Capitulation devant le capital ou révolution sociale

Hollande :« Il n’y a pas d’échappatoire »

  « La reprise, elle est là, mais elle est encore trop fragile, trop hésitante » disait encore Hollande le 14 juillet. Hélas ! La croissance sur laquelle le gouvernement avait bâti ses scénarios n’est toujours pas là. Prévue initialement à 1 %, le gouvernement n’attend plus que 0,4 % pour 2014. Malgré tout ce qui a déjà été engrangé par la bourgeoisie française depuis des années pour restaurer son taux de profit, en s’attaquant aux retraites, aux salaires, à la protection sociale, etc. rien n’y fait, sa situation dans le monde continue de se dégrader. L’investissement décroit, le déficit du commerce extérieur se maintient. Et les travailleurs en paient le prix avec, entre autres, 500 000 chômeurs de plus depuis le début du quinquennat.

Dans ces conditions, Hollande s’est à nouveau tourné le 4 août vers l’Allemagne pour lui demander « un soutien plus ferme à la croissance », c’est-à-dire de relancer sa consommation intérieure pour absorber une part des productions françaises. Le capitalisme allemand l’emporte depuis 150 ans et a profité davantage du rétablissement du capitalisme en Europe centrale. En outre, grâce au gouvernement social-démocrate d’avant Merkel et son « agenda 2010 » et ses « lois Hartz », le capitalisme allemand a pu réduire les coûts du travail, accroître la flexibilité et poursuivre sa conquête des marchés extérieurs. En 2013, l’excédent de la balance commerciale allemande dépassait 200 milliards d’euros. A l’inverse du capitalisme français, il n’a pas besoin d’un euro dévalué pour espérer vendre à l’extérieur. Il privilégie au contraire une monnaie forte, garante pour lui de stabilité. Le gouvernement CDU-SPD milite donc contre l’accroissement des dettes publiques qui sape la valeur de la monnaie. Sa réponse le 6 août a été sans surprise : « Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique ».

Hollande compte s’appuyer sur d’autres bourgeoisies européennes également écrasés par la puissance de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, pour lui imposer de reculer. Une sourde bataille les oppose au maintien de la rigueur budgétaire voulue par l’Allemagne. Ils semblent obtenir l’appui de la Banque centrale européenne : ainsi, le 9 septembre, son conseil des gouverneurs vient encore d’abaisser ses taux directeurs, déjà proches de zéro, pour tenter de relancer la croissance, à quoi le ministre allemand de l’économie répond, non sans raisons : « La Banque centrale a épuisé l’essentiel de ses outils,[…] le crédit bon marché ne suffit pas à ramener la croissance, si tel était le cas nous n’aurions aucun problème en ce moment. » En effet, ce n’est pas par manque de crédit que l’investissement fait défaut mais le profit escompté est trop faible et les places déjà prises sur un marché largement saturé.

C’est pourquoi le 20 août, alors que les chiffres calamiteux sur la situation économique française étaient connus depuis quelques jours, Hollande déclarait dans une interview au Monde: « Il n’y a pas d’échappatoire […] Je maintiens le cap et je force l’allure […] toute godille ou tout zigzag rendrait incompréhensible notre politique et ne produirait pas de résultats ». C’est-à-dire de nouvelles séries d’attaques à marche forcée contre la classe ouvrière et la jeunesse.

Un nouveau gouvernement Valls pour forcer lallure

Mais le 23 août, dans le même journal, le ministre de l’Economie Montebourg affirmait : « il faut donner la priorité à la sortie de crise et faire passer au second plan la réduction dogmatique des déficits, qui nous conduit à l’austérité et à la montée continue du chômage », propos qu’il confirmait le lendemain à la fête de la rose de Frangy en Bresse. Corrélativement, Montebourg défend dans Le Monde du 23 août qu’il « faut hausser le ton vis-à-vis de l’Allemagne, […] que la France ne peut plus se laisser faire », qu’il faut dans la zone euro laisser filer les déficits pour recréer les conditions de la croissance. Vieille chimère keynésienne teintée d’un « patriotisme économique » bravache, mais qui marque l’impuissance et l’affolement d’une partie du personnel politique censé agir en bon ordre pour rétablir la situation de la bourgeoisie.

