Quelques éléments de la situation mondiale

La course au profit des entreprises capitalistes, la rivalité des États bourgeois empêchent de réduire l’émission de gaz à effet de serre et les déchets plastiques, entrainent l’humanité vers une nouvelle guerre mondiale. Derrière la montée du protectionnisme, la guerre en Ukraine et le génocide des Palestiniens, l’opposition entre les deux principaux impérialismes de la planète, les États-Unis et la Chine, se développe.

Chine

La Chine a tenu les 31 aout et 1er septembre le sommet de Tianjin avec une vingtaine de dirigeants étrangers, dont Poutine, mais aussi Modi, douché par l’imposition de droits de douanes à 50 % décidés par Trump pour punir l’Inde d’importer du pétrole et du gaz russe. Ainsi Trump précipite l’Inde du côté chinois. « Le dragon doit danser avec l’éléphant » a dit Xi.

Xi a déclaré lors de ce sommet :

La transformation qui va définir le siècle s’accélère en ce moment dans le monde, avec une nette augmentation des facteurs d’instabilité, d’incertitude et d’imprévisibilité.

L’impérialisme chinois prétend incarner au contraire un pôle de stabilité et d’échange en « unifiant les forces du Sud global ». L’impérialisme chinois poursuit la construction d’alliances commerciales dans le cadre de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), qui intègre maintenant l’Inde, le Pakistan, l’Iran, mais aussi des BRICS avec le Brésil par exemple, et poursuit son offensive diplomatique et commerciale en Amérique latine et en Afrique.

Cela ne signifie pas que tous ces pays forment désormais un bloc solide autour de l’impérialisme chinois. Au sein de l’OCS, l’Inde et le Pakistan viennent une nouvelle fois de se faire la guerre. Mais face à l’agressivité de l’impérialisme américain, l’impérialisme chinois leur apparait comme un recours possible. L’Inde n’est pas totalement alignée sur la Chine, avec qui elle conserve un conflit frontalier, ni sur l’alliance Chine-Russie ; elle achète par exemple ses avions de combat à Dassault et n’a pas participé ensuite au défilé militaire du 3 septembre. Ce défilé, le plus important jamais réalisé en Chine, est un défi à l’impérialisme américain, avec la présentation d’armes dernier cri, notamment les missiles hypersoniques, qui affirme la puissance militaire de l’impérialisme chinois.

Plus est exacerbée et intense la concurrence économique, plus forte est la tendance des capitalistes à y joindre la pression militaire. (Lénine, La faillite de la 2e Internationale, juin 1915)

Un autre exemple significatif de la montée en puissance de l’impérialisme chinois est le refus récent par la Chine d’autoriser l’importation des puces informatiques américaines Nvidia, alors qu’elle le réclamait encore il y a peu. Pour éviter de livrer à la Chine les modèles les plus avancés de ces puces informatiques, l’impérialisme américain avait en effet imposé à Nvidia de produire des modèles moins performants destinés au marché chinois. La Chine estime désormais être capable de produire elle-même des puces équivalentes.

Mais cette puissance affichée est minée de l’intérieur par la crise de l’impérialisme chinois. Les bénéficiaires d’allocation chômage ont augmenté de 27 % au 1er semestre 2025, la consommation intérieure baisse, malgré les mesures de relance, les investissements des entreprises ont diminué de 1,5 % au 1er semestre, de 12 % dans l’immobilier qui reste un secteur sinistré, et évidemment les restrictions aux exportations et les droits de douanes affectent l’économie chinoise. La crise de surproduction est particulièrement évidente dans le secteur automobile, un fleuron du capitalisme chinois, avec une guerre des prix meurtrière entre les trop nombreux constructeurs, qui participe à la déflation en cours en Chine.

Ukraine

La tentative de Trump de détacher Poutine de la Chine n’a pas marché. Trump a soutenu autant qu’il le pouvait l’impérialisme russe, mais il a échoué dans sa tentative d’obtenir un accord de paix sur le dos des Ukrainiens. Cet accord signifiait la capitulation sans conditions de l’Ukraine agressée.

Ce sont désormais les impérialismes européens qui achètent des armes aux États-Unis pour les livrer ensuite à l’Ukraine. Cyniquement, Trump a posté un message le 23 septembre déclarant qu’ « avec du temps, de la patience et le soutien financier de l’Europe et en particulier de l’OTAN, les Ukrainiens étaient en mesure de retrouver leur pays dans sa forme originelle », qualifiant la Russie de « tigre de papier » (Mediapart, 24 septembre).

