Huit femmes meurent faute d’anesthésiques conformes
Le 14 septembre, un rassemblement devant l’hôpital public d’Agadir dénonce la mort intolérable, en dix jours, de huit femmes venues accoucher par césarienne. Au lieu de jeter un lot d’anesthésiant pour lequel la chaine du froid n’avait pas été respectée, des surdoses ont été injectées afin de « compenser l’inefficacité » du produit, tuant les parturientes.
L’affaire illustre les conditions d’accueil et de soin dans cette ville dont le maire n’est autre que le milliardaire Akhannouch, premier ministre de surcroit. Urgences sans pansements, sans seringues, sans désinfectant, appareils en panne en radiologie (Medias24) ; des cafards, des chats errants plus nombreux que les patients, des tubes de sang périmés, des fils chirurgicaux régulièrement introuvables, des internes non rémunérés depuis des mois et un unique bloc opératoire aux urgences, incapable de prendre en charge les cas graves (LeMatin.ma).

Le caractère national des pénuries dans la santé publique, alors que les cliniques privées s’engraissent, renforce partout l’indignation.
La jeunesse prend la tête de la mobilisation
Via des appels sur les réseaux sociaux, sous l’étiquette GenZ 212 (génération née autour de l’année 2 000 et indicatif téléphonique du Maroc) et avec le drapeau pirate adopté en Indonésie, au Népal, à Madagascar, des milliers de jeunes marocains sont descendus dans la rue. Issus de milieux sociaux très divers, étudiants, prolétaires, urbains et ruraux, la plupart non affiliés à des organisations politiques, ils commencent à manifester massivement à partir du 27 septembre, d’Agadir à Rabat, Salé, Casablanca, Tanger, Tétouan, Agadir, Tawuna, Meknès, Marrakech, Mohammedia, Kénitra, El Jadida, Oujda, Fès… Au plus fort de la mobilisation, la plateforme Discord sur laquelle ces jeunes discutent et s’organisent compte 210 000 inscrits.
Les 15-34 ans forment 32 % de la population et la tranche d’âge la plus touchée par le chômage : 35,8 % des 15-24 ans, 21,9 % des 25-34 ans. 19 % des chômeurs ont un diplôme universitaire, 40 des diplômés font un métier sans rapport avec leur formation. Le secteur dit « informel » absorbe 33 % de la main d’œuvre non agricole, soit 2,5 millions de personnes parmi lesquelles une grande masse de jeunes, sans protection sociale ni stabilité, que le capital utilise pour maximiser ses profits.
Les manifestants exigent des moyens pour les services publics de santé et d’éducation. Depuis l’été, dans les universités, une attaque gouvernementale contre la gratuité de l’enseignement supérieur et les droits démocratiques des étudiants mobilise enseignants et élèves contre la privatisation rampante et la mise sous tutelle. Tous s’indignent des dépenses de prestige en vue de la Coupe du monde 2030 de foot, pour 5 milliards d’euros : construction à Casablanca du plus grand stade au monde (les groupes français Bouygues-Colas et Vinci au premier rang des profiteurs), investissements dans des infrastructures routières et ferroviaires qui serviront peu à la population alors que des régions entières restent isolées, dans des hôtels de luxe quand les reconstructions dans l’Atlas deux ans après le tremblement de terre sont loin d’être achevées.
Ils réclament d’abord la démission du ministre de la santé et du premier ministre nommé en 2021 Akhannouch, un gros capitaliste (hydrocarbures, immobilier, médias).
Un énorme dispositif répressif est déployé pour dissuader les manifestants et dès les premiers soirs, ils sont matraqués et arrêtés par centaines. Deux jeunes sont grièvement blessés à Oujda et trois tombent sous les balles des gendarmes-royaux le 1er octobre. En dix jours, 2 000 arrestations et 1 200 personnes emprisonnées. C’est loin d’être une première au Maroc.

