Notre programme est formulé dans une série de documents accessibles à tout un chacun. On peut en résumer la substance en deux mots : dictature du prolétariat. (4e Internationale, mai 1940, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, p. 31)
Le Parti communiste révolutionnaire (PCR) a tenu son congrès fondateur en novembre 2024 avec « plus de 160 militants de la région parisienne, Toulouse, Marseille, Aix-en-Provence, Montpellier, Grenoble, Reims, Gap, Lyon, Rennes, Morlaix, Brest, Nantes, Lille, Bourges, Dax, Cherbourg et du Val d’Ajol ».
Comment justifier la création du PCR à côté des grands partis issus historiquement de la classe ouvrière mais qui prétendent changer le monde par des élections et des référendums ? Pourquoi ajouter le PCR à une multitude d’organisations qui se réclament aussi du « communisme révolutionnaire » mais capitulent souvent devant le front populaire, toujours devant les bureaucraties syndicales ?
De la « tendance marxiste » aux « partis communistes révolutionnaires »
C’est l’application en France d’un tournant décidé en Grande-Bretagne par un courant qui a appartenu au Parti travailliste (LP) pendant 70 ans. Militant, c’est son nom dans les années 1960-1970, renie l’étiquette du communisme révolutionnaire pour ne pas choquer les préjugés réformistes anglais. Militant et sa projection internationale (CIO/CWI) formée en 1973 se désignent comme « tendance marxiste ».
Le fonctionnement, peu démocratique, s’apparente à celui d’une secte.
La ligne est imprégnée de réformisme. Militant explique que le socialisme sera instauré pacifiquement par un gouvernement du LP nationalisant les plus grandes entreprises. En 1970-1973, Militant veut pousser le front populaire du Chili (UP, une coalition du PS et du PCC avec des débris de la bourgeoisie tentant de s’appuyer sur le général Pinochet) à « prendre le contrôle de l’économie ».
Face à son propre État bourgeois, Militant refuse de se prononcer contre l’envoi de l’armée impérialiste en Irlande en 1971 et aux iles Malouines en 1982. En 1973-1974, Militant est absent du front unique ouvrier qui mobilise dans les syndicats et les quartiers populaires contre le BNF fasciste. En 1983, la bureaucratie travailliste expulse la direction de la tendance. En 1984-1985, Militant est tellement occupé à garder la mairie de Liverpool par tous les moyens qu’il néglige la grève des mineurs et ne combat pas la trahison du Parti travailliste, de la direction confédérale du TUC et de la direction syndicale de la NUM.
En 1992, Militant explose. La majorité garde le CIO/CWI et proclame un « Parti socialiste » en Ecosse (SSP) dirigé par Sheridan et un autre « Parti socialiste » en Angleterre et au Pays de Galles (SP) dirigé par Taaffe. La minorité menée par Ted Grant et Alan Woods reste dans le Parti travailliste et constitue sa propre internationale (TMI/IMT).

Comme LO en France, le SP et SA expriment à plusieurs reprises leur conviction, totalement réformiste, que les policiers sont des travailleurs capables comme les autres « d’élever leur conscience de classe » et qu’il faut leur ouvrir la porte des syndicats.
Le mouvement ouvrier doit se réjouir de l’élévation de la conscience de classe et des campagnes pour les droits syndicaux au sein des policiers qui peuvent les rapprocher de la classe ouvrière… Surtout, incorporer les policiers de base au mouvement ouvrier affaiblit la capacité de l’État bourgeois à réprimer la classe ouvrière. (Richard Baywood, SA, 14 aout 2013, notre traduction)
Le mot d’ordre du communisme révolutionnaire est clairement différent.
Ne pas laisser rétablir la police ! Créer une milice véritablement populaire embrassant le peuple tout entier et dirigée par le prolétariat ! Telle est la tâche pressante, tel est le mot d’ordre de l’heure, qui répond pareillement aux intérêts bien compris de la lutte de classe ultérieure, du mouvement révolutionnaire ultérieur, et à l’instinct démocratique de tout ouvrier, de tout paysan, de tout travailleur et de tout exploité, lequel ne peut pas ne pas haïr la police, ses gardes, ses sous-officiers, tous ces hommes armés qui, sous le commandement des gros propriétaires et des capitalistes, exercent le pouvoir sur le peuple. (Vladimir Lénine, 11 mars 1917, Œuvres t. 23, p. 356)
Licenciement de la police ! (Ligue communiste, Programme d’action, juin 1934)
La Tendance marxiste internationale se donne pour but de conseiller et de pousser en avant des partis ouvriers bourgeois (Die Linke en Allemagne, Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, BE au Portugal…) et des formations politiques bourgeoises (PPP au Pakistan, PSUV au Venezuela).
