Contre tout gouvernement bourgeois, pour un gouvernement des travailleurs !

Les niches fiscales, les subventions, les exemptions de cotisations sociales patronales et les exonérations d’impôt rapportent chaque année 270 milliards aux capitalistes (voir Mathieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, Le Grand détournement, Allary éditions, 2025).

Lecornu annonce la poursuite du plan Bayrou

Le 26 septembre, Lecornu a dévoilé son objectif, réduire le déficit public à 4,7 % du PIB, identique à celui de Bayrou (4,6 %). Lecornu reprend aussi l’objectif de son prédécesseur de limiter l’augmentation des dépenses de santé à 5 milliards en 2026 et de restreindre l’aide médicale d’État pour les étrangers.

Réduire le déficit pour maitriser notre endettement, ce n’est pas seulement un engagement européen, c’est la condition de notre souveraineté. Cela commence par l’État qui doit donner l’exemple et cela passe aussi par une meilleure maitrise des dépenses sociales et des collectivités territoriales. (Lecornu, Le Parisien, 27 septembre 2025).

Pas question de « taxe Zucman », ni non plus de réduire les budgets de l’armée et la police. Donc, les attaques contre les retraites, les chômeurs, l’éducation et l’hôpital publics et les acquis sociaux se poursuivront. Pour y parvenir, Lecornu « veut faire confiance au dialogue social » .

Je présenterai un budget qui tiendra compte des premières consultations que j’ai eues avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales. (Lecornu, Le Parisien, 27 septembre 2025).

Guerre commerciale et nationalisme

INSEE, Informations rapides, 25 septembre, le plafond fixé par l’UE est 60 %

Le déclin de de la France dans le système impérialiste mondial exige de tout gouvernement bourgeois un effort militariste et la poursuite des attaques contre la classe ouvrière. Or, le taux d’emprunt de l’État français sur les marchés financiers augmente, alors que le capitalisme français est en quasi-stagnation. Sur 2025, la croissance économique ne serait que de 0,8 % selon l’INSEE, 0,7 % selon la Banque de France. L’investissement fléchit. Tous les secteurs industriels enregistrent une baisse des commandes depuis le début de l’année. Les taxes douanières américaines (12 % en moyenne contre 2 % en 2024, 100 % sur les médicaments, 50 % sur les meubles de cuisine…) s’appliquent. L’incertitude politique pèse d’autant plus.

Vu l’incapacité des partis politiques bourgeois à former une majorité parlementaire, le grand capital intervient directement dans la vie politique (Association française des entreprises privées, Medef, grands capitalistes en personne) et fait pression pour que sa (maigre) contribution au financement de l’État et de la Sécu n’augmente pas.

INSEE Analyses n° 112, 2 septembre 2025

En moyenne, le taux d’impôt effectivement appliqué aux entreprises a baissé ces dernières années. Les grandes sociétés ont été les principales gagnantes. (Le Monde, 4 septembre 2025)

Les petits patrons étaient déjà sous le charme du RN. Le grand capital se fait à l’idée d’un gouvernement stable comprenant le RN, sur le modèle de celui de Meloni en Italie.

Sous la double pression des impérialismes russe et américain, l’Union européenne rêve d’une industrie militaire « européenne ». Mais Berlin et Paris se disputent le gâteau. Les groupes capitalistes français peuvent compter sur le soutien, non seulement de Renaissance, de LR et du RN, mais du PS, du PCF et de LFI.

Soutien à Dassault dans le refus de se mettre à disposition de l’Allemagne pour produire l’avion du futur. Aucun accord industriel avec ce voisin ne fonctionne jamais. Priorité à l’indépendance et à la souveraineté pour se défendre. (Jean-Luc Mélenchon, X, 25 septembre 2025).

Le PS, le PCF et les dirigeants confédéraux se bousculent à Matignon

Après un vote de défiance le 8 septembre à l’Assemblée nationale de tous les partis réformistes avec plusieurs partis bourgeois (dont le RN et son allié UDR), le président discrédité a nommé premier ministre un de ses proches, l’ancien ministre de la défense. Aucune travailleuse consciente, aucun travailleur conscient ne peut croire que cette engeance va soudain se mettre au service de la population laborieuse.

Pourtant, les dirigeants syndicaux, le PS et le PCF se rendent à toutes ses convocations. Ils reconnaissent ainsi la légitimité de Macron et de Lecornu, leur laissent reprendre la main.

Il y a de la discussion, de l’échange, on est capables de parler du fond… On a un premier ministre. (Frédéric Souillot, FO, 22 septembre).

Vu le degré du mécontentement social, tout en se rendant servilement à Matignon, les directions syndicales tentent de faire diversion en rejoignant le 10 septembre appelé par un petit patron et en décrétant des journées d’action du 18 septembre et du 2 octobre… pour « faire pression sur Lecornu ».

Nous maintiendrons la pression jusqu’à la fin des débats parlementaires, en décembre, pour que le budget soit sous la surveillance du monde du travail. (Sophie Binet, La Tribune Dimanche, 27 septembre)

Autrement dit, laissons le parlement à majorité bourgeoisie adopter le budget élaboré par le gouvernement bourgeois minoritaire.

Pour les bureaucrates syndicaux, hors de question de nuire au capitalisme français, d’organiser l’affrontement entre les travailleurs et le futur gouvernement, d’empêcher l’adoption du budget militariste et antisocial. Pour cela, ils préparent un nouveau bal de journées pour empêcher la grève générale jusqu’à la victoire.