Une monarchie rompue au carnage et à la répression
Le 21 mars 1965 éclate une grève lycéenne à Casablanca en riposte à une circulaire gouvernementale interdisant l’accès des plus de 17 ans au deuxième cycle du secondaire. Le mouvement, rejoint par des ouvriers, des chômeurs, des pauvres des quartiers déshérités, s’élargit à des revendications sociales et même à la remise en cause de la monarchie. Des barricades sont dressées. Le général Oufkir qui a tout appris dans l’armée française réprime la révolte avec des chars d’assaut. Il fait mitraille la foule depuis un hélicoptère. Le bilan s’établit à un millier de victimes.
Le 17 janvier 1984, à Al Hoceïma, au nord du Rif, des étudiants protestent contre l’augmentation des droits d’inscription et se mettent en grève ; ils manifestent pendant deux jours avant d’être dispersés par l’armée qui tire à balles réelles. À Nador, la population étranglée par les hausses de prix rejoint les étudiants. Là encore, les protestataires sont assassinés depuis un hélicoptère. Pas de bilan officiel mais les morts se comptent en centaines (beaucoup enterrés dans des fosses communes, comme à la caserne de Taouima). Le roi Hassan II, père de l’actuel, traitent les manifestants de « déchets », de « chômeurs vivant de la contrebande et du vol ».
En février et mars 2011, la jeunesse marocaine est aux avant-postes de la vague partie de Tunisie qui conspue la corruption, les inégalités criantes (Printemps arabe). Le 9 mars, le roi annonce une réforme constitutionnelle et le 13 il fait donner ses flics contre les manifestants.
Le 28 octobre 2016, dans la ville portuaire d’Al Hoceima, Mohcine Fikri, un jeune vendeur de poisson, en tentant de reprendre son bien jeté par la police, est broyé dans un compacteur qu’un flic avait ordonné d’activer. Les jours suivants ont vu des protestations massives contre les violences policières et contre la hogra en général, l’arbitraire et l’humiliation que subissent les exploités. Après avoir ignoré dans un premier temps les manifestations, le gouvernement déploie 25 000 policiers pour contenir une population de 50 000 personnes. Parties du Rif, les protestations massives touchent cependant tout le Maroc jusqu’en mai 2017, date à laquelle les autorités renforcent leur répression et incarcèrent de nombreux militants. Le porte-parole le plus connu de ce soulèvement, Nasser Zefzafi, est toujours détenu, il a écopé de 20 ans d’emprisonnement.
De janvier à avril 2018, la police réprime la mobilisation de milliers d’habitants de la petite ville de Jerada (Nord-est) qui se sont soulevés après la mort de deux jeunes dans un puits. Après la fermeture de la mine jugée non rentable, à la fin des années 1990, des hommes, jeunes ou non, pour survivre ont continué à y descendre pour extraire du charbon à la main et le vendre à des négociants locaux, dotés de permis de commercialisation et surnommés localement les « barons ». Les tribunaux d’injustice prononcent une cinquantaine de peines de 6 mois à 5 ans pour « participation à des manifestations interdites ».
La direction anonyme de la GenZ 212 s’en remet au roi
Au terme du sixième jour de mobilisation, le « mouvement GenZ 212 » publie un « mémorandum » directement adressé à Mohammed ben El-Hassan Alaoui, alias Mohammed VI. Ses rédacteurs lui demandent de révoquer le premier ministre et son gouvernement dont la politique accroit l’injustice sociale.
Comme si le roi l’ignorait, lui qui les choisit pour leur appartenance à la classe capitaliste, pour leur obéissance aux choix qu’il édicte. Comme s’il s’était hissé à la première place des monarques les plus riches d’Afrique, avec 8 milliards de dollars de fortune personnelle, en se souciant de justice sociale ! Il est le plus gros banquier du pays, le plus grand propriétaire terrien ; mines, énergie, télécommunications, distribution, immobilier… les mains royales palpent dans tous les secteurs, parfois en situation de quasi-monopole. Les initiateurs du « mémorandum » semblent également ignorer que monsieur Alaoui rafle de surcroit une centaine de millions d’euros par an pour se remercier d’être roi, pour ses déplacements et ses réceptions, pris sur le budget de l’État qui étrangle les hôpitaux et les écoles publiques. Ils le chargent de lutter contre la corruption alors qu’il dirige le système tentaculaire des combines grassement rétribuées pour l’attribution des marchés, des postes, des passe-droits.
