ABC du marxisme : terrorisme

Le service secret français DGSI donne cette définition du terrorisme :

Si le terrorisme peut revêtir de multiples formes, il trouve toujours ses origines dans une idéologie extrémiste qui adopte la violence comme mode d’action. (Direction générale de la sécurité intérieure, site consulté le 20 novembre 2023)

1943, affiche d’un parti fasciste


Quotidiens de la République française durant la guerre d’Algérie


En fait, « terroriste » est l’étiquette qu’une bourgeoisie donnée pose sur la violence de ses ennemis : la résistance antiallemande ou antifasciste vue par l’État français de 1940 à 1944, le mouvement national algérien pour l’État français de 1954 à 1962, le mouvement national irlandais pour l’État britannique de 1968 à 1998, l’Irak pour l’État américain de 2001 à 2003, le mouvement national palestinien pour Israël, etc.

En ce sens, le mot « terroriste » est dépourvu de tout caractère scientifique. Il est mensonger quand il légitime des atteintes aux libertés démocratiques et des actes de violences bien plus massifs et plus ignobles (déplacements de population, arrestations, chantage, tortures, assassinats, etc.) que ceux pratiqués par les ennemis désignés comme terroristes. Pour le nouveau président de l’Argentine, la dictature militaire n’était pas terroriste (15 000 fusillés sur décision de tribunaux d’exception, 30 000 « disparus » sans jugement après torture, 9 000 prisonniers politiques, 1 million d’exilés de 1976 à 1983). Au contraire, selon Milei, la junte aurait sauvé « la patrie » victime du « terrorisme » des organisations de guérilla péronistes ou castristes (quelques dizaines de gradés ou de patrons enlevés ou tués au total durant les années 1970).

Historiquement, la bourgeoisie du début du capitalisme a généralement conquis le pouvoir par la violence et c’est la violence d’État (police, prison, armée) qui continue de garantir l’ordre social capitaliste basé sur l’exploitation et l’inégalité. Depuis le 20e siècle, quand cela ne suffit pas, la classe dominante tolère ou encourage la violence de nervis fascistes qui exaspèrent le nationalisme, le racisme ou la religion de déclassés et de petits bourgeois. Les bandes fascistes des pays impérialistes pratiquent fréquemment des attentats (OAS française en 1961-1962, fascistes italiens en 1969-1980…). Dans les pays dominés, des troupes de choc islamistes, hindouistes et bouddhistes fomentent des attentats et terrorisent le mouvement ouvrier et les minorités, sous le couvert d’une rhétorique antiimpérialiste (parmi tant d’autres, les bassidjis iraniens de la contrerévolution iranienne de 1979).

Une multitude de relais de la classe dominante complète la peur qu’inspire l’appareil répressif de l’État en prêchant la résignation et la soumission : prêtres, politiciens bourgeois, journalistes, syndicalistes réformistes, politiciens réformistes, pacifistes, responsables écologistes, professeurs, caritatifs…

Les moralistes patentés qui condamnent le « terrorisme » en général, ont surtout en vue les actes révolutionnaires des opprimés qui aspirent à s’émanciper. (Trotsky, « Préface », deuxième édition anglaise de Terrorisme et communisme, janvier 1935)

Néanmoins, la morgue et la rapacité de la bourgeoisie engendrent en permanence de multiples résistances des exploitées et des opprimés. La nature de cette opposition varie : légale ou illicite, ouvrière ou petite-bourgeoise, émancipatrice ou cléricale, collective ou individuelle.

Les communistes désapprouvent la méthode de lutte qui consiste à s’en prendre à des individus (despotes, ministres tortionnaires…) qui resurgit périodiquement depuis des siècles. Non parce qu’ils ne le méritent pas ou qu’il s’agit d’actes violents mais par qu’elle est inefficace (jamais un tel terrorisme d’en bas n’a renversé un régime), contreproductive (il enseigne la passivité aux masses auxquelles il se substitue), autodestructrice (les individus se sacrifient, les organisations sont toujours infiltrées et souvent manipulées).

Nous, marxistes, considérons la tactique du terrorisme individuel comme inopérante pour les tâches de la lutte libératrice du prolétariat ou des peuples opprimés. Un seul héros isolé ne peut pas remplacer les masses. Cependant nous ne comprenons que trop bien le caractère inévitable de ces actes convulsifs de désespoir et de vengeance. Toutes nos émotions, toute notre sympathie vont aux vengeurs qui se sacrifient, même s’ils n’ont pas trouvé la voie juste. (Trotsky, Pour Herschl Grynszpan, 30 janvier 1939)

À plus forte raison, les communistes condamnent toute politique qui, face à des exactions commises par un régime politique ou par un groupement politique, s’en prend à toute une nationalité, toute une ethnie ou toute une communauté religieuse.

Plus d’une fois, une organisation terroriste a trahi la cause qu’elle prétendait servir : PSR russe en 1917, Sinn Fein–Fine Gael irlandais en 1921, FSLN nicaraguayen en 1979, OMPI iranienne en 1980, IRA irlandaise en 2015…

Mais aboyer avec la bourgeoisie sur l’inacceptabilité de toute violence, c’est taire qu’elle en est elle-même la cause première, c’est semer des illusions dans l’État bourgeois, c’est se mettre en définitive dans le camp du capital. Les communistes encouragent l’autodéfense des masses et leur action révolutionnaire.

Ce sont les conditions objectives qui déterminent les actions à mener et non des considérations abstraites, immaculées et absolues.

L’histoire n’a trouvé jusqu’ici d’autres moyens de faire avancer l’humanité qu’en opposant chaque fois à la violence des classes condamnées la violence révolutionnaire de la classe progressiste. (Trotsky, « Préface », deuxième édition anglaise de Terrorisme et communisme, janvier 1935)

20 novembre 2023