L’école restera bien la priorité du gouvernement. (Michel Barnier, Discours d’introduction à Matignon, 6 septembre)
L’école est au cœur des priorités du gouvernement. (Anne Genetet, Présentation du PLF pour l’EN, 10 octobre)
L’argument est que l’enseignement scolaire est la plus richement dotée des « missions » avec 64,5 milliards d’euros. Mais c’est un artifice de présentation puisque cela inclut les subventions de l’État à l’enseignement privé (3 milliards d’euros).et que la somme des moyens de maintien de l’ordre interne et externe, les « missions » défense (50,5 milliards), justice (10,2), sécurités (17,2) l’excède nettement : 78 milliards d’euros contre 64,5.
Sous Sarkozy, dont Barnier fut ministre, 80 000 postes avaient été retirés à l’Éducation nationale de 2007 à 2012. Le gouvernement des gaullistes et des macronistes (mis en place grâce au lepénisme) veut supprimer avec son PLF 2025 4 035 de postes de travailleurs de l’enseignement, dont 3 155 dans l’enseignement primaire. En fait, 5 000 emplois de professeurs seraient amputés, ce qui n’est que partiellement compensé par la création de 2 000 postes d’auxiliaires éducatifs qui coutent d’autant moins cher à l’État qu’ils sont précaires.
Le prétexte est la baisse du nombre d’élèves. Une autre possibilité serait de profiter de la baisse démographique pour baisser les effectifs des classes et améliorer les conditions de travail et d’enseignement. Mais, dans l’enseignement supérieur, le gonflement du nombre d’étudiants (+500 000 entre 2010 et 2020) ne s’est pas traduit par un recrutement proportionnel. De même, entre 2017 et 2023, on a compté 7 441 collégiens et lycéens de plus et 8 865 enseignants en moins dans le secondaire. Le tour de passepasse consiste à réduire les heures de cours en lycée professionnel, dont les élèves viennent en totalité des classes populaires.
Tout en bonimentant sur l’inclusivité, le gouvernement Barnier-Retailleau-Kasbarian-Genetet veut sacrifier l’enseignement public sur l’autel de l’austérité, mais les fonds alloués à l’enseignement privé augmentent.
Le Pacte de division et de subordination des enseignants est reconduit. Pour tous les travailleurs de la fonction publique, le point d’indice est gelé. En outre, le projet de budget de la Sécu (PLFSS 2025) veut réinstaurer 3 jours de carence en cas d’arrêt-maladie des fonctionnaires.
Tous les travailleurs doivent maintenant attendre 64 ans pour une pension complète. Le Service national universel qui confie des mineurs à l’embrigadement militariste est maintenu. Les collèges subissent depuis la rentrée les groupes de niveau de Macron-Attal du « choc des savoirs », camouflés précipitamment en groupes de soutien.
Le système scolaire du capitalisme français abandonne déjà 15 % de chaque génération. Les concours de l’enseignement peinent déjà à recruter à cause de la paupérisation et de la pénibilité grandissante du métier. Ce n’est pas un tel budget, s’il est adopté, qui va arranger les choses pour les travailleurs de l’enseignement public ni pour les enfants de l’ensemble des travailleurs.
Dans ces conditions, que sont allés faire l’Intersyndicale (FSU, UNSA, FO, CFDT, CGT, SNALC et SUD) les 16 et 21 octobre chez la ministre de l’éducation ? Que sont allées faire les responsables des fédérations représentatives (CFDT, CGT, FO, FSU Solidaires, UNSA) le 7 novembre chez le ministre de la fonction publique ? Qu’apportent aux travailleuses et aux travailleurs toutes ces « négociations » sur un projet de budget procapitaliste et antisocial, avec ceux là-même qui l’ont conçu ?
Au lieu des journées d’action décrétées secteur par secteur, au lieu des illusions envers les députés et les sénateurs des partis bourgeois, au lieu des propositions au gouvernement Barnier, imposons une manifestation centrale devant l’Assemblée nationale pour interdire le vote de ce budget, préparons la grève générale pour chasser le président, le gouvernement, pour imposer les revendications !