NPA-R : un congrès sans bilan et sans programme

Le programme d’abord ! (Trotsky, 16 décembre 1935)

Nous ne considérons pas que la disparition de l’État d’Israël soit nécessaire ou souhaitable. Nous pensons même que son existence pourrait être bénéfique à toute la population arabe et juive du Moyen-Orient. (Hardy, fondateur de VO-LO, juillet 1967)

Je suis pour l’augmentation du nombre de policiers. (Laguiller, porte-parole de LO, 30 mars 1981)

Le NPA-R ne répond pas au GMI et exclut le courant SoB

Le premier congrès du NPA-R s’est tenu du 31 janvier au 2 février. Lors de la préparation, avec une participation de 84 %, les votes donnent :

  • 89,46 % à Convergences révolutionnaires (CR) et Anticapitalisme & révolution (AR),
  • 8,33 % à Démocratie révolutionnaire (DR),
  • 2,21 % à Socialisme ou barbarie (SoB).

Après la scission du NPA, le Groupe marxiste internationaliste demande en 2023 à adhérer au NPA qui refuse de se subordonner au front populaire, avec les mêmes droits et devoirs que les courants existants du NPA-R, pour y militer au coude à coude et pour confronter son orientation à celle de la direction, démocratiquement, devant tous les militants.

Si le but des chefs CR et AR était vraiment de construire « un parti des travailleuses et des travailleurs ; communiste et internationaliste » (l’internationale viendra plus tard, quand ce sera fait ?), ils auraient immédiatement ouvert les portes du NPA-R. Mais la demande les met plutôt mal à l’aise.

Sans se décourager devant leurs atermoiements, les militants du GMI participent aux deux « rencontres d’été » du NPA-R à Barbaste en 2023 et en 2024. Comme chez LO, les exposés des « RER » se terminent sans véritable conclusion, sans perspective, sans programme.

On retrouve souvent la même impuissance propagandiste dans la plupart des articles de Révolutionnaires. Le modèle du bimensuel est le « journal d’Arlette Laguiller », pas la presse du Parti bolchevik qui incarnait sa stratégie, qui était tendu vers des mots d’ordre.

Fin 2024, notre organisation internationale (le Collectif révolution permanente fondé en 2002 en Argentine) s’adresse à toutes les organisations révolutionnaires du monde pour se regrouper sur la base du programme communiste.

Toujours pas de réaction. Le GMI écrit au congrès pour pouvoir lui présenter aux délégués sa demande.

Pas de réponse, ce qui prouve le mépris pour la démocratie ouvrière et la méfiance envers le congrès et les délégués. Cela n’empêche pas l’appareil du NPA-R, une fois reconduit, de vanter « une ambiance démocratique et fraternelle » alors qu’il vient d’exclure bureaucratiquement SoB. C’est typiquement ce que l’écrivain George Orwell appelait « double pensée » et « novlangue ».

Comment ne pas relier l’absence de réponse au GMI et l’exclusion de SoB au refus de tirer le bilan du NPA d’où vient le NPA-R, au refus de tirer le bilan de LO d’où viennent CR et DR ? Pourquoi ajouter une organisation « d’extrême gauche » à l’éparpillement irresponsable et à la confusion politique actuelle sans présenter son programme ?

CR, un vieux sous-produit de LO qui met les jeunes du NPA-R au service de LO

En 1996, quelques militants de LO comprennent, enfin, que la Russie est devenue capitaliste en 1991. Par contre, le chef dissimulé de LO, Robert Barcia (Hardy), pense que la Russie est toujours un État ouvrier. Et il ne tolère pas qu’on défie son autorité. Il met sur le banc de touche les dissidents. Pour pour pouvoir rester dans l’organisation, la fraction publiera ses bulletins d’entreprise à elle (L’Étincelle) et sa revue à elle (Convergences révolutionnaires), CR-L’Étincelle aura droit à une demi-page dans l’hebdomadaire. Ses recrues n’auront jamais le droit de vote dans l’organisation secrète.

