Rapport sur la situation française présenté à la 9e Conférence du GMI

Situation économique du capitalisme français

Après des taux de croissance supérieurs à 2 % sur 2021 et 2022 en trompe-l’œil puisque liés au retour à la normale postérieur à la crise sanitaire, les taux de croissance pour 2023 et 2024 se sont établis à 0,9 % et 1,2 %. Les prévisions pour l’année en cours tablent sur 0,7 % (ministère de l’économie, avril 2025) et 0,8 % (INSEE, septembre 2025). Le produit intérieur brut s’élève fin 2024 à 2 milliards 612 millions contre 2 milliards 504 millions fin 2019, soit une hausse plus que modérés d’environ 4,3 % en 5 ans (PIB en volume, hors inflation). L’inflation continue de diminuer, après 4,9 % en 2023 et 2 % en 2024, elle devrait s’établir à 1,3 % en 2025 selon la Banque de France.


Le déficit commercial (le solde échanges de biens) devrait se creuser cette année, après deux années de baisse. Au premier semestre de cette année, il se chiffre déjà à 43 milliards, et devrait s’accroitre davantage sur le reste de l’année. La baisse du cout de l’énergie mondiale fait que la France en exporte moins et à plus faible prix, le secteur aéronautique vend moins même si le carnet de commandes d’Airbus est plein. Inversement, les importations de médicaments ont explosé.

Signe de notre perte de souveraineté dans ce secteur, les importations de produits pharmaceutiques ont atteint un record historique, essentiellement en provenance de Chine. Les importations de produits pharmaceutiques depuis Pékin ont plus que doublé en valeur à 1 milliard 100 millions entre janvier et juin de cette année contre 500 millions au premier semestre 2024. (Radio France, 8 aout 2025)

Sur les 43 milliards de déficit du début d’année, le secteur automobile pèse pour un quart (10,2 milliards).

Douanes, 7 aout 2025

Pour l’année 2025, hormis dans l’Union européenne, le Proche et le Moyen-Orient, l’impérialisme français perd des parts de marché partout dans le monde.

Le taux d’utilisation des capacités de production, en chute constante jusqu’à l’année dernière, rebondit légèrement en 2025 pour s’établir à 76 % en aout contre 74 % en décembre.

Banque de France, 9 septembre 2025

Parallèlement, les stocks de produits finis dans l’industrie sont à un niveau extrêmement haut depuis fin 2022. Si, dans certains secteurs, cela peut s’expliquer par des difficultés d’approvisionnement ou de livraison, d’autres comme l’automobile sont en proie à une surproduction.

Banque de France, 9 septembre 2025

Dans l’automobile, la faiblesse des ventes génère des stocks de plus en plus gros, 98 000 véhicules neufs dans les concessions en janvier. Renault, par exemple, totalise 19 912 véhicules neufs en stock en début d’année, dont 5 000 cumulés sur les 3 derniers mois. Les ventes de 2025 ne semblent pas inverser la tendance, en avril la vente aux particuliers est en baisse de 15 % sur un an, ce qui va au-delà des anticipations des constructeurs qui avaient pourtant réduit la voilure et continuent de grossir les stocks.

Airbus, qui profite des difficultés de son concurrent Boeing, a vu son bénéfice augmenté de 12 % entre 2023 et 2024 son carnet de commandes est plein sur 10 ans. Toutefois, les livraisons sont ralenties à cause des difficultés côté fournisseur notamment sur la motorisation. 820 appareils sont prévus cette année.

Le nombre de défaillances d’entreprises, en pause durant la crise sanitaire, est reparti à la hausse depuis 2022, même si une légère inflexion de cette augmentation semble se produire ces derniers mois. L’année 2024 détient le record avec 67 830 défaillances.

Banque de France, 5 septembre 2025

Les secteurs les plus impactés sont la construction qui représente 22 % des défaillances entre juillet 2024 et juillet 2025, l’automobile 20 %, l’hôtellerie-restauration 13 % et les services aux entreprises 12 %.

L’impérialisme français pèse de moins en moins dans le monde, il s’est montré incapable de freiner Israël sur son attaque contre l’allié libanais et a été impuissant lors de l’ingérence de l’Azerbaïdjan dans la révolte kanake. Ses déboires politiques amenuisent encore son rôle dans l’UE, au profit de l’impérialisme allemand.

Ses positions en Afrique continuent de leur effritement entamé au début de la décennie. En novembre dernier, le Tchad et le Sénégal dénoncent leurs accords de défense avec la France, en décembre La Côte d’Ivoire demande et obtient la rétrocession de la base militaire française. C’est un nouveau coup dur pour l’impérialisme français après les ruptures politiques du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Cette perte d’influence face aux impérialismes chinois, russe et même turc a des impacts très directs sur les affaires des capitalistes français : l’entreprise Orano a dû renoncer à l’extraction de l’uranium au Niger en 2024. Les banques françaises quittent le continent, le Crédit agricole a entamé ce processus dès la crise de 2008, la BPCE a vendu la quasi-totalité de ses filiales sur le territoire en 2018, la BNP l’a imitée en 2022 et la Société générale depuis 2023. Si le capitalisme français disposait encore, en 2023, de 200 entreprises ou filiales au Mali, 45 au Burkina Faso, 30 au Niger et une dizaine en République centrafricaine, la perte d’influence française dans la région pèse sur leurs viabilités et leur maintien.

Paradoxalement, l’année 2024 a été record pour les versements des entreprises du CAC40 aux actionnaires, totalisant 98,2 milliards d’euros, 72,8 milliards sous forme de dividendes et 25,5 milliards en rachat d’actions.

La nature parasitaire de la bourgeoisie française s’affiche de plus en plus clairement, le classement Challenges de juillet dernier fait état de 1 128 milliards d’euros de fortunes cumulées pour les 500 personnes les plus riches du pays, en légère diminution depuis l’année dernière.

Challenges, 8 juillet 2025

Elles ont multiplié leur fortune par presque 2,5 depuis 2015, date à laquelle elles totalisaient 460 milliards d’euros. Ce classement ne comptabilise que la valeur de leurs actions et ne prend donc pas en compte les placements financiers hors du marché des actions, les biens immobiliers, les véhicules ou les œuvres d’art. En 1996, ces fortunes représentaient 6 % du PIB, en 2024 42 %. Le patrimoine des 10 personnes les plus riches a été multipliée par 24 durant ce même laps de temps.

Situation de la classe ouvrière

La hausse des salaires dans le privé après avoir atteint 4,1 % en 2023 et 2,9 % en 2024 devrait à nouveau baisser, le ministère du travail prévoyant 2,1 % cette année (salaire horaire de base des ouvriers et des employés). Dans la fonction publique le point d’indice est gelé depuis 2024, de plus la garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa) compensatoire de l’inflation ne sera pas versée aux fonctionnaires en 2025. Ce fait devrait accroitre l’écart de rémunération entre le privé et le public, sur la base des chiffres de 2021, l’INSEE estimait à 3,7 % l’écart de salaire moyen à travail identique entre le privé et le public en défaveur du second.

