Votre 9ᵉ conférence se tient à un moment critique. La bourgeoisie –en France comme à l’échelle internationale– traverse une crise prolongée de sa direction politique : effondrement de la confiance dans les institutions traditionnelles de la démocratie bourgeoise, montée en puissance de partis réactionnaires, fascistoïdes ou ouvertement fascistes qui ne cachent plus leurs velléités autoritaires. Dans de nombreux pays, la classe ouvrière montre sa combattivité ; mais elle manque encore de directions de classe capables de tracer de manière conséquente la voie du communisme internationaliste.
Je m’épargne ici de longs développements sur la situation internationale ; votre conférence comporte un point spécifique à ce sujet.
La réélection, ou plutôt le retour, de Donald Trump aux États-Unis marque une nouvelle phase de la réaction internationale. Sur le plan intérieur, il accentue la lutte de classes : les programmes sociaux sont attaqués, les droits des minorités remis en cause, l’appareil exécutif renforcé, les institutions d’opposition humiliées, tandis qu’il travaille ouvertement à la destruction de la Constitution « sacrée ». Sur le plan extérieur, les États-Unis sous le slogan « Make America Great Again » agissent de manière de plus en plus unilatérale : mesures protectionnistes accrues, menaces à l’encontre des puissances rivales, redéfinition des anciennes dépendances. La cible principale de cette rhétorique belliqueuse et de ces mesures protectionnistes est le jeune impérialisme chinois, que la bourgeoisie américaine identifie comme son adversaire le plus dangereux. Cette évolution accentue la déstabilisation mondiale et renforce les courants réactionnaires à l’échelle internationale. Sur le plan idéologique, des milliardaires américains soutiennent et financent des mouvements fascistes comme ceux d’Angleterre, l’AfD en Allemagne ou le régime d’Orbán en Hongrie.
Dans le même temps, le danger de guerre grandit. La lutte du capital américain pour des zones d’influence, des ressources et des alliances – dans lesquelles les États-Unis jouent un rôle central – alimente l’industrie d’armement et la militarisation générale. L’impérialisme américain a mis fin à sa phase officiellement isolationniste : sous Trump, il reprend son rôle autoproclamé « d’arbitre et de pacificateur mondial ». En réalité, il s’agit de dictats brutaux qui, comme en Ukraine et en Palestine, piétinent ouvertement le droit à l’autodétermination des peuples opprimés.
La brutalité de l’impérialisme et de ses valets atteint de nouveaux sommets. Le génocide sioniste contre le peuple palestinien, avec la complicité des États impérialistes –dont la France– n’est pas seulement un crime monstrueux : il est la manifestation éclatante de la barbarie de ce système. Le GMI a, ces derniers mois, pris à plusieurs reprises position de façon claire : déclarations contre les transferts d’armes vers Israël, exigence d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, défense du droit au retour du peuple palestinien, destruction de l’État sioniste d’Israël et appel à une fédération des républiques socialistes du Proche-Orient.
En France, le GMI est la seule organisation qui se bat de manière conséquente et infatigable pour la grève générale, pour l’indépendance politique de la classe ouvrière et pour un gouvernement ouvrier fondé sur la démocratie des conseils et l’auto-organisation des masses. Contrairement aux réformistes et aux centristes, vous êtes la force qui cherche à centraliser et à unifier les combats de notre classe. Au lieu de « journées d’action » et de protestations symboliques –aussi courageuses soient-elles face à la répression de l’État bourgeois– vous proposez une perspective claire de lutte commune et de front unique, pour la création de structures de type soviet et pour l’autodéfense prolétarienne. Votre programme affirme sans ambigüité la nécessité de rompre avec la bourgeoisie.
Dans des conditions très différentes, nous menons en Autriche le combat pour la construction d’une direction révolutionnaire. Chez nous aussi, un parti réactionnaire et fascistoïde –le FPÖ– est désormais la principale force du camp bourgeois. La sociale-démocratie est en déclin continu : l’ancien parti de masse de la classe ouvrière autrichienne ne rassemble plus qu’environ 18 % des voix. Son intégration à la bourgeoisie, en tant que partenaire d’une coalition avec le parti traditionnel du capital autrichien, l’ÖVP, et son petit frère libéral, pousse des couches entières d’ouvriers mécontents dans les bras du FPÖ. Ce n’est pas du défaitisme, mais la réalité. Le président du parti, Andreas Babler, arrivé à la tête du SPÖ comme « homme de gauche », a suscité une vague d’adhésions et d’illusions massives dans la sociale-démocratie par ses appels émotionnels à la justice sociale, à l’égalité, à la lutte contre la pauvreté des enfants et à la démocratie interne. Aujourd’hui, il est le vice-chancelier loyal d’un gouvernement bourgeois qui mène de violentes attaques contre les conquêtes sociales et les salaires ouvriers –avec à la manœuvre un ministre social-démocrate des finances, lui aussi « homme de gauche » et keynésien jusqu’à la moelle.
Sur le plan international, le GMI apporte une contribution qu’il est impossible de surestimer : en tant que section du Collectif révolution permanente, vous participez au développement de notre courant fondé sur la théorie de la révolution permanente, défendant la perspective de la solidarité prolétarienne et la nécessité de construire une nouvelle internationale ouvrière révolutionnaire.
Nous sommes fiers de lutter à vos côtés dans ce courant international. Aujourd’hui plus que jamais –face aux contreréformes trumpistes, à la montée du fascisme et à la menace de guerre, sous la pression croissante des puissances impérialistes– le GMI doit poursuivre résolument sa voie révolutionnaire.
Au nom de notre organisation, nous vous souhaitons un congrès fructueux : une orientation claire, l’unité dans le combat révolutionnaire, une croissance interne et externe, un lien toujours plus profond avec les exploités, ainsi que le courage et la sagesse nécessaires pour relever les défis de cette époque.
Vive le GMI !
Vive l’internationalisme prolétarien !
Pour la grève générale, le gouvernement ouvrier et la révolution permanente !
