Il a réuni plus de 100 participants, jeunes dans leur grande majorité. Les quatre intervenants ont dénoncé le génocide en cours à Gaza et la complicité des puissances impérialistes. Mais à aucun moment une réponse programmatique à la colonisation sioniste n’a été avancée. Un militant du Groupe marxiste internationaliste a tenté de combler cette lacune.
Intervention d’un militant du GMI
Les camarades ont détaillé le génocide en cours à Gaza et il faut effectivement discuter de comment arrêter ce massacre planifié par l’État sioniste. Or les camarades n’ont pas parlé de l’avenir de la Palestine. Pour les révolutionnaires, il faut de la clarté, un but, un programme pour la Palestine et la région. Un premier point pour discuter de ce programme est de constater que quel que soit le gouvernement à sa tête, il n’y a qu’un État oppresseur, c’est Israël. Et quel que soit la direction du mouvement national, il n’y a qu’un peuple opprimé, ce sont les Palestiniens.
Pour les révolutionnaires, il est indispensable de défendre une seule Palestine, unifiée, démocratique, multiethnique, laïque. Et cette Palestine ne pourra être que socialiste et cela nécessite de détruire l’État colonial d’Israël. D’ailleurs, les marxistes sont pour la destruction de l’État bourgeois par la révolution prolétarienne. Pourquoi le NPA-R n’avance-t-il pas comme mot d’ordre le démantèlement de l’État sioniste ?
Il faut que les marxistes rejettent clairement le mythe des deux États que de nombreux partis défendent comme par exemple ceux qui organisent les manifestations au sein du « Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » pour faire pression sur Macron. Il existe aussi de faux révolutionnaires qui refusent la nécessaire destruction de l’État d’Israël comme LO qui, dans un article de fond du 18 novembre, déclare :
Le mot d’ordre de « destruction de l’État d’Israël » ne peut pas pour autant être le leur [celui des révolutionnaires NDLR], car les nationalistes qui l’avancent ne parlent évidemment pas de sa destruction par le prolétariat révolutionnaire, mais de sa destruction au profit d’un autre État. Au passage, il comporte pour eux une négation du droit des Israéliens d’aujourd’hui à continuer d’avoir, sous une forme ou sous une autre, leur propre existence nationale. (L’Extrême gauche, la question palestinienne et le Hamas, 18 novembre)
Défendre ainsi l’existence d’Israël signifie avaliser l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens en 1948, nier le droit au retour des millions de réfugiés palestiniens, avaliser la partition de la Palestine avec l’appui de l’impérialisme américain et de la bureaucratie du Kremlin.
Le NPA-R avance la nécessité de l’unité du prolétariat juif et du prolétariat palestinien. C’est juste, mais sur quelle base ? Quand le peuple algérien s’est soulevé pour son indépendance, comme les camarades l’ont reconnu, la question principale était bien pourtant de rallier le prolétariat français au droit à l’indépendance du peuple algérien !
La seule façon que le prolétariat juif s’unisse au prolétariat palestinien est justement dans la perspective du démantèlement de l’État colon sioniste, d’une Palestine unifiée. C’est sur un tel programme qu’un parti ouvrier révolutionnaire, qui manque cruellement aux travailleurs de Palestine, peut unifier notre classe et avec l’aide d’une internationale révolutionnaire prendre le pouvoir, ouvrir la perspective d’une fédération socialiste du Proche orient.
Cette position est minoritaire aujourd’hui ? Sans doute, mais c’est la seule perspective révolutionnaire que peut défendre une organisation communiste internationaliste. Si le NPA-R dit vouloir constituer un parti communiste internationaliste, il lui faut cette position programmatique. C’est pour y participer, avec la plus grande clarté programmatique, que le Groupe marxiste internationaliste renouvèle ici sa demande d’adhésion d’avril au NPA-Révolutionnaires.
Aucune réponse claire à la question simple : un seul État ou deux États ?
Au lieu de répondre sur le fond, un dirigeant, offusqué, du courant DR a pris la défense de LO qui, quand elle est née en France, ne défendait pas le combat national algérien… et entérinait déjà la colonisation de la Palestine.