Ministère du travail, 20 juin 2025

La tendance est la même en ce qui concerne les versements de la « prime Macron » (prime de partage de la valeur), sur la base des accords NAO, la Banque de France estime que moins de 20 % des entreprises de plus de 50 salariés l’ont octroyée en 2024. C’était 30 % en 2023 et 40 % en 2022.

Le pouvoir d’achat moyen calculé par la Banque de France qui avait progressé de 0,5 % en 2023, puis de 2,3 % en 2024 devrait stagner ces prochaines années selon son rapport du 11 juin, 0,3 % attendu cette année et en 2027 et même 0 en 2026.

Le taux de chômage est relativement stable depuis notre avant-dernière conférence, il s’élevait à 7,2 % au deuxième trimestre 2023 contre 7,5 % pour le second trimestre 2025. Même chose en ce qui concerne ce que l’INSEE nomme le halo autour du chômage constitué de personnes souhaitant un emploi mais considérées comme ne cherchant pas de travail. Leur taux est passé de 4,6 % à 4,4 % sur la même période.

La répartition par type de contrat a elle aussi peu évolué, le pourcentage de CDI a progressé de 0,7 point et celui des indépendants de 0,6 en deux ans.

Type de contrat

2023T2

2025T2

CDI

50,5

51,2

CDD

5,5

5,2

Intérim

1,3

1,2

Alternance

2,4

2,5

Indépendant

8,5

9,1

Sans contrat ni stage

0,4

0,3

Si l’on regarde l’évolution par secteur, l’emploi dans l’industrie est en baisse depuis la fin 2024, celui de la construction depuis le début de l’année 2023. Sur un an, le premier s’est à peu près maintenu, 7000 emplois supprimés (0,2 point) tandis que le second poursuit sa chute 29 700 postes en moins (1,9 point).

L’écart dans le taux d’activité selon le sexe est stable depuis environ 10 ans, fin 2024, 77,5 % des hommes de 15 à 64 ans étaient en activité contre 71,5 % des femmes.

Toutefois, la parentalité continue de peser exclusivement sur la carrière des femmes, que ce soit sur le taux d’activité ou sur le temps partiel.

Taux d’activité des 25-49 ans selon le nombre et l’âge des enfants en 2023, INSEE, 6 mars 2023
Part du temps partiel selon le nombre des enfants à charge en 2023, INSEE, 6 mars 2025

De ce fait qui s’ajoute un écart de salaire en cours de carrière, à la retraite leur pension est moindre, en 2022 en moyenne elle s’élevait à 46,6% du revenu d’activité net moyen, contre 75 % pour les hommes.

En 2023, 15,4 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (60 % du revenu médian soit 1 288 euros). Avec évidemment des disparités, cela concerne un tiers des familles monoparentales (34,3 %), un tiers des immigrés (32 %) et 26 % des descendants d’immigrés. Par ailleurs l’essentiel des familles monoparentales, 81% en 2021 sont gérées par des femmes.

INSEE, 7 juillet 2025

Le nombre de personne vivant sous le seuil de pauvreté était de 9,792 millions, soit une hausse de 1,220 million depuis la prise de fonction de Macron.

Selon le rapport 2025 de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) publié en février dernier, 350 000 personnes étaient sans domicile, en hébergement ou à la rue en 2024. En 2012, elles étaient 143 000 ; c’est une hausse de 145 %. Le parc social subit l’état des finances du pays et de la crise du BTP, 84 000 nouveaux logements sociaux en 2024 contre 124 000 en 2016. Moins d’un demandeur sur cinq a reçu une réponse positive en 2024. Là encore, les immigrés et les mères seules sont surreprésentés parmi les sans-abri. Plus largement selon le rapport, 4,173 million personnes sont dans une situation de mal logement, 2,2 millions dans un habitat dégradé, 1,128 million en situation de surpeuplement, 1 million 18 mille n’ont pas de logement personnel. 100 000 personnes ont été expulsées de squats ou de bidonvilles en 2024, 5 000 à 8 000 dorment à la rue chaque soir faute de place dans les hébergements d’urgence dont 1 000 à 3 000 enfants, selon les chiffres du 115 sur les personnes refoulées. 30 % des ménages ont eu froid dans leur logement en 2024 contre 14 % en 2020. La fondation estime la surmortalité induite par le froid à 10 000 par hiver contre 5 000 en moyenne pour les canicules estivales.

Observatoire des inégalités, décembre 2023

La moitié des étudiants, une fois le loyer et les charges payés, vivent avec moins de 100 euros par mois. 22 % des étudiants travaillaient en 2023, 9 points de plus qu’en 2017, un chiffre gonflé par la hausse de l’apprentissage. En 2024, 18 % à 20 % des étudiants avaient recours à l’aide alimentaire. Et 66 % de ces bénéficiaires sont des étudiantes. Depuis 2020, la proportion de bachelier par génération est en baisse sur les 3 voies (générale, technologique, professionnelle).

Le système de la charité montre ses limites, avec un montant total de 9,4 milliards d’euros de dons en 2024, ce qui fait la plus faible progression annuelle (+1,9 %) en 20 ans si l’on met de côté la suppression de l’ISF en 2018 avec laquelle le besoin de défiscaliser s’était tari.

France générosité, 3 juin 2025

Financement et action de l’État

Après la crise sanitaire, une baisse de l’endettement public a eu lieu sur les années 2021 à 2023 dont une part n’était liée qu’à une reprise des recettes suspendues. Les exonérations de cotisations sociales adoptées en 2020 ont été progressivement allégées à partir de 2021 puis levées.


Toutefois, l’endettement est reparti à la hausse à partir de 2024, en grande partie poussé par l’augmentation des dépenses militaires de la loi de programmation militaire 2024-2030. Au second semestre de cette année, la dette française s’élevait à 3,416 milliards d’euros soit 115,6 % du PIB, ce qui fait de la France le troisième pays de l’UE le plus endetté. Une hausse de 5,8 % sur un an. La dette est principalement celle de l’État (2,787 milliards), la sécurité sociale ne comptant « que » pour 297,6 milliards et les collectivités 262,4 milliards.

Côté recette, la TVA et l’impôt sur le revenu constitue la plus grosse contribution, bien que la part de la TVA dans le budget de l’État ait fortement diminué depuis 2018, date à partir de laquelle une partie de la TVA est allouée aux collectivités directement, sans paraitre dans le bilan comptable de l’État.

R : impôt sur le revenu, IS : impôt sur les sociétés (IS), TVA : taxe sur la valeur ajoutée, TICPE : taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques

Ce transfert a été fait en plusieurs étapes, notamment la LPF 2018 qui a remplacé la dotation aux régions par une part de la TVA, la LPF 2020 qui a fait de même pour les départements. En 2018 et en 2019, la suppression des cotisations salariales d’assurance chômage et la transformation du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) en baisses de cotisations sociales ont été compensées par une attribution à la Sécurité sociale d’une part importante de la TVA. Enfin, la loi de finances rectificative de 2022 en octroie une partie à l’audiovisuel public. Ainsi à compter de 2023, la plus grande partie de la TVA collectée n’apparait plus dans les comptes de l’État.