Ainsi, en France, le groupe TMI milite longtemps au sein du PCF (tendance La Riposte) puis dans le mouvement de l’ancien ministre Mélenchon. LFI, chauvine et dépourvue de démocratie interne, est présentée comme allant dans la bonne direction. Son programme serait seulement insuffisant. Il aurait donc besoin d’être « complété » par la « tendance marxiste » de LFI.
Le programme officiel de la FI, « L’Avenir en commun », contient une longue série de mesures économiques et sociales très progressistes. Leur mise en œuvre se traduirait par une très nette amélioration du niveau de vie de l’écrasante majorité de la population. Mais pas de toute la population : la petite minorité de gros capitalistes qui contrôlent l’économie y perdrait quelque chose… Il faut compléter le programme de la FI avec des mesures qui s’attaquent de façon décisive à la grande propriété capitaliste. (Révolution n° 18, septembre 2018)
Soudain, en 2024, SA/Grande-Bretagne se convertit au mot « communisme » quand sa direction perd tout espoir dans Corbyn et découvre, à sa grande surprise, que toute une couche de la jeunesse britannique n’a pas peur de ce terme. SA s’attribue même le nom de la section britannique de feue la 4e Internationale (RCP, 1944-1949) qui avait incontestablement un programme révolutionnaire. À l’échelle internationale, la TMI/IMT change la marque pour ICR/RCI.
Le mouvement ouvrier, soluble dans « la gauche » ?
Le PCR a le mérite de présenter dès son apparition un programme, contrairement au NPA-R qui a vécu deux ans sans congrès et sans programme. Le nouveau « parti » se positionne par rapport à « la gauche réformiste » dont une seule composante est citée (LFI).
Les programmes officiels des organisations réformistes, comme celui de la FI, consistent en un ensemble de mesures très détaillées, pour la plupart progressistes, mais inapplicables faute d’être liées à l’objectif de rompre avec le capitalisme. Il s’agit de programmes électoraux… Les dirigeants de la gauche réformiste cèdent aux pressions de la classe dirigeante. (PCR, Programme, 2024)
S’il y a une « gauche réformiste », c’est qu’il y a une « gauche révolutionnaire ». C’est d’ailleurs le nom choisi en France par les représentants d’une autre branche du grantisme (la GR, affiliée au CIO/CWI). Or, l’appellation « gauche révolutionnaire » renvoie non au communisme révolutionnaire mais au réformisme : la GR était le nom d’une tendance du PS-SFIO fondée en 1935 par Pivert, franc-maçon et membre en 1936 du gouvernement bourgeois de Front populaire. En fait, les termes mystificateurs « la gauche » et « la droite » proviennent du réformisme et non du communisme révolutionnaire.
Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telle ou telle classe. (Vladimir Lénine, 22 mars 1913, t. 19, p. 18)
Les dénominations politiques sont à remplacer par des dénominations de classe. (Vladimir Lénine, 20 juillet 1917, t. 25, p. 184)
Le programme ne dit pas un mot sur des organisations de la même taille que le PCR (RP, NPA-R, NPA-AC, PT, POI…) voire nettement plus grosse (LO), comme si elles n’existaient pas. Pourtant, plusieurs se réclament depuis plus longtemps du communisme révolutionnaire et, dans la vraie vie, toute militante ou militant du PCR les rencontre. En particulier, il existe un groupe communiste révolutionnaire qui a en 2017 adopté un programme d’action pour la France qui ne souffre pas des manques et des confusions du programme du PCR.

Le réformisme, un programme insuffisant ou des agents de la bourgeoisie ?
Les « mesures progressistes » promises par « la gauche réformiste » qui ont toujours fasciné les grantistes ne servent qu’à motiver les militants de base et à attraper des voix.
