Aucune violence au sein du mouvement ouvrier !
Le 1er mai à Paris, des membres du service d’ordre et militants de la CGT ont été violemment attaqués en fin de la manifestation par une bande estimée à 150 cagoulés et autres encapuchonnés, faisant 21 blessés dont 4 graves, aux cris de « CGT collabo », « syndicat de merde », « à mort les syndicats », « enc… ». A Lyon des incidents moins graves, mais de même nature, ont également eu lieu pendant la manifestation, entre les premiers rangs syndicaux et des « Black blocs ».
Depuis plusieurs années, les travailleurs constatent que les violences policières sont de plus en plus graves et fréquentes contre les manifestations, laissées plus ou moins livrées à elles-mêmes, faute d’un service d’ordre conséquent. En outre, la tête des manifestations est, dès le départ et de plus en plus souvent, occupée arbitrairement par une mouvance anarchiste sans programme dont les chefs anonymes ne rendent aucun compte, d’aucune manière, aux travailleurs.
Au mieux, ces nihilistes croient s’attaquer au capital et à l’État bourgeois en cassant quelques vitrines, des abribus, en détruisant ici ou là un distributeur de billets et en multipliant les provocations envers les CRS et les gendarmes mobiles. S’y joignent des délinquants dont le seul but est de piller.
Le capitalisme mondial n’en est même pas égratigné. Par contre, pour l’appareil répressif de l’Etat, c’est du pain bénit. Les Black blocs sont faciles à infiltrer et les flics en uniforme trouvent dans leurs déprédations et leurs vols un nouveau prétexte pour charger et scinder les cortèges, gazer, frapper et terroriser… les travailleurs et les étudiants qui revendiquent ! L’amalgame entre manifestation, violence et dégradation tourne ensuite en boucle dans les médias qui défendent la bourgeoisie et le gouvernement qui jubile :
J’observe que les manifestations rassemblent de moins en moins de monde, mais qu’elles sont de plus en plus violentes, donc, elles se transforment. (Marlène Schiappa, France Info, 2 mai)
L’agression du samedi 1er mai 2021 n’est pas le fait de groupes fascistes organisés, contrairement à ce que prétend la direction de la CGT, mais elle n’en est pas moins totalement réactionnaire. C’est la réaction imbécile d’une frange de déclassés qui sont victimes de l’inégalité, de la précarité et de l’oppression, écœurés par la politique complice des directions syndicales. Ils sont manipulés par des chefs bakouninistes qui combinent secret, lumpen et nihilisme. Les chefs des Gilets jaunes (2018-2019) étaient incontrôlés et incontrôlables par leur base mais au moins connus.
Toutes les fractions du NPA, un parti qui flatte l’anarchisme depuis sa conception, refusent de condamner clairement les BB, comme de mettre en cause la corruption de tous les appareils syndicaux actuels et la collaboration de classe qui en est le résultat. Elles leur reprochent tout au plus « des limites », à savoir de ne pas appeler à plus de « journées d’action ».
Nombre de personnes [sic] ont en effet refusé de se solidariser avec la CGT après l’attaque… Du côté des figures des Gilets jaunes, Priscilla Ludosky a par exemple réagi samedi en dénonçant le service d’ordre de la CGT, tandis que Jérôme Rodrigues a pointé la responsabilité de Martinez… Une critique qui va souvent de pair avec un culte de l’action directe minoritaire contre des symboles du capitalisme en tête de manifestation, mais qui peut aussi être portée par des militants ouvriers et syndicaux, conscients des limites de stratégies syndicales refusant de construire un véritable rapport de forces par la grève. (RP-NPA, 5 mai)
Oui, les bureaucraties syndicales, et pas seulement la direction de la CGT, sont responsables d’accepter de discuter et de négocier avec le gouvernement toutes les attaques qu’il met en place, au nom du dialogue social. Les bureaucraties syndicales sont responsables de multiplier les actions disloquées, les journées d’action sans lendemain et, quand la mobilisation se développe comme encore lors du dernier mouvement en défense de nos retraites fin 2019, de refuser de préparer et d’appeler à la grève générale contre le gouvernement. En outre, les camionnettes de la CGT et de FO vendent des boissons alcoolisées dans les manifestations.
Oui, les bureaucraties syndicales ont signé ensemble fin 2018 un communiqué de soutien au gouvernement alors que la police multipliait les blessés dans les rangs des Gilets jaunes en écrivant :
Le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications. (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU, 6 décembre 2018)
Et on pourrait allonger la liste. Mais en aucun cas l’opposition à cette orientation ne peut et ne doit prendre la forme d’une attaque contre un syndicat et ses militants, sauf à se ranger, qu’on le veuille ou non, du côté des pires ennemis du mouvement ouvrier. C’est par la réflexion et la discussion que les travailleurs doivent faire leur opinion, par le vote au sein des organisations syndicales, des assemblées générales et des organes d’auto-organisation que la classe ouvrière doit décider et élire.
Il faut en finir le plus vite possible avec cette situation dangereuse et délétère qui divise et fait le jeu du gouvernement et de sa police !
Aujourd’hui, le secrétaire général de la CGT Martinez supplie Macron, Darmanin et Schiappa « de changer de stratégie » pour « sécuriser » les manifestations. C’est une aberration de réformiste qui sème les pires illusions. La police n’est pas du côté des manifestants, c’est le bras armé du gouvernement et de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, contre la jeunesse. D’ailleurs, la police s’en prend régulièrement aux militants syndicaux et aux services d’ordre dans les manifestations comme ce fut le cas le 1er mai 2019 quand même Martinez avait gouté aux lacrymogènes.
Pour protéger les manifestations, front unique ouvrier ! C’est aux manifestants d’organiser eux-mêmes leur service d’ordre en intégrant les services d’ordres des syndicats ! C’est aux manifestants eux-mêmes de décider des mots d’ordre des manifestations. La place de tout militant révolutionnaire est dans ce combat et certainement pas du côté des violences contre les militants syndicaux.
Sur les lieux de travail et d’études, dans les syndicats et les partis, il faut se réunir pour organiser son service d’ordre. Ces groupes ouvriers d’auto-défense ont déjà existé par le passé. Mixtes, politisés, formés au combat collectif d’autodéfense, ils réunissent massivement des travailleurs et des jeunes prêts à repousser les attaques des ennemis du mouvement ouvrier. Ils permettent de protéger les grèves, les locaux, les manifestants, les réunions et nos organisations des attaques des fascistes et de la police.
Ce combat est indissociable de celui pour la rupture des syndicats avec le gouvernement, pour la fin de la cogestion, le contrôle des luttes par ceux qui les mènent, le pouvoir des travailleurs.
Front unique ouvrier pour défendre les manifestations ouvrières contre toutes les attaques !