Mais qu’elle soit affectée à l’État central ou aux collectivités, la TVA représente toujours la part la plus importante de financement de l’État bourgeois avec l’impôt sur le revenu, tous deux reposant essentiellement sur les classes laborieuses.

L’ensemble des aménagements de recettes vont également en ce sens. Par exemple, en 2024, les recettes de l’État récupèrent 5,9 milliards sur la fin du bouclier tarifaire, affectant là aussi les populations les plus fragiles.

Source : Cour des comptes d’après documents budgétaires et direction du budget pour l’exercice 2024

Les taux d’imposition des entreprises n’ont fait que diminuer depuis 2019 au bénéfice du grand capital.

INSEE, 2 septembre 2025

Si le cout de l’État pèse essentiellement sur la classe ouvrière, son action est tournée sans surprise vers la satisfaction des intérêts de la bourgeoisie. Les aides aux entreprises sont en constante augmentation. Le rapport sénatorial de juillet 2025 mené sous la double présidence PCF-LR dévoile que pour l’année 2023 le total des aides aux entreprises était de 211 milliards d’euros. À titre de comparaison, le budget de l’éducation nationale pour la même année se montait à 81,79 milliards.


Ces aides ont augmenté 3 fois plus vite que le PIB sur les 25 dernières années et, contrairement aux aides sociales, elles n’ont pas été rabotées après la crise sanitaire.


En septembre, deux journalistes du Nouvel Obs ont fait paraitre Le Grand détournement, un ouvrage dans lequel ils calculent un montant de 271,5 milliards d’euros d’aide aux entreprises pour 2023. L’objectif national de dépenses de l’assurance maladie (Ondam) est fixé à 265,9 milliards pour 2025, les aides aux capitalistes représentent donc la plus grosse dépense de l’État.

Matthieu Aron, Caroline Michel-Aguirre, Le Grand détournement, 11 septembre 2025

La défaite de 2023

Au moment de notre avant-dernière conférence, la loi Borne contre les retraites était promulguée (loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, 14 avril 2023) clôturant plusieurs mois de dispositif bureaucratique lors desquels les directions syndicales ont systématiquement restreint la contestation au calendrier législatif. Alors que tout travailleur comprend la défaite, les bureaucraties continuent encore de faire croire à la possibilité de retrait de la réforme par la voie parlementaire.

Ce n’est pas parce qu’une réforme est promulguée qu’on ne peut pas le retirer. La preuve, c’est ce qu’il s’est passé sur le CPE. (Sophie Binet, BFMTV, 17 avril 2023)

Pourtant Sophie Binet sait parfaitement qu’en 2006 la loi dite « d’égalité des chances » de Villepin n’a pas été retirée, qu’aucun décret promulgué de cette loi n’a été retiré. Madame Binet qui validait alors ses études en bureaucratie, dans le conseil des études et de la vie universitaire (CEVU) de Nantes, dans le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) et à la vice-présidence de l’UNEF a elle-même contribué à l’adoption de cette loi.

Appel de l’Intersyndicale pour le 6 juin 2023

L’année 2023 a donc constitué une défaite pour la classe ouvrière de France. Le 27 juin, Nahel un jeune de 17 ans est assassiné par la police à Nanterre. La jeunesse des quartiers populaires va alors s’embraser. Aidée par les réformistes qui soutiennent une police républicaine, les bureaucraties syndicales qui y voient des travailleurs, et par le nihilisme d’une partie des désœuvrés qui s’en prennent aux infrastructures publiques et aux véhicules des habitants, la répression est féroce.

Les CRS, les gendarmes mobiles reçoivent le renfort du RAID, du GIGN et de la BRI, des corps officiellement chargés du grand banditisme et du terrorisme font 2 morts et des dizaines de blessés […] Les 3 500 interpelés ne sont pas ceux qui ont tiré les ficelles des pillages. Parmi eux, les tribunaux en condamnent 380 à des peines de prison ferme. (GMI, 18 septembre 2023)

Dans la foulée, le gouvernement engage fin avril la traque aux immigrés à Mayotte. 1 800 policiers et gendarmes détruisent 400 cases de bidonvilles. Les 20 000 expulsions promises par Darmanin n’ont pas pu être exécutées car l’impérialisme français n’a pas réussi à faire plier les Comores.

La course à l’armement

Lors de notre 7e conférence, nous avions déjà parlé de la loi de programmation militaire pour la période 2024-2030 annoncée par le président lors de ces vœux de 2023. Elle a été adoptée le 13 juillet de la même année, et apporte à l’état-major une enveloppe de 413 milliards d’euros pour l’exercice. Cette LPM qui fixe un budget annuel de 67,4 milliards à l’horizon 2030 contre 37,9 milliards en 2020 prévoit également d’augmenter les effectifs avec 6 300 recrues, pour un total de 275 000. Dans le contexte mondial, l’invasion de l’Ukraine et les menaces de l’impérialisme russe sur les infrastructures européennes, les tensions entre les impérialismes américains et chinois, le retrait initié par Obama de la présence américaine aux frontières européennes, le capitalisme français comme l’ensemble des pays de l’OTAN accroit considérablement sa machine de guerre.

La loi est adoptée par 408 voix contre 87 et 53 abstentions. La majorité Renaissance, Modem, Horizons ainsi que LIOT, LR et le RN votent pour, le NFP se divise entre opposition et abstention, mais tous reconnaissent le bien-fondé du renforcement militaire. Les partis sociaux-chauvins justifiant leur hostilité par des points de détail. Roussel (PCF) salue des « avancées notables » mais regrette un alignement sur les États-Unis, Saintoul de LFI s’inquiète de la dépendance de l’armée au pétrole, « une ressource fossile qui n’est pas inépuisable », Thomin du PS dénonce un effort « bien en-deçà de la somme historique annoncée », même chose pour leurs alliés verts qui regrette des « avancées bien trop timides » (Chatelain).


L’industrie de mort française s’en lèche les doigts, les commandes affluent. KNDS, dont le canon Caesar a profité de la publicité que lui offrait la guerre en Ukraine, a vu son chiffre d’affaires progresser de 150 % en 3 ans pour s’établir à 4 milliards en 2024. Dans le même temps, les effectifs ont bondi de 50 %. Naval Group, malgré la déconvenue en Australie en 2021, vend ses sous-marins aux Pays-Bas, en Inde, en Indonésie et en Grèce pour un chiffre d’affaires de 4,3 milliards en 2024. Le fabricant de missile MBDA profite lui directement de l’invasion russe puisque son chiffre d’affaires de 5 milliards en 2024 a augmenté de 25 % depuis 2019. Dassault réalise de son côté 6,23 milliards sur 2024. Par ailleurs son carnet de commandes s’élève à 40 milliards. Thalès réalise presque 11 milliards, en hausse de 13,9 % sur un an, Airbus Defence and Space, 12,1 milliards, soit +5 %, Safran un peu plus de 27 milliards en hausse de 17,8 %. Au total pour 2024, 21,6 milliards de commandes étrangères ont été passés à l’industrie d’armement française, c’était 8,2 milliards en 2023 et 27 milliards en 2022 l’année de l’invasion russe.

