La valse des droits de douanes va précipiter la crise économique mondiale
Le ralentissement de l’économie capitaliste mondiale, déjà perceptible en 2024, se confirme avec les mesures protectionnistes tous azimuts depuis l’arrivée au pouvoir de Trump. Les conséquences de la guerre commerciale commencent à se faire sentir, les prévisions de croissance sont partout révisées à la baisse. Aux États-Unis, la croissance économique est passée de + 2,4 % au dernier trimestre 2024 à – 0,3 % au premier trimestre 2025 !

L’État américain utilise l’augmentation des taxes douanières, parfois faramineuses comme les 145 % visant les marchandises chinoises, comme moyen de levier pour imposer des négociations sous ses conditions, aussi bien aux impérialismes concurrents qu’aux petits pays qui ne peuvent même pas négocier avec le locataire de la Maison-Blanche. Le résultat est une mosaïque de tarifications, plus ou moins provisoires, pays par pays ou par zone, engendrant une extraordinaire complexification et une profonde incertitude, désorganisant durablement les échanges mondiaux. Le 2 avril, surnommé « Liberation day », Trump annonçait la mise en place de « tarifs réciproques » à l’encontre de 57 pays, allant jusqu’à 50 % de taxes s’ajoutant aux 10 % de base déjà actés.
La crainte d’une brutale récession déclenchait alors aux États-Unis une vente massive d’actions, puis de d’obligations émises par l’État, obligeant Trump à reculer. Le 9 avril, il décidait d’une suspension temporaire de 90 jours de ces tarifs, s’en tenant aux 10 % de base sur toutes les importations, sauf pour la Chine contre laquelle les taxes redoublaient. De nombreuses taxes ont été depuis révisées, diminuées ou suspendues provisoirement, en fonction des négociations en cours. Ainsi, les taxes sur le pétrole, le gaz et certains minerais canadiens ont été réduites à 10 % et les productions jugées conformes à l’accord antérieur entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, comme les productions automobiles, en ont été exonérées. Cependant la majorité des importations en provenance du Canada et du Mexique restent frappées à hauteur de 25 %.
Le 8 mai, un accord est conclu entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. En échange de la suppression de la taxe de 25 % frappant l’acier et l’aluminium britanniques et de l’abaissement de la taxe sur les voitures qui passe de 27,5 % à 10 % pour un quota de 100 000 véhicules exportés, le marché britannique est ouvert à l’importation de plus grandes quantités de produits agricoles américains. Mais la plupart des exportations britanniques aux États-Unis restent taxées à 10 %.
Le 12 mai, les droits de douanes entre l’impérialisme américain et l’impérialisme chinois, qui étaient montés jusqu’à 145 % côté américain contre 125 % côté chinois, interrompant presque totalement les échanges, sont respectivement ramenés à 30 % et à 10 % jusqu’au 8 juillet prochain. Trump a dû, là aussi, reculer, devant les risques d’inflation et de désorganisation économique majeure aux États-Unis, du fait de l’interdépendance entre les deux économies.
Concernant l’UE, les négociations sont également ouvertes jusqu’au 8 juillet. Les taxes de 20 % initialement prévues le 2 avril ont été provisoirement ramenées à 10 %. Mais l’UE, comme le reste du monde, subit par ailleurs la taxation à 25 % de ses exportations aux États-Unis d’acier, d’aluminium, d’automobiles et de pièces détachées. Le 23 mai, Trump menace l’UE de taxer toutes ses exportations à 50 %.
Sous l’égide des États-Unis et des autres puissances impérialistes, l’OMC cherchait à unifier le marché mondial. Aujourd’hui, l’impérialisme américain dynamite les accords mondiaux antérieurs laborieusement établis pour tenter de s’imposer unilatéralement. Même si, à l’issue des marchandages entre les principaux impérialismes, les taxes douanières ne sont pas aussi élevées que les menaces du président américain, la situation ne reviendra pas au statu quo ante, précipitant un peu plus la crise et les affrontements.
Les bourgeoisies européennes entre le marteau et l’enclume
Les bourgeoisies européennes sont brinqueballées entre les exigences de l’impérialisme américain, la redoutable concurrence de l’impérialisme chinois et la question de l’Ukraine. Elles tentent de mettre un pied dans la porte des négociations entre les impérialismes russe et américain sur l’Ukraine, qui n’ont pas avancé d’un pouce. L’impérialisme russe mène une guerre d’attrition du camp ukrainien, revendique sa capitulation et se joue des émissaires de Trump. Le défilé militaire en grandes pompes le 9 mai sur la place Rouge, en compagnie notamment de Xi, a douché tout espoir américain de détacher l’impérialisme russe de l’impérialisme chinois. Passé le mirage d’une paix obtenue sous son égide en 48 h, Trump navigue à vue entre poursuivre les discussions avec la Russie, renforcer les sanctions économiques contre elle, en espérer de mirifiques affaires ou se désengager, ouvrant ainsi la voie à la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine. S’il peut se targuer de la conclusion d’un accord de pillage des terres rares, gaz, pétrole et minerais ukrainiens, les gouvernements d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne, d’Italie…, n’ont quant à eux d’autre horizon que de renforcer les livraisons d’armes à l’Ukraine.
