solution par la classe ouvrière.

Cela commence par dire la vérité. Un cessez-le-feu à Gaza est nécessaire mais pas suffisant, car les sionistes poursuivront leur campagne visant à chasser les non-Juifs Arabes de Palestine. Un règlement négocié est impossible, car Israël ne cédera pas suffisamment de terres pour un État palestinien viable et ne renoncera pas à la suprématie juive pour une démocratie laïque dans un État binational. Les impérialismes américain et européens ne forceront pas Israël à accepter une solution à deux États ou à un État, ne cesseront pas d’aider Israël, parce qu’ils ont besoin d’Israël pour les aider à dominer la région.

Le capitalisme en déclin n’offre aucune solution pour la Palestine. Les alternatives sont soit le massacre et la dépossession des Palestiniens, soit l’intervention de la classe ouvrière dans l’histoire.

Les travailleurs en Israël pourraient bloquer la société israélienne, diviser l’armée et empêcher les sionistes d’utiliser leurs armes nucléaires. Mais pour l’instant, la grande majorité de la classe ouvrière israélienne est attachée au sionisme, considérant que l’exploitation avec la suprématie juive est préférable à l’exploitation sans suprématie juive, une vieille histoire dans les États colonisateurs. Seule la perspective d’une Palestine démocratique, laïque et socialiste pouvait leur donner une raison de rompre avec leurs maîtres.

Les travailleurs aux États-Unis et en Europe pourraient priver Israël du soutien économique et militaire dont il a besoin pour poursuivre ses politiques génocidaires. La sympathie pour les Palestiniens s’accroît, car ils résistent et souffrent. Elle pourrait atteindre le niveau de l’opposition à la guerre du Viêt Nam à la fin des années 1960, qui a rendu impossible la poursuite de la guerre. Les marxistes révolutionnaires et les autres militants de la solidarité palestinienne — y compris des dizaines de milliers d’étudiants et de travailleurs juifs antisionistes et des dizaines de milliers de syndicalistes — doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que cela se produise.

Depuis le 7 octobre, l’antisémitisme est devenu un problème que nous nous devons appréhender, de même que l’islamophobie. Le sionisme a besoin de l’antisémitisme pour se légitimer. Avec la proclamation que « Israël est l’Etat de tous les Juifs », le sionisme alimente l’antisémitisme, en particulier dans les pays musulmans. Les obscurantistes religieux de toutes les variétés de l’islam trouvent des munitions à leurs sermons contre les Juifs du monde entier, qu’ils soient libéraux bourgeois, croyants, agnostiques ou athées. De même que les communistes internationalistes défendent les immigrés venant des pays musulmans contre les attaques xénophobes et fascistes, ils combattent l’antisémitisme, spécialement quand il tente de s’inscrire dans le mouvement de solidarité envers la Palestine.

Les travailleurs des pays arabes du Proche-Orient pourraient renverser leurs gouvernements collaborateurs, forcer les impérialistes américain et européens à abandonner Israël et offrir à la classe ouvrière israélienne la perspective d’un avenir laïque et démocratique, libéré de la domination capitaliste et de la guerre sans fin. Les manifestations en Iran en 2009 et 2022, le printemps arabe en 2010-2011, les manifestations en Turquie en 2012, la résistance kurde à l’EI en 2015, les manifestations en Israël, à Gaza et en Syrie en 2023 ont montré ce potentiel.

Nous ne pouvons pas savoir comment l’injustice de la domination sioniste sur la Palestine prendra fin, ni même si elle prendra fin avant que le capitalisme ne plonge le monde dans un désastre écologique ou une guerre nucléaire. Ce que nous pouvons faire, c’est proposer et lutter pour un programme d’action, partant des revendications immédiates et aboutissant à la seule véritable solution : la révolution ouvrière dans toute la région. Voici notre proposition.

  • Arrêt de l’assaut génocidaire contre Gaza. Cessez-le-feu immédiat. Retrait des troupes israéliennes. Fin du blocus. Ouverture des points de passage.
  • Reconstruction des maisons, des hôpitaux, des écoles, des universités et des infrastructures dévastées de Gaza aux frais d’Israël et de ses commanditaires impérialistes.
  • Fin de l’occupation sioniste de la Cisjordanie. Retrait de l’armée israélienne. Expulsion des colons.
  • Libération de tous les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes. Égalité totale des Palestiniens dans l’État israélien.
  • Arrêt de l’aide et des livraisons d’armes des États-Unis et d’autres impérialistes à Israël. Soutien au boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël. Fermeture de toutes les bases impérialistes au Proche-Orient. Evacuation des flottes impérialistes. Ouverture des frontières aux réfugiés palestiniens.
  • Solidarité avec les peuples palestinien et arabe. Pas de paix avec le sionisme et l’impérialisme.
  • Pour la destruction révolutionnaire de l’État sioniste. Pour une Palestine laïque, démocratique, bilingue et socialiste du fleuve à la mer.
  • Pour le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens. Égalité des droits entre la majorité arabe et la minorité juive de Palestine.
  • À bas les capitalistes et les propriétaires terriens, à bas les monarchies et les autres États arabes, agents de l’impérialisme. Pour l’unité révolutionnaire du peuple arabe. À bas les Etats turc, perse ou arabes oppresseurs des Kurdes, des Berbères, des Toubous… Pour une révolution ouvrière au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Pour une fédération socialiste de la région.
  • Pour un parti ouvrier en Palestine. Pour une internationale communiste basée sur le marxisme.