Les mobilisations pour la Palestine

Comme l’a rappelé le rapport international, l’attaque du Hamas le 7 octobre a donné l’occasion à Israël de lancer le massacre de la population palestinienne programmé de longue date. En France, les premières tentatives de manifestation de soutien sont durement réprimées. Les manifestations sont d’abord systématiquement interdites, les contrevenants sont verbalisés, arrêtés voir placés en garde-à-vue. Le port du keffieh ou du drapeau palestinien est une circonstance aggravante. Toute la machine de propagande bourgeoise est en branle pour soutenir l’allié sioniste. Des enquêtes pour apologie du terrorisme sont ouvertes concernant Mathilde Panot (LFI), Rima Hassan (LFI) et Anass Kazib (RP). Une campagne menée par les partis et les médias bourgeois et soutenue par le PS taxe LFI d’antisémitisme. Jean-Paul Delescaut, le responsable de la CGT du Nord est mis en examen pour un tract publié le 10 octobre et condamné en avril 2024 à un an de prison avec sursis. La secrétaire générale de la CGT n’est pas présente à la lecture du verdict, alors que son prédécesseur Philippe Martinez s’est rendu, lui, le 20 septembre 2024, en soutien de Julien et Alfred Huck, respectivement dirigeant et ancien dirigeant de la CGT-agroalimentaire condamnés eux aussi à un an de prison avec sursis pour recel, abus de confiance et blanchiment aggravé, bref pour avoir fait « bon » usage des cotisations des syndiqués. Le collectif Palestine vaincra, dans le viseur du gouvernement depuis 2022, est finalement dissous en février 2025. Le ministre de l’Intérieur Retailleau annonce en avril 2025 sa volonté de dissoudre Urgence Palestine aujourd’hui en sursis. Lorsque les manifestations deviennent possibles, les bureaucraties syndicales s’en tiennent éloignées, tout comme les partis réformistes à l’exception de LFI qui partage pourtant avec eux la ligne des deux États. CGT, CFDT, Solidaires, UNSA et la FSU ne lanceront un appel national à manifester que pour le 14 juin 2025 soit 20 mois après le début du massacre et avec la bénédiction de Macron qui devait reconnaître l’État de Palestine à New-York lors de la conférence franco-saoudienne du 17 au 20 juin finalement reportée.

CCN de la CGT, 11 juin 2025

Dans l’ensemble, en absence des organisations ouvrières, les mobilisations pour Gaza bien que continues sont restées anémiques. Idem pour les mobilisations sur les lieux de travail à l’exception de quelques épisodes comme les dockers de Fos-sur-Mer qui sont intervenus le 11 avril, le 4 et le 5 juin 2025.

La conférence sociale d’octobre 2023, le budget Borne de 2024

L’ensemble des syndicats et des partis réformistes ont accepté l’invitation de Macron fin aout, Soucieux de garder de bonnes relations avec les bureaucraties syndicales qui les ont si bien servis au printemps, Macron et Borne annonce l’organisation d’une Conférence sociale le 16 octobre 2023. Les dirigeants syndicaux rencontrent une première fois la première ministre début octobre pour préparer la conférence. Et finalement les confédérations (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC et Solidaires) ainsi que les chefs réformistes (LFI, PCF et PS) sont présents le jour j. En guise de récompense, Borne annonce des strapontins supplémentaires dans un Haut conseil des rémunérations, de l’emploi et de la productivité. Sur les 22 sièges de ce nouveau conseil qui a pris ses fonctions le 28 mars 2024, 5 sont attribués aux confédérations, à l’exception de Solidaires.


Le 14 novembre, la loi « pour le plein emploi » du ministre du travail Olivier Dussopt qui transforme Pôle emploi en France Travail, acte l’obligation pour les bénéficiaires du RSA d’effectuer 15 heures d’activité par semaine (immersion, remise à niveau ou encore formation) d’abord limitée à 18 départements elle est étendue à tout le territoire en janvier 2025.

Dans la foulée, le gouvernement adopte le budget 2024 en décembre. Dans un contexte de hausse des taux directeurs, d’écart grandissant entre le taux d’emprunt public français et allemand et de déficit supérieur aux prévisions (4,4 % attendus en septembre 2023, 5,8 % effectifs). La politique de cadeaux au patronat est poursuivie. L’armée, la police et la justice sont choyées, leurs budgets sont rehaussés respectivement de 500 millions, 850 millions et 3,3 milliards d’euros. Celui de la transition écologique est sabré de 15 milliards.

En décembre toujours, la loi « asile et immigration » portée par Darmanin est adoptée. Elle illustre un triptyque parlementaire qui va marquer le deuxième mandat Macron, le gouvernement présente une loi qui est durcie par LR et le RN. Même si des mesures ont été censurées par le Conseil constitutionnel sur des questions de forme et non de fonds. Elle renforce le fichage, l’enfermement et l’expulsion des étrangers, durcit l’octroi de titre de séjour et du droit d’asile. Cette loi renforce une nouvelle fois la réaction et surtout le RN.


Début janvier, Attal remplace Borne à Matignon, dans la suite de la répression des jeunes des quartiers et en prévision de la militarisation du pays, celui-ci axe son mandat sur la mise au pas de la jeunesse. Lui qui a au préalable occupé le ministère de l’éducation a dans cette optique rencontré les directions syndicales en octobre, lancé l’expérimentation du port de l’uniforme à la rentrée 2023 et annoncé en décembre une série d’attaque sous le nom de « choc des savoirs ». Attaques qui prévoient, des groupes de niveau dans les classes, le redoublement forcé, l’obligation du brevet pour l’accès au lycée, l’imposition de manuel et donc d’un programme en primaire. Dans son discours de politique générale, fin janvier, il annonce la généralisation du service national universel à la rentrée 2026.

Enfin, notre réarmement civique, c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse. C’est permettre à tous les jeunes de France de faire Nation. C’est le rôle même du Service national universel. Je lance les travaux en vue de sa généralisation à la rentrée scolaire 2026. (Gabriel Attal, 30 janvier 2024)

Les groupes de niveau sont imposés par un arrêt publié le 17 mars 2024. L’arrêt a depuis été suspendu par le Conseil d’État le 28 novembre, justifiant que la mesure nécessite un décret du premier ministre. L’instabilité politique a pour le moment laissé la mesure en suspens.

Offensive du patronat agricole

À partir du 16 janvier, un mouvement des exploitants agricoles parti d’Occitanie se répand dans tout le pays. Très vite reprises par la FNSEA et la Coordination rurale, les revendications s’axent sur le rejet des normes écologiques dont la possibilité des retenues d’eau, l’annulation des taxes sur le gazole non routier, l’abandon du traité avec le Mercosur. Malgré les saccages, de locaux publics ou de parti politique, de permanences de députés, de commerce et de restaurant, le blocage des routes et des plateformes logistiques et même d’action terroriste (le 19 janvier, une bombe explose dans un bâtiment de la direction de l’environnement, de l’aménagement du territoire et du logement à Carcassonne), le mouvement n’est pas réprimé.

Le bâtiment de la DREAL à Carcassonne le 26 janvier 2024

« On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS » explique Darmanin le 25 janvier sur TF1.

