Les éboueuses et les éboueurs de Birmingham face aux commissaires envoyés par Westminster, au conseil municipal et au gouvernement Starmer (GKK/Autriche)

L’attaque : baisses de salaires, suppressions d’emplois, répression

Le conseil municipale (Parti travailliste) de Birmingham, la plus grande commune d’Europe dirigée par le et, cherche à supprimer les postes de la collecte de déchets (WRCO). Non seulement des centaines d’emplois sont menacés, mais il s’agit aussi d’une vaste déqualification du travail, accompagnée de pertes de revenus drastiques. La menace de la municipalité est: qui ne signe pas le nouveau contrat est mis à la porte.

La ville se justifie par la volonté d’équité salariale. Mais au lieu d’augmenter les salaires des fonctionnaires territoriaux les moins bien payés, il veut réduire ceux des éboueuses et des éboueurs, un exemple classique d’égalisation par le bas. Jeremy Corbyn, désormais pôle d’un projet de nouveau parti (Your Party, Votre parti) à gauche du Parti travailliste, déclarait en juillet lors d’une manifestation de solidarité : « On n’atteint pas l’égalité salariale en tirant vers le bas les salaires des autres travailleurs ».

Mais il ne s’agit pas seulement des salaires. Le conseil municipal a obtenu en justice le droit d’interdire les tactiques de grève utilisées jusque-là : le piquet de grève (Walking the Wagons où les grévistes empêchaient la sortie des camions) est désormais interdit. Tout grèviste qui entre sur le site risque l’arrestation. La police disperse les piquets, tandis que des intérimaires non syndiqués ramassent les ordures avec les véhicules municipaux. En bref : des méthodes classiques de briseurs de grève, cautionnées par l’État.

Le rôle des commissaires : l’austérité comme système

La brutalité de cette offensive s’explique par la situation politique : Birmingham a été déclarée en faillite en 2023. Après 15 ans de sous-financement systématique par l’État fédéral, le gouvernement travailliste a pris les rênes, en imposant des « commissaires » à la tête de la mairie. Ces fonctionnaires aux pleins pouvoirs dictatoriaux touchent 1 000 livres par jour (1 160 euros, ce montant incroyable figure sur le site officiel de la commune !) et décident des coupes budgétaires, des fermetures de service et des suppressions d’emplois.

À leur tête, Max Caller, dit la Hache, tristement célèbre pour avoir liquidé le conseil du Northamptonshire. Sous sa direction, la taxe communale a augmenté de 21 % en deux ans, tandis que piscines, bibliothèques et services sociaux fermaient. Des centaines d’emplois ont disparu, des quartiers entiers sont laissés à l’abandon.

Et le gouvernement travailliste de Keir Starmer maintient ce régime. Au lieu de retirer les commissaires nommés par le Parti conservateur, il les a envoyés à Birmingham. Pour les travailleuses et les travailleurs, cela signifie : Labour ou Tories, la politique d’austérité continue. « C’est juste la politique tory avec une autre couleur » , ironisent des syndicalistes critiques.

La grève comme lutte de classe

Les éboueuses et les éboueurs affrontent donc objectivement non seulement le conseil municipal, mais aussi une alliance entre mairie, commissaires et gouvernement Starmer. Ils·sont devenus un symbole national : s’ils· perdent, c’est tout l’édifice salarial des salariés municipaux qui sera remis en cause. Se préparent déjà de nouvelles attaques contre d’autres secteurs de la fonction publique. Le nivèlement par le bas doit devenir le principe directeur de la politique locale.

En même temps, le conflit révèle l’impasse de la direction syndicale. Unite soutient financièrement la grève, mais la direction se limite aux négociations, dans une structure triangulaire absurde : conseil, commissaires, gouvernement. Résultat : temporisation, manœuvres dilatoires, épuisement. Pendant ce temps, la mairie jette des millions par les fenêtres pour ne pas céder : elle embauche massivement des intérimaires (leur part est passée de 10 à 55 %) et paie même des communes voisines pour leur emprunter du personnel.

La vérité est que la grève ne peut être gagnée isolément. Soit les autres travailleurs municipaux et les salariés du privé entrent en action, soit les éboueuses et les éboueurs seront isolés. Cela implique évidemment aussi la lutte contre les directions syndicales, pour une représentation réellement combattive et la construction de comités d’action indépendants et démocratiques.

La seule perspective : élargir le combat

Trois axes sont essentiels :

  • L’extension de la grève. Les éboueuses et les éboueurs doivent envoyer des délégations dans les dépôts de bus, les usines, les autres services municipaux. Seule une grève commune peut changer le rapport de forces. Birmingham City Council est le plus grand employeur de la région – le potentiel d’un front unique ouvrier à l’échelle de la ville saute aux yeux.
  • Des piquets de masse au lieu de protestations symboliques. Les blocages doivent devenir des actions de masse qui empêchent tout passage de briseurs. Les intérimaires ne doivent pas être vus comme des ennemis, mais interpelés : « Adhérez au syndicat, luttez avec nous, touchez l’indemnité de grève plutôt que le salaire de la honte ! » Cela implique évidemment aussi le combat pour la démocratie syndicale et l’éviction des bureaucrates.
  • Tirer les conséquences politiques. Le Parti travailliste n’est pas un « moindre mal », mais fait partie de l’offensive. Qui veut mener le combat sérieusement doit rompre la subordination des syndicats au parti de Starmer. Tant que les grévistes financent leurs propres bourreaux, ils restent piégés.

La grève des éboueuses et des éboueurs de Birmingham est une anticipation des luttes de classe plus larges. La crise des communes, l’austérité et la répression brutale vont s’aggraver à l’échelle nationale. Birmingham démontre qu’il ne s’agit pas de problèmes locaux de gestion, mais de la question fondamentale : qui paie la crise, le capital ou le travail ?

Les éboueuses et les éboueurs de Birmingham sont à l’avant-garde d’une guerre de classe ouverte par le gouvernement – qu’il soit conservateur ou travailliste – contre les travailleuses et les travailleurs. Une victoire enverrait un signal à toute la classe ouvrière de Grande-Bretagne : la résistance est possible. Une défaite, au contraire, ouvrirait la voie à une offensive généralisée contre tous travailleurs municipaux et contre l’ensemble de la classe ouvrière.

Pour la grève générale

Cette grève ne doit pas rester isolée. Elle doit devenir le point de départ d’une offensive à l’échelle de la ville et du pays, pour l’unité et l’offensive de la classe ouvrière !

Le gouvernement travailliste, qui utilise les lois « antiterroristes » contre le mouvement de solidarité avec la Palestine, et Reform UK, le nouveau parti réactionnaire de la bourgeoisie, ne peuvent être arrêtés que par des actions de classe décisives. C’est la perspective d’un gouvernement ouvrier, rompant avec la bourgeoisie, qui doit de plus en plus être placé au centre des affrontements.

31 aout 2025

Gruppe KlassenKampf (Groupe lutte de classe)