En décidant le 18 septembre de placer l’immigration au cœur de son discours, Macron tente de camoufler la question sociale soulevée l’an dernier par le mouvement des gilets jaunes et aujourd’hui par son offensive contre les retraites, tout en encourageant la parole raciste. Il tente aussi de légitimer les restrictions aux libertés dans toute la société sous le prétexte qu’un membre de la police politique s’est retourné le 3 octobre contre certains de ses collègues : « Une société de vigilance voilà ce qu’il nous revient de bâtir » (Macron, 19 octobre). Parce qu’on s’entretue à la direction du renseignement de la Préfecture de police, l’État décrète que chacune, chacun doit surveiller et dénoncer ses collègues, ses élèves, ses voisins, sa famille…
Les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche ont récemment reçu de la part de leur ministère de tutelle un document de deux pages les invitant à « prévenir la radicalisation ». Il appelle à « la vigilance de tous les personnels » et invite au « signalement » de toute personne radicalisée, c’est-à-dire qui « conteste l’ordre institué en adoptant une forme extrême d’action… liée à une idéologie qui peut être politique, sociale ou religieuse ».
Cela peut s’appliquer à toute personne ou toute organisation s’en prenant au pouvoir d’État garant de la domination capitaliste, ou tout simplement à des personnes se protégeant contre les violences policières. La police est récompensée des honneurs de la république bourgeoise lorsqu’elle éborgne des manifestants, lorsqu’elle fait amputer des mains, lorsqu’elle provoque des traumatismes crâniens… En revanche des militants cherchant à se défendre contre de telles violences sont susceptibles d’être accusés de « radicalisation ».
Pour le gouvernement, elle caractérise se reconnaît par le cumul de trois conditions : « une évolution du comportement et une transformation progressive de la personne ; une adhésion à une idéologie extrémiste pouvant prendre différentes formes ; l’adoption de la violence comme principal mode d’action ». Une personne adoptant une attitude de plus en plus défiante à l’égard des forces de répression, devenant partisan de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, appelant à l’armement des travailleurs, remplit ces trois conditions et peut donc être accusée de radicalisation. En effet, les communistes revendiquent d’être radicaux : « Être radical, c’est prendre les choses par la racine » (Marx, 1843).
Le sommet de l’État suggère de « repérer les signes de radicalisation », avec l’instauration d’un climat de suspicion. Il s’agit pour les universitaires de devenir complices d’une politique de stigmatisation, en dénonçant tout « changement soudain de comportement… rejet de l’autorité… contestation de contenus d’enseignement… discours contraire aux valeurs de la République… ». Un « fonctionnaire de sécurité-défense » est désigné au sein du personnel de chaque université comme organisateur des basses œuvres du gouvernement.
Toutes les organisations de jeunesse, toutes les organisations ouvrières doivent dénoncer cette pratique comme un viol des libertés démocratiques, comme une tentative de soumettre les enseignants et de limiter la liberté d’opinion et d’expression.