La collaboration de classe des chefs syndicaux est appuyée par tous les partis « réformistes » (LFI, PS, PCF…) et couverte par leurs adjoints « révolutionnaires » (LO, RP, deux NPA…). Ceux-ci critiquent les directions, mais se gardent bien de les affronter dans les réunions syndicales et les assemblées générales. Comme en 2023, ils soutiennent les « journées d’action » inefficaces et les « grèves reconductibles » éparpillées.

Après la réussite du 18 septembre, il faut préparer le 2 octobre. (RP, 29 septembre) ; Les confédérations syndicales appellent à une nouvelle mobilisation jeudi 2 octobre. C’est une occasion à saisir pour se faire entendre au moins autant que le patronat. (LO, 29 septembre)

« Se faire entendre », ce n’est pas arracher les revendications. Et se faire entendre de qui ? Du pouvoir ? Ce n’est pas si différent de ce que racontent Léon, Souillot ou Binet.

Or, la politique des appareils politiques et syndicaux corrompus du mouvement ouvrier, les défaites qu’ils causent (comme au printemps 2023 sur les retraites) ne sont pas pour rien dans la montée électorale du parti bourgeois fascisant et raciste ou dans l’agressivité grandissante des nervis fascistes.

Au nom d’une hypothétique 6e république bourgeoise, Mélenchon sert de marchepied à Le Pen

Le PS et le PCF ne veulent pas passer pour « irresponsables » en empêchant l’existence de tout gouvernement bourgeois et en aggravant les difficultés du capitalisme français.

Le premier ministre devra être plus sérieux, dans la manière de travailler avec les oppositions. (Fabien Roussel, 13 septembre)

En outre, ils préparent les élections municipales qui leur tiennent à coeur. LFI partage leur respect de l’État bourgeois mais s’en distingue parce que son chef suprême vise à provoquer une élection présidentielle anticipée, qu’il pense gagner. Son ralliement enthousiaste au mouvement confus du 10 septembre fait partie de la première étape, se débarrasser de Macron.

La phase dégagiste de la révolution citoyenne semble engagée. (Jean-Luc Mélenchon, Blog, 18 septembre)

Ensuite, il sera candidat à la présidentielle (dans le cadre de la 5e République) et, il n’en doute pas, il gagnera au second tour contre Le Pen.

Dans 10 jours, l’Assemble nationale pourra faire tomber le gouvernement Lecornu… puis ce sera le tour de Macron… la victoire est à portée de main. (Jean-Luc Mélenchon, Blog, 22 septembre)

Enfin, le sauveur suprême marquerait l’histoire en octroyant au « peuple » et à « la France » une « Assemblée constituante » et une « 6e République », tout cela par la magie des bulletins de vote (c’est ce que LFI appelle la « révolution citoyenne »).


Dans le contexte actuel, il est plus probable que la démission de Macron, réclamée tant par LFI que pat le RN, hâterait la victoire de Le Pen, répétant en grand l’échec électoral de Mélenchon à Hénin-Beaumont face à celle-ci en 2012.

Ni Macron-Lecornu, ni Le Pen-Bardella, gouvernement ouvrier !

Alors que la crise politique de la bourgeoisie est sous les yeux de tous les travailleurs, les partis réformistes restent dans le cadre du parlement, de l’institution présidentielle, conseillent d’attendre les élections, tandis que les bureaucraties syndicales apportent leur caution à Lecornu et dispersent l’énergie des étudiants et des travailleurs en journées d’action impuissantes.

Dans les syndicats, dans les AG, sur les lieux de travail, d’études et de vie, exigeons : dirigeants syndicaux, cessez de cautionner Lecornu ! Aucune négociation avec lui sur le projet de budget 2026 ! Sortez du Conseil d’orientation des retraites, des conseils d’administration des groupes capitalistes et de tous les organismes de cogestion !

Ouvriers, employés, techniciens, soignants, enseignants, étudiants, chômeurs, préparons la grève générale contre tout budget militariste et antisocial, organisons l’autodéfense contre les flics et les fachos.

Les travailleurs et les futurs travailleurs ont besoin d’un gouvernement à eux, sous leur contrôle. Seul un tel gouvernement, du type de la Commune de Paris en 1871 ou des soviets en Russie en 1917, pourra mettre en place un programme d’urgence pour les travailleurs.

  • Interdiction des licenciements ! Rattrapage et indexation des salaires, des pensions et des prestations sociales sur l’inflation ! Contrôle ouvrier sur les entreprises !
  • Abrogation de la réforme Macron-Borne sur les retraites et des restrictions de l’assurance chômage ! Suppression des impôts sur la consommation populaire ! Impôt fortement progressif sur le revenu et le patrimoine !
  • Annulation de la dette publique ! Financement à hauteur des besoins des hôpitaux publics, de l’enseignement public et des autres services publics essentiels à la population laborieuse !
  • Fermeture des centres de rétention administrative ! Abolition de toutes les lois xénophobes ! Ouverture des frontières aux réfugiés, aux travailleurs et aux étudiants ! Mêmes droits pour tous les travailleurs !
  • Retrait de l’OTAN ! Dissolution des corps de répression et de l’armée professionnelle ! Armement des travailleurs !
  • Indépendance de la Kanaky ! Arrêt des livraisons d’armes et de composants militaires à Israël !
  • Expropriation du grand capital ! Plan démocratique de production et de répartition ménageant l’environnement ! Etats-Unis socialistes d’Europe !

29 septembre 2025