Camarades,
Le 23 novembre, une conférence de la section anglaise, de la section française, de la section américaine et de la section suisse de la Quatrième internationale adoptait la résolution ci-jointe. Depuis cette date, la clique pabliste a multiplié les manifestations d’une dégénérescence accélérée.
Aux États-Unis, le groupe minoritaire pabliste, dirigé par Cochran, s’est empressé de faire alliance contre les trotskystes avec le groupe de renégats du trotskysme que dirige Shachtman, hostile à la défense de l’Union soviétique contre l’impérialisme, qui rompit pour cette raison en 1940 avec Trotsky et le Socialist Workers Party, et ne constitue plus aujourd’hui qu’une tendance social-démocrate de gauche dans le camp impérialiste. Pour sa première manifestation publique, le groupe scissionniste de Cochran, inspiré par Pablo, a distribué un tract à un meeting shachtmaniste ; après quoi, Shachtman a publié dans son journal Labor Action, en l’accompagnant de commentaires sarcastiques, une lettre de Cochran, dans laquelle ce dernier dénonçait les méthodes dictatoriales de Cannon et attaquait la conception léniniste du Parti révolutionnaire que défend et qu’incarne aux États-Unis le Socialist Workers Party. Shachtman a beau jeu de souligner qu’il répète les mêmes choses depuis 13 ans.
En Angleterre, la minorité pabliste fait bloc avec les centristes contre l’aile révolutionnaire au sein du Labor Party. Ne reculant pas devant le pire opportunisme pour s’aligner sur les tendances parlementaires des centristes, ils viennent de mettre en avant le mot d’ordre d’une pétition pour chasser le gouvernement tory ! Cela, au moment même où la puissante grève des métallurgistes ouvre la perspective de nouveaux grands combats de classe pour les travailleurs de ce pays.
Ainsi, il n’a fallu que quelques jours aux pablistes, libérés des entraves de l’organisation trotskyste, pour développer, conformément à leur logique propre, leurs tendances à la capitulation devant l’appareil bureaucratique le plus puissant, qui se trouve être l’appareil réformiste dans ces deux derniers pays ; tendance qui se concilie parfaitement, au moins pour un temps, avec leur pro-stalinisme.
En France, cependant, l’organe du groupe pabliste consacre presque entièrement son dernier numéro à des attaques effrénées contre la majorité trotskyste de l’Internationale, allant jusqu’à nommer « Pacte atlantique » l’accord politique total qui existe, face à la clique pabliste, entre trotskystes d’Europe et d’Amérique. Le même journal écrit dans son éditorial, à propos du débat au Parlement français sur l’armée européenne : « Au moment où nous écrivons, le vote n’est pas encore acquis ; mais même si la bourgeoisie l’emportait, ses difficultés seraient loin d’être pour autant aplanies… »
Ainsi, pour les pablistes, les adversaires de la CED, parmi lesquels Daladier, De Gaulle, et en fait le chef du gouvernement Laniel lui-même, ne sont pas dans le camp de la bourgeoisie ! Ainsi, aux yeux de ces gens, en stricte conformité avec les thèses staliniennes, le camp de la bourgeoisie s’identifie au camp des adversaires de la politique extérieure du Kremlin. Dans le même journal, abandonnant toute précaution, Pablo dénonce les « schémas et la tactique de 1938 », c’est-à-dire le Programme transitoire de la Quatrième internationale, élaboré par Léon Trotsky.
Mais le même journal se garde bien de dire un seul mot de la scission provoquée au sein du parti trotskyste de Ceylan par la minorité stalinienne ; ainsi les membres d’une section de l’Internationale, dénoncent publiquement le trotskysme, passent à l’ennemi stalinien et Pablo n’a rien à dire !
Dans le même temps, la clique Pablo traite avec un mépris jamais atteint jusqu’à ce jour les statuts de l’Internationale. Depuis longtemps déjà, un organisme dépourvu de toute existence statutaire, le « Bureau du SI », – sorte de divinité en trois personnes, Pablo, Germain et Frank – abusait des pouvoirs du Secrétariat international. Maintenant, c’est ce même « Bureau du SI » qui s’arroge le droit de reconnaître la minorité anglaise et la minorité américaine comme « sections officielles de l’Internationale », alors que le droit de reconnaître un groupe comme section est explicitement réservé par les statuts au seul Comité exécutif international, entre deux congrès mondiaux. Et le même « Bureau du SI » prononce l’ « exclusion de l’Internationale », les uns après les autres, de chacun des membres du CEI qui manifeste son hostilité contre Pablo : celui-ci s’assure ainsi une « majorité » automatique au sein d’un CEI-croupion.
Les efforts désespérés de la clique pabliste pour poursuivre son œuvre de destruction de l’Internationale, ses tentatives de sabotage du travail de masse des sections qui la rejettent, se briseront contre la ferme volonté de la majorité trotskyste de l’Internationale de défendre son programme et son organisation. Ils ne feront que souligner l’urgente nécessité des tâches entreprises par le Comité international de la Quatrième internationale : rassembler sur le programme trotskyste les trotskystes du monde entier, réarmer politiquement le mouvement trotskyste mondial, après trois ans de confusion, de révisionnisme et de désarmement politique systématique. Toutes les sections de l’Internationale doivent prendre rapidement leur place au sein du Comité international ; tous les militants trotskystes doivent lui apporter leur appui.
8 décembre 1953
Comité international de la Quatrième internationale