Le climat terrestre change sous l’action du capitalisme
Le 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été rendu public le 27 septembre. Cet organisme, né en 1988, est constitué de centaines de scientifiques de 195 pays. Il a confirmé le réchauffement climatique en cours.
Les experts du climat estiment désormais « extrêmement probable » – c’est-à-dire, avec une probabilité supérieure à 95 % – que l’élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien le fait de l’accumulation des gaz à effet de serre d’origine humaine. (Le Monde, 28 septembre 2013)
Exprimant le consensus des scientifiques dans ce domaine, le GIEC n’en reste pas moins sous la domination des grandes puissances impérialistes qui le financent à travers l’ONU, ce qui pourrait bien le conduire à minimiser les dégâts climatiques du mode de production capitaliste.
Le GIEC dresse plusieurs scénarios, en fonction de l’attitude que pourrait avoir l’ensemble des États de la planète. Le pire prévoit « une hausse possible de 4,8°C d’ici la fin du siècle ». Le capital a engendré une catastrophe écologique mondiale.
Les conséquences de cette hausse de la température sont déjà bien réelles et visibles : perte de plus de 10 % de la banquise arctique estivale depuis 1979, hausse du niveau de la mer, augmentation de l’activité cyclonique, hausse des précipitations dans certaines régions, assèchement continu dans d’autres, acidification des océans.
L’humanité paye déjà le prix de l’irrationalité du mode de production capitaliste
Les sources du réchauffement sont les gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, sulfates, aérosols, protoxydes d’azote, méthane…) d’origine humaine. Ces gaz produits au fil des décennies augmentent l’effet de serre naturel de notre planète dont l’atmosphère permet de conserver une partie de la chaleur reçue du soleil. Aujourd’hui, ces gaz émis depuis l’apparition du capitalisme sont le fait des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon…), de la déforestation, de l’agriculture et l’industrie. Et si une partie est absorbée naturellement par la Terre, via ses océans, son sous-sol et ses forêts, une partie de plus en plus grande reste confinée dans l’atmosphère, accentuant le réchauffement climatique.
Il s’agit d’un phénomène qui est mondial. Quel que soit l’endroit d’émission, il affecte toute la planète. Ces changements du climat ont des effets directs sur la population. Certaines zones rurales sont un peu plus soumises aux aléas de la météorologie pour leur récolte. L’acidification des océans fragilise les barrières de corail et la chaîne alimentaire.
L’augmentation des catastrophes liées au climat tue déjà. Des millions de personnes sont chassées par des inondations, sécheresses et cyclones, les soumettant un peu plus à la misère que le capitalisme a engendrée. Les phénomènes comme le cyclone Katrina à la Nouvelle Orléans (2005), le récent ouragan aux Philippines et ses dizaines de milliers d’exilés se multiplieront.
Les États capitalistes sont incapables de protéger la planète
Toutefois, au contraire des accusations culpabilisatrices des médias de la classe sociale dominante, tous les humains ne sont pas responsables de ce désastre. Non seulement seuls les capitalistes guidés par le profit sont les véritables maîtres du monde mais ils se font concurrence par États interposés qui refusent, dans la rivalité qui les dresse les uns contre les autres, d’entraver leur économie nationale et leurs groupes, par des règles pourtant nécessaires à la société humaine mondiale.
En effet, les grandes puissances impérialistes, déjà responsables de la barbarie, de la misère et de l’exploitation, sont aussi les premières productrices de gaz à effet de serre. Pour le principal gaz responsable du réchauffement climatique, le dioxyde de carbone (CO2), le premier producteur est la Chine avec 27 % des émissions et viennent ensuite États-Unis (16 %), Russie (7 %), Inde (4 %), Brésil (4 %), Allemagne (4 %), Japon (3 %), Royaume-Uni (2 %), France (1,3 %). Ces grandes bourgeoisies, dont certaines furent le berceau du capitalisme, se réunissent régulièrement dans des conférences internationales consacrées au climat, mais leur concurrence les empêche de freiner le réchauffement.
Mardi 5 novembre, à la veille de la Conférence de Varsovie, le Programme des Nations unies pour l’environnement a une nouvelle fois alerté les gouvernements. Le bilan annuel montre que l’écart entre la trajectoire suivie par les émissions de CO2 et celle qui permettrait de limiter à 2°C le réchauffement ne cesse de s’amplifier. (Le Monde, 6 novembre 2013)
De la Conférence de Genève en 1992 à celle de Cancun en 2012, les puissances impérialistes ne se sont pas mises d’accord et conduisent la planète à la catastrophe. Par exemple, les États-Unis ont refusé de signer les obligations du sommet dit de Kyoto (1997), obligations fort peu contraignantes d’ailleurs. Pour preuve, les objectifs de Kyoto n’ont pas été atteints par leurs signataires. La gestion en fonds tendus des entreprises et la volonté de limiter la puissance sociale des travailleurs de chemins de fer a conduit partout à privilégier le transport routier au ferroviaire.
La crise capitaliste mondiale de 2008 a encore renforcé l’égoïsme national. Chaque État a sauvé son capitalisme, sans se soucier de l’environnement. Par exemple, en France, Sarkozy a subventionné en 2009 les achats d’automobiles et les deux groupes français de l’automobile. Le gouvernement fédéral du Canada a autorisé l’exploitation et l’exportation de lignite et des schistes bitumeux, les plus polluants des minerais fossiles. Le capitalisme américain a joué à fond du gaz et du pétrole de schiste de son sous-sol, devenant un des premiers producteurs mondiaux de ces sources d’énergies qui contribuent au réchauffement de l’atmosphère de la planète.