Pour ceux qui trouvent que l’esprit moine-soldat de LO est stupide, il y a la fraction. (Hardy, Texte interne, 23 novembre 1996)

Par contre, les militants de CR servent toujours de troupes aux activités de LO (campagnes électorales, etc.). CR accepte plus d’une décennie ces conditions exorbitantes, étrangères au bolchevisme et à la 4e Internationale.

Cependant, en 2008, CR, sans avoir jamais tiré le bilan de LO ni avoir retrouvé le programme communiste, voit l’opportunité d’échapper à l’étouffement quand la LCR (une organisation pseudo-trotskyste aussi pro stalinienne que LO, mais plus sensible à l’air du temps) décide de lancer un parti sans programme, fédérant écologistes, féministes, staliniens défroqués, anarchistes, régionalistes, etc. C’en est trop pour LO qui se débarrasse de CR. Mais fin 2022, la direction du NPA se sépare à son tour de toutes les fractions minoritaires qui gênent son rapprochement avec la France insoumise (LFI), le parti social-impérialiste qui semble l’emporter sur le PS et sur le PCF. Le NPA Jeunes bascule du côté des minorités.

Par conséquent, CR se retrouve début 2023 à la tête d’une organisation de taille significative, alors que les franchises étrangères de LO ne dépassent pas un effectif de quelques dizaines, parfois moins que le Groupe marxiste internationaliste.

CR, dont le fonctionnement et l’orientation restent ceux de LO, caporalise « son » NPA et tente d’imposer à sa maison-mère de renégocier.

Nous menons une politique prioritairement tournée vers l’organisation révolutionnaire qui est à la fois la plus proche politiquement et la plus grande numériquement, à savoir Lutte ouvrière… (CR-AR, Texte 3, 12 décembre 2024)

Sans avoir conclu le moindre accord programmatique, l’appareil du NPA-R met au service de celui de LO, lors des élections législatives, sa base militante. Des centaines de jeunes du NPA qui croient préparer la révolution mènent la lamentable campagne, semi-réformiste, de LO.

« LO, la plus sérieuse des organisations révolutionnaires » (NPA-R, 19 décembre 2023)

LO est fondée en 1956 sous le nom de VO. Sur le papier, il s’agit de « reconstruire la 4e Internationale », ce qui présente l’avantage de se placer sous le patronage de Marx, Engels, Lénine et Trotsky. En réalité, VO n’a pas le moindre lien avec la 4e Internationale (1933-1953). Aucun de ses fondateurs n’a appartenu à la section française, ni à une autre.

En 1933, après la prise du pouvoir par Hitler, l’Opposition de gauche internationale de l’Internationale communiste abandonne la perspective de redresser la 3e Internationale. Cette défaite historique du prolétariat allemand est causée tant par la politique du SPD qui a déjà trahi en 1914 et en 1919 (s’allier à la bourgeoisie « démocratique » face à la menace fasciste) que celle du KPD stalinisé (minimiser le danger nazi, diviser le prolétariat en désignant comme principal danger le SPD). Hardy, au contraire, camoufle la responsabilité de l’IC et du KPD dans cette défaite historique.

Le stalinisme devient aussi contrerévolutionnaire que le travaillisme et la sociale-démocratie avec les procès de Moscou (où sont accusés de complot avec Hitler les anciens dirigeants du Parti bolchevik) et le tournant de l’IC vers les fronts populaires (l’alliance avec la bourgeoisie rejetée par la Ligue des communistes en Europe en 1851, par le Parti bolchevik en Russie en 1905 et en 1917). La 4e Internationale s’oppose totalement aux fronts populaires. Hardy n’a pas d’opinion sur les fronts populaires, il bavarde, comme le PCF, sur « la gauche ».

Le rôle contrerévolutionnaire des partis « communistes » staliniens et de leurs fronts populaires est confirmé lors de la grève générale de 1936 en France et de la révolution de 1936 en Espagne. Hardy camoufle le rôle consciemment réactionnaire de l’IC et du PCE en Espagne.

