Une femme dynamique, noire, conseillère municipale largement élue aux élections, très populaire à Rio, membre du PSOL, féministe, qui dénonçait les abus de la police et, dernièrement, des forces armées, a été assassinée le 14 mars à Rio.Marielle Franco, professeur en administration publique, âgée de 38 ans, militait contre l’intervention de l’armée dans les quartiers pauvres et noirs, dans les bidonvilles -intervention décrété par Temer, le plus impopulaire des présidents de la planète -, contre les assassinats répétés de jeunes, pauvres et noirs, contre la violence vis-à-vis des religions d’origine africaine ce qui était pour elle un racisme religieux et une tentative d’effacer leur histoire, leur art, leur savoirs.
La façon dont on l’a tuée – 4 balles dans la tête – 9 coups de feu ont été tirés contre sa voiture, à 21 h 30 ce mercredi 14, indique qu’il s’agissait d’un crime prémédité, car les tirs provenaient d’une arme que seules les forces armées ont le droit d’utiliser. De plus, malgré les vitres fumées de la voiture de Marielle Franco, la direction des coups de feu montre que c’est bien elle qui était visée, que les assassins savaient qu’elle était à l’arrière et du côté droit. Rien n’a été volé. Les assassins ont tué aussi le chauffeur qui a reçu trois balles dans le dos, dans la partie la plus sombre du trajet. Ils se sont évaporés aussitôt.
Il est évident que c’était une exécution, un crime politique. Son parti, le PSOL, est une rupture sur la gauche du PT. Franco venait de participer à une assemblée de femmes noires. Dernièrement, elle avait dénoncé les violences et les meurtres perpétrés contre la population noire et jeune de préférence, en mettant en cause le bataillon n° 41 de la police militaire, en charge des quartiers de Iraja, Pavuna, Vicente de Carvalho e Costa, où il y a des bidonvilles. Marielle écrivait que c’est le quartier de Rio où on entend le plus de coups de feu, où on tue le plus. En janvier, 41% des morts violentes ont été le résultat de l’intervention des agents de police du 41e BPM (batalhão da policia militar).
Le 15 mars, 50 000 personnes à Rio et 30 000 à Sao Paulo ont afflué dans les rues pour protester contre le meurtre de la militante du mouvement ouvrier.
18 mars 2018, correspondante