Tout en espérant limiter la casse dans les négociations douanières en cours avec les États-Unis, les bourgeoisies européennes tentent de se protéger contre la concurrence des produits chinois. L’exemple le plus significatif concerne les voitures électriques, domaine où la Chine a pris une bonne longueur d’avance sur les autres constructeurs mondiaux. Depuis octobre 2024, l’UE a décidé de droits de douanes sur les voitures chinoise pouvant aller jusqu’à 45 %. Mais une voiture électrique chinoise, qui est vendue en Europe environ le double de son prix de vente en Chine, reste encore très attractive, même avec les taxes. Et cela ne concerne pas les pièces importées de Chine (3 % pour la plupart, 1,3 % pour les batteries) alors qu’une partie grandissante des voitures et camionnettes montées en Europe y recourent. Le contenu européen d’un véhicule électrique est entre 40 % et 60%, contre 90 % pour les modèles thermiques.
Pire, certains constructeurs chinois ont entrepris d’installer des usines en Europe, pour échapper aux droits de douanes, aux couts du transport… Dans ce cas, pour un capitaliste chinois, le cout de la main d’œuvre n’est plus un obstacle qui rendrait cette opération non rentable. BYD, numéro 1 mondial des constructeurs de voitures électriques, ouvrira une usine en Hongrie au deuxième semestre 2025. Le différentiel des salaires moyens dans l’automobile entre la Chine et la Hongrie est faible, voire plus avantageux pour le capitaliste en Hongrie.
Qualification | Chine | Hongrie | ||
salaire brut mensuel | salaire brut mensuel | |||
ouvrier | 1 040,00 € | 1 100,00 € | (1 600 € chez Audi à Györ) | |
technicien | 1 525,00 € | 1 460,00 € | ||
ingénieur | 2 385,00 € | 1 700,00 € |
Les capitalistes chinois ne font pas autre chose que les capitalistes allemands, français, italiens, etc. Volkswagen, BMW, Stellantis, mais aussi Siémens, BASF, LVMH, TotalEnergies… sont implantés en Chine, parfois depuis des décennies. Et les mêmes, suivis par d’autres comme CMA CGM, Sanofi, etc. avaient investi par dizaines de milliards au Canada et au Mexique (du temps de l’ALENA) ou directement aux États-Unis pour échapper aux droits de douanes étatsuniens. Le patriotisme économique vanté par Macron n’est bon que pour enchainer les ouvriers au char de la bourgeoisie locale.
Les recettes avariées de la nationalisation et du protectionnisme
Les partis réformistes n’ont à la bouche que le renforcement des mesures protectionnistes pour préserver les emplois français.
Tous les grands pays constructeurs protègent farouchement leur industrie, sauf les membres de l’UE. Les USA imposaient déjà 100 % de droits de douane sur les véhicules électriques made in China, et Trump vient d’ajouter encore 20 %. La Chine subventionne directement les véhicules destinés à l’exportation. L’Inde a imposé que 80 % du contenu des véhicules vendus sur son sol soit fabriqué nationalement. L’Union européenne, elle, interdit encore les aides publiques directes, les barrières tarifaires nationales, et s’est opposée un temps au conditionnement du bonus écologique français. Elle vient à peine de relever les droits de douane sur les véhicules faits en Chine à 30 % grand maximum, après des mois de pénibles négociations. La France a perdu 25 000 emplois en 5 ans à cause de ce dogmatisme. (LFI, Communiqué, 5 mars 2025)
En clair, le parti social-chauvin propose de rajouter des taxes aux taxes pour protéger le capitalisme français. Mais elles ne feront qu’intensifier la guerre commerciale et précipiter les attaques de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Le protectionnisme ne sauvera pas les travailleurs, ni des pertes d’emploi, ni de tous les autres maux de la crise du capitalisme, au contraire ! Le protectionnisme à coup de taxes douanières, ou bien enjolivé par l’exigence d’une prétendue réciprocité harmonieuse des échanges n’est qu’un leurre destiné à détourner les travailleurs de la nécessité d’abattre le capitalisme, le seul véritable remède.
