Dans la nuit du mardi 18 décembre, la gendarmerie a tué Fernando Gomez, un travailleur du secteur informel, dans la ville d’Oran, située à la frontière entre la province de Salta et la Bolivie.
Un groupe de gendarmes a déclenché une répression féroce, utilisant des armes à feu contre des travailleurs qui faisaient passer des feuilles de coca et des cigarettes par un point de passage entre les deux pays. Les travailleurs et les voisins solidaires ont répondu par des barrages routiers à Oran et aux postes frontières. Entre 10 et 13 h, les troupes sont entrées dans le quartier de Caballito à Oran, mais ont été accueillies par une résistance courageuse des travailleurs de la campagne et de la ville. Chaque jour, quelque 5 000 travailleurs risquent leur vie en se rendant à la frontière pour gagner un peu d’argent.
Avec la rhétorique de la lutte contre la drogue, la ministre de la sécurité Bullrich et Gustavo Sáenz (le gouverneur de la province) justifient la militarisation du territoire pour tuer les travailleurs indigents. La feuille de coca est vendue légalement dans tous les magasins du nord du pays. Le Plan Güemes a rempli la frontière de forces de répression à Aguas Blancas, installant pour la première fois un bataillon de la préfecture.
Le commerce frontalier est la seule opportunité d’emploi dans la région. Au fil des ans, des milliers d’emplois ont été détruits par la progression de la canne à sucre et du soja, qui sont plus rentables que d’autres cultures à forte intensité de main-d’œuvre.
Cyniquement, Bullrich a déclaré : « Nos troupes sont la première ligne de défense contre le trafic de drogue. Qu’elles en soient remerciées ». Quel que soit le crime, la ministre défendra les plus grands trafiquants de drogue du pays (les gendarmes), qui amassent des fortunes en s’associant aux mafias du crime organisé pour faire passer aux frontières toutes sortes de produits électronique, d’armes, de machines, d’outils, bien sûr de la cocaïne, et une partie indispensable du trafic d’êtres humains. Cette ministre a de l’expérience dans le domaine de l’impunité répressive : elle a défendu ce corps de répression lors de la disparition et l’assassinat de Santiago Maldonado le 1er aout 2017 à Chubut et la préfecture dans l’assassinat du jeune Mapuche Rafael Nahuel à Río Negro le 25 novembre 2017.
Alors que les gouvernements provinciaux et nationaux récompensent les bandes de trafiquants étatiques et paraétatiques (police, gendarmerie, préfecture, lumpens payés, mercenaires) en leur donnant plus d’armes et d’argent, et qu’en même temps ils se déchainent contre les chômeurs, les chiffonniers, les domestiques, les maçons et les contrebandiers, la crise économique et sociale accroit la colère et la lassitude d’une partie de notre classe. Les chefs de ces bandes criminelles bénéficient du blanchiment d’argent promu par le gouvernement de Milei.
En décembre, des dates emblématiques comme les 19 et 20 décembre 2001 soulignent la nécessité de reprendre la lutte de masse, avec des assemblées et des actions directes. La répression succède à la répression, comme celle subie une fois de plus par les retraités au Congrès national. Le Frente de Izquierda y los Trabajadores-Unidad (Front unitaire de la gauche et des travailleurs, FIT-U), totalement réformiste, demande la démission de Bullrich et l’annulation par les tribunaux de la loi Milei (ley Bases). C’est pourquoi les députés de du FIT-U ont rencontré le bloc péroniste d’Unión por la patria (Union pour la patrie, UxP). C’est ainsi qu’ils ont « affronté » l’austérité et la répression : au parlement en passant des compromis avec les cliques patronales comme le péronisme, en sollicitant le système judiciaire bourgeois, avec des journées d’action de 12 ou 24 heures et des manifestations pacifiques.
Nous devons créer des détachements révolutionnaires dans tout le pays, construire un véritable parti communiste de combat, inspiré par les enseignements de la révolution russe et les meilleures traditions du mouvement ouvrier mondial. Il est urgent d’unir le militantisme de la classe ouvrière dans les campagnes, les usines et les villes, les femmes travailleuses, le mouvement étudiant, pour organiser la lutte avec leurs propres méthodes. Blocages de rues, occupation d’usines et d’administrations, organisation de l’autodéfense. Comme l’ont montré les travailleurs d’Oran, et comme nous le voyons dans les révoltes contre la crise partout dans le monde (Palestine, Équateur, Colombie, Chili, Pérou, Syrie, France, Bangladesh, Italie, etc.), la violence ne peut pas et ne doit pas être le monopole de l’État bourgeois.
En mémoire de Fernando Gómez et de tous les travailleurs assassinés et réprimés, luttons jusqu’à la victoire !
- Aucun travailleur sous le seuil de pauvreté !
- Arrêt des licenciements, assez de l’insécurité de l’emploi : allons vers le plein emploi !
- Assez de la faim et des maladies guérissables !
- Accès gratuit à la santé et à l’éducation pour les pauvres, sans distinction de nationalité !
- Grève générale avec occupation dans chaque lieu de travail, dans chaque école et dans les quartiers pour faire payer la crise aux patrons !
- Pour un gouvernement ouvrier et paysan en Argentine, nous luttons pour la révolution socialiste !
Octubre Rojo (Octobre rouge, noyau argentin du Collectif révolution permanente)
traduction par le GMI