Ainsi s’explique la ligne économiste, quasi-syndicaliste, son indifférence aux fronts populaires (contre lesquels s’est constituée la 4e Internationale) et l’absence de mots d’ordre politiques transitoires (front unique ouvrier, milice ouvrière, gouvernement ouvrier, États-Unis socialistes d’Europe, etc. adoptés par l’Internationale communiste et par la 4e Internationale).

Tout rabaissement de la politique social-démocrate au niveau de la politique trade-unioniste, équivaut justement à préparer le terrain pour faire du mouvement ouvrier un instrument de la démocratie bourgeoise. Par lui-même, le mouvement ouvrier spontané ne peut engendrer (et n’engendre infailliblement) que le trade-unionisme ; or la politique trade-unioniste de la classe ouvrière est précisément la politique bourgeoise de la classe ouvrière. (Lénine, Que faire ?, 1902)

En pratique, VO-LO adopte toute une série de positions opportunistes qui découlent de son adaptation au stalinisme :

  • reconnaitre l’État d’Israël,
  • reprocher au PCF de s’allier au PS,
  • taire la cogestion pratiquée par la bureaucratie de la CGT comme les autres,
  • voter à plusieurs reprises pour des partis bourgeois (et même participer elle-même à des listes avec des partis bourgeois !),
  • ne jamais affronter la bureaucratie de la CGT dans les assemblées générales, les sections et les congrès syndicaux,
  • attribuer la responsabilité des défaites aux travailleurs,
  • taire la nécessité de l’autodéfense et de l’insurrection,
  • demander plus de flics…

« Toute secte est religieuse » (Marx, 1868)

Les communistes procèdent toujours du programme international au programme national, du programme à la forme d’organisation. L’organisation communiste est toujours démocratique, même dans la clandestinité. Hardy justifie sa prétention à fonder sa secte séparée (et à vaguement « reconstruire la 4e Internationale ») en revendiquant non la défense d’un programme, mais une « type original » de recrutement et de fonctionnement.

Notre type de discipline est notre seule justification en tant que groupe original. (Hardy, Rapport politique, 5 décembre 1992)

Hardy pense avoir découvert la pierre philosophale, une recette magique auquel le mouvement ouvrier international n’avait pas pensé durant 150 ans : ni la Ligue des communistes, ni l’Association internationale des travailleurs, ni l’Internationale ouvrière, ni l’Internationale communiste, ni la 4e Internationale.

Pour former un jeune et le transformer, il faut quasiment vivre avec. (Hardy, Rapport politique, 12 octobre 1991) ; Il faut lui proposer de le voir tous les jours, il faut être son père, sa mère, son frère, sa sœur, etc… Il faut être aimé. (Hardy, Rapport politique, 5 décembre 1992)

Hardy et ses adjoints façonnent des disciples, pris le plus jeune possible, au lycée, en les coupant de leur milieu familial. L’initiation inculque la foi et la soumission, en commençant par la lecture de romans sociaux et en exigeant d’emblée l’obéissance aveugle. Les prophètes invoqués sont quelques grandes figures révolutionnaires qu’il faut lire ensuite, mais sans appliquer vraiment à la conjoncture. Leur invocation sert à légitimer les exigences de sacrifices en argent et en temps. En réalité, Marx, Engels, Luxemburg, Lénine et Trotsky étaient souvent joyeux. Surtout, ils ne doutaient ni de la capacité de la classe ouvrière à renverser l’ordre existant, ni de l’aptitude des militants communistes à penser par eux-mêmes, à débattre librement et à trancher démocratiquement.