Il est vrai que l’économie russe commence à montrer des signes de faiblesse. Les revenus tirés du pétrole et du gaz qui financent l’économie d’armement ont chuté de 23 % sur les neuf premiers mois de l’année 2025. La Banque centrale russe a imprimé des roubles pour financer les dépenses d’armement, provoquant une forte inflation. Pour tenter de juguler cette inflation, les taux directeurs de la Banque centrale ont été remontés à 18 %. La répression des opposants à la guerre en Russie est quotidienne.

À cette étape, il faut récuser toute fausse symétrie entre la Russie et l’Ukraine, soutenir inconditionnellement le droit de l’Ukraine à se défendre tout en dénonçant le gouvernement bourgeois de Zelensky qui mène la guerre comme tout gouvernement bourgeois, en défense de ses capitalistes et contre son prolétariat, soutenir les courageux emprisonnés politiques opposants à la guerre de leur propre impérialisme en Russie, dénoncer les manoeuvres de l’OTAN et de l’UE.

États-Unis

Trump poursuit son offensive sur le plan intérieur pour assoir un pouvoir qui prend des traits de plus en plus fascistes, contre les libertés démocratiques, contre les universités, contre la science, contre la presse… et surtout contre les étrangers. Les descentes de la Garde nationale à Los Angeles puis à Washington commencent à dessiner un État policier. Les opérations de l’ICE (Services de l’immigration et des douanes) contre les migrants, avec ou sans papiers ont des allures de rafles. L’utilisation du meurtre de Kirk pour rassembler une populace dans la chasse aux « communistes » s’apparente à des menées fascistes. Le mouvement Antifa vient d’être classé comme organisation terroriste le 22 septembre. En cherchant à museler toute opposition, la fraction de la bourgeoisie américaine au pouvoir cherche à domestiquer la classe ouvrière pour l’entrainer dans la préparation de la guerre contre la Chine.

Le soutien au génocide de Gaza, le bombardement de l’Iran, les menaces militaires contre le Venezuela, les droits de douanes tous azimuts, le rejet de toutes normes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont le volet extérieur de cette offensive contre les libertés démocratiques en interne.

Le renchérissement des droits de douanes sur les importations commence à faire remonter l’inflation. La politique protectionniste de Trump ne redonnera pas une jeunesse à l’impérialisme américain, au contraire, même s’il est parvenu à imposer des droits de douane plus ou moins importants à la plupart des impérialismes moins puissants, dont les impérialismes européens, et aux autres pays. Ces droits de douane ne redonneront pas plus de force à l’impérialisme américain, au contraire ils précipitent la survenue d’une crise économique mondiale et rapprochent des affrontements militaires inter-impérialistes, notamment entre les Etats-Unis et la Chine.

Les questions de la défense des travailleurs (et étudiants) étrangers, de la rupture des syndicats avec les deux partis bourgeois et de la construction d’un parti ouvrier de masse sont posées.

Génocide à Gaza

La situation mondiale est également marquée par la poursuite du génocide des Palestiniens à Gaza avec le soutien complet de l’impérialisme américain, alors que la majorité des autres impérialismes prennent une distance prudente avec Israël devant l’ampleur des massacres. L’Allemagne a suspendu le 8 aout dernier ses exportations vers Israël d’armes pouvant servir à Gaza. L’Espagne a fait de même le 8 septembre. Nombre d’impérialismes craignent que la poursuite de l’agression sioniste, non seulement en Palestine, mais aussi à l’encontre du Liban, de la Syrie, de l’Iran, du Yémen, du Qatar, ne finisse par déstabiliser les régimes du Proche-Orient, en jetant leur population dans la rue malgré les interdictions de manifester. La reconnaissance d’un État palestinien relancée par la France est une tentative minable de diversion, tentant de ressusciter le mythe de la coexistence de deux États, pendant que les bombes pleuvent sur Gaza.

En France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis… la répression continue de s’abattre sur les militants qui défendent les droits des Palestiniens. Le massacre des Palestiniens est une défaite pour la classe ouvrière mondiale, dont la responsabilité première incombe aux partis réformistes, aux bureaucraties syndicales qui ont refusé depuis deux ans d’organiser le boycott ouvrier des livraisons d’armes à Israël, qui ont mis le plus souvent sur le même plan l’État colon sioniste et le peuple palestinien victime et qui continuent de le faire en soutenant la « solution » à deux États.

