Fara Tournier, le jeune homme de 32 ans grièvement blessé à la tête le jeudi 18 septembre, à Plum, a succombé à ses blessures, a annoncé le parquet, ce dimanche 21 septembre. Ce drame s’est produit en marge d’une fête qui a dégénéré durant laquelle, à la suite d’une altercation, l’un des participants est monté à bord d’un pickup. Sur fond d’alcool, le chauffard a notamment foncé dans une citadine, puis un poteau en plein dans le village. Une patrouille de gendarmes mobiles, qui assiste alors à la scène, s’arrête. Alors que le conducteur roulait dans sa direction, selon le parquet, l’un des militaires a ouvert le feu en direction du pickup à deux reprises, n’atteignant pas le conducteur. Sauf que le jeune homme de 32 ans, qui se situait à proximité, derrière le véhicule visé, a été retrouvé inconscient grièvement blessé à la tête. Le malheureux, qui n’était pas en cause, aurait ainsi pu être atteint par l’un des tirs. Sauf que la version du parquet est contredite par des témoins interrogés par l’AFP. « Il y a eu trois coups de feu, et c’est le premier tir qui a atteint Fara », a affirmé une jeune femme présente sur les lieux ». (Les Nouvelles calédoniennes, 22 septembre)
L’accord de Bougival
L’accord de Bougival était présenté par le gouvernement Bayrou comme un compromis entre forces politiques coloniales dites « loyalistes » (Républicains calédoniens, Les Loyalistes, le Rassemblement…) et nationales dites « indépendantistes » (FLNKS-UC, UNI-Palika…). Ces dernières avaient signé le 12 juillet 2025. Dans la continuité des accords de Nouméa, il envisageait une nationalité locale s’ajoutant à la française, transferts de compétences régaliennes, réforme du corps électoral, tout cela sous couvert de reconnaissance identitaire.
L’accord de Bougival contient trois verrous quasiment infranchissables pour accéder à la pleine souveraineté :
Le rapport de force se trouve modifié par la répartition des sièges au bénéfice de la province sud à dominance loyaliste. Il serait donc impossible d’atteindre les 3/5 au congrès de la NC pour espérer transférer les compétences régaliennes.
L’État doit donner son feu vert après avoir étudié les modalités et les implications du transfert de chaque compétence régalienne.
Et enfin le transfert définitif d’une compétence régalienne sera soumis à un référendum local avec un corp électoral ouvert. (Christian Tein, chef de la Cellule de coordination des actions de terrain—CCAT— et président du FLNKS, L’Anticapitaliste, 8 septembre)
Difficultés inattendues
Sous la pression de la CCAT, le congrès extraordinaire du FLNKS du 13 aout, a rejeté officiellement l’accord. Mais le FLNKS reste prisonnier son passé et veut continuer à collaborer avec l’État colonial.
Prenons le temps de reposer les bases d’une discussion sereine et évitons de cliver les populations en Nouvelle-Calédonie. (Christian Tein, La Tribune, 22 aout)
Le FLNKS reste ouvert au dialogue. Une délégation a rencontré dernièrement à deux reprises M. Valls.. Pour le FLNKS, l’accord de Nouméa reste notre référence, il est là, c’est notre filet de protection, ça nous permet d’avancer dans le temps. (Christian Tein, L’Anticapitaliste, 8 septembre)
La chute de Bayrou en métropole, le 8 septembre 2025, a aussi affaibli le processus de Bougival. Le ministre des outre-mer Valls voit ses marges de manoeuvres réduites.
Pour le droit à l’indépendance du peuple kanak
L’éducation internationaliste des ouvriers de pays oppresseurs doit nécessairement consister, en tout premier lieu, à prêcher et à défendre le principe de la liberté de séparation des pays opprimés. Sinon, pas d’internationalisme. (Lénine, Bilan d’une discussion sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, juillet 1916)
Il est nécessaire que le mouvement ouvrier français rompe avec sa bourgeoisie et soutienne sans ambigüité les peuples mélanésiens et polynésiens dans leur droit à décider de l’avenir de tout l’archipel et de nouer les liens internationaux qu’ils souhaitent. Une fois cette indépendance arrachée, place à tous ceux qui sont attachés à cette terre pour y vivre à égalité !
Les partis sociaux-impérialistes (PS, PCF, LFI) s’accrochent aux intérêts coloniaux français et prêchent le pacifisme aux colonisés (comme aux étudiants et aux travailleurs dans l’Hexagone).
Jean-Luc Mélenchon appelle à des solutions civiles et pacifiques, impliquant un dialogue inclusif entre toutes les communautés de Nouvelle-Calédonie. Il insiste sur le fait qu’aucune des populations locales n’est l’ennemi de la France et que la paix ne peut être restaurée que par le dialogue et le respect des accords précédents. (Mélenchon le blog, 20 mai 2024)
Même certaines organisations se disant révolutionnaires (LO, NPA-R…) refusent de soutenir clairement le droit inconditionnel à l’indépendance immédiate du peuple opprimé par leur propre impérialisme. D’autres opportunistes (NPA-AC, POI, RP, PT…) se rangent avec LFI et le PCF derrière les chefs coutumiers (tous des hommes) et la nouvelle bourgeoisie kanak, alors que la valse-hésitation du FLNKS et la capitulation de l’Union nationale pour l’indépendance-Palika prouvent que les travailleuses et les travailleurs ne peuvent leur faire confiance.
Il faut construire un parti ouvrier révolutionnaire rassemblant tous les exploités de Kanaky, avec pour première revendication le départ de l’impérialisme français.
- Liberté de déplacement pour tous les militants kanaks et levée de toutes les poursuites judiciaires !
- Autodéfense des Kanaks ! Retrait immédiat des forces armées françaises et démantèlement des milices coloniales !
- Unité et indépendance de la Kanaky !
- Gouvernement ouvrier et paysan !
- États-Unis socialistes d’Océanie !