Toute secte est religieuse… La secte cherche sa raison d’être et son point d’honneur, non pas dans ce qu’il y a de commun au sein du mouvement ouvrier, mais dans sa recette particulière qui l’en distingue. (Karl Marx, Lettre à Schweitzer, 13 octobre 1868)

Certes, la lutte pour la révolution exige du dévouement. Mais VO-LO fonctionne en fait comme une secte morose. Les recrues sont invitées à ne pas faire d’enfant. Durant les congés d’été, au lieu de jouir de vacances bien méritées, les disciples sont maintenus sous la coupe, dans des « caravanes » ineptes qui ont survécu à la mort du gourou. Les adeptes se pensent infiniment supérieurs à tous les autres militants de ce qu’ils appellent, comme le PCF, « la gauche » et « l’extrême-gauche ». Ils se sentent sélectionnés, élus. Quand ils sont embarrassés dans une discussion, ils s’en tirent en rétorquant : « faites comme vous voulez de votre côté ».

Certes, chez LO, la révolution remplace les dieux de la plupart des sectes. Comme toute divinité, la révolution est hors d’atteinte, n’est pas de ce monde. Même en mai-juin 1968, Hardy, qui méprise au fond le prolétariat, ne voit dans la crise révolutionnaire que des grèves revendicatives. Autrement dit, il n’y aura jamais de révolution en France, ni ailleurs.

Quant à la démocratie ouvrière, voici un aperçu d’un congrès de LO, en décembre 1987. Un envoyé officiel de la LCR a 10 minutes pour parler alors que Hardy lui répond pendant 120 minutes.

J’étais le seul invité extérieur. Arlette à 13 h 01 annonça l’ordre du jour : de 13 h 03 à 13 h 10, l’état des adhésions, de 13 h 11 à 13 h 17, l’état des ventes du journal… De 14 h 05 jusqu’à 14 h 15, le camarade de la Ligue communiste révolutionnaire aura la parole… Quand j’eu finis, le dirigeant principal de Lutte ouvrière me répondit pendant deux heures pleines… Après il y eut une pause d’un quart d’heure, puis, quelques interventions très générales, où aucun fait localisé n’était cité, pendant un peu plus d’une heure. Quand ce fut fini, il y eut une longue réponse du rapporteur qui me critiqua encore, puis un vote à mains levées, à 99 % des délégués. (Gérard Filoche, 68-98, histoire sans fin, 1998)

Trotsky avait donné le conseil suivant à la section française de l’Opposition de gauche de l’Internationale (Ligue communiste).

La masse ouvrière n’est pas composée de nourrissons. L’ouvrier ne demande pas d’ordres, mais de l’aide pour son orientation politique. Pour cela il faut lui dire avant tout ce qui est… La vérité est toujours révolutionnaire. Exposer aux opprimés la vérité de leur situation, c’est leur ouvrir la voie de la révolution. Dire la vérité sur les gouvernants, c’est saper mortellement les bases de leur pouvoir. Dire la vérité sur la bureaucratie réformiste, c’est l’écraser dans la conscience des masses. Dire la vérité sur les centristes, c’est aider les ouvriers… (Lettre « La Vérité », 5 août 1929)

Le journal Lutte ouvrière ne dit pas la vérité sur la bureaucratie réformiste. La direction de LO prend la masse ouvrière pour des nourrissons, elle lui ment quand elle signe « Arlette Laguiller » puis « Nathalie Arthaud » les éditoriaux qui sont écrits par d’autres.

« L’implantation » qui est censée distinguer VO-LO ne bénéficie pas à la classe ouvrière, elle ne prépare pas la révolution. Jusqu’à l’effondrement de l’URSS en 1991 et à la crise finale du stalinisme mondial qui suit, VO-LO fonctionne, comme une fraction externe du PCF. LO s’est depuis intégrée à la bureaucratie corrompue de la CGT. « L’implantation » hardyste est en fait au service des Séguy, Krasucki, Viannet, Thibault, Martinez, Binet… De ce point de vue, il n’y a que des nuances, secondaires, entre VO-LO et LCR-NPA-RP.

Aucun bilan de plus d’une décennie de pratique réformiste au sein du NPA

En 2017, le NPA mène une campagne réformiste au premier tour de la présidentielle puis il appelle à « battre Le Pen » au second tour. Autrement dit, le NPA appelle à voter pour le principal candidat de la bourgeoisie. Tout cela ne gêne guère les courants minoritaire (RP, CR, AR, CLAIRE, DR…).

