Les dernières élections
En mai 2022, lors de l’élection municipale de Katmandou, l’ancien maire du Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié (CPN-UML) est évincé par un nouveau venu, Balendra Shah, un ancien rappeur de 35 ans, qui fait campagne contre la corruption et gagne devant le candidat du parti du Congrès népalais (NC). Le CPN-UML est relégué à la troisième place.

En novembre 2022, aux élections législatives, les différents partis ouvriers reculent mais totalisent encore 40 % des voix. Le parti traditionnel de la bourgeoisie, le NC, s’affaiblit. Une nouvelle formation bourgeoise fondée par un présentateur de télévision, Rabi Lamichhane, le RSP (Parti national indépendant), dépasse d’emblée 10 % des voix. Sur leur droite, le parti monarchiste et suprémaciste hindouiste Rastriya Prajatantra (Parti national démocratique, RPP) monte en puissance. Dopé par la domination en Inde de Modi et du BJP clérical et fascisant, le RPP mise sur la nostalgie de la monarchie et sur la glorification des castes pour en finir avec la démocratie parlementaire et le mouvement ouvrier.
En mars 2023, a lieu l’élection présidentielle au suffrage indirect (parlementaires nationaux des deux chambres et parlementaires des 7 régions). Le candidat du Parti du congrès du Népal Ram Chandra Poudel est élu avec le soutien du Parti communiste unifié du Népal maoïste (CPN-MC) contre le candidat du Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié.
Le mouvement Gen Z réprimé par le gouvernement « démocratique »
Sur fond de difficultés de l’économie capitaliste (22,7 % de chômage parmi les jeunes) et de discrédit gouvernemental (14 gouvernements depuis 2008, mais toujours avec les mêmes partis : NC, CPN-UML, UCPN-M), les « réseaux sociaux » (TikTok, Reddit…) diffusent fin aout et début septembre des photos et des vidéos montrant le train de vie (voitures, sacs à main, loisirs…) des « nepo kids », les enfants des caciques politiques.
Le 4 septembre, le gouvernement de Khadga Prasad Sharma Oli suspend 26 plateformes dont dépendent beaucoup de petites entreprises et qui permettent les échanges avec les émigrés. Il ne semble pas qu’il y ait des assemblées générales dans les universités et les lycées. En tout cas, il n’y a aucune représentation contrôlée par les jeunes en formation. Cependant, le 8 septembre, stimulés sans doute par les soulèvements apparemment victorieux du Sri Lanka en 2022 et du Bangladesh en 2024, les étudiants et les lycéens protestent dans toutes les grandes villes. La police tire à balles réelles, tuant 19 jeunes, en blessant 400.
Le mouvement de la jeunesse détourné par les royalistes et les suprémacistes

Le soir du 9 septembre, Oli rétablit les plateformes, promet une enquête et décrète un couvre-feu. Le lendemain matin, des émeutiers, parfois armés, submergent la police à Katmandou et dans les grandes villes, attaquent et pillent systématiquement les bâtiments officiels (dont le parlement), les sièges des principaux partis, les villas des politiciens accusés de corruption, les banques, les hôtels, les médias… Il semble que le lumpen profite des troubles pour détruire et voler, que les monarchistes et les fondamentalistes religieux saisissent l’occasion pour affaiblir le régime parlementaire et pour imposer de prendre des distances avec la Chine. Il y a 23 morts parmi les manifestants et 3 dans la police.
Chassé par la rue, Oli démissionne dans l’après-midi du 9 septembre.
Le mouvement de la jeunesse confisqué par les sommets de l’État bourgeois
Le chef des Forces armées népalaises, le général Ashok Raj Sigdel intervient à la télévision le soir du 9 septembre et annonce un couvre-feu. Les troupes protègent déjà l’aéroport. Au soir du 10, l’ordre militaire règne. Commencent des tractations entre le président Ram Chandra Poudel (NC), l’état-major et les représentants autoproclamés de la Gen Z.