Le mémorandum montre que l’apolitisme revendiqué par les initiateurs de la GenZ 212 signifie surtout qu’ils sont incapables de formuler une orientation pour jeter à bas la société capitaliste source des injustices qu’ils dénoncent, inséparable, au Maroc, de la monarchie alaouite. Ils placent leurs espoirs dans l’intervention de l’autocrate qui les écrase. L’envoi du « mémorandum » s’accompagne de la consigne de suspendre les manifestions pour attendre la prise de parole du roi.
Le vendredi 10 octobre, dans son discours annuel au parlement, Alaoui ne mentionne évidemment pas la mobilisation de la jeunesse. Cela n’empêche aucunement les soutiens du régime et les imbéciles de colporter qu’il répond aux revendications quand il pontifie qu’« il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux ». Quelques mouvements de sourcils pour réclamer aux ministres (qui restent bien-sûr en place) d’agir avec « une plus grande célérité » et ce tour est joué. Dans la foulée, le projet de loi de finances rallonge un peu l’enveloppe de l’éducation et de la santé, et les larbins de remercier sa majesté d’avoir qualifié de « prioritaires » les créations d’emploi dans les services publics. Ces collabos taisent l’essentiel : le budget de l’armée atteint presque 10 % du PIB, soit 12 milliards d’euros et celui de l’intérieur 4 milliards d’euros, loin devant la santé (2,2 milliards). En regroupant enseignement primaire, secondaire, supérieur, création du secteur préscolaire public actuellement inexistant, sport, ce budget prévisionnel atteint 7 milliards d’euros.
Jusqu’à 20 ans de prison ferme
Le jour même du discours du roi, la Cour d’appel de Salé prononce des peines de 15 à 20 ans de prison ferme. Les tribunaux condamnent à tour de bras à Agadir, Tanger, Marrakech, Kenitra, Rabat, Oujda, pour « actes de vandalisme », « incitation à commettre des délits via les réseaux sociaux », « violence contre des agents publics », « outrage aux symboles du royaume »…
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dévoilé, ce vendredi à Rabat, que 2 480 personnes ont été arrêtées et mises en accusation, 11 473 sont actuellement en détention et 287 ont déjà été condamnées, dont 79 mineurs. Elle précise que ces chiffres demeurent provisoires, en raison des arrestations régulières dans plusieurs localités sur la base de vidéos partagées sur les réseaux sociaux ou d’informations collectées sur le terrain par les forces de sécurité.
Le rapport indique qu’une peine de 20 ans de prison a été prononcée, quatre de 15 ans, huit de 12 ans, 31 de 10 ans, trois de 6 ans, et deux de cinq ans. De plus, des centaines d’autres peines allant d’un à trois ans ont été infligées, touchant même des mineurs dans des villes telles qu’Al Hoceima.
L’AMDH affirme que la plupart des détenus ont été présentés au procureur après leur garde à vue dans des conditions difficiles, que ce soit devant les tribunaux de première instance ou d’appel. Elle déplore que beaucoup n’aient pas pu désigner d’avocats pour leur défense, et que certaines familles n’aient été informées de l’arrestation de leurs proches que plusieurs jours après. Elle souligne également que les normes de procès équitable n’ont pas été respectées dans de nombreux cas, notamment en ce qui concerne l’enquête approfondie sur les accusations, la présomption d’innocence et l’examen des allégations de torture ou de mauvais traitements, sans qu’aucune enquête indépendante ne soit ouverte. (Yabiladi, 24 octobre)
Voilà comment l’autocratie traite les revendications sur « la promotion de la liberté d’expression et le respect du droit de manifester pacifiquement », « la libération de toutes les personnes arrêtées lors de rassemblements pacifiques, mais aussi des détenus d’opinion et des militants étudiants incarcérés lors de précédents mouvements sociaux », contenues dans le « mémorandum ».
La complicité criminelle de la bureaucratie réformiste
Les directions des syndicats majoritaires UMT (Union marocaine du travail) et CDT (Confédération démocratique du travail) se sont bien gardées de protéger les manifestations, d’appeler à la grève pour renforcer la mobilisation de la jeunesse dont les revendications sont celles du prolétariat tout entier. Le syndicat de l’enseignement supérieur affilié à l’UMT a même réussi à décréter trois jours de « grève d’avertissement » du 30 septembre au 2 octobre contre le projet de loi dit de réorganisation des universités, sans dire un mot du mouvement de la jeunesse en cours ni de la répression policière.