En 2018, le NPA, comme LO et LFI, s’enthousiasme pour les Gilets jaunes, un mouvement à base populaire mais qui reste aux mains de la petite bourgeoisie (travailleurs indépendants et petits patrons réactionnaires), ce dont témoignent les drapeaux tricolores et la lutte contre l’impôt. Cela ne trouble pas les minorités.

Lors de l’épidémie de covid, ce qui reste du NPA et RP qui vient de le quitter sans divergence stratégique applaudissent, comme LFI et LO, le mouvement « antivax » dirigé par des complotistes et des fascistes.

Au premier tour de la présidentielle de 2022, le NPA mène de nouveau une campagne réformiste puis appelle, dans les mêmes termes que LFI, à battre Le Pen au second tour. Autrement dit, avec le PS, le PCF, la plupart des bureaucraties syndicales, à reconduire le président bourgeois.

La première chose qu’auraient fait des communistes après la scission opérée par Besancenot, Poutou et compagnie aurait été convoquer immédiatement un congrès démocratique quelques mois après pour tirer le bilan de 14 ans d’opportunisme et adopter un programme clair. Mais les hardystes de CR s’arrogent le droit de diriger sans congrès, sans bilan, sans présenter leur programme.

Rien d’essentiel ne différencie le NPA-R de LO

Tout au long de 2022, ni LO, ni le NPA, ni RP, ne se battent au sein des syndicats, des lieux de travail et d’étude contre la négociation par toutes les bureaucraties syndicales de la nouvelle attaque que le gouvernement Macron-Borne prépare contre les retraites.

Au printemps 2023, jamais les NPA, RP, LO, le POI, le PT ne se battent dans les assemblées générales et dans les syndicats pour la grève générale. Tous soutiennent les « journées d’action » de l’Intersyndicale qui visent à empêcher la grève de tous en même temps, jusqu’à satisfaction, seul moyen d’arracher le retrait du projet de loi.

Durant la mobilisation de centaines de milliers de travailleurs, LO ne fait aucun cas de la grève générale. Le NPA-R se contente d’une affiche. Les morénistes de RP, plus rusés que les hardystes, lancent un « réseau » qui s’affiche pour « la grève générale ». En réalité, LO, les deux NPA et RP appuient les « grèves reconductibles » des bureaucraties de la CGT et de SUD. S’il n’y a pas « généralisation », disent tous les larbins des bureaucraties CGT, SUD et FSU, c’est la faute aux travailleurs. Les deux NPA cautionnent même la diversion pitoyable des casserolades de LFI.

L’été 2023, au lieu de tirer les leçons de cette défaite, le NPA-R fait croire, comme les chefs syndicaux et les partis ouvriers bourgeois, que le mouvement se poursuit et peut vaincre. Le NPA-R envoie une délégation à la conférence de Milan. Elle capitule honteusement devant Lotta Comunista qui attaque ouvertement l’héritage antistalinien de l’Opposition de gauche de l’Internationale communiste et de la 4e Internationale, qui refuse de condamner l’invasion de l’Ukraine, qui ne se prononce jamais pour la destruction de l’État sioniste.

La direction du NPA-R n’est pas séduite par l’orientation politique de LC. Qu’importe le programme ! Elle est fascinée par une secte sachant, aussi bien que LO, lobotomiser et pressurer ses adeptes.

Fin 2023, le NPA-R participe aux manifestations contre le génocide à Gaza sans aucun programme pour la Palestine et le Proche-Orient. Le NPA-R, pas plus que le NPA-AC, ne se bat dans les syndicats pour le boycott des armements français à destination d’Israël et la rupture de toute collaboration militaire.

En 2024, la mini bureaucratie consolidée du NPA-R envoie les militants de base se démener pour les élections européennes et législatives de 2024, sans programme distinct de RP ou de LO.

Une absence de programme bien confortable

Le bloc de direction CR-AR ne repose sur aucune base programmatique, comme le voient bien les tendances minoritaires.

