Commission administrative du SNESup-FSU, Paris, 11 décembre 2025

La direction supplie le gouvernement

Dans son discours d’ouverture le secrétaire général prétend avoir beaucoup d’espoir – il se dit « dans l’expectative » – dans la volonté du gouvernement (qui pourtant traite les universitaires de « bande de nuls », Sénat, 29 octobre) de défendre le service public d’enseignement supérieur, puisqu’il lui demande de veiller à l’indépendance de la recherche, il lui reproche de ne pas tenir ses engagements, en particulier sur la Loi de programmation de la recherche (LPR) ? et lui demande de tenir parole. Pour mémoire la LPR consiste à fragiliser les statuts en établissant des recrutements contractuels locaux (les chaires de professeur junior), en créant le RIPEC – un régime de primes géré par les conseils de cogestion et validé par le président de l’université –, en sacralisant le crédit impôt recherche. L’objectif affiché d’atteindre les 1 % du PIB de dépenses en R&D par l’Etat ne sera même pas assuré. Les travailleurs de l’ESR ne seront pas mieux logés, car leurs rémunérations (+92 millions d’euros annuels jusqu’en 2027) n’augmenteront principalement que sous forme de primes et de la revalorisation des chercheurs en début de carrière.

Face aux perspectives de hausse des frais d’inscription, après l’indigne augmentation de 1 400 % dont souffrent de plus en plus les étudiants extra-communautaires, au sens où les universités, dans un contexte de pénurie budgétaire, décident les unes après les autres de mettre en œuvre les frais différencies, il n’est pas question pour la direction SNESUP de mobiliser, d’organiser des assemblées générales, de préparer la grève générale de l’enseignement supérieur. Au contraire, elle envisage de participer à des « assises sur le financement des universités », comme si elles pouvaient aboutir à autre chose qu’à une proposition de hausse des frais d’inscription, dont les chefs syndicaux s’enorgueilliront certainement d’avoir limité l’ampleur. Et pourtant la raison avancée pour laquelle le SNESUP sera représenté à cette occasion n’est même pas celle-ci. Elle est la présence des autres syndicats. Cela en dit long à la fois sur l’incapacité de la direction à penser le front unique et sur sa peur de perdre sa place comme « interlocuteur », c’est-à-dire à la cour. Jamais de telles gesticulations n’ont servi à faire reculer un gouvernement. Face aux attaques répétées contre les travailleurs de l’ESR, qui culmine depuis 15 ans, le SG a beau se plaindre de la « faible mobilisation du 2 décembre », les journées d’actions sans perspective n’ont aucune chance de faire aboutir leurs revendications légitimes. Encore moins la pantomime des concertations qui n’ont jamais fait reculer un gouvernement résolument anti-ouvrier.

Si le débat de la CAN a largement été consacré à des remontées locales, qui méritent d’être mentionnées tant l’offensive est massive contre l’enseignement supérieur public (contentons-nous de mentionner qu’ont été évoqués l’intégration au MEDEF de l’IUT La Roche sur Yon ainsi que le déblocage de la hausse des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens dans de nombreuses universités), en particulier contre les universités, rares ont été les interventions (celles de PSC et d’AGIR-PSL) resituant ces problématiques locales dans un cadre général, c’est-à-dire national. Cela dit, la direction ne souhaite visiblement pas la discussion, puisque les échanges ont commencé avec beaucoup de retard par rapport à l’horaire prévu – 30 minutes le matin, une heure l’après-midi.

Combattre pour le socialisme, renforcer la tendance lutte de classe

L’appel de la CA a été coécrit par toutes les tendances, à l’exception de PSC. Il a été voté par tous les délégués à l’exception de PSC, ainsi que d’AGIR-PSL qui n’a pas été capable de peser sur un texte qui ne vise pas à s’opposer au gouvernement mais seulement à sa politique, et qui envisage donc d’obtenir de ce gouvernement un budget « à la hauteur pour l’enseignement supérieur ». Des échanges ont ainsi été engagés avec les camarades d’AGIR-PSL, elles se poursuivront dans l’objectif de mener un front commun, au service des travailleurs de l’ESR, contre la direction SNESUP, complice du gouvernement.

Seuls les membres de PSC ont porté la nécessité de dresser les travailleurs contre le gouvernement. Nous avons porté un objectif clair : affronter le gouvernement et gagner l’abandon des attaques du gouvernement, dont les hausses de frais d’inscription ! Nous avons porté l’exigence que les directions syndicales cessent toute concertation avec Lecornu, qu’elles cessent les journées d’action qui protègent le gouvernement et font perdre inutilement des journées de salaire aux travailleurs. Le rôle des syndicats n’est pas de légitimer le débat sur des attaques dont il faut le retrait complet. Le rôle des syndicats est de dresser la perspective de la grève générale contre tout gouvernement bourgeois.

Les élus PSC ont défendu la perspective d’un gouvernement des travailleurs, qui émanent de leurs propres organes (AG, comités, coordination nationale…). Les travailleurs et les étudiants de l’ESR doivent, lors d’assemblées générales démocratiques, établir de véritables cahiers de revendications à la hauteur des besoins et préparer les comités de mobilisation pour la grève générale dans les universités en liaison avec la mobilisation sur les autres secteurs en lutte.

Les militants PSC combattent donc dans les syndicats, sur les lieux de travail et d’études, partout où les travailleurs et les jeunes s’organisent. Notre présence à la CA du SNESup-FSU permet à ce que les intérêts des travailleurs s’expriment. Elle permet également aux militants, aux travailleurs de voir ce qu’il se passe réellement dans les instances syndicales mais aussi qu’une tendance se construit pour combattre dans le sens de leurs intérêts.

Il est possible de déborder les vieux appareils si les travailleurs s’organisent et prennent conscience réellement de la politique des vieilles directions.

Rejoignez PSC, construisons cette tendance intersyndicale lutte de classe !

Pour un syndicalisme de combat