Le plan d’extermination qu’ils ont mis en œuvre, dans le cadre du plan Condor, conçu par l’impérialisme américain pour écraser les organisations ouvrières du cône sud, par l’annulation de toutes les libertés démocratiques, l’enlèvement, la torture, le viol et l’assassinat, a entrainé la disparition de plus de 30 000 camarades, sans que ces crimes n’aient encore été élucidés, parce que tous les gouvernements démocratiques ont dissimulé des informations vitales à leur sujet, refusant d’ouvrir les principales archives de la dictature.
Ceux qui mystifient la démocratie bourgeoise, présentée comme un régime de liberté dans lequel la répression est due à des excès ou à quelques fonctionnaires incontrôlés ont totu faux. Dans les périodes de relative stabilité, ou de faible niveau de conflit social, les classes dirigeantes préfèrent la démocratie comme moyen plus efficace d’ordre, de contrôle et de discipline. Lorsque la lutte ouvrière et populaire devient incontrôlable, ces mêmes démocrates sont les premiers à violer les normes qu’ils prônent, comme en témoigne le fait qu’ils ont mis en œuvre des interdictions de toutes sortes, la censure, la répression étatique et paraétatique : Liga Patriótica, Comando Libertadores de América, Alianza Anticomunista Argentina [Alliance anticommuniste argentine, AAA, coiffée par López Rega et chargée en 1973 par Perón de l’assassinat des guérilleros péronistes devenus encombrants (Montoneros) puis des militants de l’ensemble des organisations ouvrières (PRT-ERP, PST, PCA, PO…), était constituée de truands et de fascistes, liée à la CIA, appuyée par une fraction de la bureaucratie de la CGT, de la police et des services secrets]. Lorsque cela s’est avéré insuffisant, ils se sont tournés vers l’état-major lui-même, pour tenter d’éliminer physiquement chaque combattante, chaque combattant. Quatre-vingt pour cent des disparus de la dernière dictature militaire étaient des travailleurs combattifs.
Toujours les mêmes
Les bénéficiaires de la dernière dictature militaire ont été les grands entrepreneurs, les propriétaires terriens, la bourgeoisie rurale et industrielle, les banquiers et les spéculateurs financiers, qui ont fait d’énormes affaires. Ils ont démantelé les acquis historiques du mouvement ouvrier et, grâce au pacte tacite conclu avec les principaux partis et coalitions politiques, ils sont parvenus à augmenter scandaleusement la dette extérieure, un fait qui a été assumé par chacun des gouvernements constitutionnels.
Destacamos también la impunidad de la que se han beneficiado dirigentes políticos y sindicales hasta el día de hoy. Las patotas de la burocracia sindical fueron parte de la estructura que integró la Triple A, junto a policías y militares durante el último gobierno de Perón, y después pasaron a operar para la dictadura del ‘76. Hugo Moyano fue uno de los miembros distinguidos, siendo de la Juventud Sindical. Los patrones necesitaban a estos grupos para amedrentar y asesinar a delegados y obreros combativos.
Aussi instructive est l’impunité dont ont joui les responsables politiques et syndicaux de ces crimes ont bénéficié à ce jour. Les hommes de main de la bureaucratie syndicale étaient intégrés à l’AAA avec la police et l’armée, pendant le dernier gouvernement Perón. Ils ont ensuite poursuivi leur activité pendant la dictature militaire qui prit le pouvoir en 1976.
- Hugo Moyano, membre alors au plus haut niveau de la Juventud Sindical Peronista [Jeunesse syndicale péroniste, une fraction fasciste du péronisme]. Les patrons avaient besoin de ces voyous pour intimider et assassiner les délégués et les travailleurs combattifs [Moyano fut secrétaire général de la CGT de 2004 à 2016].
- Dans la province de San Luis, Oraldo Britos, un bureaucrate de l’Unión ferroviaria [syndicat des chemins de fer CGT] et un politicien de premier plan [longtemps sénateur ou député PJ] faisait partie de l’AAA. Il est mort sans avoir rendu le moindre compte.
- Les frères Rodríguez Saá qui ont exercé le pouvoir politique pendant des décennies [l’un a été de gouverneur de la province de San Luis de 1983 à 2001, président quelques semaines en 2001, l’autre, ancien conseiller de la CGT, a été gouverneur de la province de San Luis de 2015 à 2023] avaient, entre autres, signé la lettre à l’amiral Massera [membre de la junte militaire de 1976 à 1978] exigeant un châtiment exemplaire pour les militants qu’ils désignaient publiquement par leurs noms et prénoms.
- Des dirigeants comme Guillermo Moreno [membre à plusieurs reprises des gouvernements de Kirchner, PJ] et Miguel Pichetto [ancien député PJ et Péronisme républicain, actuellement administrateur de l’AGN, l’agence du secteur public] ont fait partie d’un groupe néonazi appelé la Guardia de Hierro [Garde de fer], lié à l’AAA et à la junte militaire, font aujourd’hui l’objet de la bienveillance des médias comme s’ils étaient des personnages tout à fait honorables.
