Le délit d’« apologie du terrorisme » est une spécificité française.
Dans ce contexte, l’État français a décidé de passer un cap dans la répression des opposants politiques. Le 18 juin prochain, deux militants de l’organisation Révolution Permanente seront jugés pour « apologie du terrorisme », dont son porte-parole, cheminot, militant syndical SUD Rail et ancien candidat à la présidentielle, Anasse Kazib. En avril 2024, ils avaient été convoqués par la police anti-terroriste au même titre que l’eurodéputée Rima Hassan, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, et différentes personnalités.
Si l’utilisation de moyens anti-terroristes contre les soutiens de la Palestine se banalise, le délit d’« apologie du terrorisme » est une spécificité française. Entré dans le code pénal en 2014 au nom de la lutte contre le djihadisme, il permet de condamner à des peines de prison pour des opinions politiques. Depuis le 7 octobre 2023, cette disposition, contestée jusque par la Cour européenne des droits de l’homme ou par d’anciens juges anti-terroristes comme Marc Trévidic, est mobilisée pour réprimer des étudiants, des militants, des élus locaux, des dirigeants syndicaux comme Jean-Paul Delescaut de la CGT ou des intellectuels, à l’image de François Burgat, jugé le 24 avril prochain, qui ont le tort de porter un discours différent de celui du gouvernement.
Cette politique pénale s’accompagne d’une véritable persécution, qui va jusqu’à appeler des mesures aussi lourdes que la déchéance de nationalité à l’encontre de personnalités comme Rima Hassan. Poursuivre le porte-parole d’une organisation politique nationale est cependant sans précédent. Il s’agit d’un véritable test pour l’État : s’il aboutit à une condamnation, personne ne sera à l’abri de procédures qui permettent de condamner des opposants ou des intellectuels critiques, mais aussi de les associer au « terrorisme », de les ficher comme tels ou de les rendre inéligibles.
La relaxe d’Anasse Kazib et de son camarade est un enjeu vital pour le mouvement de solidarité.
Face à cette répression, et par-delà nos désaccords politiques, il est impératif de faire front avec Anasse Kazib, ses camarades, et l’ensemble des soutiens de la Palestine réprimés. Le combat contre l’oppression du peuple palestinien est indissociable de la lutte contre la criminalisation de ses soutiens, et les outils qui permettent d’instaurer un véritable délit d’opinion et d’associer lutte pour la Palestine et terrorisme. Dans ce contexte, obtenir la relaxe d’Anasse Kazib et de son camarade est un enjeu vital pour le mouvement de solidarité. Le 18 juin prochain, faisons du procès des militants de RP l’occasion de dénoncer la répression d’État en France et à l’international.