Flatteries, mensonges, escroqueries, jongleries, promesse de toutes sortes de réformes et de bienfaits pour que les ouvriers renoncent à la lutte révolutionnaire pour la subversion de la bourgeoisie. (Vladimir Lénine, octobre 1916, Œuvres t. 23, p. 129)
Les réformistes n’ont pas la moindre intention de mener le moindre combat pour la plus modeste des revendications contenues dans leur propre programme. (Internationale communiste, juin 1921, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 99)
En outre, le « programme affiché » de LFI ne contient pas que des « mesures progressistes ». Avant même que les partis sociaux-impérialistes accèdent au gouvernement, des « mesures réactionnaires » de leur « programme » annoncent leur servilité envers la classe dominante :
- maintien de subventions aux patrons et aux établissements de l’Église catholique,
- nécessité d’une politique migratoire,
- mesures protectionnistes,
- crédits militaires,
- renforcement de la police,
- maintien de la Kanaky dans l’État français,
- confiance dans l’ONU,
- deux États en Palestine….
Ce qui manque dans le programme du PCR est l’essentiel pour des communistes révolutionnaires : les partis qui se disent réformistes trahissent la classe ouvrière. Depuis 1914 pour le travaillisme et la social-démocratie, depuis 1934 pour le stalinisme déguisé en communisme (les deux citations de Lénine qui figurent dans le programme sur le réformisme datent justement d’avant 1914).
Contrairement à la tradition communiste révolutionnaire (Gauche du mouvement de Zimmerwald 1915-1916, Internationale communiste 1919-1923, Opposition de gauche de l’IC 1929-1933, 4e Internationale 1933-1940), les chapelles grantistes de toutes les obédiences (CWI, ICR, ISA…) ne disent pas que les bureaucraties syndicales et les partis « réformistes » mentent aux travailleuses et aux travailleurs. Ils ne disent jamais que leur véritable programme est la défense acharnée de leur capitalisme, de leur bourgeoisie, de leur État bourgeois.
Ouvrir les yeux à tous les travailleurs sur l’œuvre de trahison des sociaux-chauvins, voilà une des tâches les plus importantes de la révolution prolétarienne internationale. (Internationale communiste, mars 1919, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 14-15)
La victoire de la révolution espagnole aurait pu ouvrir une ère de renversements révolutionnaires dans toute l’Europe et empêcher ainsi la guerre actuelle. Mais cette héroïque révolution, qui contenait en elle toutes les possibilités de vaincre, a été étouffée avec la coopération active des anarchistes… La bourgeoisie s’est convaincue qu’avec de tels dirigeants ouvriers à sa disposition, elle pouvait faire ce qu’elle voulait, y compris un nouveau massacre des peuples. (4e Internationale, mai 1940, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, p. 23-24)
Le programme du PCR n’explique jamais les racines de l’opportunisme contemporain.
Les institutions politiques du capitalisme moderne (la presse, le parlement, les syndicats, etc.) ont créé à l’intention des ouvriers et des employés réformistes et patriotes, respectueux et bien sages, des privilèges et des aumônes politiques correspondant aux privilèges et aux aumônes économiques. Les sinécures lucratives et de tout repos dans un ministère, au parlement et dans diverses commissions, dans les rédactions de solides journaux légaux ou dans les directions de syndicats ouvriers non moins solides et d’obédience bourgeoise, voilà ce dont use la bourgeoisie impérialiste. (Vladimir Lénine, octobre 1916, Œuvres t. 23, p. 130)
Bien que la classe ouvrière, par sa structure sociale, soit à coup sûr la moins hétérogène de toutes les classes de la société capitaliste, l’existence d’une couche sociale comme l’aristocratie ouvrière et la bureaucratie ouvrière qui s’y rattache aboutit à la formation de partis réformistes qui deviennent fatalement une des armes de la domination bourgeoise. (Lev Trotsky, 16 avril 1936, Œuvres t. 9, p. 194)
Des lunettes roses pour voir le monde ?
Si les formations politiques réformistes et les directions syndicales sont simplement insuffisantes, les grantistes peuvent s’en remettre à un mouvement objectif, qui semble inéluctable.
