Pétition de l’Intersyndicale, pétition contre la loi Duplomb, mouvement Bloquons tout
Alors que ce même gouvernement est de plus en plus fragile politiquement, peine à rassembler ses soutiens et reste à la merci d’une motion de censure.
Du côté des bureaucraties syndicales, une pétition a été lancée pour quémander que les travailleurs ne soient pas les seuls à payer… et que le gouvernement veuille bien ouvrir la discussion :
Or, face au sérieux des déficits publics, il existe des solutions qui intègrent les plus hauts revenus comme la contribution des entreprises. […] des entreprises qui continuent à percevoir chaque année 211 milliards d’euros d’aides publiques, sans transparence, ni évaluation, et surtout sans conditionner ces aides à l’atteinte de quelconques objectifs en matière d’emploi, de qualité de l’emploi, ni de respect d’ambitions sociales ou environnementales, […] Il est temps d’accepter d’ouvrir la discussion sur la progressivité de la fiscalité, la contribution des hauts revenus ou des patrimoines, et la légitimité de l’optimisation fiscale ! […] Ce que nous attendons, c’est un projet respectueux pour le Pays, porteur d’espoir et de justice. (CFDT-CGT-FO-CGC-CFTC-UNSA-FSU-SUD, Pétition intersyndicale, 22 juillet)
En fait, Bayrou a, en même temps qu’il annonçait son plan d’exemption fiscale pour le capital, d’austérité pour le travail et de dépenses policières et militaires accrues, avait annoncé des « concertations avec les partenaires sociaux ». Cela se précise.
Le gouvernement va relancer les concertations avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement. (Les Échos, 23 aout)
Les bureaucrates hésitent à s’associer aux nouvelles attaques, alors que le gouvernement est la merci d’une coalition entre RN et NFP. En tout cas, on peut être sûr que la pétition intersyndicale n’a pas rencontré le succès de celle contre la loi Duplomb ! Celle-ci, lancée par Éléonore Pattery, a recueilli plus de deux millions de signatures en plein mois de juillet. Cette pétition demandait le retrait de la loi Duplomb, ce qui était juste. Même si en elle-même elle n’était pas un élément de rassemblement de la classe ouvrière sur un terrain de classe, cela indique une recherche et une disponibilité à combattre le gouvernement. De plus, au bout du compte, le Conseil constitutionnel a censuré temporairement l’usage du pesticide que la loi LR-RN réintroduisait.

Il y a également à partir du 14 juillet, l’appel « Bloquons tout » sur les réseaux sociaux. L’appel contre la loi Duplomb était signé, identifiable, alors que l’origine de Bloquons est dissimulée, cachée. Se voulant apolitique et contre « les élites », il a pour origine le petit site tricolore Cercle St Eloi-Les Essentiels- d’un dénommé Julien Marissiaux. Sur son compte TikTok, ce personnage loue Elon Musk, mentionne le RN, publie une vidéo du fascisant de Villiers. Le site Les Essentiels France prend la défense des TPE-PME, loue les « racines chrétiennes de la France », appelle à la sortie de l’UE (« frexit »). Évidemment, il ne prononce pas contre la loi RN-LR dite Duplomb.
L’appel à « bloquer tout le 10 septembre » rappelle l’apparition des Gilets jaunes en novembre 2018 afin de « bloquer les ronds-points ». Les petits patrons veulent de meilleurs revenus et la chute du gouvernement (sans dire par quoi le remplacer), en appelant « le peuple » à bloquer le 10 septembre les supermarchés et les stations d’essence, à occuper les mairies et les préfectures, à se confiner volontairement (comment se confiner en bloquant les supermarchés et les mairies ?), en boycottant les achats, en retirant son argent des banques, etc.
Le Nouveau Front populaire, divisé pour les élections municipales, se range tout entier derrière les petits patrons
Le RN s’inquiète du désordre éventuel des manifestations du 10, « tout en laissant nos adhérents et nos électeurs sont libres de faire ce qu’ils veulent ».
Le parti bourgeois « écologiste » EELV soutient nettement : « le mouvement doit appartenir à tout le monde ». Donc aussi aux complotistes, aux antivax et aux petits patrons ?
Le parti sans démocratie interne LFI s’est, dès la fin juillet, investi dans cette mouvance populiste pour la subordonner à son activité parlementaire.
Nous demandons à tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et tout faire pour sa réussite… La mobilisation populaire doit aller de pair avec le parlement, faire l’un sans l’autre est vain ou bien incertain. (Mélenchon, 16 aout)
Mélenchon parle même de « grève générale » (en fait de simples arrêts de travail le seul 10 septembre) pour appuyer la demande par LFI d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale.
Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M. Bayrou. (Mélenchon, 22 aout)
Le chef suprême de LFI fait miroiter une motion de censure. Mais elle ne pourrait être votée qu’avec LR ou le RN. Si cela se produisait, quelle force politique gagnerait à un tel bloc entre le NFP et le RN ? La classe ouvrière, qui ne s’est pas remise de la défaite de 2023 sur les retraites, serait encore plus désorientée qu’aujourd’hui.
Le PS et le PCF se rallient aussi à Bloquons tout, dans la même perspective parlementaire.
Le mouvement de blocage du 10 septembre peut être massif […] Nous n’en connaissons pas complètement les contours. Ses revendications sont floues, mais nous devons l’accompagner. […] Notre vocation est de lui offrir un débouché politique qui ne soit pas celui de l’extrême-droite. (Faure, 21 aout)
La fédération CGT de la chimie appelle à la grève le 10 septembre et s’oriente sur la tactique bien connue de la grève reconductible, abondamment utilisée en 2023 dans le mouvement en défense des retraites pour contrer le combat pour la grève générale.
Nous appelons la confédération à faire du 10 septembre un appel national et à l’inscrire dans une stratégie de grève reconductible, jusqu’au retrait du budget et de ses attaques faites aux travailleurs.
La fédération CGT des mines et énergie appelle également à la grève le 10 septembre.
FO a déposé un préavis de grève à partir du 1er septembre courant jusqu’en novembre pour « couvrir les grévistes ».
Le dispositif des appareils syndicaux se met peu à peu en place pour empêcher une nouvelle fois que la grève générale ne les déborde.
Les « révolutionnaires » à la remorque de bureaucrates de la CGT et de Mélenchon
Dès lors, les centristes qui bavardent sur la révolution mais s’alignent sur les réformistes et les bureaucrates, se rallient à leur tour à l’appel des petits patrons. Il ne faut pas s’en étonner : lors de la pandémie de covid en 2021, nombre d’opportunistes (LFI, LO, NPA, RP et compagnie) soutenaient déjà le mouvement complotiste contre les vaccins et les masques dirigé par Philippot (Les Patriotes) et Dupont-Aignan (Debout la France)… sous prétexte que c’était contre Macron.
Pour ne jamais parler de la rupture avec le gouvernement et de la grève générale jusqu’au retrait des projets de budget, ils se contorsionnent pour trouver mille et une formules et pour dévoyer toute mobilisation éventuelle dans les impasses bien connues des grèves disloquées, des grèves reconductibles… Cela est évident pour les organisations « trotskystes » comme le POI et le NPA-AC qui soutiennent ouvertement les fronts populaires, l’alliance avec des partis bourgeois présentés comme progressistes (hier le Parti radical, aujourd’hui EELV), mais aussi les autres.
Pour le NPA-R :
Voilà pourquoi l’initiative d’appeler à une journée de mobilisation le 10 septembre est bienvenue. Lancée sur les réseaux sociaux, dans une certaine confusion en termes d’objectifs et de formes de luttes, elle a pris de l’ampleur et est désormais relayée dans les médias. Des organisations syndicales de base ont choisi de relayer cet appel en organisant des grèves. C’est bien la voie à suivre : se battre en tant que travailleurs et travailleuses en tapant nos patrons au portefeuille. C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons, et ce budget, on n’en veut pas !
Pendant ce temps, les partis institutionnels de gauche ont les yeux braqués sur les élections municipales et les directions syndicales, elles, n’ont toujours pas décliné l’invitation de Bayrou à « négocier » à partir du 1er septembre : une manière d’entériner ces attaques inacceptables. En attendant, elles font circuler une pétition… Qui peut croire que quelques « clics » permettront de mettre le coup de pied nécessaire dans cette fourmilière capitaliste, et son lot d’attaques sociales, mais aussi de catastrophes écologiques, de guerres et de génocides ?