C’en était trop pour Hollande et pour Valls, dont la mission depuis sa nomination est précisément de discipliner et de ranger en ordre de bataille le conseil d’administration du capital qu’est le gouvernement pour faire face. Il n’y avait pourtant là rien de bien nouveau de la part de Montebourg qui n’a jamais prétendu rompre avec l’orientation du gouvernement. Il l’a réaffirmé le 25 août après avoir été débarqué : « la gravité de la situation est de tenter de faire arbitrer les solutions alternatives qui me paraissent modérées, équilibrées, raisonnables et compatibles avec les grandes orientations qui ont été jusqu’ici décidées. »

Mais ce qui pouvait passer auparavant comme des nuances « modérées et raisonnables » entre gens de bonne compagnie n’est plus tolérable aujourd’hui par Valls qui prétend incarner le glaive inflexible des « réformes nécessaires ». En catastrophe, Valls présente la démission de son gouvernement et en constitue un nouveau le 26 août.

Le lendemain, il est ovationné à l’Université d’été du Medef où, après avoir déclaré son amour « de l’entreprise » (l’entreprise, pour lui, c’est le patron, pas les salariés), il assure les capitalistes que le gouvernement fera tout pour restaurer la compétitivité des entreprises et annonce de nouvelles réformes en leur faveur :

Mais, il n’y a pas que les impôts et les cotisations sociales qui pèsent sur notre économie. Certaines formalités excessives sont aussi coûteuses et pénalisantes. […] Cela inclut le Code du travail, mais suppose une méthode sur laquelle je serai extrêmement vigilant : la négociation et la recherche d’un accord. […] Ces négociations poseront aussi la question des seuils. Cette réforme ne peut réussir que si la négociation réussit. Et la négociation doit réussir, comme les partenaires sociaux ont su réussir des réformes importantes depuis deux ans. Je pense notamment à la sécurisation de l’emploi ou la formation professionnelle. 

Laide décisive du « dialogue social »

Les coups de menton et les déclarations péremptoires de Valls cachent mal que ce gouvernement n’a aucun crédit, non seulement dans la classe ouvrière et la jeunesse, mais bien au-delà. Sa force réside, d’une part dans le soutien complet du capital et d’autre part dans l’aide décisive que les appareils lui apportent. Dans des conditions de plus en plus difficiles, toutefois, puisque la CGT, FO, Solidaires et la FSU avaient été contraints de quitter la Conférence sociale le 8 juillet. La grève à la SNCF avait montré que les cheminots cherchaient à bousculer le dispositif des appareils et les intermittents du spectacle restaient mobilisés contre l’accord pourri entérinant un nouveau recul de leur régime de chômage. Les appels au boycott de la Conférence se multipliaient à l’intérieur des syndicats. Pourtant les directions syndicales s’empressaient de rassurer le gouvernement sur leurs intentions réelles, lui demandant de « clarifier la manière dont il conçoit le dialogue social ». Valls pouvait répondre tranquillement qu’il ne donnait pas « à ce geste ponctuel une portée excessive », qu’il n’avait pas entendu « l’annonce d’un retrait de toute négociation, de tout échange avec l’Etat, même si j’ai entendu une critique globale du pacte de responsabilité et de la politique du gouvernement » tout en avertissant « un refus prolongé du dialogue serait une posture incompréhensible ».

De fait, les négociations sur le relèvement des seuils sociaux, qui rognent directement les avantages syndicaux, ont commencé le 9 septembre, au siège du Medef, tout un symbole. Tous les syndicats participent, tout en dénonçant pour la CGT « une provocation, à la fois du coté patronal et du coté gouvernemental » et pour FO «  un affichage idéologique », mais qu’importe puisqu’il convient d’ouvrir la voie à la CFDT pour qui « la question des seuils n’est pas un tabou » et de permettre ainsi ce que souhaite Valls, « trouver un chemin pour un accord profitable à tous […] et faire le nécessaire pour le trouver avec les partenaires qui y sont prêts. » La direction de la CGT et les directions des autres syndicats, négocient les plans du gouvernement et du patronat en toute connaissance de cause et elles le font pour une seule raison : il faut prêter main forte à la bourgeoisie française dans son offensive contre la classe ouvrière !