La lutte des classes réelle consiste essentiellement – à ce stade – en luttes pour obtenir des « réformes » (au sens large : augmentations des salaires, etc.) et plus encore pour repousser des attaques de la bourgeoisie (contre-réformes, coupes budgétaires, licenciements, etc.). C’est à travers cette expérience quotidienne que la masse des travailleurs s’organise, mûrit, élève son niveau de conscience et, finalement, tire la conclusion que la lutte pour des réformes ne suffit pas, qu’il faut un changement radical : une révolution. (PCR, Programme, 2024)
Cette pensée mécanique, cet optimisme à bon marché n’envisage pas qu’il puisse y avoir des retournements défavorables, des coups réactionnaires, des défaites de la classe ouvrière. La myopie est patente quant à la victoire électorale de Trump ou au génocide en cours des Palestiniens.
Dans tout le Proche-Orient, le cours des évènements peut facilement déboucher dans des explosions révolutionnaires dans un pays après l’autre, renversant un régime arabe pourri après l’autre… Trump sera probablement porté au pouvoir à la prochaine élection… Les masses doivent passer par cette expérience pour démasquer cette démagogie pour ce qu’elle est, de la démagogie. Et cela préparera le terrain pour une nouvelle radicalisation et une renaissance de la lutte des classes, qui commence déjà aux Etats-Unis. (Alan Woods on world perspectives: crisis, class struggle and the tasks of the communists, 9 février 2024)
Le principal dirigeant de l’ICR présente sans rire l’élection de Trump comme un « coup dans les dents de l’élite », alors qu’il n’y a jamais eu autant de capitalistes dans un gouvernement américain.
Une fois que les masses auront pleinement exploré le potentiel du trumpisme et réalisé ses limites, elles se tourneront dans une autre direction. La voie sera préparée pour un mouvement massif du pendule vers la gauche. Un nouveau chapitre turbulent de l’histoire américaine est sur le point de s’écrire. (Alan Woods, Trump victory: a kick in the teeth for the establishment, 7 novembre 2024)
La chute des régimes arabes les uns après les autres, le regain immédiat de la lutte des classes aux EU sont des hypothèses, pas des certitudes. Que ces pronostics se réalisent dépend aussi de la construction d’une internationale ouvrière révolutionnaire. Et la plupart des prédictions de ce type faites auparavant, avec autant d’assurance, par les gourous Pablo, Moreno, Lambert, Hardy, Cliff, Grant… pour faire courir leurs militants se sont révélées complètement fausses.
Selon le fondateur de l’ICR, la guerre qui ravage l’Ukraine depuis 2022 n’est pas un signe de l’inévitable catastrophe vers laquelle le système impérialiste mondial conduit l’humanité si le prolétariat ne le renverse pas. La guerre en Europe n’est pas un avertissement à la classe ouvrière mondiale. Il s’agirait d’un simple accident qui aurait pu être « aisément évité ».
Les Américains ont délibérément poussé l’Ukraine dans un conflit absurde avec la Russie, qui aurait pu aisément être évité. (Alan Woods on world perspectives: crisis, class struggle and the tasks of the communists, 9 février 2024)
En Ukraine, il n’y a pas une guerre entre les États-Unis et la Russie, ce qui justifierait le défaitisme dans les deux camps. Il y a invasion par une puissance impérialiste d’une ancienne colonie pour l’annihiler, la recoloniser.
Le prolétariat n’a pas besoin de consolations, ni d’illusions pacifistes.
Il faut dire aux masses l’amère vérité, clairement, sans ambage. (Vladimir Lénine, 5 mai 1918, Œuvres t. 27, p. 345)
La vérité est toujours révolutionnaire. Exposer aux opprimés la vérité de leur situation, c’est leur ouvrir la voie de la révolution. Dire la vérité sur les dirigeants, c’est saper mortellement les bases de leur pouvoir. Dire la vérité sur la bureaucratie réformiste, c’est l’écraser dans la conscience des masses. Dire la vérité sur les centristes, c’est aider les ouvriers. (Lev Trotsky, 5 aout 1939, Le Mouvement communiste en France, p. 341)
La question brulante, aux États-Unis, en Ukraine et en Palestine est : assez de barbarie ! Il y a urgence à affronter les anciennes directions du mouvement ouvrier et des directions bourgeoises du mouvement national des peuples opprimés, à « saper leur pouvoir », à les supplanter.