Une fois encore, c’est au maintien de l’ordre bourgeois que les bureaucrates se sont attelés, alors que la volonté de combat des exploités a éclaté à de nombreuses reprises cette année, pour protester contre la hausse des prix, pour exiger l’augmentation des salaires, pour revendiquer des améliorations dans les domaines de la santé, de l’éducation, des routes et de l’accès à internet dans les territoires ruraux, pour rejeter la loi qui limite drastiquement le droit de grève, pour défendre les Palestiniens et dénoncer le génocide sioniste. Depuis que sont tombées les lourdes condamnations, les chefs syndicaux n’ont pris aucune initiative pour imposer l’annulation des peines, la libération de tous les emprisonnés, ils n’ont pas même participé aux rassemblements appelés en réponse par la GenZ les 27 et 28 octobre.
Contre la constitution du front de classe, la bureaucratie syndicale participe au « dialogue social national », une institutionnalisation de la participation, de l’association capital-travail, pour laquelle elle est rétribuée. L’UMT y siège avec les représentants du pouvoir, du patronat, de la CDT (liée à l’Union socialiste des forces populaires) et de l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) le bras « syndical » du parti de l’Istiqlal (L’indépendance) monarchiste, nationaliste, religieux.
Les principaux dirigeants de l’UMT possèdent eux-mêmes des entreprises, reçoivent le FMI. Le secrétaire général a appelé aux législatives de 2021 à voter pour le Rassemblement national des indépendants (RNI) créé par le beau-frère du dit Hassan II, le parti du premier ministre Akhannouch.
Aux côtés de la bureaucratie syndicale, les appareils politiques issus du mouvement ouvrier ont également poursuivi leur adaptation absolue à l’État bourgeois et leur politique colle aux intérêts de la classe capitaliste qui les nourrit. L’USFP (Union socialiste des forces populaires) a autant à voir avec le socialisme que Mitterrand, Hollande ou Faure. Elle vient de tenir son 12e congrès intitulé « Un Maroc en essor sur les plans économique, social et institutionnel » ce qui résume finalement bien son nationalisme, à l’opposé de toute défense des seuls intérêts de la population laborieuse, la caution apportée au gouvernement Akhannouch aux antipodes des convictions de l’immense masse des exploités et des opprimés. Quant au soulèvement de la jeunesse, il a tenu, en trois jours de congrès, une place discrète et très marginale alors que spontanément, beaucoup des militants jeunes que l’USFP influence ont participé au mouvement.
Pour le secrétaire général, les récentes mobilisations de la jeunesse ne relèvent pas d’un simple « éphémère cri de colère », mais d’un signal profond d’une société en quête de justice et de représentativité. Le premier secrétaire a célébré l’institution monarchique, qu’il a décrite comme un « cadre d’unité et de stabilité nationale ». S’inscrivant dans l’esprit du dernier discours royal, il a plaidé pour un retour des partis à leur rôle d’encadrement, dénonçant la tentation du populisme et la marginalisation du débat démocratique. (lebrief.ma, 17 octobre)
Le PPS (Parti du progrès et du socialisme, issu du Parti communiste marocain) n’a pas plus de politique prolétarienne que l’USFP avec laquelle il noue et dénoue des alliances au gré des sessions parlementaires et des élections. Son chauvinisme le place irrémédiablement dans le camp de « sa bourgeoisie » et même de la monarchie.

Pour preuve, ses déclarations proches de l’extase à l’adoption par le conseil de l’ONU, sur initiative de l’impérialisme américain, de la mainmise marocaine sur le Sahara occidental, au mépris du droit du peuple sahraoui qui y vit et s’y oppose. Il faut dire que la monarchie entretient de bonnes relations avec Israël, comme celles du Golfe.
