3e expulsion en un mois – « Expulser, expulser : c’est ça, leur hospitalité ? »
Suite à l’expulsion du squat de Feyzin le 16 septembre, la réquisition de courte durée du gymnase Clémenceau réprimée le jour même, l’expulsion illégale du squat rue Dedieu le 27 septembre, les habitant-e-s du squat de Feyzin s’étaient réfugié-e-s depuis une semaine dans une maison vide appartenant à la Métropole au 13 rue Spréafico.
Ce mercredi, nous avons décidé de rendre publique cette occupation à l’occasion du début de la semaine de l’hospitalité organisée par la Métropole de Lyon, propriétaire de ce bâtiment. Une soixantaine de personnes solidaires avec les expulsé-e-s de Feyzin sont venues manifester leur soutien devant le bâtiment tout au long de la journée, et la presse est venue couvrir l’événement.
La réaction de la métropole ne s’est pas fait attendre : presque immédiatement, les forces de l’ordre sont venues, ont encore une fois refusé de considérer les preuves de l’occupation d’une semaine et décrété que l’occupation était « illégale » sans avoir mené de véritable enquête.
De nombreux renforts de police sont venus (cinq camions de CRS) et ont encerclé le bâtiment. Des voisins ont témoigné qu’ils n’avaient jamais vu une telle démonstration de force de police pour expulser les autres squats dans leur quartier. Avant de procéder à l’expulsion, la police a interdit aux journalistes présents sur les lieux de filmer dans la rue Spreafico, entravant ainsi la liberté de la presse. Puis ils ont dégagé avec violence les soutiens qui se trouvaient devant la porte en donnant des coups de boucliers saupoudrés de gaz au poivre (!!). Ils ont pénétré par la force dans le bâtiment, violant ainsi le domicile des personnes qui s’y étaient installées depuis une semaine.
Prises de panique(pas nécessairement c’était un choix plutôt qu’une panique ) par peur d’être encore une fois expulsées, la majorité des personnes qui se trouvaient dans le bâtiment se sont réfugiées sur le toit. Il était impossible pour les forces de l’ordre d’accéder au toit et d’en faire descendre par la force les personnes sans risquer de les mettre gravement en danger. Les occupant-e-s sont donc resté-e-s ainsi sur le toit pendant plusieurs heures, dans une situation très périlleuse, sans rien à manger ni à boire, et en plein froid.
Plusieurs heures plus tard, en fin d’après-midi, des négociations ont été entamées avec le sous-préfet pour rappeler les revendications : une proposition de relogement digne, immédiate et pérenne pour tous·tes les expulsé·es de Feyzin, mais aussi la garantie de sortir sans contrôle d’identité en cas d’expulsion par la force, et la possibilité de ravitailler les personnes sur le toit en eau, nourriture et couvertures. La réaction de la préfecture a été un refus net.
Idem pour la métropole : aAprès avoir tenté de joindre au téléphone les élus responsables tout l’après-midi sans succès, une délégation s’est rendue à la métropole pour pouvoir négocier de vive voix. La métropole a alors encore une fois fait jouer son double discours : elle prétend vouloir mettre à l’abri les gens qui sont à la rue, y compris les expulsé-e-s de Feyzin, mais uniquement sur le long terme, après de très longues négociations et mises aux normes de bâtiments, etc. Bref, non seulement elle ne propose aucune solution immédiate de relogement pour cette situation d’urgence, mais en plus elle demande le recours à la force publique pour expulser un bâtiment dont elle est propriétaire, qu’elle laisse vide depuis plusieurs années et dont elle ne fera rien avant ncore plusieurs années. Il aurait été si simple de mettre immédiatement et sans aucune difficulté ces personnes à l’abri, en les laissant tout simplement dans le lieu où elles s’étaient installées ! A nouveau, c’est l’argument d’une prétendue « illégalité » de l’occupation qui est mobilisé par la métropole alors qu’elle refuse de considérer aucune des preuves fournies et de mener une enquête pour constater que l’occupation remonte bien à plus de 48h. A nouveau, c’est cette même métropole qui organise une « semaine de l’hospitalité » à Lyon et en même temps envoie la police dégager avec violence et mettre en péril des personnes qui cherchent simplement un endroit où vivre.
Alors que le soir venait, après de longues tentatives de négociations sans aucune avancée, après de longues heures d’épuisement, de froid et de faim, les personnes sur le toit ont finalement été contraintes par la pression policière et la fatigue à descendre du toit et quitter les lieux. Deux d’entre elles ont reçu une convocation au commissariat.
Nous sommes tous et toutes en colère et indigné-e-s que la métropole ait refusé de négocier, de venir sur place pour discuter avec les habitant-e-s, et qu’elle ait un nouvelle fois commandé cette expulsion, qu’elle organise par ailleurs à grands frais des « semaines de l’hospitalité » auxquelles elle n’invite même pas les personnes concernées et alors qu’elle demande dans le même temps leur répression par les forces policières.
Les événements d’aujourd’hui révèlent toute l’hypocrisie du discours de la métropole. D’ailleurs, les « avancées » qu’ils se vantent d’avoir réalisé en termes « d’hospitalité », se créant ainsi une image de ville « accueillante », sont les rares exemples de squats en voie de conventionnement… or, pour qu’ils puissent les conventionner, c’est bien qu’il a fallu que des personnes les ouvrent !
Alors, elle est où, cette hospitalité ? C’est la deuxième fois en deux semaines que la métropole de Lyon expulse le même groupe de personnes qui cherchent un abri pour l’hiver.
Honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mal-logés !
Nous ne lâcherons pas l’affaire !
Les expulsé-e-s de Feyzin et les personnes qui les soutiennent,