Certaines sont pilotées par des partis bourgeois, des hiérarchies religieuses (entre autres, la plus grosse organisation de jeunesse : JOC-JEC-JAC…), des grands bourgeois réactionnaires (comme la Nuit du bien commun), les groupes fascistes (par exemple SOS calvaires, Parents vigilants…).
Mais la plupart assurent des tâches que l’État leur délègue ou qu’elles suppléent carrément pour répondre à des besoins qu’il n’assure pas ou plus. La majorité vit des cotisations de leurs membres, mais nombreuses sont celles qui dépendent de dons privés ou de subventions publiques (communes, regroupement de communes, départements, régions, ministères, UE). L’État bourgeois exige de plus en plus de soumission.


Le contrat d’engagement républicain doit être souscrit par l’association ou la fondation à l’appui de toute demande de subvention auprès d’une autorité administrative. (Ministère de l’intérieur, Contrat d’engagement républicain, 2023)
En outre, les associations subissent les pressions politiques de leurs financeurs : ni RN, ni LR, ni la Macronie ne tiennent à subventionner l’hébergement d’urgence, par exemple, ou la présence suffisante de travailleurs sociaux dans les quartiers déshérités
Baisse drastique des financements publics
La réduction des subventions publiques aux associations est continue depuis vingt ans : c’est 20 % de leur financement aujourd’hui, contre 34 % en 2005. Parallèlement, elles sont de plus en plus soumises à des logiques de mise en concurrence, dans le cadre d’appels à projets de la commande publique.
Pour porter le budget de la guerre à 76 milliards annuels (413 milliards entre 2024 et 2030), les gouvernements Macron ont amputé les services à la population. Cette année, 29 % des associations employeuses de l’éducation populaire ont déclaré disposer d’une trésorerie inférieure à trois mois, 20 % ont dû réduire leur masse salariale et 22 % prévoient de le faire en 2025. Un tiers assure déjà subir une diminution des financements publics, et trois quarts se disent « fortement impactées par l’inflation », en particulier les structures d’hébergement auxquelles aucune compensation n’a été apportée face à l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation depuis 2022, réduisant en conséquence leurs capacités d’accueil.
Le projet de budget 2026 du gouvernement Macron-Lecornu vise une nouvelle baisse de 17,6 % (300 millions d’euros), réclame de couper 700 millions d’euros dans l’aide publique au développement. De plus, les 5 milliards d’économies exigés des collectivités territoriales impactent directement les associations dont 50 % du financement provient des communes, départements et régions.
En conséquence, davantage de misère
Par manque de moyens, 67 % des associations ont réduit leurs activités. Cette austérité frappe principalement les pauvres, puisque sont menacés : les services médicosociaux de proximité, les aides à la jeunesse, les aides aux familles et aux personnes en difficulté, l’hébergement d’urgence, le logement social, les accueils de jour, les épiceries solidaires, l’accès à la culture et au sport. Les droits des opprimés sont rognés. Par exemple, le Planning familial qui vient en aide à 500 000 femmes chaque année a vu son financement par la région Pays de Loire (contrôlée par LR et Horizon) totalement supprimé ; dans la Drôme (LR), sept de ses centres ont dû fermer ; dans le Nord (LR), il lance un appel aux dons tant la situation est critique…
Les coupes budgétaires impactent aussi le personnel salarié des associations (1,8 million de personnes, soit 11 % des salariés) qui a subi 1 170 procédures collectives en 2024, dont 490 liquidations. Pour 2025-2026, le Mouvement associatif qui réunit 700 000 associations, soit la moitié des déclarées, estime que 90 000 emplois risquent d’être supprimés et a appelé, pour la première fois, à une journée de manifestation.
Les dernières statistiques de l’Insee confirment que la pauvreté se développe en France. Le seuil de pauvreté est lui-même honteux. Il faut disposer de moins de 60 % du salaire médian mensuel, soit 1 288 €. Cela concerne 9,8 millions de personnes en métropole.