Est-ce que les agriculteurs ont le droit de revendiquer et est-ce qu’ils souffrent ? Oui. Est-ce qu’on doit les laisser faire sans envoyer les CRS ? Oui, en tant que ministre de l’Intérieur et à la demande du président de la République et du premier ministre, je les laisse faire. (Gérald Darmanin, TF1, 25 janvier 2024)

Le lendemain, Attal promet des contraintes plus sévères sur les prix pratiqués par les centrales d’achat, annonce, des aides d’urgence, l’annulation de la hausse sur le gazole non routier, des simplifications c’est-à-dire des dérogations aux normes sociales et environnementales, la suppression des conseils stratégiques phytosanitaire chargés de réguler l’usage d’engrais et de pesticides et une remise en cause de l’accord UE-Mercosur. Cette démonstration des capitalistes agricoles à débouchera en juillet 2025 sur la loi Duplomb, qui détricote le peu de protection dont bénéficiaient les ouvriers agricoles, les paysans et la population.

Poursuite des attaques par le gouvernement Attal

Le nouveau ministre de la transformation et de la fonction publique, Stanislas Guerini entend accroitre la rémunération au mérite dans la fonction publique, faciliter les licenciements de fonctionnaire, mettre à plat les catégories pour individualiser la rémunération et s’attaquer au concours. Il lance pour cela des concertations à partir du 9 avril, si FO boycotte la réunion, les autres bureaucraties dont la CGT et FSU s’y rendent. Une journée d’action est prévue dans la fonction publique le 20 juin.

En Nouvelle-Calédonie, la fin de l’accord de Nouméa permet au gouvernement d’enclencher à partir de janvier le dégel du corps électoral, complété en mars par la tentative de reprise en main du nickel par l’État. La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) affiliée au FLNKS-UC lance des manifestations et des blocages à partir du 13 mai, qui leur échappent. La répression là aussi est féroce, suppléée par les partis coloniaux qui encouragent les Caldoches à former des milices armées. L’état d’urgence est décrété le 15, il impose un couvre-feu et interdit TikTok, 3 000 forces de répression sont déployées. La réforme est mise en pause avec l’annonce de la dissolution mais la répression se poursuit, le 19 juin, 11 militants du CCAT sont arrêtés par la police et déportés en métropole. Entre mai et septembre, le bilan s’élève à 14 morts, 10 kanaks, 2 caldoches et 2 gendarmes dont un par tir accidentel.

Le coup de bluff de Macron

Le 9 juin 2024, ont lieu les élections au Parlement européen : le RN mené par Bardella arrive largement en tête avec 31,37 % des voix devant le bloc gouvernemental à 14,60 %. L’ensemble des organisations d’origine ouvrière, parties en ordre dispersé, cumulent 26,72 % des votants contre 64,19 % pour les formations bourgeoises, l’abstention de 48 % des inscrits est légèrement inférieure qu’aux précédentes élections. Le scrutin illustre la montée de la réaction en France et en Europe. Le soir même, Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives début juillet. Tablant sur la division des partis ouvriers bourgeois, et sur la faiblesse des LR pour apparaitre comme le seul rempart face au RN, Macron espère ainsi s’en sortir avec les coudées plus franches à l’Assemblée pour faire passer ses futures attaques. De ce fait, les réformes Guerini et la poursuite du « choc des savoirs » sont suspendues.

Dès le 10, les réformistes et les partis bourgeois de l’ancienne NUPES annoncent entrer en négociation pour la constitution d’un « nouveau front populaire ». Contrairement aux prévisions de Macron, l’accord se réalise en 48 heures. Si le NFP promet quelques miettes aux travailleurs, « indexer le montant des retraites sur l’inflation », « arrêter le service national universel », « abroger les lois asile et immigration de Macron », assurer le « rattrapage de postes manquants de fonctionnaires », « des tarifs accessibles sur les transports en commun », fournir « 500 000 places en crèche », « 200 000 logements publics par an ». Le programme chiffré est compatible et même complaisant avec le capitalisme. La promesse d’un salaire minimum de 1 600 euros net est en deçà du programme du front de gauche de 2012 qui proposait 1 700, soit 100 euros de moins après 12 ans d’inflation (21,9 % entre juin 2012 et juin 2024). Ils proposent même une haute fonctionnaire, Lucie Castets, comme première ministre pour montrer patte blanche aux capitalistes. Mais pas question pour le NFP, comme pour les directions syndicales qui le soutiennent, d’en appeler à la classe ouvrière, le chemin doit rester borné aux institutions et au parlementarisme laissant à la bourgeoisie loisir de stopper les quelques aumônes pour les travailleurs.

De son côté l’ancien grand parti de la bourgeoisie subit une nouvelle crise, son chef Ciotti fait sécession et rejoint le giron du RN, emportant une partie limitée de l’appareil mais surtout une part conséquente de l’électorat.


Le scrutin sanctionne une nouvelle fois une victoire du RN, premier parti en termes de voix et de sièges, il a débauché le président des LR, il a rassemblé avec son allié 10,6 millions d’électeurs au premier tour et va jouir d’un financement historiquement réservé aux grands partis (environ 20 millions d’euros annuels).

Pour autant, le front républicain pourtant usé jusqu’à l’os a de nouveau fonctionné porté par la crainte de voir le RN prendre la tête d’un gouvernement. L’abstention recule de près de 20 points par rapport à 2022. Les partis réformistes maintenant ainsi les macronistes, qu’ils prétendent combattre, au centre des affaires. La nouvelle assemblée est de nouveau divisée en 3 blocs. Le Nouveau Front populaire, le bloc « central » étendu aux LR et l’alliance RN-UDR. Aucun ne dispose de la majorité absolue, la crise politique n’est en rien résolue. Les partis ouvriers bourgeois totalisent 146 sièges sur les 577.

La tentative Barnier

Suite à ce revers, Macron a sondé le PS pour la constitution d’un gouvernement sans LFI ni le RN, mais celui-ci ne peut accepter l’offre de suicide politique. L’ensemble des partis, réformistes compris, acceptent le rôle d’arbitre de Macron en acceptant son invitation fin aout. Finalement après 51 jours sans gouvernement, le président, sautant par-dessus la coalition arrivée en tête, charge Michel Barnier de constituer un gouvernement pour mener à bien les affaires de la bourgeoisie française au premier lieu desquelles l’adoption du budget pour l’année 2025. Le premier ministre LR ne réussit pas à débaucher de ministre du NFP et il construit son équipe avec des macronistes et des LR. Dans la méthode, la faiblesse du gouvernement rend plus impérieux encore l’appui sur les directions syndicales. Celles-ci se rendent à la convocation du nouveau premier ministre le 25 septembre, tout en appelant à la traditionnelle journée d’action de rentrée le 1er octobre. Dans l’éducation, une journée avait été appelée le 10 septembre par la FSU, la CGT et SUD.