Lopposition en trompe-l’œil des « frondeurs »du PS, du PdG et du PCF

Malgré quelques huées et sifflets, Valls a franchi sans encombre les quelques contestations de l’Université d’été du PS à La Rochelle. Valls tient tout son monde, frondeurs compris, en tenant à peu près ce langage : il n’y a pas d’autre politique possible, c’est moi ou c’est le Front national qui prend le pouvoir. Evidemment, les frondeurs sont bien trop attachés à leurs propres sièges de députés pour risquer de faire chuter le gouvernement. Mais au-delà même de ces intérêts bien compris, la capitulation en rase campagne devant les exigences toujours plus grandes du patronat est la seule voie possible pour tous ceux qui ne peuvent concevoir une issue révolutionnaire.

Les « frondeurs » du PS approuvent d’ailleurs le principe des cadeaux aux capitalistes (« un soutien ciblé aux entreprises », Appel de La Rochelle, 30 août). Le Parti de gauche leur reproche de ne pas voter contre le gouvernement PS-PRG, mais il adopte la même neutralité bienveillante envers les interventions impérialistes en Afrique et au Proche-Orient. Au fond, il reproche surtout au gouvernement de ne pas réussir à sauver le capitalisme français.

La méthode de Valls consiste à revendiquer la défense de notions et de valeurs qu’il s’ingénie à détruire par sa politique : l’investissement, les entreprises, le travail, l’égalité, la nation, l’activité économique etc. Sans oublier ses appels vibrants à la République qu’il confirme pourtant voir défigurer avec une réforme territoriale véritable usine à gaz et à inégalités… Il se rêve en Clémenceau, il en est sa rature. (Parti de gauche, 18 septembre)

Pour le PdG, il faut miser sur la collaboration de classe (« la nation »).Il n’est pas question de mettre en cause le capital (« l’investissement des entreprises ») et l’exploitation (« la vie économique »), ni l’État bourgeois, ses lois, son armée, ses services secrets, sa police (« la République »)

Cela va de pair avec la perspective d’un replâtrage institutionnel de l’État bourgeois qui porte le nom de « 6e République », cause à laquelle Mélenchon a choisi de consacrer l’essentiel de son temps. Il est vrai qu’il a échoué à l’élection législative de Hénin-Beaumont face à Le Pen en juin 2012, que le Parti de gauche se révélé s’est révélé incapable de profiter de l’effondrement du PS et que le Front de gauche est apparu divisé aux municipales, son sigle apparaissant parfois sur deux listes opposées. Ce mini front populaire est paralysé par les divergences envers le PS. Le Parti « communiste » français a pratiqué l’unité avec l’autre parti ouvrier bourgeois lors des élections municipales tandis que le PdG s’y opposait… quoiqu’il reste d’accord avec le PCF pour s’allier avec des partis bourgeois comme EELV ou le MRC.

Si le PdG méprise les frondeurs du PS, le PCF leur tend la main. Le PCF reprend l’illusion keynésienne des « frondeurs » en la complétant d’une solution politique qui servirait de rempart au capitalisme français en cas de crise révolutionnaire.

D’abord, stopper sans attendre les politiques d’austérité au profit d’une relance sociale […] La deuxième condition est d’engager sans attendre une politique complètement nouvelle qui ramène à gauche le curseur gouvernemental, qui s’attaque aux privilèges de la finance et montre la voie d’un redressement possible autour de la reconstruction des solidarités, de l’emploi et de la justice sociale […] La troisième condition, c’est que des forces venues du monde social, syndical, intellectuel, politique de la gauche s’unissent pour travailler à ce nouveau projet pour la France, en affirmant clairement une rupture avec la politique gouvernementale. (Pierre Laurent, 12 septembre)

La « relance » du capitalisme français par le déficit de l’État se heurte aux 2 000 milliards d’euros de dette publique (95 % du PIB). Le PCF propose de refaire le coup de l’Union de la gauche ou de la Gauche plurielle qui ont propulsé Chirac et Sarkozy, du Front populaire qui a débouché sur Pétain.

Sans attendre, comme le PS et le PdG, il soutient la police bourgeoise française et l’armée impérialiste française.

Lunité nationale pour lintervention militaire en Irak

Affaibli économiquement, le capitalisme français multiplie d’autant plus ses interventions impérialistes pour sauver ses intérêts dans le monde. Déjà engagée au Mali et en Centrafrique, voilà maintenant l’armée française ralliant une coalition menée par les Etats-Unis contre les djihadistes de l’EIIL qui occupent un large territoire au nord de l’Irak et en Syrie. Le califat est la terreur contre la classe ouvrière, ses organisations, les femmes, les minorités nationales qui ont la capacité de le renverser. Produits du pourrissement occasionné par la domination et les interventions impérialistes dans cette partie du monde, ces bandes armées sanguinaires et fascistes ont été propulsés par les États du Golfe et la Turquie, intéressées par le dépeçage de l’Irak, voire de la Syrie et soucieuses de faire pièce à l’Iran.

