C’est à la suite d’une bataille de plusieurs mois à Reims que 41 migrants (albanais, arméniens, guinéens, tchétchènes, sénégalais, nigérians…) demandeurs d’asile ont obtenu le droit à l’hébergement d’urgence tel que prévu par la loi. Après avoir été expulsés d’un terrain qu’ils occupaient depuis plus de trois mois face au centre de demande d’asile, après avoir fui, sous la menace d’une expulsion, un terrain municipal sur lequel ils avaient planté leurs tentes pendant trois mois, ils ont choisi d’occuper le campus universitaire le 17 septembre, dans le but à la fois d’avoir au moins accès à des sanitaires et de gagner la solidarité des étudiants.
Peine perdue, le président de l’université ordonne immédiatement la fermeture du campus, prétextant à la fois l’état d’urgence et la sécurité (celle des étudiants comme celle des migrants). Le lendemain une assemblée générale de plus de 100 personnes décide une manifestation devant la sous-préfecture le jour suivant. Elle réunit 300 personnes, beaucoup de jeunes, avec pour mot d’ordre principal « Logement pour tous ! ». La sous-préfecture refuse de recevoir une délégation et le soir, une assemblée générale de 100 personnes décide une « protection étudiante », à savoir l’installation de tentes sur le campus aux côtés des migrants. Le mercredi 20, avant qu’un référé en expulsion que le président de l’université avait déposé auprès du tribunal administratif soit examiné, la préfecture décide de reloger l’ensemble des migrants. Il a fallu trois manifestations (en mars, en juin et en septembre), le soutien de plusieurs organisations syndicales (d’abord Unef et SnesUp mais aussi CGT et Solidaires) obtenu grâce à la pression exercée par leur base, d’une fraction significative des enseignants – une lettre ouverte au président – et la mise en mouvement d’une partie de la jeunesse. C’est bel et bien une victoire de la mobilisation, dans un combat défensif consistant à faire appliquer la loi. La situation est loin d’être réglée. Les personnes qui ont été logées, souvent dans des conditions précaires, et pour beaucoup dispersés dans tout le pays, ne voient pas leur situation réglée pour autant, tant l’aboutissement de leur procédure d’asile est incertaine et soumise pour partie à l’arbitraire des services de la préfecture. Régularisation de tous les sans-papiers !
Correspondant, 29 septembre 2017