Tous dans la rue pour une grève massive jusqu’à la victoire !
Tract des HWRS / États-Unis

TelegramWhatsappTwitter Facebook

À seulement deux jours de l’entrée en vigueur du préavis de grève du 10 octobre, les patrons de BART [« Bay Area Rapid Transit District », les transports publics de l’agglomération de San Francisco, Californie], leurs soutiens capitalistes, les briseurs de grève et la police sont prêts. Le sommes-nous ?
Cette grève ne portera pas seulement sur des questions d’argent ou même de conditions de travail ou de sécurité. Elle est vouée par les circonstances historiques actuelles à devenir une grève politique. Les gouvernements locaux et fédéraux, en tant que serviteurs des capitalistes de la baie de San Francisco [Oakland, Berkeley, Fremont, Walnut Creek…] sont déterminés à briser l’ossature de nos syndicats. La baie de San Francisco est l’un des derniers bastions ouvriers organisés aux Etats Unis. Si nous voulons le conserver, les travailleurs feraient mieux de se réveiller.
Les patrons ont déjà remporté deux victoires décisives dans le Midwest. Dans le Wisconsin, ils ont sévèrement limité le droit des travailleurs aux conventions collectives, obligé les syndicats des travailleurs de la fonction publique à obtenir une certification annuelle et à percevoir directement les cotisations, au contraire du système de prélèvement sur le bulletin de salaire qui existait jusqu’à lors. Dans le Michigan, lieu de naissance des syndicats de l’automobile et du CIO après de sanglantes confrontations avec l’État, ils ont imposé une loi sur le « droit au travail » et l’ « atelier ouvert » qui sape toute la force historique des syndicats.
Les patrons savent déjà que la grève à venir chez BART est politique. Nous ferions mieux d’en prendre également conscience. Nous sommes engagés dans un combat pour nos vies. Nous devons clairement annoncer au public et aux alliés des syndicats que c’est un jour nouveau et que les travailleurs ne toléreront plus les attaques contre les droits aux compensations et aux prestations qu’ils méritent. Cette lutte ne concerne pas que les travailleurs de BART mais tous les travailleurs.
Les syndicats seuls ne peuvent pas battre les patrons. Pour gagner, nous avons besoin du soutien massif des communautés ouvrières. Les syndicats peuvent stimuler ce soutien en faisant de cette lutte une grève politique contre les attaques antisyndicales, les meurtres commis par la police et la terreur que fait régner l’ICE/La Migra [« Immigration Control Executives», la police de l’immigration].
Il y a trois conditions essentielles pour obtenir la victoire :
1 / Les trois syndicats doivent s’organiser en un seul comité de grève unifié, élu par les adhérents à partir de la base et sujet à révocation par la base s’il ne fait pas son travail. Un tel comité aurait la confiance des adhérents et pourrait se réunir chaque jour pour diriger la grève, tel le centre de commandement d’une armée au combat. Il pourrait mobiliser des piquets de grève massifs pour imposer l’essence fondamentale d’un syndicalisme de combat que les dirigeants actuels des syndicats (et malheureusement beaucoup de travailleurs également) semblent avoir oubliée : les piquets de grève signifient « on ne passe pas » et les jaunes qui tenteront de passer devront en être et en seront empêchés par tous les moyens nécessaires. C’est ce type de piquets de grève militants qui a permis aux syndicats de s’organiser et de gagner de bons accords par le passé et c’est leur disparition qui est en grande partie responsable du déclin des syndicats ces dernières décennies.
Un comité de grève militant constitué par la base pourrait envoyer des piquets de grève militants dans toutes les zones qui doivent être renforcées et soutenues. Par exemple, les patrons de BART ont formé des jaunes à Mare Island et les syndicats ont été incapables de les en empêcher. Si nous avions un comité de grève militant à l’autorité reconnue par la base, il pourrait envoyer des travailleurs, rejoints alors par leurs soutiens émanant des communautés opprimées, pour organiser des piquets de grève et empêcher les jaunes potentiels de suivre leur formation. Un comité de grève constitué par la base ne laisserait pas passer le licenciement d’un sympathisant syndical tel que l’agent de gare de chez BART George Figueroa sans organiser une mobilisation de masse pour le défendre.