Le taux de pauvreté augmente fortement (15,4 % après 14,4 % en 2022, soit +0,9 point du fait des arrondis) et atteint son niveau le plus élevé depuis 1996. (Insee Première, 7 juillet 2025)
Les plus touchés sont les chômeurs (36,1 %), les familles monoparentales (34,3 %), les immigrés (32,2 %) et les enfants de moins de 18 ans (21,9 %). Les ouvriers (14,7 %) et les employés (13 %) sont les salariés les plus touchés (10,1 % des actifs sont pauvres). Maintenus en dehors de ces chiffres, les « anciennes » colonies françaises ont des taux respectifs de 19,1 % (Nouvelle-Calédonie), 26,8 % (Martinique), 34,5 % (Guadeloupe), 54 % (Guyane) et 77 % (Mayotte).
Le mouvement ouvrier et les associations
L’engagement de nombreux militants dans des associations qui interviennent en soutien aux migrants, contre le mal-logement, la pauvreté, pour promouvoir des activités culturelles ou sportives accessibles au plus grand nombre, pour défendre l’environnement, etc., marque une volonté tenace de ne pas laisser sans réagir les multiples atteintes qu’entraine le capitalisme pourrissant.
Mais cela indique aussi la crise de la direction révolutionnaire créée par la dégénérescence successive de l’Internationale ouvrière en 1914 et de l’Internationale communiste en 1933. Les partis ouvriers ayant abandonné depuis le combat pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière ont du même coup le plus souvent renoncé à prendre en charge directement ou à épauler efficacement l’ensemble de ces actions, à les rattacher au combat d’ensemble de la classe ouvrière. Les associations qu’ils animent encore perdent généralement leur caractère de classe.
Au milieu du 19e siècle, la Ligue des communistes, clandestine, animait des associations plus larges, légales en exil. À la fin du 19e siècle, le Parti social-démocrate (SPD, section allemande de l’Internationale ouvrière), reliait les associations progressistes au combat d’ensemble de la classe ouvrière.
Autour de lui, ses militants ont su tisser un large réseau d’organisations parallèles encadrant, à un niveau ou à un autre, la presque totalité des salariés, en s’étendant à tous les domaines de la vie sociale : associations de femmes socialistes, mouvement de jeunes, universités populaires, bibliothèques et sociétés de lecture, organisations de loisirs et mouvement de plein air, maisons d’éditions, revues, magazines. (Pierre Broué, Révolution en Allemagne, Minuit, 1971, p. 26)
En France, le Parti ouvrier tentait de faire de même.
Surtout dans le Nord et dans l’Aube, il noue, avec les sympathisants, des relations suivies : il anime des sociétés d’armes, des associations d’anciens militaires et combattants, des clubs dramatiques, des fanfares, des chorales, des associations laïques et de libre-pensée. (Claude Willard, Les Guesdistes, Edition sociales, 1965, p. 353)
Le Parti communiste, section française de l’Internationale communiste, constituait aussi des associations de ce type durant les années 1920. Une des plus fameuses était le Secours rouge (SR), qui défendait les militants ouvriers de toutes les tendances contre la répression patronale et étatiste. Avec la mutation du PCF en parti patriotique et front populiste au milieu des années 1930, le SR deviendra le Secours populaire français.
Un parti ouvrier révolutionnaire intègrera nécessairement toutes ces dimensions dans son activité au fur et à mesure de sa construction.
Contre la réduction des subventions
Dans 70 villes, des initiatives ont dénoncé la fragilisation du tissu associatif au moment où précarité et xénophobie montent en flèche. Des associations militantes, comme Urgence Palestine, se battent pour leur droit même à l’existence parce qu’elles luttent contre le génocide des Palestiniens, couvert par l’État français.
Rétablissement de tous les financements et augmentations des subventions pour satisfaire les besoins !
Des droits pour toutes et tous, pas la charité !
Le combat des travailleurs qui militent dans les associations progressistes rejoint celui de tous les exploités. Il leur faut combattre et défaire les budgets de Lecornu en préparant la grève générale. Arracher toutes ces revendications exige d’établir un gouvernement uniquement au service des intérêts des travailleurs.

