…qui a déjà sévi contre l’enseignement public et qui continue
Édouard Geffray a été nommé ministre de l’éducation nationale dans le gouvernement Lecornu 2. Il remplace à ce poste celle qui fut première ministre pendant la lutte pour la défense des retraites (Borne). II poursuivra inévitablement sa politique et celle de Macron. Ce haut fonctionnaire devient le septième ministre de l’éducation nationale depuis le début du deuxième mandat de Macron en 2022. En 2017, il fut directeur de cabinet de Bayrou. Méprisant le corps enseignant, il a mis en place les évaluations nationales, le choc des savoirs, les groupes de niveaux, la labellisation des manuels, les mesures contre la voie professionnelle.
Ancien directeur général de l’enseignement secondaire, ancien bras droit de Blanquer, il a comparé le suicide de notre collègue directrice d’école, Christine Renon, à « une chute dans l’escalier ». Le ministère a minimisé voire nié la responsabilité de l’institution dans ce drame, alors que la charge de travail, les injonctions incessantes, l’absence de soutien ont été dénoncées par Christine (et tant d’autres). Autre fait grave : l’affaire Betharram a dévoilé les violences sexuelles dans de nombreux établissements privés sous contrat. Hors de question de passer les faits sous silence et pourtant ces lieux de sévices n’ont pas été fermés, aucune mesure n’est prise par ce ministre comme par les précédents.
Depuis trois mois, des travailleurs de l’éducation à Mayotte se retrouvent sans salaire. Ces non-paiements ou ces versements partiels, avec des acomptes pour le mois de septembre, touchent principalement des contractuels, mais aussi des enseignants titulaires, des encadrants, administratifs, ou encore des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Le rectorat estime que plus de 250 professeurs et agents sont concernés. SUD-Éducation et la FSU considèrent qu’ils sont plus de 1 000. Geffray s’en balance, comme ses prédécesseurs.
Dans l’académie de Rennes, 25 AESH ont été licenciées, avec l’aval du ministère, au cours d’une procédure express bouclée en deux heures, le 30 septembre, parce qu’elles ont refusé de signer un avenant à leur contrat : il étend les zones d’intervention (déjà 70 km dans certains secteurs comme Redon !), dégradant encore les conditions d’exercice, pour toujours le même salaire indigne.
Geffray fut aussi l’artisan de la réforme du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) et du concours en master 2. Ce qui n’a pas permis d’enrayer la crise qui touche le personnel mais qui a affaibli encore plus les recrutements d’enseignant-e-s : concours désertés (3 000 candidats en moins en 2025), postes non pourvus (2 600 postes restés vacants en 2025), renoncements précoces (2 400 enseignants en 2023-2024) et ce depuis trois ans.
Adoubé par les directions syndicales
Selon les chefs syndicaux : « C’est quelqu’un qui va être opérationnel… Il ne va pas pouvoir déclarer qu’il n’est pas spécialiste du sujet » (Vévétitay, SNES-FSU, Sud-Ouest, 13 octobre). « Il est attendu au tournant. Édouard Geffray connaît les rouages du ministère » (Verviers, UNSA, 20 Minutes, 15 octobre). Un point de vue partagé par la CGT Éducation : « Alors que ses prédécesseurs n’étaient pas spécialistes de l’Éducation, le nouveau ministre Geffray connaît l’institution et ses rouages » (Communiqué de presse, 13 octobre).
Ce qui signifie que les dirigeants des syndicats font confiance aux « compétences » du bras droit de Blanquer, qu’ils se satisfont du fait que le ministre « connait les dossiers » sans commencer par dire que leur contenu va à l’encontre des intérêts des personnels et des élèves. Ils envisagent de poursuivre les discussions avec ce « nouveau » ministre et s’ils dénoncent « la réformite aigüe », ils n’organisent en rien le combat uni pour empêcher ce gouvernement de nuire. Ils ont plus de salive pour parler au ministre qu’aux enseignant(e)s, contractuel(le)s, AESH, AED (assistant(e)s d’éducation) qui subissent la politique Macron-Lecornu-Geffray.
Comment se défendre
Le gouvernement entend poursuivre sa politique. Pour preuve, il a déjà envisagé la suppression de plus de 4000 postes. Geffray est neuvième dans l’ordre protocolaire de ce nouveau gouvernement qui a élevé l’armée et la police à la première place. Ne l’oublions pas, Macron, a annoncé, en juillet dernier une augmentation de 3,5 milliards d’euros des dépenses militaires. L’éducation (800 000 professeurs, 12 millions d’élèves) est loin d’être la priorité du gouvernement.
Arrêt de la participation des sommets syndicaux aux concertations avec le gouvernement et ses ministres !
Nous n’avons pas de « propositions » à leur faire, mais des revendications :
- 400 euros pour tou-te-s !
- Des moyens à la hauteur des besoins pour l’éducation et la recherche publiques, en particulier, création des postes nécessaires pour garantir la qualité de l’enseignement !
- Interdiction des établissements hors contrat ! Pas un euro pour l’enseignement privé !
- Titularisation des précaires, y compris étrangers !
- Aucune expulsion d’élève ou d’étudiant étranger !
L’efficacité, c’est de s’organiser en assemblées générales démocratiques, de nous coordonner afin de nous défendre, d’élire nos représentant-e-s pour contrôler notre lutte, de nous regrouper en tendance intersyndicale pour un syndicalisme de combat, de préparer la grève générale avec les autres travailleurs pour arracher nos revendications, défaire le gouvernement bourgeois au profit d’un gouvernement qui serve nos seuls intérêts.