Nous ne considérons pas que la disparition de l’État d’Israël soit nécessaire ou souhaitable. Nous pensons même que son existence pourrait être bénéfique à toute la population arabe et juive du Moyen-Orient… Pour que l’État d’Israël puisse être bénéfique aux Juifs et aux arabes du Moyen-Orient, il lui faudrait une politique et une structure socialistes. (Hardy, Le Problème palestinien, juillet 1967)
Il est vrai que ni CR, ni D&R, les deux courants du NPA issus de LO, n’ont tiré un bilan sérieux du hardysme, moins pittoresque mais tout aussi révisionniste que le pablisme qui a détruit la 4e Internationale. Au même moment, dans le monde entier, les organisations guidées par Pablo, Mandel, Moreno s’alignaient sur le nationalisme bourgeois arabe et sur l’OLP ; aujourd’hui, leurs héritiers (RP et NPA-AC en France) courent après les contrerévolutionnaires islamistes et après le Hamas.
Par contre, un responsable du courant AR a reconnu, du bout des lèvres, qu’il fallait détruire Israël pour résoudre la question nationale palestinienne. Alors, pourquoi ne pas l’écrire ? La clarté programmatique est primordiale dans le but de construire un véritable parti révolutionnaire.
Dans l’immédiat, culpabilisation des consommateurs ou action prolétarienne contre les envois d’armes à Israël ?
Dans l’immédiat, après 2 mois et demi de l’offensive génocidaire à Gaza, les communistes révolutionnaires doivent dénoncer les partis sociaux-impérialistes (PCF, PS, LFI) et leurs adjoints qui défendent la prétendue solution à deux États de l’ONU et de l’impérialisme américain. C’est une mystification.
Nous ne pensons pas au refus de consommer des produits israéliens ou de culpabilisation des clients de Zara, de McDonald’s ou de Carrefour par les petits bourgeois pacifistes de l’AFPS (PCF, LFI…) ou d’Urgence Palestine (NPA-AC, RP…). Ces disciples de Gandhi essaient persuader les travailleurs de France (et de Palestine) que l’embargo de l’ONU ou le refus de manger des oranges d’Afrique du Sud avait fait tomber le régime d’apartheid en 1991, et non les grèves et manifestations des ouvriers noirs sur place.
Dans les manifestations, au sein des comités de soutien, sur les lieux de travail et d’études ainsi que dans les syndicats, les révolutionnaires doivent proposer une campagne internationaliste ouvrière. Il faut exiger des partis et syndicats ouvriers qu’ils rompent avec Macron qui est un complice de Netanyahou et qui livre actuellement des armes à l’État sioniste (cela représentait 15,3 millions d’euros en 2022).
Avant tout, en France et dans le monde, l’internationalisme prolétarien passe par la lutte contre la production, la vente, l’aide et la livraison d’armes à Israël. C’est l’axe de l’appel des syndicats palestiniens du 17 octobre (qui a été diffusé lors du meeting du NPA-R par le Groupe marxiste internationaliste).
Nous appelons les syndicats des secteurs concernés à refuser de fabriquer des armes destinées à Israël, refuser de transporter des armes vers Israël, adopter des motions dans leur syndicat à cet effet, prendre des mesures contre les entreprises complices impliquées dans la mise en œuvre du siège brutal et illégal mené par Israël, faire pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent un terme à tout commerce militaire avec Israël et, dans le cas des États-Unis, à son financement.
C’est dans la droite ligne de la 4e Internationale du vivant de Trotsky.
La 4e Internationale proclame que la meilleure aide efficace que les ouvriers du monde peuvent apporter à leurs frères d’Espagne réside dans l’action directe, organisée particulièrement par les syndicats de l’industrie de guerre, des transports, des ports, dans le boycott des envois aux fascistes et dans la grève générale pour renverser les gouvernements du blocus. (Conférence de fondation de la 4e Internationale, Appel pour la classe ouvrière espagnole, septembre 1938)