Nous avons bien reçu votre proposition et nous vous en remercions. Votre projet de texte nous amène à formuler plusieurs remarques et propositions.
Sur la forme, y a des phrases alambiquées. La première modification que nous proposons est donc la ré-écriture de la phrase : « Avec les crises économiques mondiales à la fin du 20e siècle et la réapparition du chômage de masse dans les centres impérialistes y ont considérablement renforcé les tendances complotistes, nationalistes et racistes qui désignent d’une manière ou d’une autre l’étranger comme bouc émissaire, comme coupable de la détérioration de la situation : « virus chinois », « finance cosmopolite », « Europe », immigrés, musulmans… : »
On propose de remplacer par : « Avec les crises économiques mondiales à la fin du 20e siècle et la réapparition du chômage de masse dans les centres impérialistes, les tendances complotistes, nationalistes et racistes se sont considérablement renforcées. Elles désignent d’une manière ou d’une autre l’étranger comme bouc émissaire, comme coupable de la détérioration de la situation : « virus chinois », « finance cosmopolite », « Europe », immigrés, musulmans… : »
Mais il y a aussi et surtout des questions de fonds qu’il faut tirer au clair. Il s’agit de prendre une position internationale, avec les groupes autrichien, espagnol et turc. L’ennemi est dans nos propres pays. Combattre l’impérialisme exige de combattre sa propre bourgeoisie.
De ce point de vue, votre texte manque clairement de mots d’ordre contre les politiques impérialistes, turques, autrichiennes, espagnoles et avant tout française. Avant tout car la France est un pays impérialiste de 1er rang comparativement aux autres.
Pour le moins, l’exigence de l’arrêt immédiat de toute ingérence impérialiste est nécessaire, à commencer par la France. A bas les interventions impérialistes y compris sous couvert de l’ONU.
L’opération Barkhane prend fin à Tombouctou au Mali pour la France embourbée localement. Ce retrait français se déroule sur fond de rejet de plus en plus ouvert de la population aux opérations militaires étrangères qui déchaînent l’hostilité djihadiste. Mais ce n’est qu’un redéploiement de Barkhane qui est également composée de troupes européennes en plus faible proportion : Grande Bretagne, Danemark, Estonie, Suède, Tchéquie. Il y a même un soutien US avec des drones notamment.
Ces troupes internationales prennent le relais au Mali. L’arrêt du pillage des ressources, et pour cela des guerres incessantes entre puissances impérialistes doit être indiqué comme mot d’ordre dans un tel texte. La France intervient encore en Syrie, en Irak etc…
La Turquie est une base active impérialiste dans la région.
Plus modestement certes, l’Autriche participe en juin 2019 à l’opération au Mali : elle a pris pour 6 mois le commandement de la mission d’entraînement militaire de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali) relayant ainsi l’Allemagne.
L’Espagne n’est évidemment pas en reste. En 2021 elle a pris le commandement de cette mission. Une enveloppe de 1,176 milliards d’euro a permis en 2021 le déploiement de 2900 soldats espagnols dans le monde, en particulier sur le Sahel et le Liban. Elle intervient également en Irak avec 250 soldats.
Bref, pour chaque pays dont sont issues les groupes signataires de votre texte des opérations militaires précises sont en cours par leur bourgeoisie. Il faut mettre en avant des mots d’ordre précis qui seront ainsi saisissables par les travailleurs de chacun des pays.
La question du droit à l’autodétermination des peuples est également absente.
Il faut lier toutes ces questions à celle des migrants.
Concernant la France, on ne peut ignorer que dans quelques mois les élections présidentielles vont désigner le Bonaparte qui décidera de la politique étrangère du pays. On ne peut pas faire une pirouette pour éviter d’y répondre.
Vous concluez « Ces revendications ne peuvent être satisfaites que par des gouvernements des travailleurs, seuls capables de renverser le capitalisme, de confier l’économie aux producteurs, d’édifier les États-Unis socialistes d’Europe comme un pas vers le socialisme mondial. ». Autrement dit, la situation des migrants doit attendre des jours meilleurs lorsqu’un gouvernement des travailleurs sera en place. Pour notre groupe il est important de mettre en place un pont entre la situation actuelle et le gouvernement ouvrier, en appliquant la tactique du front unique ouvrier.
La situation française permet d’avancer aujourd’hui des mots d’ordre appropriables par la classe s’ils sont adressés véritablement aux partis/candidats de gauche qui doivent les reprendre à leur compte. Ce n’est pas ce que vous proposez et du coup les travailleurs ne peuvent se saisir de vos mots d’ordre. Votre texte en l’état ne créera pas de dynamique parmi les travailleurs pour engager le combat contre leur propre bourgeoisie. C’est pourtant, y compris à notre petite échelle, ce que nous devons avoir comme boussole.
Aussi, en l’état, on ne signera pas votre texte. Cela serait différent si vous acceptiez nos amendements.
Bien fraternellement,
Le Groupe Révoltes
Lyon, le 20/12/2021