Le Parti du progrès et du socialisme salue la décision royale décrétant le 31 octobre de chaque année comme une nouvelle fête nationale, baptisée « Fête de l’Unité », eu égard aux significations profondes quant à la place exceptionnelle de cet évènement dans l’histoire moderne du Maroc et aux connotations fortes que cette appellation comporte concernant l’unité nationale et territoriale inébranlable du Royaume du Maroc. À cet égard, le PPS exprime sa haute appréciation pour cette réalisation historique dans le processus du renforcement de notre intégrité territoriale, après cinquante années de combat et de lutte, grâce à l’effort de premier plan de Sa Majesté le Roi dans la conduite de la diplomatie nationale officielle, conjuguée aux efforts de l’ensemble du peuple marocain et de toutes ses forces vives, dans le cadre des diplomaties parallèles, parlementaire, partisane et civile et des efforts précieux des Marocains du monde. (PPS, Communiqué du bureau politique, 4 novembre)

Pendant que les jeunes occupaient les rues et affrontaient la violence policière, le PPS, par la voix de son chef Benabdellah leur a adressé ses recommandations de modération, pacifisme et confiance dans les institutions. Ses déclarations hypocrites de « soutien » au mouvement, purement verbales, ne se sont accompagnées d’aucune présence dans les manifestations, d’aucun appel aux travailleurs, d’aucune prise de position de ses cadres dans l’UMT.
Dans un communiqué rendu public à l’issue d’une réunion de son bureau politique, le PPS a exprimé sa solidarité avec les revendications légitimes exprimées par la jeunesse, mettant l’accent sur l’impératif d’interagir avec ces doléances avec une attitude empreinte de compréhension, d’esprit positif et d’ouverture. Le PPS a fait remarquer que les expressions de la jeunesse ne peuvent atteindre leurs objectifs et voir les revendications aboutir, ni obtenir l’écho requis, qu’en conservant leur caractère pacifique, civique et responsable, et en s’abstenant de tout dérapage vers des méthodes violentes à l’encontre des forces de l’ordre ou de toute destruction de biens publics ou privés. (Telquel, 2 octobre)
Son soutien conséquent, c’est au gouvernement haï que le PPS l’a offert, refusant que « la rue » décide.
Concernant les slogans scandés lors des manifestations, notamment celui appelant à « faire tomber le gouvernement », Benabdellah a expliqué que cette revendication, même si elle exprime un refus légitime, ne peut être réalisée que par les voies démocratiques : « Dans certains pays, des gouvernements tombent par la rue, mais dans notre cas, la seule voie pour cela est la voie démocratique, c’est-à-dire les élections ». (Albayane.ma, 6 novembre)
Comme l’USFP, le PPS prêche aux jeunes que l’avenir radieux viendra d’un succès électoral, ce dont l’expérience démontre le contraire.
Les urnes sont le seul moyen d’opérer un changement réel, estimant que l’arrivée au pouvoir en recourant à des méthodes inacceptables, à l’argent ou à l’achat des voix, ou encore en s’appuyant sur des acteurs corrompus, ne peut être combattue que par une large participation. Il a appelé les jeunes à répondre à cela par une forte mobilisation lors des prochaines élections. Benabdellah a déclaré dans ce cadre : « Nous avons aujourd’hui une armée de jeunes de plus de dix millions. Une grande partie d’entre eux ne sont pas inscrits sur les listes électorales et n’ont jamais voté. S’ils décident de participer, ils sont capables de faire tomber ce gouvernement et de réaliser le changement souhaité ». Il a assuré que c’est là « la véritable bataille de la jeunesse ». (Albayane.ma, 6 novembre)
Ce scrutin qui brille à l’horizon de Benabdellah, ce sont les élections législatives prévues pour… septembre 2026. C’est loin, non ? quand on est en prison, quand on est sans travail, quand on ne peut pas se soigner, quand il n’y a pas d’école dans sa campagne… Non, pour Benabdellah, le vrai risque serait de bousculer ce calendrier.
