11e congrès de la FSU : un OUI aux flics, un NON aux étudiant(e)s grévistes

Du 3 au 7 février, la Fédérations syndicale unitaire (FSU) tenait son 11e congrès à Rennes. Née de la scission de la FEN en 1993, elle est la deuxième organisation syndicale de la fonction publique d’État.

Mais la faible participation au vote sur le rapport d’activité (27,89 % des 159 059 adhérents revendiqués), comme sur les textes d’orientation (27,24 %) montre une défiance certaine. Sous la direction des courants Unité et action (U&A, majoritaire, dirigé par le PCF) et École émancipée (EE dirigé par LFI et les deux NPA), les travailleurs de l’enseignement public ont encore subi, depuis le 10e congrès en 2022, une série de défaites face au gouvernement, la plus sévère touchant nos retraites quand l’intersyndicale a refusé d’appeler à la grève générale.

Contre cette orientation, un délégué Pour un syndicalisme de combat (PSC) a défendu la seule voie pour enfin gagner, le programme de la révolution.

Un congrès bureaucratique accueillant pour les flics…

La fédération est principalement composée d’enseignants issus du SNES (55 000 adhérents des collèges et lycées) et du Snuipp (53 000 adhérents dans les écoles). Depuis mars 2024, une organisation de policiers, le Syndicat National Unitaire Intérieur Police Nationale (SNUIPN), a rejoint la FSU, la direction U&A-EE imitant ainsi les confédérations de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, CFDT…) qui considèrent les membres des forces de répression comme des travailleurs. Elle manifeste par là aussi sa pratique collaborationniste en voulant faire croire que la police de l’État capitaliste peut être neutre, voire protectrice. Les manifestants matraqués, les syndicalistes réprimés et les travailleurs sans-papiers mis en prison savent, eux, que la police est au service de l’ennemi de classe. Pour cela, elle doit être tenue hors des syndicats ouvriers.

Ces liens de dépendance à l’État bourgeois s’affichent dans le rapport financier : en 2023, 2 millions d’euros des recettes proviennent des cotisations, soit 53 %. L’autre quasi moitié rétribue les bons et loyaux services de la participation aux comités sociaux d’administration (CSA) créés par la loi de transformation de la fonction publique (364 000 €), au Conseil économique, social et environnemental (305 000 €), à quoi s’ajoutent d’autres subventions de l’État (363 000 €), des collectivités (515 000 €) et de la publicité (181 000 €).

… mais pas pour les étudiants en lutte

Le jeudi 6 février après-midi était consacré à l’accueil de Sophie Binet (secrétaire générale de la CGT), de Julie Ferrua et de Murielle Guilbert (cosecrétaires de Solidaires) pour un débat « contre l’extrême droite » et sur la « maison commune du syndicalisme de transformation sociale ». Ce projet bureaucratique n’avance en rien vers la réunification syndicale qui souderait les rangs des salariés et les aiderait à dresser leur force sociale contre le capital : en effet, pas question d’une seule centrale combattive, indépendante de la bourgeoisie, avec droit de tendance et démocratie interne. C’est plutôt un pendant du « front républicain » qui a parait-il permis « la victoire que nous avons remportée le 7 juillet au soir en empêchant Bardella de rentrer à Matignon » (Binet, « Discours au congrès de la FSU », cgt.fr, 6 février).

Au même moment, quelques centaines d’étudiants défilaient et passaient devant le lieu du congrès. Leur mobilisation contre l’austérité budgétaire s’est heurtée au conseil d’administration, instance de cogestion capitaliste de l’université Rennes 2, et à son président, membre du SNESUP-FSU, qui a fermé plusieurs jours la fac pour bloquer la mobilisation.

Les prises de parole devant le congrès ont mal tourné, une partie des manifestants (pas à tort…) taguant les murs de « FSU vendue » et « précarité généralisée ». Des heurts légers entre les étudiants méprisés et le service d’ordre de la FSU à l’entrée du congrès marquaient la rupture entre les grévistes et la bureaucratie syndicale. La démarche conciliante de la direction d’Émancipation désirant convaincre la direction FSU d’accueillir les représentants étudiants rennais échouait. Le soir du 6 février, la direction FSU accusait mensongèrement, à la tribune du congrès, la tendance Émancipation d’avoir manigancé les affrontements. Pour un syndicalisme de combat a rédigé aussitôt un communiqué qu’Émancipation, embourbée dans ses justifications filandreuses, n’a pas été capable de signer parce qu’il dénonce clairement la cogestion austéritaire du CA de Rennes et le désir de conclave de la direction de la FSU.