Tentons le coup partout où nous sommes d’appeler à la grève et à la manifestation tous et toutes ensemble à partir du 10 septembre ! Pour que ça marche vraiment, que la mobilisation fasse tache d’huile et vise les bonnes cibles, il faut discuter des objectifs et des méthodes à adopter. Des assemblées locales se réunissent durant l’été : ces initiatives à la base permettent de préparer un mouvement qui entraine le plus de monde possible. Il est capital que ces assemblées soient les plus démocratiques possibles, pour que le mouvement appartienne à ceux et celles qui le construisent. Important aussi que ces initiatives se multiplient et se coordonnent. […] ces objectifs ne pourront être atteints que par une grève qui cherche consciemment à s’étendre à l’ensemble du monde du travail, à entrainer toutes les couches sociales dans la lutte (les retraités, les chômeurs, la jeunesse avec sa combattivité explosive) et qui s’attèle à renverser non seulement un gouvernement, mais tout un système social fondé sur l’exploitation. (NPA-Révolutionnaires, Communiqué, 13 aout)
Pour RP :
En France, tous les signaux montrent que la crise s’accentue et pourrait laisser place à des éléments de radicalité dans les classes populaires. La bourgeoisie et la petite-bourgeoisie ne sont pas épargnées : la chute de la popularité du couple Macron/Bayrou au sein même de sa base électorale est plus profonde encore que dans les bases sociales des autres groupes politiques, avec une accentuation rare chez les gens de droite, enclins à préférer la stabilité institutionnelle. […] Il met les centrales syndicales en difficultés, alors qu’elles n’ont rien fait depuis la fin des grèves des retraites à part parler du papier peint dans le conclave et proposer d’être les alliés du régime dans la guerre commerciale face à Trump. […] Oui il faut appeler à la grève la plus massive possible le 10 septembre et concentrer nos forces sur cette date déjà posée dans le paysage. Je suis heureux de voir que différents secteurs syndicaux s’expriment déjà en ce sens, en tirant les bilans de la période GJ ou un cordon sanitaire avait été déployé par la bureaucratie syndicale pour empêcher l’alliance avec le mouvement ouvrier. Si le 10 septembre est réussi et dirigé par en bas, par les collectifs de travailleurs, en assemblée générale, en tirant là-aussi les bilans de la stratégie de 2023 ou la pseudo unité syndicale a servi principalement à garder la main et imposé 14 journées isolés, il pourrait être le point de départ d’une lutte d’ampleur contre un gouvernement extrêmement fragile, qui permette de déployer toute l’énergie et l’ingéniosité des luttes qui ont précédé.
Il faut que l’ensemble des militants syndicaux, partout où ils sont, fassent en sorte d’imposer aux centrales syndicales la date du 10 septembre. Fassent de cette journée une journée importante qui permette de réunir les conditions d’une lutte de masse autour de mots d’ordre qui permettent l’unité la plus large des masses laborieuses.
Dans tous les syndicats nous devons marteler avec force que des préavis de grève doivent être déposés et que les moyens doivent être donnés aux militants sur le terrain pour s’organiser, usine par usine, entreprise par entreprise. Il est aussi important que la jeunesse, qui a su par le passé dynamiser les luttes, pose la question du blocage de l’ensemble des universités, écoles et lycées.
Je ne dis pas que le 10 septembre peut à lui seul répondre à tous ces enjeux. Par contre, ce serait criminel dans les conditions de crise importante que connait le pouvoir depuis plusieurs mois que la rentrée 2025 soit routinière, modelée par des bureaucrates syndicaux… (site Révolution permanente, 2 aout)
Pour LO :
Pour défendre leurs conditions de vie, les travailleurs n’auront d’autre choix que de réagir. Des appels circulent déjà en ce sens pour le 10 septembre. Et, en effet, il faut agir, et pas seulement pendant une journée ou en restant chez nous.
En tant que travailleurs, nous devons dès à présent discuter entre nous de ce qu’il faut faire, afin de nous organiser et de pouvoir contrôler ce que deviendront nos mobilisations. Nous devrons constituer des comités de lutte partout où ce sera possible, en premier lieu dans les entreprises où nous pouvons contester directement le pouvoir des capitalistes. Au sein de ces comités, nous pourrons choisir nous-mêmes nos représentants.
Il s’agit de constituer une force qui soit vraiment sous le contrôle des travailleurs, seule façon de se faire craindre de Macron, Bayrou et du grand patronat. (Lutte ouvrière, 11 aout)

Pour le retrait des projets de budget, grève générale !
L’orientation définie fin juillet par le Groupe marxiste internationaliste (« Formons des comités de préparation de la grève générale jusqu’au retrait du plan Bayrou ») est totalement d’actualité.
À bas le plan gouvernemental et toutes les attaques contre la classe ouvrière ! Annulation de la dette publique !
Abrogation de la loi Macron-Borne contre les retraites et de la loi contre les chômeurs ! Suppression des impôts sur la consommation populaire, suppression des cotisations sociales des salariés ! Impôt fortement progressif sur les revenus et le patrimoine ! Dissolution de l’armée professionnelle et des corps de répression !
Sortie des syndicats du Conseil d’orientation des retraites ! Aucune négociation avec Macron ou Bayrou des projets de budget 2026 ! Front unique ouvrier pour leur retrait pur et simple !
Dans les entreprises et les administrations, formons les comités pour la grève générale jusqu’au retrait du projet budgétaire ! (Révolution communiste, 21 juillet 2025)
C’est l’axe sur lequel il faut constituer des comités contre toute négociation du plan du gouvernement, pour la grève générale, sur lequel il faut axer toutes les structures de base contre le budget qui apparaitraient pour en faire des organes de lutte de classe contre toute négociation des budgets Bayrou-Retailleau, pour la grève générale jusqu’à leur retrait.