Boycott de la « convention citoyenne »
Privé de majorité parlementaire, le gouvernement Bayrou nommé par Macron ne peut dire ouvertement qu’il faut augmenter le temps de travail des enseignant(e)s, les flexibiliser et les précariser, continuer à les payer mal. Il a donc envoyé sa ministre Borne s’interroger tout haut pour « savoir s’il ne faut pas revoir les vacances » (BFM TV, 3 février 2025) et maintenant il affirme qu’il convient de modifier « l’organisation de la journée des enfants de 3 à 18 ans » (Franceinfo, 2 mai 2025).
Le gouvernement MoDem-Ensemble-LR ne peut réussir son coup qu’en le présentant comme le résultat d’une large consultation, d’un échange démocratique entre membres d’une même communauté. La manœuvre bien rodée des « conventions citoyennes » reprend du service.
Pour leur infliger une défaite, au contraire, il faut commencer par isoler Macron et son gouvernement qui sont nos ennemis et pas nos partenaires : aucun dirigeant syndical ne doit siéger à la convention ! Boycott de toute discussion, concertation qui ne serviront qu’à aggraver nos conditions de travail, l’expérience des retraites, des rythmes scolaires… l’a largement démontré !
Que les représentants de toutes les confédérations qui siègent, moyennant rémunération, au Conseil économique, social et environnemental, quittent immédiatement cette instance de collaboration que Macron charge d’organiser la convention contre nos statuts !
Comment pourrions-nous gagner cette bataille si ceux qui disent parler en notre nom se concertent avec l’ennemi, lui font des « propositions » ? Isoler Macron-Bayrou-Borne et souder nos rangs, voilà ce dont nous avons besoin : assemblées générales de secteur, élection de délégué(e)s pour se coordonner, interventions dans toutes les instances syndicales pour organiser le boycott, préparation de la grève générale si le gouvernement persiste.
400 euros pour tou(te)s ! augmentation du point d’indice ! échelle mobile des salaires
et rattrapage du pouvoir d’achat perdu !
Nous n’avons, nous, que notre salaire pour vivre et nous sommes, nous, éminemment utiles socialement, comme toutes les autres travailleuses-travailleurs qui font fonctionner tous les services ou produisent toutes les richesses : nos revendications sont légitimes, la dette publique n’est pas la nôtre, la course au réarmement n’est pas notre choix.
Le budget 2025 a maintenu l’austérité pour nos salaires et le1er mars, le gouvernement Bayrou a décidé de réduire de 10 % la rémunération des fonctionnaires pendant les congés maladie. « Riposte » des sommets syndicaux :
Les organisations syndicales CGT, FO, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP refusent que 2025 soit une nouvelle année blanche pour la Fonction publique. Elles appellent à la mise en œuvre d’un agenda social ouvrant rapidement des négociations pour une Fonction publique qui retrouve toute son attractivité… (Lettre ouverte au ministre de la fonction publique, 18 mars 2025)
On imagine la satisfaction qu’a ressentie Marcangeli… en entendant les dirigeants de fédérations réclamer l’application de « l’agenda » qu’il a proposé le 13 février au Conseil commun de la fonction publique), en les voyant le 19 mars, au ministère, accepter des rencontres sur plusieurs mois, avec « un projet d’accord sur la qualité de vie et les conditions de travail », et encore le 9 avril, avaler « la dynamisation des milieux de carrière » qui camoufle le refus des augmentations pour tous et signifie une amélioration très minime des salaires pour 15 à 20 ans d’ancienneté.
Et quel soulagement pour Marcangeli quand il a lu que les syndicats ne menacent, dans le cas hypothétique où il faudrait réagir, que de « la construction de mobilisations des personnels ».
L’ensemble des organisations syndicales représentatives continueront d’échanger dans les prochaines semaines pour définir ensemble toutes les réactions communes qui s’avèreraient nécessaires, pouvant aller jusqu’à la construction de mobilisations des personnels de la fonction publique pour exprimer leurs légitimes revendications. (Lettre ouverte, 18 mars 2025)
Les journées d’action que l’Intersyndicale décrète ne perturbent en rien les plans gouvernementaux, nous en avons fait mille fois l’expérience, elles ne sont pas faites pour gagner.
Au pire, elles ne concernent qu’une fraction des personnels, comme le 21 mai, les seul(e)s enseignant(e)s des lycées agricoles protestant contre les suppressions de postes, alors que la pénurie est criante partout et qu’une seule catégorie n’a aucune chance de l’emporter seule. Et toujours elles annoncent au gouvernement : demain nous remettrons la base au boulot, ne craignez rien ! Ainsi en a-t-il été du 3 avril ou du 13 mai dernier. Elles participent à la démoralisation, laissant croire qu’on ne peut rien.
Il faut préparer la grève jusqu’à satisfaction !
Le premier degré de l’enseignement public, comme le reste de l’édifice, a subi une vague d’attaques contre ses personnels et ses élèves. La précarité a bondi en 15 ans (+ 80 %), la formation a été réduite, le nombre de démissions a explosé (+ 700 % depuis 2008) ; les primes et pactes s’imposent au détriment de l’égalité de traitement et les femmes continuent à être perdantes à ce « jeu » ; l’autoritarisme, l’installation d’une hiérarchie intermédiaire via les directeurs mouture loi Rilhac, les atteintes à la liberté pédagogique ; des budgets qui empêchent la création des postes nécessaires à l’accueil efficace des élèves allophones ou en situation de handicaps, quand 10 milliards annuels arrosent le privé sous contrat (dont Stanislas et Bétharram…).
Cette liste non exhaustive démontre qu’il faut organiser une riposte massive, nationale, mobilisant tous les personnels qui participent aux tâches de formation. Elle exige qu’ils se dressent, unis, organisés, face au gouvernement. La place des syndicats est dans ce front uni, pas dans les conclaves et autre convention !
Préparons la grève générale pour arracher nos revendications, pour infliger enfin une défaite cinglante au gouvernement serviteur du capital.