La direction de la FSU veut aller au conclave de Bayrou et nie le génocide à Gaza

Le 4 février, Benoit Teste a fixé le cadre politique du 11e congrès. Regrettant que « la FSU n’ait pas été invitée » au conclave de Bayrou, le dirigeant sortant a soutenu l’opération de collaboration avec l’ennemi de classe.

Cette porte entrebâillée doit être l’occasion pour toute l’intersyndicale de porter ses sujets, de continuer à intervenir pour obtenir l’abrogation de la réforme de 2023. (Teste, fsu.fr, 4 février)

Le 17 mars, Bayrou a rappelé qu’il n’y aurait pas de retour aux 62 ans… De plus en plus dur de cacher aux travailleurs que participer, c’est trahir : les participationnistes de FO, puis de la CGT sont sortis. Mais la direction de la FSU veut toujours en être. Sans vergogne, mercredi 19 mars, elle siégeait dans une réunion de « concertation » du conclave-bis sur les retraites de la Fonction publique alors que FO, CGT et Solidaires avaient annoncé leur refus d’y participer !

À l’international aussi, l’alignement sur l’impérialisme français est total : Teste a refusé de qualifier de génocide le massacre sioniste à Gaza et a émis les habituels vœux pieux qui ne lui coutent rien sur « la recherche d’une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens », tandis qu’il camouflait l’appel des syndicats palestiniens qui demandent de prendre position pour le boycott des armes vers Israël et de l’organiser.

Pourtant, le congrès a chaudement applaudi l’intervention du secrétaire général du syndicat des enseignants palestiniens, certains délégués reprenant « Palestine vivra, Palestine vaincra ».

Les trois motions de la tendance Pour un syndicalisme de combat

Dans le congrès départemental du Var de décembre 2024, Émancipation et Pour un syndicalisme de combat (PSC) ont cherché à intervenir ensemble, leurs militants ont débattu et la délégation Émancipation au congrès national a été ouverte à un délégué PSC. Défendant clairement ses positions, il a présenté trois motions, proposant qu’elles soient soumises au vote du congrès au nom de PSC et d’Émancipation :

Si les deux premières ont été conjointement présentées et défendues, la dernière a été rejetée par la direction d’Émancipation qui a préféré ne pas affronter la direction fédérale, prêchant lamentablement « une paix juste et durable par l’application du droit international », entre autres compromissions avec le réformisme. PSC a défendu en commission sa motion. Publiée et diffusée à tous les délégués, elle n’a pas été soumise au vote puisque la direction de la FSU ne reconnait pas l’existence de PSC.

Ces motions ont également été proposées aux représentants du courant Front unique. Ils ont refusé toute discussion, suant un lambertisme mal lavé (énervement des petits chefs, calomnies), histoire de masquer l’essentiel : le refus d’appeler à ce que les syndicats organisent le blocage de l’envoi d’armes à Israël.

La motion contre l’adhésion des flics a obtenu 39 votes pour, 4 abstentions, 504 contre, 128 « ne prend pas part au vote » (NPPV) ; celle pour défendre la population de Mayotte a reçu 68 pour, 35 abstentions, 313 contre, 188 NPPV.

Pour une tendance intersyndicale de lutte de classe

Le 11e congrès de la FSU démontre que les directions syndicales sont inféodées au capitalisme, à son État et son gouvernement, alors que nous avons besoin de nous défendre contre leurs offensives. Le syndicat à notre service ! Le syndicat pour arracher nos justes revendications, pas pour aider à élaborer les attaques ! C’est pour cela que PSC s’adresse à tou(te)s les militant(e)s et courants défendant l’indépendance de classe et la démocratie dans les organisations ouvrières, aux travailleurs-ses syndiqué(e)s ou pas, pour se regrouper sous un drapeau véritablement révolutionnaire.

Pour un syndicalisme de combat (PSC) est une tendance intersyndicale lutte de classes, qui regroupe des militant.e.s syndiqué.e.s ou non. Elle combat pour que les syndicats appartiennent aux travailleurs et aux travailleuses ainsi que pour la démocratie dans les syndicats. Elle combat la participation des directions syndicales à l’ensemble des instances nationales, régionales et locales et toutes formes de collaboration avec la bourgeoisie (concertation, cogestion…). PSC prône à la place la démocratie des travailleurs (assemblées générales, comités de grève…). PSC milite pour le front des organisations syndicales et des partis du mouvement ouvrier face au patronat, aux gouvernements bourgeois, à la police et aux nervis fascistes. PSC se prononce pour la grève générale face aux plans des gouvernements bourgeois et pour l’autodéfense des jeunes et des travailleurs face à la police et aux bandes fascistes. (PSC, 3 octobre 2024)

25 mars 2025