Le fait que les États-Unis choisissent d’intervenir montre qu’ils souhaitent reprendre la main dans le chaos qui se développe dans cette région pour imposer leur propre solution, au risque d’en rajouter encore. Et c’est pour ne pas se faire totalement évincer que l’impérialisme français décide de rejoindre la coalition. Le Front de gauche regrette que les États-Unis dirigent cette guerre mais est prêt à l’accepter si elle est validée par l’ONU.

Le cynisme du gouvernement et les nouvelles exigences du Medef

« La situation économique du pays est catastrophique » s’exclamait déjà Gattaz au nom du Medef le 21 juillet. « La France est à la traîne de toutes les réformes » s’impatientait encore le vice président du Medef.

Par « réforme », Gattaz ne veut pas dire la fermeture des bases militaires françaises ni la suppression du Sénat, mais les contre-réformes qui démantèlent les conquêtes sociales. Aussitôt, le ministre du Travail Rebsamen entend « vérifier que les chômeurs cherchent bien un emploi ». Ainsi, le ministre de l’Economie Macron, ancien banquier chez Rothschild traite les ouvrières de Gad en passe d’être licenciées « d’illettrées », elles qui remplissent sans doute chaque année leurs déclarations de revenus, contrairement au ministre du commerce extérieur Thévenoud qui a oublié de le faire pendant plusieurs années !

Se sentant des ailes, le Medef récapitule les nouvelles exigences du patronat : supprimer deux jours fériés dans l’année, instaurer un salaire au-dessous du SMIC, revoir la durée légale du travail en la négociant entreprise par entreprise ainsi que le seuil de déclenchement des heures supplémentaires et leurs taux, permettre le travail le dimanche par simple accord d’entreprise, créer un « contrat de mission » qui se substituerait au CDI, transformer le CICE en baisse de charges, jugées plus pérennes que le crédit d’impôts.

Le lendemain, devant l’Assemblée nationale où il engage la responsabilité du gouvernement, Valls réaffirme sa volonté d’étendre le travail le dimanche et en soirée, de voir négocier les seuils sociaux. Grand seigneur, il octroie une revalorisation du minimum vieillesse de… 8 €, passant de 792 à 800 € et une prime unique et exceptionnelle de 40 € pour les retraites inférieures à 1 200 € ! Le gouvernement obtient la confiance par 296 voix pour, 244 contre. Les « frondeurs » s’abstenant, Valls peut avancer.

La politique de Hollande et Valls ouvre la voie au Front national

Le 7 septembre, Valls avait averti que « Marine Le Pen et le FN « étaient aux portes du pouvoir » pour apparaître comme le seul recours possible. En réalité, Hollande et Valls mènent, avec l’aide des bureaucraties syndicales, une politique capitaliste qui décourage la classe ouvrière, la divise, ouvre le chemin au FN… tout en accusant quiconque qui se mettrait en travers de leur politique de faire le jeu du FN.

La dénonciation chauvine de l’Union européenne et la propagande protectionnisme du PS (en particulier mais pas seulement l’ancien ministre Montebourg), du PCF et du PdG, ainsi de la bureaucratie de la CGT et de celle de FO, facilitent sa tâche : désigner des boucs émissaires à l’étranger (« Bruxelles », « immigrés ») pour protéger la minorité capitaliste.

Ce parti raciste exacerbe et durcit le nationalisme et la xénophobie déjà présents dans l’idéologie des partis bourgeois « démocratiques » et des gouvernements bourgeois (y compris ceux avec le PCF et le PS). Actuellement, le gouvernement Hollande-Valls emprisonne dans des camps de rétention des personnes qui n’ont commis aucun délit, détruit les camps de Roms, expulse plus d’immigrants que Sarkozy.

Le FN divise dès maintenant profondément la classe ouvrière. Il attend patiemment son heure alors que l’UMP reste divisé et empêtré dans les affaires et les scandales et que le retour de Sarkozy comme sauveur suprême s’annonce rien moins que triomphal, tant il traîne de gamelles. Marine Le Pen se propose même d’exercer la fonction de Premier ministre de cohabitation avec Hollande en cas de dissolution de l’Assemblée nationale et de victoire du FN aux législatives qui s’ensuivraient.

