Front unique ouvrier contre Macron et Barnier, contre la persécution des immigrés et l’austérité !

Un gouvernement qui correspond au déplacement mondial vers la religion, la xénophobie et la restriction des libertés

Macron, qui prétendait dépasser les vieux partis, a fini par désigner Barnier, issu de LR réduit désormais à 43 députés, ce vieux cheval de retour, ancien ministre de Sarkozy, catholique réactionnaire bon teint. Selon un média sioniste, Barnier se serait rendu deux fois en Israël en un an, sans un mot sur le massacre des civils de Gaza.

Lors de visites en Israël en octobre 2023, puis en février 2024, Barnier a exprimé son émotion face aux témoignages des survivants des attaques du 7 octobre. (i24News, 5 septembre 2024)

Macron, qui prétendait éliminer le RN du jeu politique, l’a placé au centre en négociant en coulisse que Le Pen ne le censurerait pas illico presto. La survie du gouvernement est précaire car elle est conditionnée au respect des exigences du RN, notamment contre l’immigration et pour le renforcement de la police. Il a fallu à Barnier quinze jours pour parvenir à constituer un gouvernement, le 21 septembre. L’accouchement a été difficile et son espérance de vie incertaine.

Le 24 septembre, sur « France Inter », le nouveau ministre de l’économie, Antoine Armand a exclu de travailler avec les députés du groupe de Marine Le Pen (qui constitue le premier groupe avec ses 126 députés) pour la préparation du budget 2025, voulant limiter ses échanges à ceux de « l’arc républicain Michel Barnier a contacté son ministre… Marine Le Pen et Michel Barnier se sont entretenus au téléphone et, dans la foulée, Bercy a publié un communiqué en forme de rétropédalage ». (Les Échos, 24 septembre)

Sans majorité, ce gouvernement est sous la menace de motions de censure, pour autant que celles-ci soient votées en même temps par le RN et le NFP. L’ex-NUPES avait déjà mêlé ses voix à celles du RN, notamment lors du vote de la motion de censure présentée par LIOT le 20 mars 2023.

Aujourd’hui, la compromission est plus difficile, après avoir vanté les mérites du front républicain pour faire barrage au RN. Barnier n’a d’ailleurs trouvé aucun volontaire du NFP, malgré des démarchages pressants, pour monter sur ce Titanic. Il s’est rabattu sur un ex du PS, Migaud, partisan de toujours des économies budgétaires, promu ministre de la justice en récompense de son dévouement. Hormis ce colifichet, le gouvernement de 39 membres comprend 18 ministres de la coalition macroniste et 10 LR, sortis par les urnes et rentrés par la fenêtre.

Un projet de budget 2025 de combat contre la classe ouvrière

Limiter le déficit budgétaire à 3 % du PIB, non plus d’ici à 2027, comme prévu initialement, mais d’ici 2029, supposera de trouver, en l’état actuel, environ 120 milliards d’euros de réduction de dépenses ou de recettes supplémentaires sur 5 ans, soit presque 25 milliards par an. Barnier a assuré le 21 septembre sur France 2 ne pas vouloir augmenter les impôts « ni sur les gens les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes ». Il faut donc comprendre que les retraités seront sans doute mis à contribution, ainsi que les salaires des cadres.

Il a par ailleurs évoqué la piste de prélèvements ciblés sur « les personnes les plus fortunées » et sur certaines grandes entreprises. Mais que les capitalistes se rassurent : la flat taxe sur les revenus des capitaux mobiliers, dividendes, revenus fonciers, restera sans doute à 30 %, quels que soient les montants des revenus alors qu’elle pouvait atteindre 60 % avant 2018, ou bien ne sera modifiée qu’à la marge, et la baisse de l’impôt sur les sociétés passé de 33,3 % à 25 % depuis 2018 ne bougera sans doute pas non plus, car les adversaires du « matraquage fiscal » sont au gouvernement !

L’essentiel des économies devrait donc être du côté de la réduction des dépenses publiques. Le détail des coupes sombres n’est pas encore connu à ce jour, mais des pistes sont avancées. Par exemple, un rapport de l’inspection générale des finances et de l’inspection générale de l’éducation paru opportunément début septembre envisage, du fait de la baisse des effectifs d’élèves attendus dans les prochaines années, une diminution du nombre de postes d’enseignants qui pourrait atteindre, avec les fermetures de classes et regroupements, jusqu’à la fermeture de 1 925 écoles et la suppression de 4 900 postes d’enseignants en primaire ainsi que la fermeture de 33 collèges et la suppression de 900 postes d’enseignants dans le secondaire.

De même, alors que la situation est de plus en plus difficile dans les hôpitaux, Barnier en visite à l’hôpital Necker le 7 septembre a prévenu les soignants qui réclamaient des infirmiers et des médecins qu’« on ne va pas faire des miracles », puis il a déclaré qu’on pouvait « faire des économies en travaillant sur l’efficacité de la dépense à l’hôpital », la vieille antienne reprise en boucle depuis des années pour justifier les fermetures de services. Assurément des économies pourraient facilement être trouvées dans les dépenses publiques, comme les 2,5 milliards versés en 2021 par l’État aux cabinets privés de « conseils en stratégie », ou bien encore avec la réduction au niveau du salaire moyen des émoluments des députés et sénateurs, mais de cela il ne sera pas question.