Les responsables syndicaux à Matignon le 25 septembre 2024

Le nouveau gouvernement présente son projet de budget le 10 octobre 2024, il compte sabrer pour 41,3 milliards de dépenses tout en augmentant les entrées de 19,3 milliards. Si un effort mesuré et temporaire demandé aux plus riches et aux grandes entreprises sert à faire passer la pilule. C’est bien la classe ouvrière qui va devoir subir le cout de la réduction de la dette et de la militarisation. En priorité les fonctionnaires, 2 200 postes seront supprimés dans la DGFIP, 4 000 dans l’éducation, 500 à France Travail, suppression de la prime Gipa (garantie individuelle de pouvoir d’achat), mise en place de 3 jours de carence en cas de maladie (contre un actuellement)… Pour tous, le budget prévoit une baisse de 10 points des remboursements médicaux, une diminution du plafond des indemnités en cas d’arrêt maladie, la baisse de l’aide médicale d’État (AME), le déremboursement de certains médicaments. Face à cela le budget annuel de l’intérieur est rehaussé de 5 milliards d’euros (à 25 milliards), et celui de l’armée continue de progresser en accord avec la LPM de 2024. Les directions syndicales se complaisent dans les propositions de contre-budget assurant concilier les besoins des capitalistes et des travailleurs, sans engager de combat contre Barnier.

En parallèle, alors que la dissolution avait stoppé tout projet de loi contre les chômeurs, les « partenaires sociaux » ont repris le dossier et acté, le 15 novembre, 575 millions d’euros d’économie annuelle sur le dos des travailleurs. En récompense, le patronat leur promet une « valorisation des parcours syndicaux » qui permettra à une poignée de bureaucrates de cumuler plus de 3 mandats de délégué du personnel ou du comité social et économique (CSE) pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Une vague de licenciements


Courant 2024, de nombreux plans sociaux sont annoncés, le secteur vestimentaire est particulièrement touché, incapable de s’aligner sur la concurrence internationale. De nombreuses sociétés sont placées en redressement, en procédure de sauvegarde ou en liquidation. C’est le cas d’Esprit, Ikks, Jennyfer, Kaporal, Naf Naf ou Pimkie.

Dans la grande distribution également, le groupe Mulliez annonce en novembre 2024 un nouveau plan social pour l’année suivante après ceux de 2019 et 2022 portant sur 2 389 emplois. Le 5 novembre, Michelin, ferme ses usines de Cholet et de Vannes, entrainant la suppression de 1 254 postes.

D’autres PSE sont en cours chez Forvia (ex-Faurecia, 10 000 en Europe dont plusieurs sites en France), Milee (10 000), Casino (3 000), Valeo (1 500), Sanofi (330), Stellantis (250), Vencorex (500), MaFrance (480), General Electric (360)…

Les rapaces guettent les bonnes occasions, le milliardaire Daniel Křetínský qui rachète le groupe Casino en mars 2024, le dépèce en vendant une partie des magasins à la concurrence et licencie 2 200 salariés.

Au total, la CGT recense entre septembre 2023 et novembre 2024 283 plans sociaux, estimant entre 130 000 et 200 000 les suppressions d’emplois directes et indirectes.

Les directions syndicales négocient les PSE, demandent avec les réformistes un moratoire sur les licenciements et des nationalisations contre indemnités. À aucun moment, elles ne réclament l’expropriation, le contrôle ouvrier ou l’ouverture des livres de comptes.

Une énième journée d’action est convoquée le 12 décembre 2024 sur les licenciements, une semaine après celle du 5 dans la fonction publique.

Échec de Barnier et essai de Bayrou

Finalement, l’importance des attaques ne permet pas au PS de soutenir le gouvernement, l’impopularité de Macron empêche le soutien par l’abstention du RN. Le jeu d’équilibriste qui existait depuis les législatives de 2022 ne tient plus. Le gouvernement Barnier est censuré le 4 décembre lors de son utilisation de l’article 49.3 sur le PLFSS 2025 après 3 mois de gouvernance. La motion NFP recueille 331 voix dont celles du RN. Une loi spéciale adoptée le 20 décembre reporte le budget 2024 sur 2025. La crise politique s’enlise. L’inquiétude grandit dans la bourgeoisie française. La voilà à nouveau sans gouvernement et surtout sans budget adéquat alors que la situation de l’impérialisme français ne cesse de se dégrader. Macron refuse de démissionner et l’hypothèse d’un gouvernement d’intérêt général est remise sur le tapis. Les partis ouvriers bourgeois n’y sont pas opposés mais doivent composer avec leurs électorats.

Après la démission du gouvernement Barnier, Macron exclut de démissionner et dit vouloir constituer un gouvernement « d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement, qui puissent y participer ou à tout le moins qui s’engagent à ne pas le censurer ». Volant à son secours, Faure (PS), reçu à l’Élysée le 6 décembre, se déclare prêt à « des compromis sur tous les sujets », tout en réclamant un « premier ministre de gauche » au gouvernement et « le front républicain à l’Assemblée ». Le 9 décembre Roussel (PCF) estime que « les partis politiques et les groupes parlementaires qui sont prêts à trouver des solutions ensemble vont devoir se mettre d’accord sur des positions communes ». Tondelier (Verts) préconise « chacun doit faire un pas vers l’autre » et presse LFI de rejoindre la table des négociations avec LR et EPR pour définir la « plateforme programmatique » du prochain gouvernement. (GMI, 9 décembre 2024)

Finalement Macron opte pour le patron d’une formation bourgeoise ayant encore moins de députés que LR, Bayrou est nommé le 13 décembre. Aussitôt le patronat et une partie des directions syndicales tentent de l’appuyer.

À l’attention de nos élus et responsables politiques : L’instabilité dans laquelle a basculé notre pays fait peser sur nous le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques… Nous appelons, au nom de la confiance que les millions de salariés et chefs d’entreprise que nous représentons placent en nous et de l’esprit de responsabilité qui nous guide, à retrouver au plus vite le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité… (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CPME, FO, Medef et U2P, 18 décembre)

Le patron du Modem convoque lui aussi les chefs de partis le 19 décembre, à l’exception de LFI et du RN. Souhaitant le soutien du PS, le calotin annonce l’ouverture d’un « conclave » sur les retraites, avec la caution des bureaucraties syndicales, le retrait du déremboursement des médicaments, et des consultations médicales, le maintien des postes dans l’éducation et à France Travail ainsi que les 3 jours de carence dans la fonction publique. Le 17 janvier, Bayrou reçoit l’ensemble des « partenaires sociaux ». Tout cela permet au PS, le 18, de ne pas voter la censure déposée par LFI et le PCF.

Les « partenaires sociaux » rencontrent le premier ministre le 17 janvier 2025

Dans la foulée de l’offensive Trump sur l’économie mondiale et ses tentatives de saborder l’UE et l’OTAN, le gouvernement Macron-Bayrou souhaite accélérer la militarisation du pays et amener le budget annuel de l’armée à 100 milliards en 2030 contre les 68 prévus par la LPM 2024.

Les partis sociaux-chauvins et les bureaucrates syndicaux soutiennent les velléités militaristes du gouvernement, mais en achetant français et en se camouflant comme en 1914 derrière un financement de la bourgeoisie.