La démission du gouvernement ne dépend que de lui. Mais une telle décision implique des contraintes constitutionnelles très claires. Nous avons des élections prévues dans un an. Si le gouvernement devait démissionner aujourd’hui, il faudrait organiser de nouvelles élections dans un délai de deux, trois ou quatre mois. Or, le pays n’est pas nécessairement prêt pour cela. (Le Point Afrique, 27 octobre)
Le ministre de l’intérieur prépare aussi ces élections. Il a présenté le 12 novembre 2025 les amendements du projet de loi organique sur les partis qui introduit un relèvement substantiel des conditions de création : les initiateurs devront désormais réunir 12 membres fondateurs (dont 4 femmes), représentant l’ensemble des régions et le nouveau parti, compter au départ au moins 2 000 membres répartis aussi sur tout le territoire. L’objectif est évidemment d’empêcher que dans la foulée de la mobilisation, les jeunes les plus conscients ne décident de s’organiser dans un parti qui défendent réellement leurs intérêts.
Pour l’internationale ouvrière révolutionnaire et son parti dans la jeunesse et le prolétariat
La crise internationale de la direction révolutionnaire du prolétariat se traduit par l’absence d’organisation rassemblant les travailleurs et les jeunes qui ont tiré les leçons essentielles des combats précédents, au Maroc et dans le monde : À bas la monarchie et ses institutions ! Libérations de tous les manifestants emprisonnés et annulation de toutes les condamnations ! Autodéfense des manifestations ! Unité des exploités et des opprimés dans la grève générale contre le gouvernement des capitalistes ! Séparation stricte de la religion et de l’État ! Expropriation des capitalistes locaux et étrangers, sous contrôle ouvrier, pour pouvoir orienter la production et la distribution vers la satisfaction des immenses besoins sociaux et non l’augmentation des profits !
Le mouvement GenZ 212 est extrêmement hétérogène, des ennemis jurés de la jeunesse y manœuvrent, comme les islamistes du PJD (Parti de la justice et du développement) avec lequel le PPS avait fait alliance en 2011. Sa base n’a aucun moyen de décider démocratiquement des décisions prises. Ainsi de la suspension des manifestations pour attendre le discours d’Aloui 6 qui a donné un coup d’arrêt aux rassemblements de masse, ou de la campagne « Boycott économique pour la justice » des entreprises et marques associées au chef du gouvernement Akhannouch, qui renvoient les travailleurs et les jeunes à une responsabilité individuelle comme consommateur, quand ce qui compte vraiment, c’est leur poids social, comme classe qui crée toutes les richesses qu’ Akhannouch et les autres capitalistes accaparent, comme secteur de la société révoltée par les inégalités, aspirant à secouer le joug de la religion, du patriarcat. La politique menée par les dirigeants anonymes du mouvement GenZ 212 conduisent à la défaite.
Cependant, il y a des centaines de militants et de militantes courageux et expérimentés dans ce pays. Du fait de la répression, de la crise destructrice des organisations qui se réclamaient du socialisme, ils sont dispersés, actifs dans des associations de défense des libertés démocratiques, des droits des femmes, dans les syndicats, mais invisibles politiquement. Ils ont participé aux manifestations de septembre-octobre et jusque dans les rangs de l’USFP pourrie, certains ont protesté contre la collusion avec le pouvoir.
Une secousse politique discrète, mais significative, vient de naitre au sein de l’Union socialiste des forces populaires. Sous le nom de Mouvement des Jeunes Z Ittihadi, un groupe de militants a publié le 29 septembre à Rabat, un acte d’accusation contre une direction jugée usée, verrouillée et coupée de la base. Les signataires accusent explicitement les dirigeants actuels d’avoir transformé le parti historique de la gauche marocaine en “entreprise électorale” au service d’intérêts particuliers. (Alyaoum24, 1er octobre)
Dans le petit PSU (Parti socialiste unifié) qui sert non à combattre la politique anti ouvrière mais à alerter le pouvoir sur les tensions sociales qu’elle engendre, les jeunes ont exigé que soit menée la lutte pour la libération des emprisonnés et l’annulation de toutes les condamnations.
Il est urgent que les combattantes et les combattants se rassemblent dans un Parti ouvrier révolutionnaire, contre toute alliance avec la bourgeoisie qu’ils relèvent le drapeau du combat pour la révolution prolétarienne victorieuse, du gouvernement ouvrier appuyé sur les comités dans les lieux de travail, les localités, les écoles, les campagnes.
Pour les États-Unis socialistes d’Afrique du Nord ! Pour la République universelle des conseils ouvriers !