La bureaucratie de la CGT, de plus en plus soucieuse des difficultés du capitalisme français, renchérit sur LFI et le PCF.
Il ne s’agit pas de fermer les frontières, mais d’établir des règles équitables, pour que le commerce soit un outil de coopération et de développement, et non de mise en concurrence généralisée. Cela passe par l’introduction d’un mécanisme de modulation des droits de douane aux frontières de l’UE en fonction du respect des droits sociaux, environnementaux et fiscaux. (CGT, 16 mesures d’urgence contre la guerre commerciale, 18 avril 2025)
Il faudrait que la direction de la CGT explique aux travailleurs comment, dans le système capitaliste qui tourne à l’affrontement inter impérialistes, le commerce pourrait devenir « un outil de développement et de coopération » entre Bisounours ! La défense du protectionnisme correspond à l’alignement sur les fractions les plus arriérées et rétrogrades de la bourgeoisie, celles qui ne sont pas ou plus en mesure de tenir leur place sur le marché mondial et se trouvent condamnées à leur tour par le système capitaliste.
Une nationalisation temporaire ou contre indemnités d’ArcelorMittal ?

L’entreprise indienne ArcelorMittal, le 2e groupe du monde de la sidérurgie, localisée à Luxembourg (un des paradis fiscaux de l’UE), qui bénéficie partout de subventions pour maintenir ses localisations, a annoncé 636 suppressions de postes en France. Selon l’OCDE, la surproduction mondiale d’acier était estimée à 602 millions de tonnes en 2024 et pourrait atteindre 721 millions de tonnes d’ici 2027, soit plus de cinq fois la production annuelle d’acier de l’UE. Cette surproduction, phénomène récurrent dans le capitalisme, est alimentée par le ralentissement de la croissance, notamment en Chine qui assure plus de 55 % de la production mondiale d’acier et cherche à écouler ses stocks à l’exportation. Les travailleurs ne sont nullement responsables de ce désordre ahurissant et de cette gabegie qui sont la marque d’un mode de production anarchique.
Dès lors, la seule perspective qui vaille, c’est : pas un seul licenciement, pas une seule fermeture d’usine, expropriation sans indemnité ni rachat du groupe ArcelorMittal en France et à l’échelle continentale, grève générale de tout le groupe, en France et dans le monde !
Car il ne s’agit pas de raconter des histoires aux ouvriers, il s’agit d’une lutte à mort entre le capital et le travail qui ne pourra se dénouer qu’en ouvrant la voie à la prise du pouvoir de la classe ouvrière, l’expropriation générale de tous les grands capitalistes, la destruction de l’État bourgeois, l’organisation de la production par les producteurs eux-mêmes, la suppression progressive des frontières, la mise en place des États-Unis socialistes d’Europe, le communisme mondial.
Or, qu’expliquent-ils aux ouvriers, les dirigeants des partis réformistes et les bureaucrates syndicaux ? PS, PCF en commun avec les Écologistes, Générations et Picardie debout réclament « une nationalisation temporaire ou durable ». Pour le PCF et LFI, la nationalisation serait même l’occasion pour les travailleurs de conquérir de « nouveaux droits », comme celui de cogérer leur propre exploitation.
Les actionnaires de Mittal jugent que la France n’est pas assez rentable ? Tant pis pour eux. Que l’État prenne les manettes, on se débrouillera. Bien sûr, cette nationalisation doit s’accompagner de mesures permettant aux travailleurs d’ArcelorMittal de peser dans la prise de décision. Pour ne pas tomber dans un capitalisme d’État, la nationalisation d’une entreprise ne doit pas être la seule étape dans la reprise en main de l’appareil productif. C’est le sens des propositions de LFI face aux syndicalistes : protéger les travailleurs sur le sol français, par la hausse des salaires et la conquête de nouveaux droits sociaux, mais aussi des relocalisations d’industries et le protectionnisme solidaire, le tout dans le cadre d’une grande planification écologique. (L’Insoumission, 12 mai 2025)
La CGT en appelle à la sauvegarde de la souveraineté nationale.