Sa politique (sortie de l’euro, sortie de l’UE) précipiterait la dépression économique et accentuerait les affrontements entre puissances impérialistes.

La classe ouvrière na pas dit son dernier mot

« Il est là pour cinq ans et il ira au bout de sa mission » peut affirmer Valls devant l’Assemblée en parlant de Hollande le 16 septembre. A condition que la classe ouvrière et la jeunesse ne puissent faire irruption sur le devant de la scène. En ont-elles les moyens ? Rien n’est joué, dans un sens ou dans un autre. Le gouvernement craint par dessus tout que le dispositif ne craque par la révolte des travailleurs, tant les contradictions qu’il contient avec peine se tendent.

Les travailleurs intermittents du spectacle ont tenté d’affronter le gouvernement, les travailleurs de la SNCF ont tenté de vaincre, tous se sont heurtés au sabotage des bureaucraties syndicales qui se subordonnent au capitalisme français et donc négocient en permanence pour appliquer ses exigences.

Plus récemment, la grève des pilotes d’Air France a posé les mêmes problèmes même s’ils sont peu nombreux et parmi les salariés les mieux payés. Au point qu’ils ne s’imaginent pas pour la plupart faire partie du salariat ni n’ont montré beaucoup de solidarité auparavant avec les autres catégories de personnels (un phénomène que Lénine appelait « aristocratie ouvrière »). Leurs syndicats catégoriels SPAF et SNPL sont d’ailleurs à cette image, alors qu’il faut rassembler tous les personnels, quelles que soient leurs catégories, dans un seul et même syndicat. Leur grève séparée aussi, alors qu’il faut lutter ensemble pour sauver les salaires et empêcher l’externalisation dans des filiales faites pour diviser, faire travailler plus les salariés et les payer moins cher. Les pilotes ont aussi affiché un chauvinisme aussi futile que douteux, avec les marinières revêtues lors de la manifestation du 23 septembre à l’Assemblée nationale.

Mais il n’empêche : contre un plan d’extension d’une filiale « à bas coût » bradant leurs salaires et leurs conditions de travail, ils ont engagé une grève illimitée. Condamnée immédiatement par la CFDT comme une grève de nantis, condamnée par nombre de médias pour les mêmes raisons, condamnée par le gouvernement. Avec le même type d’arguments on présente les conducteurs de train, les fonctionnaires, même les titulaires d’un CDI, etc. comme des privilégiés au regard des smicards, des stagiaires, des travailleurs condamnés aux petits boulots ou des chômeurs, dans le seul but de diviser la classe ouvrière pour mieux faire passer les plans du patronat et du gouvernement.

Au bout du compte, après 14 jours, les pilotes doivent arrêter la grève le 28 septembre, sans avoir obtenu leur revendication centrale, celle du contrat unique, ne pouvant aller plus loin en restant isolés.

« Nous avons le courage de réformer, nous irons jusqu’au bout pour améliorer la vie des Français » a conclu Valls dans son discours devant l’Assemblée nationale. La perspective des militants révolutionnaires, c’est d’empêcher Valls d’aller jusqu’au bout, éloigner définitivement Sarkozy et Le Pen du pouvoir, c’est l’irruption des masses, c’est la grève générale, c’est la formation de conseils de travailleurs pour abattre ce gouvernement et prendre le pouvoir. Pour que la révolution soit victorieuse, il faut un parti. Le prolétariat ne peut pas prendre le pouvoir sans un parti qui sait ce qu’il veut.

Il faut donc rassembler au plus tôt les révolutionnaires du monde et de ce pays pour construire un parti révolutionnaire international pour aider les masses à se frayer un chemin, sur les mots d’ordre :

  • À bas les budgets de l’État et de la Sécu faits pour le Medef et contre les travailleurs ! Unité des organisations ouvrières pour appeler tous les travailleurs à manifester à l’Assemblée nationale pour empêcher le vote du budget !
  • Arrêt des interventions en Irak, en Centrafrique et au Mali ! Retrait de l’OTAN ! Licenciement de l’armée de mercenaires ! Armement du peuple !
  • Interdiction des licenciements ! Expropriation des fraudeurs et des licencieurs !
  • Gouvernement ouvrier ! États-Unis socialistes d’Europe !

28 septembre 2014