Les dirigeants syndicaux ne veulent pas d’un comité de grève constitué par la base et ils font de leur mieux pour éviter toute grève, et a fortiori une grève militante. Ces bureaucrates ont déjà fait savoir très clairement aux politiciens capitalistes qu’ils essayaient d’éviter une grève. C’est comme dire à votre ennemi, lors d’une guerre, que vous n’avez pas l’intention d’utiliser votre seule arme efficace ! Nous ne pouvons faire confiance à des bureaucrates comme eux pour mener le type de grève qu’il nous est nécessaire de mettre en œuvre pour gagner. Nous devons mettre en place un comité de grève constitué par la base même s’il nous faut le faire contre la volonté des dirigeants syndicaux et sans leur soutien. Parce que le temps nous est compté, il est insuffisant de se contenter de parler d’un comité de grève ; si un comité de grève n’est pas déjà élu et prêt à opérer le 10 octobre (premier jour de grève possible pour les syndicaux, selon les patrons), les travailleurs seront privés d’un outil fondamental pour gagner la grève ; et les patrons ainsi que leurs politiciens auront leur première victoire.
Malheureusement, le Transport Workers Solidarity Committee [Comité de Solidarité avec les Travailleurs des Transports] le seul comité de solidarité indépendant impliqué dans la lutte actuelle de chez BART, s’est contenté de parler d’un comité de grève. Il n’a rien fait en pratique pour aider à en mettre un en place. C’est parce que le TWSC n’ose pas défier la bureaucratie syndicale sur cette question.
Lorsque des sympathisants des Humanist Workers for Revolutionary Socialism [« Travailleurs Humanistes pour le Socialisme Révolutionnaire»] et des Labor Black and Brown [Travailleurs Noirs et Hispaniques] ont demandé au TWSC, lors de leur dernière réunion, d’appeler à une assemblée des travailleurs de la base des trois syndicats de chez BART pour discuter de la mise en place d’un comité de grève constitué par la base, les militants radicaux qui dirigent le TWSC n’ont manifesté aucun intérêt dans ce sens. Il y avait des travailleurs de chez BART et un seul représentant syndical officiel à la réunion. Si chacune de ces personnes avait activement et expressément fait campagne au sein de son propre syndicat pour la création d’un comité de grève constitué par la base, nous sommes persuadés que des dizaines de travailleurs, qui sont remontés contre les bureaucrates inactifs, se seraient rendus à une telle assemblée. Cela aurait constitué un premier pas crucial vers la mise en place d’un comité de grève.
Pour résumer, sans un comité de grève élu et militant, les travailleurs perdront la guerre contre la direction de BART et sa police armée, qui essaieront de casser la grève. Se mettre en grève sans un tel comité c’est comme partir en guerre sans leadership capable de mobiliser et diriger les troupes d’une façon qui puisse mener à la victoire. Une grève massive est une guerre politique et militaire et les travailleurs doivent s’y préparer en conséquence.
2 / Nous avons besoin d’une mobilisation de masse des communautés ouvrières et en particulier des communautés noire et hispanique opprimées. Pour gagner, les syndicats doivent appeler les communautés opprimées à contribuer à la constitution de piquets de grève par leur expérience militante et leur force. Comment ? Si les syndicats prennent des mesures pour défendre les communautés ouvrières opprimées contre la brutalité et les meurtres policiers dont elles sont les victimes, alors elles se reconnaitront dans la grève des travailleurs de BART. Des actions communes dans les piquets de grève entre les travailleurs de BART et les communautés opprimées seront de facto un premier pas vers l’établissement de moyens de défense contre les attaques antisyndicales et contre la brutalité policière.
La mobilisation des communautés opprimées mènera inévitablement à une grève politique. En envoyant des militants syndicaux à la défense des communautés contre les attaques et les brutalités policières, les syndicats prouveraient alors qu’il s’agit d’une grève politique menée dans l’intérêt et au nom de toute la classe ouvrière. En retour, les syndicats se verraient garantir la présence de milliers de travailleurs et de jeunes noirs et hispaniques qui combattraient pour la victoire dans les piquets de grève et dans les rues.