La nationalisation, c’est un enjeu de souveraineté. Si demain on ne produit plus d’acier en France, on le paiera à prix d’or. Mais il nous faut aussi une meilleure protection aux frontières contre la concurrence des pays qui n’ont pas de taxe carbone et ont des conditions de travail déplorables. (Gaëtan Lecocq, délégué CGT d’Arcelor Mittal Dunkerque, 1er mai)
Les nationalisations antérieures faites sous Chautemps en 1937 (transports), Pétain en 1940-1942 (information, énergie), de Gaulle en 1945-1946 (transports, énergie, banque), sous Mitterrand en 1981-1982 (banque, chimie, métallurgie) ou bien sous Macron en 2017 (chantiers navals STX) ont toujours constitué une opération fructueuse pour la bourgeoisie. L’État bourgeois, en nationalisant, ne défend pas les salariés, il défend le capital français dans son ensemble. En rachetant l’entreprise, il débarrasse le capitaliste de ses pertes et l’indemnise grassement avec les fonds publics, et celui-ci n’a alors plus qu’à attendre que l’État restructure à ses frais le secteur avant de racheter à bon compte l’entreprise quand la conjoncture devient meilleure. En attendant, le grand capital privé bénéficie de tarifs (électricité, par exemple) qui soutiennent sa propre rentabilité. L’appel à la nationalisation contre indemnités d’Arcelor Mittal qu’avancent tous les réformistes désarme les travailleurs en leur laissant croire qu’ils peuvent s’en remettre à l’État bourgeois.
Il fait partie de ceux qui voient dans l’étatisation une mesure en quelque sorte à moitié socialiste ou du moins préparant le socialisme, et qui ont donc un engouement secret pour la protection douanière, le monopole du tabac, la nationalisation des chemins de fer, etc. La nationalisation des chemins de fer ne sert que les actionnaires qui vendent leurs actions au-dessus de leur valeur, mais absolument pas nous, parce que nous viendrons rapidement à bout des quelques grandes compagnies ferroviaires, dès que nous aurons l’État en main; que les sociétés par actions nous ont déjà démontré à quel point les bourgeois en tant que tels sont superflus, puisque toute la gestion est assurée par des employés salariés, et que les nationalisations n’apportent rien de plus à ce sujet. (Friedrich Engels, « Lettre à Bebel », 16 mai 1882, La Social-démocratie allemande, 10-18, p. 168-169)
Le projet de « TVA sociale » pour supprimer les cotisations patronales
Macron a relancé le 13 mai l’idée d’une « TVA sociale » qui se substituerait aux cotisations sociales pour financer les dépenses de la Sécurité sociale. Il s’agit de la énième mouture d’une exigence du patronat qui gémit sur le « cout du travail » et les « charges sociales » qui, dit-il, l’empêcheraient d’augmenter les salaires, mais surtout obèrent son taux de profit.
Nous sommes OK pour qu’il y ait des augmentations de salaires, mais il faut que le cout du travail pour l’entreprise et pour les salariés eux-mêmes baisse. On paie trop de charges sociales. Prenons le cas des retraites. Les entreprises paient 60 % des cotisations de retraite ; les salariés 40 %. Donc qu’à la fin, le net soit faible, cela s’explique. Le modèle social français est à bout de souffle et il est mal financé. Il pèse trop sur le travail. Il pèse trop sur l’entreprise. Augmentons le Smic, mais dans ces conditions. (Patrick Martin, président du Medef, 4 février 2025)
Le sens de cette entourloupe est bien entendu de diminuer la valeur du travail payée par le capitaliste et de transférer le financement des dépenses sociales sur l’impôt le plus injuste qui pénalise d’abord les plus faibles revenus. Les directions syndicales ont exprimé leur opposition, mais Macron a indiqué qu’une « conférence sociale sur le financement de notre modèle social » devrait être organisée, reprenant la méthode maintenant parfaitement rôdée du « dialogue social » pour faire avancer ses plans.
D’ores et déjà, dans les syndicats, les militants lutte de classe doivent avancer l’exigence : pas un seul dirigeant syndical ne doit participer à cette mascarade, les dirigeants syndicaux hors des conseils et organismes de dialogue social, de conciliation et de collaboration de classe. Car les dirigeants syndicaux ne prennent pas ce chemin, au contraire.
Le soutien sans faille des réformistes et des bureaucrates syndicaux au gouvernement
À l’instar de toutes les États impérialistes, le gouvernement a mis en avant l’impérieuse nécessité du réarmement passant par de nouveaux investissements dans la « défense » et une réindustrialisation. Le budget 2025 consacre 50,5 milliards d’euros aux dépenses militaires. Elles devraient atteindre 64,7 milliards en 2030 selon la loi de programmation 2024-2030. Mais cela ne suffit pas. L’objectif est désormais fixé à 3,5 % du PIB, soit 120 milliards d’euros ! Tout cela devra être supporté par la classe ouvrière aux plus grands bénéfices des capitalistes du secteur. Le front unique devrait immédiatement se réaliser pour rassembler tous les travailleurs contre les budgets militaires, le militarisme de la bourgeoisie. Mais les partis réformistes comme les chefs syndicaux font au contraire la courte-échelle à la bourgeoisie au nom de la souveraineté française. Des canons, d’accord, à condition qu’ils soient français !