Les Français doivent se donner tous les moyens de garantir la sécurisation de toutes leurs nombreuses frontières dans le monde… L’absurdité qu’est l’abandon des entreprises en difficulté dont les productions impliquent directement l’autonomie de Défense (mais pas que) de notre pays. (Jean-Luc Mélenchon, chef suprême de LFI, Mélenchon le blog, 9 mars 2025)

Il faut en appeler au civisme fiscal des plus riches. Roosevelt n’avait-il pas, pour financer l’effort de guerre, osé relever le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu à 94 % (pour la seule part de revenus atteignant la dernière tranche) ? Nous menons une lutte existentielle que nous devons remporter. (Olivier Faure, premier secrétaire du PS, La Tribune du dimanche, 9 mars 2025)

Nous ne sommes pas opposés à ce que la France et l’Europe se réarment. La question est la suivante : si nous dépensons 40 milliards d’euros cette année en équipements militaires, où iront-ils ? Aux États-Unis. (Alma Dufour, députée LFI, France Info, 8 mars 2025)

Cela ouvre la voie à une industrie de défense civile et militaire pour laquelle il convient de reconquérir notre souveraineté industrielle dans de nombreux domaines. Le pôle public national de défense (PPND), proposé par la CGT, doit permettre cette réappropriation de la maitrise publique des industries d’armement et de leur stratégie industrielle. (CGT, 16 mesures d’urgence contre la guerre commerciale, 18 avril 2025)

Leurs appels au protectionnisme et à la souveraineté nationale sont tout à fait complémentaires du nationalisme prôné par le capitalisme français et désarment la classe ouvrière face à ce danger mortel.

Là aussi la répression des contrevenants est sévère, le meeting « Guerre à la guerre » contre le salon du Bourget organisé par des syndicats et des collectifs du 20 au 22 juin à Bobigny est attaqué par les forces de répression.

Mais le gouvernement peut toujours compter sur le soutien des directions syndicales, comme à la SNCF début mai, la CGT, SUD Rail, FO et le Collectif national ASCT (CNA) divise la colère des cheminots par des grèves séparées et ponctuelles.

Ce soutien des syndicats et des partis réformistes est absolument nécessaire au vu de la fragilité du gouvernement et des casseroles de Bayrou empêtré dans les révélations sur son soutien à l’établissement catholique de Bétharram.

Comme les autres capitalismes européens, l’impérialisme français est pris en tenaille dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine, mais sa faiblesse politique ne lui permet pas de porter des coups francs et directs. Alors, il tente de ruser, comme dans l’enseignement où la nouvelle ministre Borne relance la technique des « conventions citoyennes », annoncée courant mai la « convention citoyenne sur les temps de l’enfant » doit débuter le 20 juin et se fixe pour objectif d’accroitre le temps de travail des enseignants.

Le 15 juillet, Bayrou présente un budget de guerre contre la classe ouvrière avec pour objectif de diminuer le déficit du pays tout en augmentant à nouveau le budget des armées. Année blanche sur les revalorisations des retraites, prestations et allocations sociales, suppression de 50 000 postes de fonctionnaires par an, blocage des salaires dans la fonction publique, hausse de l’impôt des retraités et des travailleurs à la limite de tranches, restriction des droits pour les longues maladies, attaque contre les chômeurs, suppression de deux jours fériés., remise en cause de la cinquième semaine de congés payés. La police et l’appareil militaire sont quant à eux exempts de sacrifices. Pour seule réponse, les directions syndicales lancent une pétition contre le projet de budget. En parallèle, un appel réactionnaire à refuser de consommer le 10 septembre lancé au printemps est récupéré pour contester le budget, LFI et un certain nombre de sections syndicales s’y joignent durant l’été. La journée rebaptisée « bloquons tout » prend alors une teinte un peu plus ouvrière tout en conservant de forts traits petits patrons et est soutenue peu de temps après par l’ensemble des formations du NFP.

La crise rebondit

La suite, vous la connaissez. Souhaitant réitérer l’accord tacite avec le PS et le RN qui lui avait permis de tenir jusque-là grâce au soutien du premier et à l’abstention bienveillante du second, Bayrou sonde les dirigeants de parti durant l’été. Toutefois l’ampleur de l’attaque effraie le PS qui craint de sombrer électoralement en cas de compromission, symétriquement le RN ne veut pas gâcher sa virginité gouvernementale en cautionnant le budget. Le premier ministre avec l’accord de Macron essaie alors de forcer le destin en mettant les partis face à leurs responsabilités et annonce le 25 aout se soumettre à un vote de confiance de l’Assemblée. Les bureaucraties syndicales rassurées appellent 4 jours après à une journée d’action le 18 septembre, conscientes que la chute du gouvernement écartera les risques de débordement. Dans ce contexte, voter la confiance ne pouvant que correspondre à soutenir le budget Bayrou, le PS comme le RN s’y refuse, l’affaire est entendue avant même le vote qui met fin le 8 septembre au gouvernement Bayrou. La crise politique du capitalisme français fait long feu.

Le jour même de la démission du gouvernement, Macron nomme le ministre des armées sortant Lecornu, un fidèle, pour le remplacer. La tâche s’avère encore plus difficile pour le nouveau locataire de Matignon qui ne peut refaire le coup du conclave et est manifestement limitées dans les concessions qu’il peut faire au PS par Macron lui-même. Les pistes de budget présentées reprennent presque entièrement le plan Bayrou. Finalement, Lecornu présente le 5 octobre un gouvernement ne comprenant que les forces du socle Ensemble-LR. 14 heures plus tard, alors que LR semble faire marche arrière constatant l’impossibilité de gouverner et ne voulant pas sombrer avec le macronisme, Lecornu annonce la démission de son gouvernement. Sans autres solutions Macron décide de prolonger son agonie de 2 jours en espérant une solution avant le 8 octobre au soir.

La crise politique entamée par les législatives de 2022 s’aggrave : 5 premiers ministres se sont succédé, aucune des forces politiques de la bourgeoisie ne dispose de la majorité parlementaire, même l’option front populaire n’est pas viable mathématiquement. Le RN apparait de plus en plus comme une option acceptable pour le patronat, il a d’ailleurs par l’intermédiaire de Bardella mis en sourdine les miettes sociales de son programme pour une ligne plus favorable au grand capital. Pour la première fois en 2025, une délégation de députés RN a été officiellement invitée à l’université d’été du MEDEF. Une part grandissante du patronat y voit d’ailleurs la meilleure carte à jouer, Bolloré ou Stérin en sont les têtes de gondoles, avec comme ambition d’aligner les formations bourgeoises derrière le parti de Le Pen sur le modèle de ce que fait Melloni en Italie.

Cet épisode entrave la volonté de la bourgeoisie de taper fort sur la classe ouvrière, le retard pris et la carte RN pourrait l’inciter à amplifier encore ces coups. Si la situation n’est pas critique pour le capitalisme, c’est que la collaboration de classe bat son plein avec ses agents dans la classe ouvrière. Les directions syndicales continuent d’appuyer les gouvernements successifs par leur participation à chaque consultation et la dispersion qu’elles organisent. Les partis sociaux-chauvins outre leur soutien à l’accroissement des capacités militaires et au pouvoir répressif de l’État, maintiennent toutes contestations dans le carcan des institutions bourgeoises. Leurs adjoints centristes, isolent les plus combattifs dans des actions de blocage comme le 10 septembre, tous soutiennent et participent aux dispositifs des bureaucraties. La situation politique doit permettre d’avancer à notre classe la nécessité du gouvernement ouvrier, de l’indépendance de classe, de l’auto-organisation, de la dissolution de la police et de l’armée, de la création de milices ouvrières et de la révolution socialiste.