Montée de la réaction

Le manifeste de la Conférence du CoReP de Valence du 20 octobre 2024 affirmait :

Nationalisme et protectionnisme, xénophobie, et racisme, cléricalisme et fondamentalisme religieux, masculinisme et hostilité aux droits des femmes, haine des minorités (religieuses, ethniques, sexuelles), complotisme et obscurantisme antivaccin… sont les étendards de la réaction. Les partis bourgeois traditionnels deviennent de plus en plus réactionnaires, ils sont eux-mêmes concurrencés par l’émergence de partis fascisants, voire fascistes, ou bien nourrissent des courants fascisants en leur sein comme le Parti républicain américain.

Cette montée de la réaction sur tous les continents peut prendre et même combiner des formes différentes, mais c’est toujours le prolétariat qui est visé, et d’abord la fraction du prolétariat la plus opprimée parce qu’étrangère, dépourvue de droits, qui est désignée comme bouc émissaire et qui en fait les frais. À la xénophobie, au racisme, au nationalisme et au protectionnisme, opposons la liberté totale de circulation et d’installation pour tous les migrants, la suppression des frontières, l’internationalisme prolétarien et la construction du socialisme mondial ! C’est le combat des communistes internationalistes !

Force est de constater que cette tendance se renforce encore un peu plus, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe, comme l’expression du pourrissement de l’impérialisme et faute d’une perspective ouvrière communiste. Être dans la rue n’est pas synonyme de progressisme, comme l’ont prouvé les mouvements fascistes des années 1920 et 1930, l’assaut fasciste à Washington en 2021, les protestations antivaccins en 2022, l’assaut fasciste à Brasilia en 2023, la manifestation contre les étrangers de plus de 100 000 personnes à Londres le 13 septembre à l’appel de fascistes.

Pas plus que le suffrage universel ne garantit la démocratie, en témoignent la victoire en juin du candidat du PiS à la présidentielle en Pologne en juin, le pogrom raciste en juillet contre les ouvriers agricoles marocains à Torre Pacheco, les résultats électoraux de l’AfD en Allemagne qui triple ses voix (15 %) dans la Ruhr, la progression des DS fascisants en Suède qui participent au gouvernement avec un parti bourgeois « démocratique », l’assise dont bénéficie Meloni en Italie, l’aggravation de la répression en Turquie avec la tentative de prise de contrôle par la force de l’autre grand parti bourgeois, le HDP, concurrent du parti d’Erdogan, l’AKP…

La montée du militarisme va de pair avec la restriction du droit à la contraception et à l’avortement. Chaque État impérialiste veut disposer de chair à canon.

Exproprier le capital avant qu’il soit trop tard

La montée de la réaction implique que la défense des libertés démocratiques et des droits des femmes, la protection des migrants, des minorités, mais aussi la démocratie syndicale, la préparation de la grève générale, l’intervention chez les conscrits, l’organisation de milices ouvrières ou d’opprimés sont nécessaires pour la révolution, pour le communisme.

La France connait une crise politique faute de majorité parlementaire. La Serbie, le Népal, la Côte d’Ivoire, la Turquie… sont secoués par des mouvements de masse.

Si la mobilisation de toute catégorie d’exploités et d’opprimés est légitime, appeler à multiplier les luttes ne suffit jamais pour avancer vers le socialisme.

S’il est légitime pour un parti ouvrier de présenter des candidats et d’agir dans les organismes délibératifs, il faut rappeler que le parlement, y compris sous la forme d’une assemblée constituante, ne peut renverser le capitalisme. Il faut rappeler que la formation d’un gouvernement bourgeois ou la participation à un gouvernement bourgeois, dans le cadre du capitalisme national, sont des trahisons.

Il existe une classe sociale mondiale qui a le pouvoir de prendre la tête de tous les exploités, de tous les opprimés, qui a la capacité d’exproprier le grand capital et la grande propriété foncière, de renverser les États bourgeois et leurs frontières. Pour une solution progressiste, la perspective du gouvernement ouvrier (ou du gouvernement ouvrier et paysan), ainsi que celle de la fédération socialiste de la région, du continent, sont décisives. Il faut une internationale ouvrière révolutionnaire pour faire triompher ce combat.

21 septembre 2025