Cela ouvre la voie à une industrie de défense civile et militaire pour laquelle il convient de reconquérir notre souveraineté industrielle dans de nombreux domaines. Le pôle public national de défense (PPND), proposé par la CGT, doit permettre cette réappropriation de la maitrise publique des industries d’armement et de leur stratégie industrielle. (CGT, 16 mesures d’urgence contre la guerre commerciale, 18 avril 2025)
Nous ne sommes pas opposés à ce que la France et l’Europe se réarment. La question est la suivante : si nous dépensons 40 milliards d’euros cette année en équipements militaires, où iront-ils ? Aux États-Unis. (Alma Dufour, députée LFI, France Info, 8 mars 2025)
Ce renfort apporté à la bourgeoisie lui est d’autant plus précieuse que le gouvernement Bayrou n’a pas les moyens politiques à la hauteur de ses nécessités. Son absence de majorité à l’Assemblée nationale ne l’empêche nullement de faire passer diverses mesures réactionnaires, par exemple la circulaire de Retailleau du 4 mai durcissant les conditions de la naturalisation, mais les échéances se rapprochent.
Selon l’INSEE, la croissance en France au premier trimestre 2025 n’a été que de 0,1 %, celle du deuxième trimestre est estimée à 0,2 %. Le budget 2025 avait été établi sur la base d’une croissance annuelle de 0,9 %. Le 9 avril, le gouvernement a été contraint d’abaisser cette prévision à 0,7 %. Le FMI a d’ailleurs retenu un 0,6 % de croissance pour la France en 2025. Dans ces conditions, la limitation du déficit public à 5,4 % du PIB ne sera pas tenue et le gouvernement sabre dans les crédits ouverts en gelant plus de 9 milliards d’euros. Mais la préparation du budget 2026 avec une économie annoncée de 40 milliards supplémentaires, sans parler de l’augmentation des dépenses militaires, tourne à la gageüre.
Bayrou lui-même est empêtré dans les révélations sur son soutien à l’établissement catholique de Bétharram où sévices sexuels et maltraitance ont accablés les élèves pendant des dizaines d’années. Sa proposition de référendum sur les économies budgétaires à peine formulée est déjà mort-née.
Mais, vaille que vaille, le gouvernement continue d’avancer car il n’a rien à craindre des directions syndicales qui organisent la dispersion et l’impuissance. Dispersion entre les catégories de travailleurs lors de la semaine de grèves à la SNCF du 5 au 11 mai, impuissance dans les journées d’action comme encore celle du 13 mai avec l’appel aux « actions » des fonctionnaires dans le cadre du « printemps des luttes » (sic) par la CGT, l’UNSA, la FSU, Solidaires-SUD et la CFE-CGC qui n’a donné lieu, comme il fallait s’y attendre, qu’à une très faible mobilisation et des cortèges clairsemés. Pas de quoi entamer le soutien de LO à la bureaucratie syndicale. La ronde des luttes suffit à la combler.
À Paris, Marseille, Nice, Poitiers, Amiens, Belfort, etc., des territoriaux, des travailleurs de l’éducation, parfois des soignants et autres salariés du public ont bien des raisons de protester contre les lourdes coupes budgétaires que le gouvernement a fait voter pour 2025 et envisage de renouveler pour 2026 (40 milliards d’économies) … Après les travailleurs de la fonction publique, ce devait être, le 15 mai, le tour de ceux des secteurs sociaux et médico- sociaux et autres salariés indispensables comme les aides à domicile, les éducateurs ou les employés de France Travail. (LO, 14 mai 2025)
Rompre avec la collaboration de classe et les diversions des appareils syndicaux
Pour ouvrir la voie à la prise du pouvoir, la classe ouvrière a besoin d’un parti révolutionnaire qui ne couvre pas les manœuvres des bureaucrates syndicaux, qui lutte pour le front unique ouvrier contre le militarisme, le patriotisme, le protectionnisme qui sont les armes de la bourgeoisie, qui combatte pour la grève générale victorieuse contre les journées d’action mortifèAres, pour l’auto-organisation et l’autodéfense de la classe ouvrière, pour un gouvernement des travailleurs, pour l’internationalisme prolétarien, pour le socialisme. Ce parti reste à construire. Organisons-nous, regroupons les révolutionnaires, isolés dans les multiples syndicats, stérilisés dans les partis sociaux-impérialistes ou les multiples officines centristes qui servent de béquille aux bureaucrates.