La caste forme un tout
Malgré les nuances des discours de ceux qui entrent en concurrence pour gagner les élections, et les divergences sur la façon de nous faire payer le cout de la crise capitaliste, le parti au pouvoir et l’opposition patronale sont unis et organisés pour la défense du capital. Dans cette croisade, Milei n’est pas seul, car les gouverneurs font aussi leur part, au-delà des glapissements actuels.
L’attaque permanente contre nos conditions de vie, à travers l’inflation, le chômage partiel, les licenciements, les tarifs publics, les tentatives de réforme du travail, le plafonnement des salaires, les pensions de retraite misérables, le protocole répressif de Bullrich et le possible recours à l’armée pour assurer « la sécurité intérieure », font partie du plan d’austérité dont les classes dominantes ont besoin pour protéger leur taux de profit.
Coucher avec l’ennemi
Le slogan Nunca más (plus jamais ça) que de nombreuses organisations reprennent aujourd’hui a une racine douteuse. Le gouvernement Alfonsín [UCR], en mettant en place en 1983 la CONADEP (Commission nationale sur la disparition de personnes) et le procès des membres de la junte militaire en 1985, a fondé la théorie des deux démons jumeaux, selon laquelle deux camps criminels s’affrontaient dans les années 1970, le reste de la société se tenant au milieu en tant que simple spectateur. Il était ainsi possible de juger, punir et répudier la « subversion », de criminaliser l’usage légitime de la violence par les travailleurs et les pauvres. Ce récit coïncide avec celui que Milei et Villarruel tentent d’imposer aujourd’hui.
Une véritable défense des libertés démocratiques
Le gouvernement national a lancé une campagne négationniste contre les 30 000 camarades disparus, tout en encourageant les attaques contre les organisations syndicales, sociales et politiques. Ces derniers jours, deux camarades ont fait l’objet d’agression réactionnaire. Une militante des HIJOS (Enfants de disparus pour l’identification et la justice contre l’oubli et le silence) a été menacé avec des armes à feu et abusé sexuellement, et Teresa Laborde, née en captivité, fille d’Adriana Calvo, a été menacée par téléphone.
Les tentatives de sanctionner sévèrement les manifestations et les grèves des travailleurs par des amendes, la répression et l’emprisonnement doivent être contrecarrées par l’organisation militante et la lutte du mouvement ouvrier, sans aucune confiance envers la justice ou le parlement.
Par ailleurs, l’accentuation de la répression, ainsi que les réformes visées par le décret et la loi Omnibus de Milei, comportent un autre volet, qui consiste à interdire et à criminaliser l’avortement en Argentine, tout en soutenant financièrement les institutions religieuses et en leur confiant le contrôle des plans sociaux. Il s’agit là d’attaques contre les femmes et les familles de travailleurs.
Nous devons construire la grève générale à partir de la base, en organisant des comités de lutte sur chaque lieu de travail, dans chaque école et dans chaque quartier, par le biais d’assemblées, en élisant des délégués pour former un front unique contre l’austérité des patrons et de leurs partis, qui soit politiquement indépendant des bureaucraties syndicales, ainsi que des piquets de grève.
Pour une issue révolutionnaire à la crise capitaliste
Nous appelons à l’organisation de l’autodéfense des travailleurs et des peuples, nous n’avons pas peur des bandes fascistes de lumpens armés.
Nous ne sommes pas des pacifistes, car les faits montrent que le capitalisme est essentiellement violent. Nous devons nous défendre et lutter par tous les moyens nécessaires, même en recourant à l’action directe et à la violence aux moments opportuns, tant pour la défense que pour l’insurrection et la conquête du pouvoir. Nous revendiquons les occupations d’usines, les piquets de grève, les barricades, la formation de groupes d’autodéfense, la lutte armée et toutes les méthodes que la classe ouvrière a développées et adoptées dans le monde entier. Se soulever face à un ordre criminellement injuste est bien plus qu’un droit, c’est un devoir.
Le meilleur hommage aux camarades disparus est de poursuivre leur lutte, jusqu’à la victoire, sur la voie de la révolution et du socialisme.
- Que les patrons paient pour la crise !
- Non au paiement de la dette extérieure !
- Séparation de l’Église et de l’État !
- Contre la répression étatique et paraétatique, autodéfense ouvrière et populaire !
- Dissolution de l’appareil répressif !
- Non aux mesures d’austérité de Milei, du FMI et des gouverneurs !
- Solidarité internationale avec le peuple palestinien !
- Gouvernement ouvrier et paysan !
- Pas d’oubli, pas de pardon, pas de réconciliation !
- 30 000 disparus, nous ne vous oublierons jamais !