L’écologisme politique, impuissant et réactionnaire
L’écologisme politique est pro-capitaliste. Il ne met pas en cause le mode de production capitaliste, mais le « productivisme », voire, pour son aile fondamentaliste et obscurantiste, la science et la technique en tant que telles.
Il suffirait de contraindre le capitalisme, d’en faire un capitalisme vert. Mais le mode de production capitaliste repose sur l’accroissement infini de la valeur, ce qui se traduit par la recherche acharnée du profit pour chaque capital individuel (entreprise). Son maintien entraîne nécessairement des gaspillages ou des consommations inutiles en même temps que des pénuries de ce qui est nécessaire et des privations pour de larges masses.
En France et partout où ils l’ont pu, les « verts » ont participé à des gouvernements bourgeois. Leurs chefs y ont certainement trouvé des satisfactions personnelles, sans parler des finances des partis concernés, mais le capitalisme n’a guère été bridé et l’environnement mondial de l’humanité a continué à se dégrader. Les partis écologistes ont même voté des budgets militaires, le plus grand gaspillage possible puisqu’il ne s’agit de moyens de destruction des humains et de leurs moyens de produire, voire soutenu des guerres impérialistes, qui ont eu des effets désastreux sur l’environnement, particulièrement en Irak.
Qui plus est, l’aile la plus réactionnaires prêche la « décroissance », c’est-à-dire l’autarcie et la sous-consommation des masses.
Les écolo-réformistes contre le communisme
Des partis « rouges et verts » sont même apparus, témoignant de l’influence de l’écologisme politique sur le mouvement ouvrier. Ils sont fondés par des sociaux-démocrates avides de voix, des staliniens en quête de reconversion après la restauration du capitalisme en URSS et en Chine, des révisionnistes du trotskysme qui suivent les derniers engouements de la petite bourgeoisie : GroenLinks aux Pays-Bas, Sinistra, ecologia e libertà en Italie, SA en Australie, SR en Grande-Bretagne, De Rödgröna en Suède, Enhedlisten au Danemark, Syriza en Grèce, NPA et PdG en France…
Les Verts ont fait évoluer les esprits et le mien en particulier… Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le modèle communiste, comme le modèle social-démocrate, intégrait une dimension productiviste qui est une aberration eu égard aux limites de la planète. (Jean-Luc Mélenchon, TerraEco, novembre 2011)
Tous ces mouvements prétendent que le mode de production capitaliste peut être régulé.
Comment sauver la planète ?
Même si les fondateurs du communisme moderne n’avaient pas pu prédire le réchauffement climatique, leur analyse permettait de prévoir que les rapports de production capitalistes conduiraient à la surexploitation des travailleurs et de la Terre elle-même.
La grande propriété foncière réduit la population agricole à un minimum, à un chiffre qui baisse constamment en face d’une population industrielle, concentrée dans les grandes villes, et qui s’accroît sans cesse ; elle crée ainsi des conditions qui provoquent un hiatus irrémédiable dans l’équilibre complexe du métabolisme social composé par les lois naturelles de la vie ; il s’ensuit un gaspillage des forces du sol, gaspillage que le commerce transfère bien au-delà des frontières du pays considéré… La grande industrie et la grande agriculture exploitée industriellement agissent dans le même sens. Si, à l’origine, elles se distinguent parce que la première ravage et ruine davantage la force de travail, donc la force naturelle de l’homme, l’autre plus directement la force naturelle de la terre, elles finissent, en se développant, par se donner la main : le système industriel à la campagne finissant aussi par débiliter les ouvriers et l’industrie et le commerce de leur côté, fournissant à l’agriculture les moyens d’exploiter la terre. (Karl Marx, Le Capital, III, 1867, Progrès, 1986, p. 848)
Face à ce danger, les communistes préparent la révolution sociale.
Seule la République socialiste mondiale, modifiant en profondeur les rapports de production sur toute la planète peut sauver l’atmosphère ainsi que la biodiversité qui sont les biens communs de l’humanité. En assurant le contrôle des travailleurs sur la production, en la planifiant selon les besoins de l’humanité tout en améliorant la productivité pour libérer les humains du travail nécessaire, en tenant compte des ressources et de l’impact sur l’environnement, une telle société aura la possibilité d’infléchir les rapports entre l’humanité et la nature, tout en satisfaisant les besoins humains.
Sur ce chemin, la première tâche de la classe ouvrière est d’exproprier le capital et de renverser l’État bourgeois qui le protège, condition nécessaire pour que la dictature du prolétariat ouvre la voie au communisme :
Pour libérer la technique de la cabale des intérêts privés et mettre le gouvernement au service de la société, il faut « exproprier les expropriateurs ». Seule une classe puissante, intéressée à sa propre libération et opposée aux expropriateurs capitalistes, est capable d’accomplir cette tâche. Ce n’est qu’alliée à un gouvernement prolétarien qu’une équipe de techniciens qualifiés peut construire une économie réellement scientifique et réellement rationnelle, c’est-à-dire socialiste. (Léon Trotsky, « Le marxisme et notre époque », 26 février 1939, Œuvres, ILT, t. 20, p. 176)
20 novembre 2013