Un plan d’action sans grève générale
Par exemple, en France, la défaite en 2023 du mouvement de défense des retraites démoralise la classe ouvrière et facilite la montée du parti fascisant (RN). Or, le PCR est incapable d’en tirer réellement le bilan. Sa ligne ne se distingue en rien du marais centriste qui aide en pratique les agents de la bourgeoisie tout en bavardant sur la révolution :
- Aucune mention de la grève générale qui, seule, pouvait vaincre et qui pose, elle, la question de qui dirige la société, porte en germe la possibilité d’une révolution ;
- Approbation à deux reprises des « grèves reconductibles » qui complétaient le dispositif des « journées d’action » ;
- Silence sur la participation des bureaucrates syndicaux à la mise au point de la contreréforme avec Macron et Borne tout au long de 2022 et au Conseil d’orientation des retraites (ils y sont toujours) ;
- Mutisme sur les manœuvres du NFP qui ont complété le dispositif de l’Intersyndicale et désorienté le prolétariat : confiance dans le Conseil constitutionnel, votes avec LIOT et RN…
Il faut que les syndicats deviennent des instruments de lutte et non de compromissions avec le patronat et l’État bourgeois français. Nous n’imposerons les mesures comme l’échelle mobile des heures de travail qu’en préparant une nouvelle offensive contre le patronat, par la grève et l’occupation en masse des usines, chantiers, bureaux… (Parti ouvrier internationaliste, avril 1937, Que veut le POI ?, p. 16)
Un internationalisme inconséquent
Le programme du PCR ne défend pas l’ouverture des frontières de son État impérialiste aux réfugiés, aux travailleurs et aux étudiants étrangers. Le programme ne relie pas la politique contre les immigrés au militarisme et au protectionnisme. Il ne réclame pas la fermeture des centres de rétention et, comme le caudillo de LFI, il se contente d’un « accueil digne des migrants ».
Concernant « l’outre-mer », il reste ambigu.
Dans les TOM-DOM, partout où la question se pose, nous défendons le droit à l’auto-détermination pour les peuples occupés et opprimés par l’impérialisme français – notamment pour le peuple kanak, sur lequel les « forces de l’ordre » françaises et des milices locales tirent à balles réelles. (PCR, Programme, 2024)
Il serait plus correct de dire que :
- Dans tous les confettis qui restent de l’empire colonial français, les communistes sont pour le droit à l’autodétermination.
- Par contre, en Nouvelle-Calédonie, le « peuple kanak » a tranché : donc, indépendance de la Kanaky !
Le programme du PCR n’a rien à dire sur l’Union européenne, dont l’État bourgeois français est un des piliers. À la servilité du PS envers l’UE capitaliste, au repli réactionnaire vers les frontières françaises du PCF et de LFI, à l’OTAN et à l’invasion de l’Ukraine, les communistes révolutionnaires opposent les États-Unis socialistes d’Europe.


États-Unis soviétiques d’Europe, voici le seul mot d’ordre correct apportant une solution au morcèlement de l’Europe. (Lev Trotsky, 26 septembre 1930, Contre le fascisme, p. 129)
Contre la guerre, pour les États-Unis socialistes d’Europe ! (Ligue communiste/France, Programme d’action, juin 1934)
Pour le renversement du capitalisme et les États-Unis socialistes d’Europe. (RCP/Grande-Bretagne, Revolutionary Communist Program, septembre 1945)
Passage pacifique au socialisme ou destruction de l’État bourgeois ?
Pour établir le pouvoir des travailleurs, la « dictature du prolétariat » (une expression que les anciens de LFI fuient alors que le programme de 1938 la revendique à plusieurs reprises), il faudra une insurrection. La bourgeoisie a plus d’une fois, dans l’histoire, recouru à l’insurrection contre les anciennes classes dominantes. C’est le droit et le devoir de la classe ouvrière d’y procéder à son tour pour renverser la bourgeoisie, empêcher une nouvelle guerre mondiale, sauver la planète et l’humanité.
