La trêve n’est pas totale. Les véhicules blindés et les tireurs d’élite de l’armée israélienne continuent à ouvrir le feu sur les habitants de la zone nord qui tentent de revenir. En Cisjordanie, les colons appuyés par l’armée poursuivent leurs agressions des Palestiniens (1 400 arrestations, 190 morts par balles depuis le 7 octobre).
Pour le gouvernement israélien, il ne s’agit que d’une pause dans son entreprise de terreur à grande échelle. Le 26 novembre, lors d’une visite aux troupes israéliennes qui occupent la bande de Gaza, le premier ministre Benyamin Nétanyahou rappelle : « Nous continuerons jusqu’au bout, jusqu’à la victoire ». Le 27 novembre, le ministre de la défense Yoav Gallant déclare à un groupe de soldats que lorsque les combats reprendront, , « ils seront plus importants et se dérouleront dans toute la bande de Gaza ».
En France, après l’opération du 7 octobre décidée par le Hamas (1 200 morts), le président, la première ministre, les grands médias, tous les partis bourgeois affirment qu’Israël est « en droit de se défendre » (EELV, Renaissance, MoDem, LR, RN…). Même le parti fascisant, fondé par des antisémites et des pétainistes, se situe « plus que jamais aux côtés de la démocratie israélienne ». Après tout, Israël est un allié de l’impérialisme français et son armée tue des Arabes.
Israël ne fait que se défendre ? Depuis le 7 octobre, son armée a causé 14 854 tués, dont 6 150 enfants. La moitié des logements ont été écrasés, presque toutes les infrastructures ont été détruites, des mosquées, des écoles et des hôpitaux ont été visés. Plus de 100 salariés de l’ONU ont été tués.
La démocratie israélienne ? Ces derniers jours, les médias rendent compte du soulagement compréhensible des familles des otages israéliens libérés. Mais sait-on que l’État israélien interdit toute réjouissance, aux proches des prisonniers palestiniens relâchés à Gaza et à Jérusalem ?
La démocratie israélienne ? L’armée israélienne interdit aux journalistes, y compris israéliens, de couvrir sa guerre. Elle choisit les images qui sont fournies aux médias du monde entier. Elle cible systématiquement les reporteurs qui travaillent encore au sein de la population civile. Elle a ainsi assassiné plus de 50 journalistes depuis le 7 octobre.
Officiellement, l’État israélien a pour but d’éliminer le Hamas de la bande de Gaza. À moins d’exterminer la population ou de la chasser (mais l’État égyptien n’en veut pas), c’est un objectif inatteignable. Le Hamas a le soutien d’une partie significative de la population et le reste est tout aussi hostile à la colonisation sioniste.
La colonisation sioniste de la Palestine a commencé en 1882. Elle a gagné en crédibilité avec l’extermination des Juifs d’Europe par le régime nazi. Elle a été entérinée par l’ONU avec son projet de partition en 1947. Elle a été consolidée par la Nakba en 1948 et la proclamation de l’État colonial par le Parti travailliste. Elle a été renforcée quand la précédente direction bourgeoise du mouvement national palestinien a signé les accords d’Oslo de 1993. C’est la colonisation, inséparable d’Israël, son cortège de spoliations, de violences, d’humiliations qui a suscité, suscite et suscitera révolte et résistance.
Le Hamas a supplanté le Fatah parce que celui-ci est devenu l’appendice corrompu d’Israël et des puissances impérialistes occidentales en Cisjordanie. Mais le Hamas est tout aussi bourgeois, tout aussi impuissant à vaincre Israël et encore plus incapable de s’adresser au prolétariat d’Israël et des autres États de la région (Égypte, Syrie, Liban, Jordanie, Turquie, Iran…). La classe ouvrière est la clé de toute solution démocratique et progressiste, la seule force sociale qui a intérêt à une Palestine unifiée, binationale, bilingue, démocratique et laïque, dans le cadre de la fédération socialiste du Proche-Orient.
Quel que soit le gouvernement à sa tête, il n’y a qu’un État oppresseur (Israël). Quelle que soit la direction du mouvement national, il n’y a qu’un peuple opprimé (les Palestiniens).
Les travailleuses et les travailleurs doivent exiger de leurs organisations de masse (partis et syndicats) qu’elles rompent avec Macron, avec l’État français complice depuis toujours de l’État colonial, qui fait passer tout antisionisme pour de l’antisémitisme. Il faut dresser le front unique ouvrier pour le droit de manifester et pour défendre les militants syndicaux ou politiques qui sont poursuivis pour leur défense des Palestiniens face à la machine de guerre coloniale.
Dans toutes les organisations syndicales, levons le drapeau de l’internationalisme prolétarien, en particulier en bloquant la fabrication des armes françaises pour Israël, leur acheminement. Il faut faire prendre position en défense des Palestiniens. Partout, organisons-nous pour que soit repris l’appel des syndicats palestiniens.