Québec : non à la pseudo-laïcité xénophobe, abrogation de la loi 21 !

Le 16 juin, le gouvernement québécois dirigé par la Coalition avenir Québec (CAQ) a fait adopter sous le bâillon le projet de loi 21 portant sur la « laïcité ». Il s’agit en gros d’interdire le port des signes religieux pour les employé-es de la fonction publique québécoise qui sont en position d’autorité comme les juges, les policiers, les gardiens de prison et même les enseignant-es. Bien entendu, c’est le voile ou foulard islamique qui est visé. Legault suit la même politique islamophobe que la plupart des gouvernements capitalistes occidentaux, qui ciblent en bloc les personnes de confession musulmane en bloc comme étant une menace pour la soi-disant « civilisation occidentale ». C’est une énième tentative méprisable pour diviser la classe ouvrière et dévier la grogne parmi les travailleurs et les travailleuses envers les mesures d’austérité en faisant des immigrant-es et des minorités religieuses des boucs émissaires.

Nous avons déjà écrit sur la question de la laïcité l’année dernière en démontrant qu’elle est utilisée comme une arme contre les travailleur-euses immigré-es, plus particulièrement les musulman-es.

https://groupemarxiste.info/2018/05/25/quebec-la-fausse-laicite-des-xenophobes/

L’État bourgeois se permet de dicter à la classe ouvrière comment elle devrait se vêtir tout en utilisant hypocritement la défense des droits des femmes pour justifier l’interdiction du port du voile au sein d’une couche du prolétariat. D’un combat historiquement progressiste, la laïcité sert maintenant de caution à la discrimination et l’oppression.

Le projet de loi 21 avait été déposé le 28 mars et a suscité un débat intense au Québec et aussi dans le reste du Canada, souvent sur une base chauvine. La Confédération des syndicats nationaux (CSN), une des plus grosses centrales syndicales québécoises, a pris position contre ce projet de loi en disant qu’il cautionne des préjugés.

La CSN s’est ainsi prononcée contre le projet de loi 21, contre l’utilisation de la disposition de dérogation prévue par le gouvernement Legault, et elle a dit souhaiter que la clause de droits acquis prévus pour les employés visés par la loi soit étendue aux élèves qui étudient actuellement pour occuper ces mêmes postes. (La Presse, 15 mai 2019)

La dérogation mentionnée dans l’article concerne la clause inscrite dans la loi constitutionnelle canadienne de 1982 qui permet de faire adopter des projets de loi qui vont à l’encontre de la Charte des droits et libertés du Canada. Cette clause est bien entendu évoquée par la CAQ pour donner de la légitimité à la loi 21. Au niveau de l’autre grande centrale, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, le Conseil régional du Montréal métropolitain a également pris position contre le projet de loi 21.

Lors de l’assemblée générale du 7 mai 2019, les personnes déléguées présentes ont voté à la majorité une résolution réaffirmant leur attachement à la laïcité de l’État. Elles se sont par le fait même opposées « à toute législation interdisant le port de signes religieux à toute … personne salariée, quelle que soit sa fonction, à moins qu’il nuise à sa prestation de travail pour des raisons d’identification, de communication et de santé-sécurité au travail. (CRMM de la FTQ, Communiqué, 13 mai 2019)

Lors du vote à l’Assemblée nationale du Québec, la CAQ et le Parti québécois (PQ) ont voté en faveur tandis que le Parti libéral (PL) et Québec solidaire (QS) ont voté contre. Le PQ est en quelque sorte l’inspirateur de cette loi, car il a tenté de faire adopter un projet similaire en 2014, connu sous le nom de « Charte des valeurs québécoises » et il est très en pointe à la fois dans la campagne contre les signes religieux et pour diminuer les seuils d’immigration.

Québec solidaire, parce qu’il est réformiste et électoraliste, s’est opposé à la loi 21 pour des motifs bornés à la démocratie :

Le 27 juin 1975, les élu-es du peuple québécois ont adopté à l’unanimité la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Aujourd’hui, les élu-es de la CAQ ont bâillonné les oppositions pour suspendre les droits et libertés de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Pour François Legault, « c’est une triste façon de passer à l’histoire de notre démocratie », a affirmé la porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, au Salon bleu de l’Assemblée nationale, dimanche, pendant l’adoption forcée du projet de loi 21 sur les signes religieux. (QS, Communiqué de presse, 16 juin 2019)

La question des droits des personnes immigrantes n’est pas du tout évoquée dans ce texte, pas plus que l’unité de la classe ouvrière qui est un terme sans aucun doute démodé pour ce parti petit-bourgeois. Pour QS, les fondements de la démocratie bourgeoise doivent être défendus, peu importent les droits des travailleur-euses les plus opprimé-es de la société québécoise et l’unité des exploités.

La loi 21 fait clairement partie des attaques qui se multiplient à l’heure actuelle contre la classe ouvrière et qui font partie des plans de la bourgeoisie de diviser pour mieux régner. Le mouvement ouvrier dans son ensemble doit s’opposer résolument à toute mesure visant à restreindre les droits des immigrant-es, y compris celui de porter des signes religieux. La position de la CSN et du Conseil régional du Montréal métropolitain de la FTQ contre la loi 21 représentent un pas dans la bonne direction.

Ultimement, il faudra en finir avec ce système d’exploitation et d’oppression qu’est le capitalisme qui nous réserve toujours davantage de misère, de guerre et de racisme pour maintenir son pouvoir. Il faut construire dès maintenant un parti ouvrier révolutionnaire et internationaliste dans la lignée du Parti bolchevik de Lénine et Trotsky pour mener la révolution prolétarienne jusqu’à la victoire.

correspondant