Présentation du Collectif Révolution Permanente (intervention à la conférence de l’OTI, 31 octobre 2022)
Le Collectif Révolution permanente est une petite coalition internationale de groupes en Autriche, dans l’État espagnol, en France et en Turquie.
Il est né voici une vingtaine d’année. Fin 2002 la LOI (Ligue ouvrière internationaliste, une scission du PTS) organisait une conférence internationale, avec des organisations du Mouvement pour une Internationale Communiste Révolutionnaire, maintenant L5, du Comité international de la Quatrième Internationale / Comité d’organisation pour la reconstruction de la Quatrième Internationale.
Des fondements provisoires ont été établis en 2003
- La nécessité d’un parti révolutionnaire
- La défense de la révolution permanente contre le front uni anti-impérialiste
- L’armement des masses et la nécessité de l’insurrection, contre le pacifisme, contre l’assemblée constituante dans les pays dotés d’un système multipartite et de libertés démocratiques (comme en Argentine)
18 mois plus tard en 2004 la LOI et sa fraction rompaient avec le Collectif pour deux raisons (i) l’abandon de la nécessité d’un parti, (ii) l’adaptation à l’islamisme, sous prétexte d’anti-impérialisme ; dix ans plus tard la LOI envoyait des troupes aux djihadistes en Syrie, avec l’approbation du RKOB d’Autriche et du CWG de Nouvelle-Zélande.
C’est ainsi que nous avons été heureux de converger, voici quelques mois, avec le PCL, à la suite de l’effondrement de la Coordination pour la refondation de la 4e Internationale. Bien sûr nous cherchons à poursuivre cette coopération, à adopter d’autres résolutions et à organiser ensemble une conférence internationale.
Notre objectif est de construire une Internationale ouvrière révolutionnaire dans la continuité historique de la Ligue des communistes, du Conseil général de l’Association internationale des travailleurs, des ailes internationalistes de l’Internationale ouvrières, de l’Internationale communiste, de la 4e Internationale. Il ne peut pas s’agir pas de la renaissance de l’un d’entre eux mais d’une nouvelle organisation.
Plusieurs questions sont décisives pour nous.
(i) La situation mondiale est marquée par l’approfondissement de la crise de direction du prolétariat. Elle s’est aggravée avec la restauration du capitalisme en Europe de l’est, en Russie et en Chine à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Cela a eu pour conséquence un déplacement vers la droite du mouvement ouvrier. Le centrisme, avec notamment des organisations de feue la 4e Internationale, a connu un mouvement similaire : des tentatives pour créer des organisations larges, une insertion croissante dans les bureaucraties syndicales… Les États bourgeois dominés ne peuvent plus se reposer sur l’Union soviétique ou sur la République populaire de Chine, avec pour conséquence la montée du cléricalisme, et en particulier l’islamisme comme forme de contre-révolution.
(ii) Le réformisme ne comprend pas les partis ou régimes nationalistes bourgeois. C’est un courant au sein du mouvement ouvrier, le plus influent. Il caractérise les bureaucraties corrompues des partis social-patriotes et des syndicats. Il est possible de pratiquer l’entrisme dans ces organisations, pas dans les partis bourgeois. Le front unique ouvrier concerne les organisations ouvrières, pas « la gauche » ni les partis nationalistes bourgeois. La stratégie communiste aujourd’hui, c’est-à-dire la révolution permanente, n’est compatible avec aucune forme de front populaire, y compris dans les pays dominés, le soi-disant front uni anti-impérialiste.
(iii) Nous observons, avec le déclin du capitalisme, la réémergence de groupes réellement fascistes. Ils attaquent physiquement les minorités et le mouvement ouvrier. Partout la bourgeoisie encourage les partis xénophobes et cléricaux
(iv) Les mouvements de masse spontanés n’ont pas cessé à cause de la restauration capitaliste, seulement ils sont moins liés à la classe ouvrière qu’ils ne l’étaient dans les années 1960 et 1970. Ils présentent une forme plus multiclassiste, ils sont plus influencés par la petite-bourgeoisie ou par certaines fractions de la bourgeoisie nationale ou internationale. Parfois la bourgeoisie s’appuie sur des fronts populaires, comme en Colombie ou au Chili, pour trahir les masses. Des partis révolutionnaires et une Internationale ouvrière révolutionnaire sont nécessaires pour donner à ces mouvements un caractère de classe.
(v) Personne ne peut dire où apparaîtront les forces vitales de la future Internationale ouvrière révolutionnaire. Nous ne pouvons pas nous limiter aux organisations qui se réclament du trotskysme, et nous sommes prêts à coopérer avec tout camarade, tendance, groupe, organisation sur la base d’un accord sur les principales tâches.
(vi) Ce qui est sûr, c’est que pour construire une Internationale ouvrière révolutionnaire, les communistes doivent lutter contre le nationalisme bourgeois, contre le réformisme, contre le centrisme, qui parle de révolution mais s’adapte aux précédents. Nous devons mener une lutte de propagande contre toutes les organisations bourgeoises et militer dans les masses pour qu’elles trouvent la voie consciente vers la révolution. Cela comprend l’auto-organisation (comités centralisés et élus) et l’auto-défense des travailleurs et des opprimés.
(vii) Comme disait le Manifeste de la 4e Internationale en 1940
La IV° Internationale bâtit son programme sur les fondements théoriques de granit du marxisme. Elle rejette le méprisable éclectisme qui domine maintenant les rangs de la bureaucratie ouvrière officielle des différents camps et qui sert très souvent de masque à sa capitulation devant la démocratie bourgeoise. Notre programme est formulé dans une série de documents accessibles à tout un chacun. On peut en résumer la substance en deux mots : dictature du prolétariat