L’obstacle des centristes

Lutte ouvrière explique à ses paroissiens que la classe ouvrière est impuissante et que la révolution les attend dans l’au-delà. Se limitant à du commentaire stérile, elle laisse pleinement faire les bureaucraties syndicales. Malgré sa surface, elle n’anime aucune tendance dans les syndicats ce qui illustre son alignement sur celles des directions.

LO dispose d’un responsable syndical, Mercier, à l’usine Stellantis de Poissy. Usine dont la direction a annoncé l’arrêt pour 3 semaines en octobre et qui est menacée de fermeture. Dans une interview à Sud Radio le 24 septembre, il déclare à ce sujet : « On va s’y opposer et on va se faire entendre, vous pouvez compter sur nous » et c’est tout, pas un mot pour appeler les directions syndicales de Stellantis à organiser la grève dans tout le groupe, pas un mot pour interpeller les fédérations de l’automobile. LO compte encore isoler les travailleurs combatifs site par site. Et voici comment ils expliquent en interne cette stratégie à leurs ouailles :

Alors oui, nous n’aurons pas d’autres solutions que de nous battre, que de mener une contre-offensive de grande ampleur contre ces projets mortifères. Cette contre-offensive, on ne peut pas l’attendre des directions des confédérations syndicales. (Mercier, meeting à Paris, 27 septembre 2025)

Il n’y a rien à attendre des directions syndicales, donc il est donc inutile de les combattre, telle est la soupe dont LO abreuve ses militants.

Sur la Palestine, les hardystes prêchent une égalité de statut entre israéliens et palestiniens, ce qui justifie sa position favorable aux deux États et place LO sur la même ligne que l’impérialisme français.

Ce n’est pas en remplissant les cimetières et en déportant des centaines de milliers de personnes que l’on construit la paix. C’est en cessant toute oppression, en démantelant les colonies, en mettant un terme à la politique d’apartheid. C’est en reconnaissant l’égalité de droits entre les peuples ! (Nathalie Arthaud, 14 mai 2025)


Du côté du NPA-R (pour qui, je le rappelle, LO est « la plus sérieuse des organisations révolutionnaires ») la ligne est la même. Aucun combat dans les syndicats, aucun bilan de la défaite de 2023, aucune analyse marxiste de ce qu’est le NFP et même aucun programme. Le NPA-R propose un « pôle des révolutionnaires », qui n’est autre qu’un bloc électoral avec le PT et LO sur le modèle du Frente de Izquierda y de Trabajadores en Argentine et qui faute d’affronter la bureaucratie et les réformistes ne peut que continuer à semer des illusions dans le parlementarisme. Dans sa résolution du 7 octobre, le NPA-R propose de poursuivre les journées d’action saute-mouton qui sont, contrairement à ce qu’ils racontent, la stratégie des bureaucraties syndicales.

Une seule voie : ne pas tourner la page qui s’est ouverte le 10 septembre, et s’est prolongée le 18 septembre et le 2 octobre, comme le voudraient les directions syndicales et les partis de l’Assemblée. (NPA-R, 7 octobre 2025)

Et comme un sermon de sa maison mère, le « pouvoir des travailleurs » est renvoyé à une lointaine perspective qu’il convient de faire vivre.

RP, sans tirer non plus de leçon de la défaite de 2023 à laquelle elle a apporté son concours en appuyant les journées d’action et les reconductibles isolées, lance à partir d’avril 2023 une campagne pour l’assemblée constituante.

Il faut abroger la Vème République et éliminer la figure présidentielle, en nous inspirant de la Convention de 1793, instaurant une assemblée unique dont le rôle ne serait pas de parler pendant que le gouvernement gouverne, mais de légiférer et gouverner en combinant les pouvoirs législatifs et exécutifs. (Juan Chingo, 8 avril 2023)

Cette campagne toujours en cours sous l’appellation « Contre la militarisation et la Ve République » sous-entend que l’actualité en France n’est pas au gouvernement ouvrier mais à la conquête des libertés démocratiques bourgeoises et est depuis ressortie comme solution à chaque événement.

L’agonie du macronisme peut aussi être exploitée par le mouvement de masses. Pour cela, il faut dégager Macron mais aussi la Ve République, en luttant non pas pour pouvoir élire un nouveau monarque, mais pour imposer une Assemblée unique, dont les députés soient élus pour 2 ans, révocables et payés comme des infirmières. (RP, 6 octobre 2025)

Mais comment croire qu’une assemblée constituante réglerait le moindre problème de la classe ouvrière en France en 2025 ? Les médias bourgeois rouleraient pour les candidats de la bourgeoisie, les banques aux mains des capitalistes financeraient leurs campagnes et surtout la police et l’armée empêcheraient toute atteinte au capital. Comment penser dans ces conditions qu’un gouvernement des travailleurs pourraient émerger ?

Nous sommes convaincus que c’est en défendant par les méthodes de la lutte des classes un programme de ce type que les masses se rapprocheront de la conclusion de la nécessité d’un gouvernement de ceux qui n’ont jamais gouverné, un gouvernement des travailleurs, des classes populaires et de l’ensemble des opprimés. (RP, 28 septembre 2024)

RP mène en réalité une ligne qui s’apparente davantage à la 6e République de Mélenchon qu’à la prise de pouvoir par la classe ouvrière.

LO, le NPA-R, le PCR, le POID, et RP ne réclament jamais la dissolution ou la suppression de l’armée, pas plus que l’armement du peuple. Les rares mentions qui y sont faites se trouvent seulement dans des articles historiques, par exemple sur la Commune. Pour nous, comme pour Marx, Lénine, Luxembourg ou Trotsky la Commune n’est pas juste un épisode historique que nous évoquons comme des nostalgiques impuissants, elle est un exemple didactique de l’auto-organisation des travailleurs et de la lutte contre l’État bourgeois qui éclaire les nécessités politiques de l’heure.

En 2025, en France et dans le monde, tout travailleur, tout jeune qui cherche la révolution est capté par ce genre d’organisation qui soit le démoralise soit le change en moine attentiste.

Il est peu concevable de voir ces organisations faire un saut qualitatif vers la révolution, mais nous devons continuer à nous adresser à elles tout en dénonçant leurs compromissions. Il nous faut surveiller les tensions et scissions qu’induiront nécessairement leurs lignes. La création du parti ouvrier ne se fera pas de façon ad hoc à partir d’éléments chimiquement purs. Nous devons mener campagne et convaincre de la nécessité d’affronter les bureaucraties syndicales, de l’indépendance vis-à-vis de tout parti ou institution de la bourgeoisie, de la grève générale, du gouvernement ouvrier et de la révolution. C’est à cette tâche que va devoir s’employer la nouvelle direction du GMI.

7 octobre 2025