Lettre ouverte des communistes révolutionnaires à RP

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Groupe marxiste internationaliste

section française du collectif révolution permanente

Date : 9 octobre 2022

Pour : CCR-RP/France

Objet : une nouvelle organisation

Camarades

Le 10 juin dernier, vous avez lancé un appel pour la création d’une nouvelle organisation révolutionnaire. Vous avez tenu dans ce but fin aout une université à laquelle nous avons participé, à la mesure de nos forces.

Socialisme ou barbarie

Vous écrivez « nous ne sommes qu’au début d’une escalade qui risque de rappeler les pires moments du XXe siècle. » Nous constatons tout comme vous que la période de l’impérialisme, que Lénine qualifiait de réaction sur toute la ligne, mène le monde à de nouvelles catastrophes, comme le montrent l’appauvrissement des travailleurs par l’inflation, le saccage de la planète et le réchauffement climatique, la régression des droits démocratiques, la promotion de l’obscurantisme religieux, la montée des organisations fascisantes et même fascistes, l’aggravation des tensions inter-impérialistes. Partout, les puissances impérialistes s’arment à grande échelle. Rosa Luxemburg posait déjà en 1916, au coeur de l’affrontement inter impérialistes de la première guerre mondiale, les termes de l’alternative pour l’humanité : socialisme ou barbarie.

Pour éviter la barbarie, la classe ouvrière doit se porter à la tête de tous les mouvements d’opprimés, s’armer, prendre le pouvoir, détruire les États bourgeois, renverser la domination du capital pour jeter les bases d’une société socialiste mondiale.

Le problème central est celui de la direction du mouvement ouvrier

Un trait de l’époque impérialiste est que la bourgeoisie a corrompu les appareils de la plupart des organisations ouvrières de masse. Ils sont devenus ses agents chez les travailleurs. Pas seulement par les postes dont jouissent PCF, PS et LFI au sein de l’appareil politique de l’État bourgeois mais aussi par le financement des organisations syndicales, par leur intégration à des institutions de collaboration de classes (Conseil économique, social et environnemental, Conseil d’orientation des retraites, Conseil commun de la fonction publique, Conférence nationale de santé, Comité de suivi de la négociation salariale de branches…) ou de cogestion (conseils d’administration ou de surveillance des groupes capitalistes, Conseil supérieur de l’éducation, Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière, organismes de gestion des hôpitaux et des universités, Comité de pilotage des régimes de retraite…). Toutes choses que le NPA, LO, POID et compagnie camouflent.

Ce n’est pas la combattivité des masses qui a manqué depuis un siècle, encore tout récemment au Sri Lanka ou actuellement en Grande-Bretagne. Ce qui manque, c’est une organisation révolutionnaire pour s’opposer à la trahison des luttes par les bureaucraties syndicales, aux efforts acharnés des partis réformistes pour canaliser les masses dans le respect de l’État bourgeois, aux dévoiements des révolutionnaires de façade qui parlent de révolution le dimanche mais couvrent les manoeuvres des partis ouvriers bourgeois et des chefs syndicaux tous les jours de la semaine, alors qu’il faut les démasquer et les remplacer.

Pour l’autodéfense, pour le pouvoir des travailleurs

Ce qui manque, c’est une organisation révolutionnaire qui combatte ouvertement pour l’auto-organisation de la classe ouvrière et des masses populaires dans les comités de grève, les comités de quartier, les conseils ouvriers, pour l’autodéfense de ses manifestations contre la police, les bandes fascistes et les provocateurs, pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière, pour l’insurrection, pour le pouvoir des conseils ouvriers. Cela s’oppose aux combinaisons de front populaire, de bloc avec telle ou telle fraction de la bourgeoisie type NUPES et aux perspectives d’améliorer l’État bourgeois type « 6e république » et assemblée constituante mises en travers du mouvement des masses pour maintenir à flot l’État bourgeois.

Toute la situation appelle la grève générale

Ce qui manque, c’est une organisation révolutionnaire qui jette toutes ses forces pour construire les comités d’action pour préparer la grève générale, avec les assemblées générales, les comités de grève élus, la coordination nationale des comités de grève jusqu’à satisfaction des revendications, dans la santé comme dans l’enseignement, les transports, le bâtiment, l’industrie… à commencer par les salaires, c’est à dire immédiatement l’échelle mobile des salaires.