Une fusion par en haut telle qu’elle se déroule depuis deux ans sans discussion ouverte à tous.tes les militant.es, publique, sans qu’il soit possible de comprendre les divergences qu’ils auraient surmontées et de partager l’expérience qu’ils qualifient d’inédite, ne porte aucune dynamique pour le mouvement révolutionnaire. (DR, 12 décembre 2024)

La situation est quand même un peu inédite, parce que nous ne retrouvons pas d’autres cas de fusions opérées sur la base d’unification des instances organisationnelles sans aucun accord sur le programme et la stratégie. (SoB, 20 décembre 2024)

La plateforme de la direction échoue à expliquer le NFP à la lumière des analyses de Trotsky sur les fronts populaires. Elle titube sur la qualification à appliquer aux directions syndicales qui sont présentées comme « en deçà », ou comme « corps intermédiaires », corporatistes ou nationalistes mais jamais comme des agents de la bourgeoisie dans la classe ouvrière. Cette absence de programme explique quelques hésitations comme sur le capitalisme chinois qui n’est jamais clairement qualifié d’impérialiste.

À rebours de ce que doit être une organisation prolétarienne révolutionnaire, le programme est repoussé aux calendes grecques, alors que la direction a déjà différé de deux années.

Nombre de vérifications et de débats sont encore devant nous avant de pouvoir synthétiser ce programme dans un document, ce qui pourrait être un objectif pour le prochain congrès. (CR-AR, Texte 3, 12 décembre 2024)

Si un programme est facultatif pour la petite bureaucratie du NPA-R, il est indispensable pour la classe ouvrière, pour toute organisation révolutionnaire.

Le programme, c’est un obstacle sérieux pour la fraternisation générale des petits-bourgeois, des intellectuels, des pessimistes, des sceptiques et des aventuriers, et nous autres croyons que le programme détermine tout. (Lev Trotsky, Lette au comité central du GBL, 4 décembre 1935)

L’objectif, le vrai programme de CR, qui ne peut pas être dit aux militants, est de conserver son appareil dans le cadre du capitalisme pourrissant, de ne pas être tenu d’affronter les bureaucraties syndicales. De là découle l’importance accordée aux compatibilités dans les « pratiques militantes ».

Nous sommes ouverts aux discussions avec les courants et organisations dont les positions et les pratiques peuvent nourrir notre compréhension des situations, et qui sollicitent comme nous des échanges. Nous ne souhaitons pas opérer de rapprochements sur la base de seuls textes. Les références programmatiques doivent être éclairées par les pratiques militantes et organisationnelles, mises à l’épreuve des implantations et interventions dans la classe ouvrière, et aussi la jeunesse. (CR-AR, Texte 1, 12 décembre 2024)

La direction du NPA-R, composée majoritairement de permanents syndicaux et politiques, ne daigne pas répondre aux communistes du Groupe marxiste internationaliste. La discussion d’un programme, tous les militants et, au-delà, tous les travailleurs intéressés peuvent s’en faire une opinion. La « compatibilité des pratiques » est décidée, en secret, sans que la base s’en mêle.

En sous-main, l’appareil du NPA répand, en interne, des calomnies contre tel ou tel de nos camarades qui serait ni plus ni moins qu’un briseur de grève. Ces tartufes craignent de débattre honnêtement sur le programme.

Les militants du GMI, parce qu’ils s’efforcent d’être une avant-garde et non une arrière-garde, se concertent toujours avec les travailleurs de leur site. Par conséquent, ils n’obéissent pas forcément aux décrets des appareils syndicaux. À l’opposé, la petite bureaucratie de LO et son clone du NPA-R exigent que leurs militants obéissent toujours aux bonzes syndicaux, même pour des simulacres de grève, quand 95 ou 98 % des travailleurs vont travailler. Quitte à les faire passer pour des zombies.

