Quelques jours avant l’attentat terroriste contre Fakhrizadeh, le ministre des affaires étrangères américain Pompeo, le monarque Ben Salman et le premier ministre israélien Netanyahou se rencontrèrent à Neom, au nord-ouest de l’Arabie saoudite.
En avril 2018, Nétanyahou avait présenté le physicien comme le chef d’un programme nucléaire secret à vocation militaire et comme la cible prioritaire du Mossad : « Souvenez-vous de ce nom, Fakhrizadeh » avait-il dit. L’État israélien a revendiqué des dizaines d’attaques contre l’armée iranienne en Syrie et en Irak. Il était aussi derrière l’explosion d’un dépôt de munitions le 12 novembre 2011, dans la banlieue de Téhéran, qui avait fait au moins trente-six morts, dont le général Hassan Moghadam. En janvier 2010, le physicien iranien Massoud Ali Mohammadi était assassiné ; en novembre de la même année, le physicien Majid Shahriari. Sans parler des cyber-attaques de 2010 contre 30 000 ordinateurs iraniens par le programme Stuxnet élaboré par les services secrets israéliens et américains.
Le président américain en sursis a probablement donné son accord à l’attentat israélien du 27 novembre puisqu’il avait envisagé le 12 novembre, après sa défaite électorale, de bombarder l’Iran, ce que l’état-major lui a refusé. Dès le début de son mandat, Trump (Parti républicain) avait révoqué l’accord de 2015 par lequel l’Iran renonçait à son programme nucléaire civil en échange de la levée des sanctions économiques imposées en 1995 par le président Clinton (Parti démocrate), suivi par l’Union européenne dirigée par les impérialismes allemand et français. En temps de pandémie, le blocus des États-Unis est plus que jamais un crime contre les peuples d’Iran ; en revanche, il gêne fort peu les caciques du régime islamiste iranien qui ont les moyens d’y échapper. Le 3 janvier 2020, l’armée américaine avait assassiné par drone le général iranien Qassem Soleimani. Dans les heures qui ont suivi le meurtre de Fakhrizadeh, Trump s’est félicité que cela constituait « un coup majeur porté à l’Iran ».
On imagine l’indignation qu’auraient manifestée les grands médias occidentaux si l’Iran avait osé abattre des dirigeants américains responsables de l’arsenal nucléaire le plus colossal du monde ou les instigateurs des multiples immixtions violentes à l’étranger. Ils auraient justifié les bombardements américains qui auraient suivi.
Aux États-Unis, l’ancien président laisse, délibérément, une situation ingérable à son successeur qui avait annoncé qu’il voulait revenir à l’accord de 2015. Biden et son gouvernement en formation sont d’ailleurs demeurés muets devant l’attentat terroriste. Au Proche-Orient, le Parti démocrate soutient, tout autant que le Parti républicain, l’État colonial sioniste et la monarchie absolue des Saoud depuis la fin de la 2e Guerre mondiale.
En Iran, le pouvoir islamiste, malgré ses rodomontades, est incapable de riposter réellement à l’impérialisme américain et même à l’État sioniste, parce qu’il est incapable de s’adresser à la classe ouvrière de ces pays et du reste du monde. En effet, il repose sur une fraction de la bourgeoisie perse et il a été fondé sur l’écrasement de la révolution sociale de 1978-1979 qui avait jeté à bas la monarchie des Pahlavi. Fin 2019, il a réprimé de manière sanglante une révolte populaire provoquée par la crise économique et la sécheresse. Il a exécuté le 12 décembre le journaliste Rouhollah Zam, enlevé en Irak et accusé d’avoir joué un rôle actif dans le mouvement de protestation de 2017-2018.
En coulisses, la « République islamiste » a plus d’une fois collaboré avec « le grand Satan » (les États-Unis dans le langage des ayatollahs) : en 2001, en Afghanistan contre les Talibans ; en 2003, en Irak pour mettre en place un gouvernement provisoire ; en 2016, en Irak contre l’État islamique.
La police politique et les services secrets iraniens sont efficaces contre les ouvriers grévistes, les manifestants paysans et étudiants. Par contre, ils sont notoirement infiltrés par le Mossad et la CIA avec l’aide des monarchistes et des Moudjahedines du peuple financés par l’État américain. Israël a pu ainsi liquider à Téhéran le 7 aout Abdullah Ahmed Abdullah, un dirigeant d’Al-Qaida.
Les travailleurs avancés ne reconnaissent pas le droit des États impérialistes équipés d’un formidable arsenal militaire (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) de choisir les États autorisés à se doter de l’arme nucléaire (Israël, Pakistan, Inde…) et de l’interdire à ceux qui leur déplaisent (Iran, Corée du nord…). Les communistes veulent un monde sans aucune arme nucléaire.
Il revient à la classe ouvrière et aux opprimés d’Iran de chasser les capitalistes et les bourreaux islamistes, d’instaurer un gouvernement ouvrier et paysan basé sur des shoras (conseils de travailleurs), d’ouvrir la voie à la fédération socialiste du Proche-Orient, libérée de la colonisation sioniste et de toute oppression impérialiste. La meilleure aide à leur fournir est que le mouvement ouvrier des États-Unis, d’Israël, de l’Union européenne, de Russie, de Turquie, de tous les pays s’oppose à toute opération militaire contre l’Iran et exige la levée immédiate du blocus étasunien.
Arrêt des agressions israéliennes contre l’Iran !
Fin immédiat du blocus américain de l’Iran !
Fermeture de toutes les bases militaires américaines, britanniques, française et russe au Proche-Orient et en Méditerranée, départ de la flotte américaine du golfe Arabo-persique, de l’océan Indien et de la mer Méditerranée !