Ordre policier et chasse aux migrants

Retailleau, ancien partisan de de Villiers, ancien adjoint de Fillon, président des sénateurs LR jusqu’à sa nomination comme ministre de l’intérieur, incarne un des objectifs affichés par Barnier, pour qui « les frontières sont des passoires » : maitriser l’immigration. Retailleau défend soit une nouvelle loi, soit des mesures règlementaires prises par décret, contre les émigrés et réfugiés, reprenant tous les dispositifs de la loi sur l’immigration avec notamment la suppression de prestations sociales octroyées aux étrangers, le durcissement des règles autorisant le regroupement familial, la réduction de l’aide médicale d’État en simple aide médicale d’urgence, etc. « Rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre » a martelé Retailleau le 23 septembre lors de la passation de pouvoirs. Lui qui milite pour instaurer une présomption de légitime défense en faveur des forces de l’ordre ayant fait usage de leurs armes a ajouté « Honte à ceux qui distillent dans leurs discours la haine vis à vis de nos forces de l’ordreJe ne tolèrerai aucune offense physique et verbale contre les forces de l’ordre ». Les manifestants sont prévenus…

Réformistes et chefs syndicaux refusent d’organiser le combat réel contre Macron Barnier

Paradoxalement, c’est donc un gouvernement sans majorité, menacé de censure sur sa droite et sur sa gauche, qui s’apprête à mettre en oeuvre des attaques très importantes contre les travailleurs, les services publics, les libertés démocratiques.

Du côté des partis réformistes, on ne voit de salut que dans l’alliance NFP avec LE (ex-EELV) et dans le « front républicain » (incluant Renaissance, MoDem, LIOT, Horizons, LR), que dans le jeu parlementaire, le dépôt de motions de censure, qui ne seront en réalité soumises pour leur adoption qu’au bon vouloir du RN, lequel décidera quand l’occasion lui sera la plus favorable pour avancer vers la conquête du pouvoir. Rester dans le cadre parlementaire, c’est se condamner à la montée inexorable du RN. LFI a enclenché de son côté une procédure constitutionnelle de destitution de Macron. C’est une imposture. Non seulement parce qu’elle n’a aucune chance d’aboutir, mais surtout parce qu’elle tient lieu et place d’un appel au front unique, à la mobilisation générale de toute la classe ouvrière pour renverser le gouvernement et chasser Macron et Barnier, empêcher Le Pen et Bardella de les remplacer, supprimer la présidence et le Sénat, mettre en place un gouvernement des travailleurs.

Les chefs syndicaux, quant à eux, se disposent pour continuer le « dialogue social » que Barnier appelle de ses voeux. Le 25 septembre, tous les chefs confédéraux se succèdent à la convocation de Barnier. Binet dit continuer à réclamer l’abrogation de la contreréforme des retraites, mais réclame en même temps au gouvernement une conférence sur les retraites « pour que les syndicats puissent présenter leurs propositions de financement ».

La secrétaire générale de la CGT a été reçue à Matignon. Il s’agit de se faire entendre avec force face à un gouvernement très à droite… La centrale de Montreuil propose également une conférence de financement pour nos retraites. (L’Humanité, 25 septembre)

Le premier ministre LR accepte seulement de bricoler à la marge : « Je veux faire confiance aux partenaires sociaux pour améliorer cette loi » (Barnier, 22 septembre). L’appel à la journée de grève du 1er octobre prétend que ce gouvernement va les écouter.

Nos organisations syndicales et de jeunesse appellent à manifester et à faire grève pour qu’enfin les urgences sociales, exprimées dans les mobilisations comme dans les urnes, soient entendues !… Nous pouvons donc maintenant gagner l’abrogation de la réforme des retraites. (CGT, FSU, SUD…, Communiqué intersyndical, 12 septembre)

Le président a fixé le cap, ne pas abroger la loi. Il est aidé par le Conseil d’orientation des retraites (dans lequel siègent CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU…) qui affirme en juin qu’elle sera insuffisante.

Pour un programme d’action de la classe ouvrière

Ce qui manque pour vaincre, c’est une perspective politique, une organisation révolutionnaire, un programme d’action révolutionnaire.

L’urgence est de dresser la force de la classe ouvrière contre Macron et Barnier, contre Le Pen et Ciotti, contre le patronat : assemblées générales sur les lieux de travail, d’étude et de vie pour débattre démocratiquement et décider, pour organiser l’autodéfense des luttes, l’élection de comités révocables par les assemblées générales, la coordination et la centralisation des comités à l’échelle locale, régionale et nationale.

Abrogation des mesures Macron contre les retraites et les chômeurs, annulation de toutes les mesures Macron contre le droit à la formation et contre les travailleurs de l’enseignement public !

Augmentation des salaires et des prestations sociales, échelle mobile des salaires et des prestations sociales !

Ni concertation, ni négociation des plans réactionnaires ! Sortie des syndicats de salariés du Conseil économique, social et environnemental, du Conseil d’orientation des retraites, du Conseil supérieur de l’éducation, du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, des conseils d’administration des groupes capitalistes !

Fin des niches fiscales, suppression des cotisations salariales et des impôts sur la consommation populaire, impôt fortement progressif sur les revenus et sur le patrimoine, sous contrôle populaire !

Expropriation des groupes capitalistes sous contrôle de leurs travailleurs et de la population !

Abrogation des lois contre l’immigration, ouverture des frontières aux réfugiés, aux travailleurs et aux étudiants !

Libération des militants kanaks, indépendance de la Nouvelle-Calédonie !

Suppression du délit d’apologie du terrorisme, abandon de toutes les poursuites et annulation de toutes les condamnations à l’encontre des militants propalestiniens, arrêt des fournitures d’armes à Israël !

Licenciement de l’armée de métier et des corps de répression, armement du peuple !

À bas Macron et Barnier, abolition de la 5e République ! Gouvernement ouvrier fondé sur les comités de base, États-Unis socialistes d’Europe !

25 septembre 2024