Sur place, les gouvernements provisoires que les partis bourgeois « libéraux » tentent de mettre en place avec l’appui des États-Unis sont trop faibles pour faire refluer les masses. L’ayatollah Khomeini et la hiérarchie religieuse, qui s’étaient opposé aux mesures de modernisation décrétées par le chah, jouissent par contre d’un assise sociale plus large : une fraction des capitalistes, la totalité des propriétaires fonciers, la majorité des petits bourgeois traditionnels des campagnes et des villes, de nombreux déclassés des bidonvilles, une fraction des étudiants. Aucune force ne détrompe les masses, ne s’efforce de faire ce que le Parti bolchevik a fait en Russie en 1917, permettre au prolétariat de prendre la tête de la révolution. En effet, Khomeini est présenté comme une étape « progressiste » par la guérilla islamiste antimonarchique (Moudjahidines-OMPI) mais aussi par la totalité du mouvement ouvrier : le parti « communiste » officiel (Toudeh), les guérillas mao-castristes (Fedayins-OGFPI et Peykar), les sectes stalino-maoïstes. Même le groupe qui se veut « trotskyste » (HKS) cède au front uni antiimpérialiste. Or, Khomeini, s’appuyant sur ce qui reste de l’appareil répressif de la monarchie et sur les bandes cléricales-fascistes (déclassés des villes, étudiants issus des classes exploiteuses) mène une violente contrerévolution contre le mouvement des femmes, des minorités nationales, contre les grèves. Puis il liquide physiquement les militants révolutionnaires par milliers en profitant de la guerre déclenchée par l’Irak.
En 2025, la dictature cléricale est toujours en place, malgré les nombreuses révoltes, toutes réprimées dans le sang. Le haut clergé s’est intégré au capitalisme par le biais de « fondations » échappant à l’impôt. Le régime reste confronté à la volonté des États-Unis, de ses alliés impérialistes (dont la France) et d’Israël de l’empêcher de préserver son indépendance en se dotant de l’arme nucléaire.
Seule la classe ouvrière est capable d’offrir une issue progressiste aux peuples d’Iran et de toute la région. Pour cela, il lui faut un parti débarrassé de toute illusion envers la réaction cléricale comme envers la monarchie ou l’impérialisme occidental, russe ou chinois contemporain, un parti de type bolchevik.