Extrait de l’édito de CPFC 27 et RS 40 sur les rythmes scolaires et la flexibilité du travail, 17 mars 2013

Les exigences du capital poussent Hollande sur une ligne de plus en plus réactionnaire…

Les nécessités du capitalisme en crise laissent peu de place et peu de temps à l’hypocrisie et aux faux-semblants pour faire illusion. En moins d’un an, Hollande et son gouvernement ont épuisé le peu de crédit qu’ils pouvaient récupérer après 10 ans de présidence et de majorité parlementaire UMP auprès d’une partie de la classe ouvrière et de la jeunesse, en se rangeant ouvertement du coté de toutes les exigences de la bourgeoisie française.

Qu’il s’agisse de s’attaquer au droit du travail, via le projet de loi reprenant l’accord compétitivité emploi, aux statuts et conditions de travail des enseignants via la réforme des rythmes scolaires, aux étudiants et personnels des universités via le projet de loi Fioraso, aux fonctionnaires via le blocage des salaires et la poursuite des suppressions de postes, aux Roms via la circulaire Valls, etc. Sans oublier l’intervention au Mali pour rétablir les positions de l’impérialisme français. Et il faut prévoir que vont suivre une nouvelle remise en cause des retraites et des prestations familiales, de nouvelles coupes budgétaires.

Pour autant, Hollande et son gouvernement ne trouvent pas grâce aux yeux de ceux qu’ils servent avec zèle, malgré une liste de mesures prises en leur faveur déjà impressionnante : « La France au fond de la classe » tempête le Figaro, « …tout reste à faire. Coût du travail, réorganisation des administrations, simplification du mille-feuilles des collectivités locales…le chantier, immense, n’est pour ainsi dire même pas ouvert ». En effet, du point de vue de la bourgeoisie française, les coups portés à la classe ouvrière, à la jeunesse, restent en deçà de ce que la situation exige et de ce que parviennent à imposer d’autres bourgeoisies, en Italie, en Espagne, au Portugal…

La Commission européenne annonçant que l’objectif de réduction du déficit budgétaire à 3 % du PIB ne pourrait être tenu en 2013 et que le chômage allait encore augmenter, Hollande et ses ministres se sont donc attelés à de nouvelles coupes pour le budget 2014. Tout en mesurant parfaitement les risques politiques. Hollande lâche le 23 février en établissant un parallèle avec l’Espagne : « Quand il y a des taux de chômage des jeunes qui dépassent 50 % dans un certain nombre de pays, 25 % en France, il y a des risques d’explosion sociale ». Mais le gouvernement sait qu’il peut compter sur le soutien indéfectible des appareils syndicaux.

…portée à bout de bras par les appareils syndicaux…

Le gouvernement PS-EELV-PRG met en place les négociations entre les syndicats et le Medef dans l’objectif avoué, dès le départ, d’améliorer la compétitivité et de rendre l’emploi plus flexible ? Toutes les directions syndicales vont s’asseoir à la table sans manquer une séance, légitimant ainsi le « dialogue » sur la régression sociale !

Les salariés s’indignent du contenu de l’accord finalement signé par la CFDT, la CFTC et la CGC ? La CGT et FO, loin de demander le retrait du projet de loi qui doit reprendre l’accord, font campagne pour son « amélioration » par des amendements parlementaires, donc contre le mot d’ordre de retrait du texte et contre l’unité des syndicats appelant à une gigantesque manifestation devant l’Assemblée nationale pour empêcher le vote ! Pas étonnant dans ces conditions que les manifestations du 5 mars soient restées faibles et peu combatives.

Les professeurs des écoles manifestent pour le retrait du décret modifiant les rythmes scolaires ? Le congrès de la FSU réuni au même moment vote contre l’exigence du retrait !

Des assemblées générales commencent à se réunir dans les universités, exigeant le retrait du projet Fioraso qui aggrave les attaques contre l’enseignement supérieur, les étudiants et les personnels ? Les directions syndicales, après avoir participé 8 mois durant à des assises à l’initiative du gouvernement qui ont été l’antichambre du projet de loi, dénoncent le projet aujourd’hui comme inacceptable, mais sans en exiger le retrait, l’Unef restant quant à elle sur une position de soutien !

« Des choix courageux sont à prendre cette année sur les retraites » dit Hollande ? Il peut ajouter aussitôt : « Chacun devra prendre ses responsabilités, l’Etat mais aussi les partenaires sociaux qui négocient en ce moment-même pour les régimes complémentaires ».

Tout comme ils l’ont fait sur la compétitivité et la flexibilité, toutes les directions syndicales ont également accepté de « négocier » sur la diminution des retraites complémentaires et la répartition des « efforts partagés » entre salariés et patrons. A l’arrivée, l’accord vient d’être trouvé, FO se joignant cette fois aux signataires et la CGT, qui a accompagné comme les autres tout le processus, se gardant de le faire. À peine conclu, les vautours se précipitent. L’éditorialiste des Echos du 15 mars n’y va pas par quatre chemins :

Ce n’est qu’un début. En décidant d’augmenter les retraites moins que l’inflation, les partenaires sociaux ont sans doute donné le coup d’envoi d’une vague de désindexation des revenus au moins aussi forte que celle des années 1980….Certains experts étrangers estiment que les salaires devront baisser de 20 à 30 % en France pour que le pays retrouve enfin sa compétitivité…Les partenaires sociaux ont prouvé non sans courage qu’ils pouvaient tomber d’accord sur une sous-indexation des retraites. D’autres rémunérations devront aussi augmenter moins vite que l’inflation en entreprise comme dans le secteur public.

On peut multiplier sans fin les exemples. Voilà une première raison qui explique que « l’explosion sociale » que redoutent Hollande et ses ministres, tout comme le Medef, reste contenue.

…et le refus de tout combat centralisé contre le patronat et le gouvernement, comme à PSA Aulnay

Pourtant les travailleurs, les jeunes, parfois le dos au mur, se battent et cherchent comment aboutir. Ainsi, les travailleurs de PSA Aulnay, certains en grève depuis plus de 8 semaines. Mais la direction LO de la CGT de l’usine n’a jamais mené bataille pour imposer à la CGT toute entière d’appeler tous les travailleurs de PSA à la grève générale contre le plan de licenciement, elle n’a jamais cherché, en s’appuyant sur le courage et la détermination des travailleurs d’Aulnay, en s’appuyant sur la formidable solidarité ouvrière qui alimente la caisse de grève, à imposer l’unité syndicale pour l’appel à la grève générale de tout le secteur automobile, constructeurs, équipementiers et sous-traitants, seule à même de faire plier et la direction de PSA, et la direction de Renault, et le gouvernement. Au lieu de quoi le regroupement des travailleurs en lutte, avec ceux de Goodyear, Sanofi ou Fralib dans des actions symboliques, la « convergence de luttes », chère aux bureaucrates de la GCT et à tous leurs adjoints centristes, a été substituée au combat de front unique pour imposer la grève générale.

Ainsi, la capitulation de LO devant la bureaucratie de la CGT a abouti à l’isolement de la grève de PSA Aulnay et à la division des travailleurs entre ceux qui s’accrochent à toute force et ceux qui n’en voient plus l’issue. Elle aboutit à ce que les dirigeants LO de la CGT Aulnay, abandonnent la revendication de pas un seul emploi supprimé. Comme toutes les bureaucrates syndicaux CFDT, FO ou CGT en pareil cas, Mercier en vient à implorer un « bon » plan social et en est réduit à quémander au gouvernement Hollande la nomination d’un médiateur !