Parce qu’il n’y a guère d’autre moyen pour l’obtenir que la grève générale ! La grève générale n’est pas une grève, c’est la grève, disait Trotsky. Elle pose le problème de quelle classe gouverne le pays, porte en elle le mouvement pour le gouvernement des travailleurs. Et c’est précisément pour cela que les bureaucrates syndicaux n’en veulent pas, qu’ils préfèrent organiser les grèves disloquées et les journées d’action tout en acceptant de négocier les plans du gouvernement, que les réformistes n’en veulent pas, que les révolutionnaires en peau de lapin comme la direction de LO et celle du NPA n’en veulent pas et préfèrent soutenir les « journées d’action » en prétendant toujours que c’est le début de la mobilisation qui doit s’élargir alors que c’est le début de la trahison.

Aucune négociation des plans du gouvernement et du patronat ! Il faut imposer aux dirigeants syndicaux d’en finir avec la « cogestion » avec le capital, de rompre le « dialogue social » qui est la béquille du gouvernement ! Assez des grèves et des mouvements disloqués, des journées d’action à répétition !

La situation mondiale est incompréhensible si on ne saisit pas que les puissances impérialistes se partagent le monde

Ce qui manque, c’est une organisation révolutionnaire internationaliste, pour la révolution mondiale, pour la construction d’une internationale révolutionnaire, qui appelle un chat un chat : la Chine et la Russie sont devenues aujourd’hui des puissances impérialistes qui combattent pour le repartage du monde contre l’impérialisme dominant états-unien et contre les autres impérialismes. Une organisation qui se range inconditionnellement du côté du droit à l’Ukraine à se défendre contre l’agression impérialiste russe, y compris en se procurant des armes fournies par d’autres impérialismes, mais sans apporter aucun soutien ni au gouvernement bourgeois de Zelensky, ni à l’OTAN.

L’hégémonie du prolétariat s’oppose à tout front populaire

Ce qui manque, c’est une organisation qui s’inspire des enseignements de l’Internationale communiste du temps de Lénine et de Trotsky, dans leur lutte intransigeante contre toutes les formes d’alliance et de collaboration avec la bourgeoisie, pour imposer le front unique ouvrier, pour l’indépendance de classe, pour le gouvernement ouvrier.

Combien de trahisons en effet ont détourné le cours de la révolution ! Au Chili, en 1973, le gouvernement de front populaire dirigé par Allende, c’est-à-dire d’alliance entre les partis ouvriers (PCC, PS) et des partis bourgeois, est allé jusqu’à nommer Pinochet général en chef des forces armées pour tenter de s’attirer les bonnes grâces des militaires ! En Tunisie, après le soulèvement de 2011, les partis bourgeois et les organisations ouvrières (UGTT, PT…) ont mis ensemble en place le paravent de l’Assemblée constituante protégeant l’État bourgeois et noyant l’énergie révolutionnaire des masses dans les palabres du parlementarisme, jusqu’à permettre l’arrivée aujourd’hui d’un nouveau dictateur. Au Chili, à nouveau, alors que la classe ouvrière, les étudiants, se mobilisaient en masse en 2019 contre l’État bourgeois, c’est encore le leurre de l’Assemblée constituante qui a été mis en avant par les partis réformistes et leurs auxiliaires pour briser l’élan révolutionnaire, avec le résultat que l’on voit aujourd’hui ! Etc., etc.

Le but, construire un parti de type bolchevik

La classe ouvrière n’a nul besoin d’un NPA supplémentaire pour servir de couverture gauche aux manoeuvres des agents de la bourgeoisie. Pour en finir avec les trahisons et assurer la victoire, il faut construire une organisation du type du Parti bolchevik, prolétarienne, révolutionnaire et démocratique. Une telle organisation ne peut se développer que dans le cadre d’une internationale communiste révolutionnaire opposée aux bureaucraties sociales-impérialistes.

Voilà pourquoi les communistes révolutionnaires se joindront aux assemblées préparatoires de cette nouvelle organisation.

Avec notre salut fraternel,

Direction nationale du Groupe marxiste internationaliste(section française du Collectif révolution permanente)