Les centristes ont beau bavarder sur les masses, c’est toujours sur l’appareil réformiste qu’ils s’orientent. (Trotsky, Pour les comités d’action, pas le Front populaire, novembre 1935)

Un « pôle des révolutionnaires » triés selon les besoins du moment

Avancé depuis plusieurs mois dans le bimensuel, consacré dans la plateforme de la direction et ratifié par le congrès, le mot d’ordre du « pôle des révolutionnaires » (un recyclage de « l’unité des gauchistes » de LO en 1968) semble sonner comme l’unité des organisations ouvrières se réclamant de la révolution.

Le regroupement dans l’action militante et dans l’apparition publique des forces des révolutionnaires constituerait un atout essentiel. (CR-AR, Texte 3, 12 décembre 2024)

La classe ouvrière a besoin pour vaincre d’un parti ouvrier révolutionnaire, basé sur un programme communiste. La classe ouvrière a besoin pour se défendre du front unique de ses organisations de toutes ses organisations, contre les attaques de la bourgeoisie.

Le « pôle des révolutionnaires » des chefs du NPA-R n’est ni l’un, ni l’autre. La classe ouvrière n’a pas besoin pas d’un bloc électoral prolongé d’organisations centristes qui se disputent en permanence sur des questions secondaires (comme le FIT en Argentine). Le « pôle des révolutionnaires » tombe déjà dans les mêmes travers : le NPA-R propose un meeting commun le 1er mai 2024 au PT et à LO, mais pas à RP. Qui décrète que le PT et LO sont plus « révolutionnaires » que RP ? Qui fait le tri parmi les « révolutionnaires » ? Sur quel critère quand on n’a pas de programme ?

Le seul « pôle des révolutionnaires » qui constituerait une avancée serait de rassembler pour agir ensemble toutes les forces qui s’opposent au protectionnisme et au militarisme, qui luttent contre le génocide des Palestiniens et pour l’indépendance de la Kanaky, qui veulent se défendre contre les flics et les fachos, qui combattent la collaboration de classes (cogestion, négociation des attaques étatiques, fronts populaires…). Bref, si c’était un pas vers un parti ouvrier révolutionnaire en mesure de combattre les anciennes directions de collaboration de classes.

Dans les syndicats d’Occident, une aristocratie ouvrière corporative, étroite, égoïste, sans entrailles, cupide, philistine, d’esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l’impérialisme, y est apparue bien plus puissante que chez nous. Cela est indiscutable. La lutte contre les Gompers en Amérique, Jouhaux, Henderson, Merrheim, Legien et compagnie en Europe occidentale, est beaucoup plus difficile… Cette lutte doit être impitoyable et il faut absolument la pousser, comme nous l’avons fait, jusqu’à déshonorer complètement et faire chasser des syndicats tous les incorrigibles chefs de l’opportunisme et du social-chauvinisme. Il est impossible de conquérir le pouvoir politique (et il ne faut pas essayer de prendre le pouvoir) aussi longtemps que cette lutte n’a pas été poussée jusqu’à un certain degré. (Lénine, La Maladie infantile du communisme, le gauchisme, 1920)

À quoi bon un LO supplémentaire en plus petit ?

Le communiqué du congrès sort tout droit du « journal d’Arlette Laguiller» il y est question du « camp des travailleurs », de sa nécessité de se « faire entendre », que « les travailleuses arracheront leurs revendications par leurs grèves et par leurs luttes » donc sans s’armer, sans la révolution, sans la prise du pouvoir, sans la dictature du prolétariat.

Nulle part ailleurs que dans le mouvement ouvrier français, n’existait un tel réseau de sectes… Chaque petit groupement, surtout sa bureaucratie, regardait son existence comme une fin en soi… Le Parti communiste est né pour secouer ce conservatisme jusqu’à ses racines, pour rassembler toutes les fractions du prolétariat par le front unique contre la bourgeoisie et son État. (Trotsky, Lettre du CEI de l’Internationale communiste au congrès du PC-SFIC, 13 septembre 1923)

Ce qu’il faut aux travailleuses et aux travailleurs, c’est un Parti bolchevik. Pas dans 100 ans, le temps presse !

10 mai 2025