Le prolétariat doit en venir à l’insurrection armée… La lutte des masses constitue tout un système d’actions en voie de développement, qui s’avivent par leur forme même et mènent logiquement à l’insurrection contre l’État capitaliste (Internationale communiste, juillet 1920, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 50-51)
L’Internationale communiste, c’est le parti mondial du soulèvement du prolétariat et de la dictature du prolétariat. (Internationale communiste, juillet 1920, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 80, traduction revue)
La propagande par le fait dans les pays capitalistes tendra avant tout à entrainer l’ouvrière dans les grèves, dans les manifestations et dans l’insurrection sous toutes ses formes. (Internationale communiste, juin 1921, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 148)
Pour la préparer, un mot d’ordre central est la dissolution de la police ainsi que de l’armée de métier, l’armement du peuple.
Substitution d’une milice populaire à l’armée permanente. (SDAP/Allemagne, Programme d’Eisenach, 1868)
Abolition des armées permanentes et armement général du peuple. (Parti ouvrier/France, Programme du Havre, 1880)
Aux menaces de la contrerévolution, il faut opposer l’armement du peuple et le désarmement des classes dominantes. (KPD/Allemagne, Ce que veut la Ligue Spartacus, 1920)
Ce programme d’action, montrant aux travailleurs une bourgeoisie féroce, décidée à les réduire à la portion congrue par le fer et par le feu des bandes fascistes, pose avec vigueur pour la légitime défense des travailleurs, la nécessité de la création de milices antifascistes et de l’armement du prolétariat et des paysans pauvres. C’est un des points décisifs de la politique révolutionnaire. (Ligue communiste/France, Programme d’action, juin 1934)
Devant la résistance du patronat et des fascistes, nous demandons l’organisation des milices ouvrières et l’armement du prolétariat. (Parti ouvrier internationaliste/France, avril 1937, Que veut le POI ?, p. 16)
L’armement du prolétariat est un élément indispensable de sa lutte émancipatrice. (4e Internationale, septembre 1938, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, p. 19)
Le seul désarmement qui puisse prévenir ou arrêter la guerre, c’est le désarmement de la bourgeoisie par les ouvriers. Mais, pour désarmer la bourgeoisie, il faut que les ouvriers eux-mêmes soient armés. (4e Internationale, septembre 1938, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, p. 22)
La dissolution des corps de répression et l’armement des travailleurs sont absents du programme du PCR.
« La politique malhonnête et pourrie des fronts populaires » (Trotsky, 10 octobre 1938)
Le programme du PCR évoque deux fois le programme de 1938 de la 4e Internationale. Mais ses rédacteurs semblent en avoir sauté des pages entières. Par exemple, depuis 1850, les communistes s’opposent dans les pays capitalistes à toute alliance politique avec les partis bourgeois.
À la coalition ouverte ou masquée avec la bourgeoisie, les communistes opposent le front unique de tous les ouvriers et la coalition politique et économique de tous les partis ouvriers contre le pouvoir bourgeois pour le renversement définitif de ce dernier. (Internationale communiste, novembre 1922, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 158)
La 4e Internationale n’a ni ne peut avoir place dans aucun front populaire. (4e Internationale, septembre 1938, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, p. 46)
Comme les chefs du NPA-AC et du POI, les fondateurs du PCR étaient des soutiens enthousiastes du Nouveau Front populaire (un bloc des partis « réformistes » avec EELV). Quel bilan en tirent-ils ?
Ouvrons la discussion !
Camarades du PCR, votre programme converge souvent avec le nôtre. Mais les communistes révolutionnaires qui n’ont jamais renié le communisme révolutionnaire sont inquiets de graves omissions du programme ainsi que de l’absence de bilan approfondi de décennies de pratique opportuniste, après une activité toute récente au compte d’un front populaire.
Camarades du PCR, nous vous soumettons, ainsi qu’à l’ICR, la lettre ouverte de fin 2024 du Collectif révolution permanente à toutes les organisations révolutionnaires du monde. En France, le Groupe marxiste internationaliste est prêt à discuter du programme avec le PCR et à examiner toutes les possibilités d’action en commun pour mettre en œuvre un programme communiste révolutionnaire, pour construire un parti ouvrier révolutionnaire de masse.