Récemment, des dirigeants syndicaux ont commencé à parler du besoin de solidarité avec les communautés opprimées mais ils n’ont rien fait de concret pour mobiliser les travailleurs opprimés et les jeunes. Au lieu de cela, la bureaucratie organise des rassemblements bidon au cours desquels ils autorisent des représentants politiques du Parti Démocrate à parler. Les Démocrates et les Républicains sont tous deux des ennemis des travailleurs ! Les bureaucrates ont fait des discours pompeux pour dire que les syndicats ont besoin du soutien des « classes moyennes » et qu’ils ne souhaitent pas véritablement avoir recours à la grève. Mais lorsqu’on leur a demandé d’autoriser les familles dont les fils et les frères ont été tués par les flics à s’exprimer lors du rassemblement, les bureaucrates ont répondu qu’il ne restait pas de temps pour une prise de parole des familles. Ainsi, tout en faisant semblant de soutenir l’idée d’une mobilisation des opprimés en soutien des syndicats, dans la réalité, les bureaucrates ont torpillé ce pré-requis essentiel pour la victoire.
3 / Pour gagner, nous devons empêcher le gouvernement des patrons d’utiliser des lois sur le travail préjudiciables, pour briser les grèves. Le Gouverneur Brown a déjà démontré qu’il fera tout ce qu’il peut pour empêcher une grève chez BART et les représentants politiques des patrons parlent déjà de voter de nouvelles lois pour rendre illégales les grèves des travailleurs dans les transports publics. Votée en urgence, une loi de la sorte pourrait prendre effet immédiatement. Une grève est peu susceptible de durer plus de quelques jours avant que les patrons n’aillent à Sacramento et n’exigent du pouvoir législatif les moyens de l’écraser.
Si cela arrive, la réponse des syndicats doit être : Légalement ou illégalement, nous ne reprendrons pas le travail et nous resterons organisés en piquets de grève jusqu’à la victoire ! Nous devons dire NON à toute renonciation ou capitulation des dirigeants syndicaux. L’adoption d’un positionnement militant et la désobéissance face à tout recours à la loi ou toute injonction de justice destinés à briser la grève, sont la seule façon de mettre fin aux vagues répétées de défaites que la classe ouvrière a subies au niveau national. Ne pas adopter cette position radicale c’est assurer la continuité de la démoralisation et de la défaite du mouvement ouvrier. Si l’on empêche les travailleurs des transports de se mettre en grève, combien de temps cela prendra-t-il avant que tous les travailleurs de la fonction publique, voire même tous les travailleurs, ne perdent ce droit eux aussi ? Si les travailleurs de BART ne désobéissent pas aux injonctions, l’ILWU pourra-t-il le faire en 2014 ?
Nous devons d’ores et déjà commencer à convaincre tant les travailleurs de base dans les syndicats que nos alliés dans les communautés opprimées du besoin de mettre en œuvre une grève militante, y compris de refuser de reprendre le travail pour s’opposer aux lois réactionnaires et de désobéir aux injonctions. Nous comprenons bien qu’une telle lutte pourrait mener à des arrestations de dirigeants syndicaux et de travailleurs militants. Cela requiert aussi de se préparer à la possibilité d’une confrontation physique avec la police et toute force armée que l’Etat enverra pour briser la grève. C’est ainsi que nos camarades ont construit les syndicats dans les années trente et c’est la seule façon pour nous de mettre fin à la débâcle totale des syndicats aujourd’hui.
Pour finir, nous devons préparer une grève générale. Les travailleurs des transports d’AC ont déjà rejeté le contrat de traitres que leurs bureaucrates syndicaux essayaient de leur imposer. Tous les efforts doivent être mis en œuvre pour construire la solidarité avec les travailleurs des transports d’AC et coordonner nos efforts de grève. Cela pourrait donner jour à une massive grève de solidarité de tout le mouvement syndical de la baie de San Francisco. Il nous faut défier et écraser toute les lois réactionnaires telles que la loi fédérale Taft-Hartley, qui interdit les grèves de solidarité. Il s’agit d’une guerre des classes sans rémission et un seul camp en sortira victorieux.

    • Tous dans la rue pour une grève générale massive !
    • À tous les syndicats et aux communautés opprimées : défendez le droit des syndicats de BART à cesser le travail jusqu’à la défaite de notre ennemi !
    • Défendez George Figueroa ! Refusez de reprendre le travail avant sa réintégration et son amnistie totale !


8 octobre 2013
Humanist Workers for Revolutionary Socialism