Le 10 septembre, sur le réseau Discord, la Gen Z vote en faveur de Sushila Karki, devant Balen Shah, le maire de Katmandou. Karki est issue de l’appareil d’État bourgeois. Comme ancienne présidente de la Cour suprême du Népal, elle avait eu des démêlés avec le NP et le CPN-UML, ce qui lui confère une popularité auprès des naïfs et rassure les généraux.
Le 12 septembre, le général Sigdel et le président Poudel la désignent première ministre et dissolvent le parlement. Le même jour, une cérémonie religieuse commune se tient au temple Pashupatinath de Katmandou, rassemblant familles et proches des quelques policiers et des nombreux étudiants morts lors des actions des 8 et 9 septembre.
La date des élections législatives anticipées est fixée au 5 mars 2026.
La révolution démocratique a déjà eu lieu, préparons la révolution socialiste !
Sans direction du prolétariat, sans procédures démocratiques (assemblées générales, élections, centralisation), un mouvement étudiant est facilement manipulable par tel ou tel secteur de la bourgeoisie.
Si le CPN-UML et le CPN-MC se sont ligués contre la révolution prolétarienne et paysanne en 2006, la guérilla paysanne et la grève générale ont aboli la monarchie, instauré la république et une certaine laïcité, arraché les libertés démocratiques. L’étape démocratique de la révolution népalaise est accomplie.
Le bloc menchevik-stalinien avec la bourgeoisie nationale est, plus que jamais, un piège mortel pour la classe ouvrière. Si on n’avance pas vers le socialisme, les réactionnaires monarchistes et suprémacistes risquent de liquider les conquêtes démocratiques et sociales, de s’en prendre aux minorités religieuses et ethniques, d’écraser le mouvement ouvrier, tous ses syndicats, tous ses partis.
La lutte des classes du Népal fait partie intégrante de la lutte des classes en Asie du Sud, comme la révolution sud-asiatique elle-même fait partie de la révolution socialiste mondiale. Il faut bâtir au plus vite un parti ouvrier révolutionnaire, avec droit de tendance et contrôle de la base sur la direction, opposé à tout bloc politique avec un quelconque parti bourgeois, lié à l’avant-garde d’Asie du sud, d’Asie de l’est et du monde entier.
- Respect des libertés démocratiques, dont le droit de manifester !
- Interdiction du travail des enfants ! Annulation des dettes des paysans travailleurs ! Application des règles de protection des salariés ! Maximum de 40 h de travail par semaine et limitation des heures supplémentaires ! Indexation des salaires sur les prix !
- Aide aux coopératives agricoles ! Expropriation de la grande propriété rurale, du foncier des villes ! Expropriation des grandes entreprises privées, étrangères ou nationales !
- Fin des discriminations juridiques envers les femmes (mariage avec un étranger, voyage à l’étranger) ! Application des lois égalitaires (interdiction de la dot, du mariage forcé, de la polygamie…) ! Protection contre la violence masculine dans le foyer, les lieux de travail et l’espace public !
- Protection des minorités religieuses contre les persécutions hindouistes ! Laïcité totale de l’État !
- Soins de qualité et gratuits pour toute la population, en particulier les femmes enceintes ! Accès libre et gratuit à la contraception et à l’avortement !
- Reconnaissance des langues des minorités nationales importantes ! Scolarisation des enfants des campagnes, en particulier des filles !
- Démocratie dans les syndicats ! Unification des trois centrales en une seule confédération indépendante de l’État bourgeois !
- Aucun vote pour des candidats bourgeois lors des élections ! Aucun gouvernement avec les partis bourgeois ! Assemblées dans les quartiers, les villages, les universités et les lycées, les administrations, les entreprises pour dresser un contrepouvoir démocratique et réaliser en pratique l’hégémonie du prolétariat !
- Dissolution de la police et de l’armée professionnelle ! Armement du peuple !
- Gouvernement ouvrier et paysan reposant sur les conseils élus et révocables des villes et des campagnes ! Fédération socialiste de l’Asie du sud !