Les mobilisations du 19 juillet [la confédération CGTP qui est dirigée par les partis réformistes d’origine stalinienne, version Moscou -PCP- ou Pékin -PR Patrie rouge- avait appelé à une journée d’action le 19 juillet ; le gouvernement a fait défiler les 15 et 16 juillet des milliers de policiers et de chars dans les rues du centre de Lima ; la mobilisation a largement débordé le cadre des bureaucrates réformistes] ont réactivé la lutte des travailleurs contre la dictature. L’incendie du commissariat de Juli, Chucuito, le 4 mars, a été la dernière action impitoyable du cycle précédent. Le soulèvement dans le Sud entre janvier et février a été un évènement historique comparable uniquement à la combattivité de la grève nationale du 19 juillet 1977. Des masses de travailleurs urbains et ruraux, de jeunes travailleurs, de paysans, de travailleurs indépendants, de petits commerçants, frappés par la misère après la pandémie, se sont paralysés, mobilisés et ont affronté la police et l’armée dans un tiers du pays, d’Ayacucho à Tacna, d’Ica à Madre de Dios, ainsi que dans le Centre (Junín, Huancavelica, Huánuco…) et le Nord (La Libertad, Cajamarca, Loreto…). La classe dirigeante n’a pu arrêter le mouvement qu’au prix de 49 personnes assassinées, de milliers de blessés et d’arrestations.
Cette lutte a exprimé une avancée notable de la conscience d’une fraction importante du peuple à l’échelle nationale, exprimée dans les mots d’ordre « dissolution du Congrès », « démission de Boluarte » qui, pour être embryonnaires, n’en n’ont pas moins un sens révolutionnaire. Cependant, le mouvement des masses doit donner comme contenu au slogan « dissolution du Congrès » le remplacement du pouvoir législatif bourgeois par un organisme qui se développe en un pouvoir de classe : une Assemblée populaire nationale basée sur des assemblées de district, provinciales et régionales. L’objectif politique de l’insurrection est de renverser le gouvernement de l’ennemi afin d’établir un gouvernement des travailleurs et pas d’échanger la despote Boluarte contre son allié Soto [Alejandro Soto est le président APP du Congrès]. La direction de la CGTP et les politiciens de la « gauche progressiste » donnent pour leur part comme contenu à la dissolution du Congrès, son remplacement par un nouveau congrès issu d’élections anticipées. Leur but est d’obtenir des députés et, si possible, d’accéder au gouvernement par le biais d’une alliance électorale avec des partis à leur droite. Mais le moule électoral éculé de la pseudodémocratie capitaliste n’a jamais représenté la possibilité de libération pour les opprimés.
Aucune dictature meurtrière ne tombe grâce à de simples manifestations. Les travailleurs des villes et des campagnes sont poussés à paralyser le pays par la grève générale illimitée, la prise des administrations, des voies de communication, des entreprises, des usines. Pour affronter la dictature, il faut les bastions de la classe ouvrière des mines, de la métallurgie, de l’agro-industrie et du bâtiment, avec la paysannerie, les enseignants, les fonctionnaires. Plus vite ils s’intégrent à la lutte, plus vite les régimes oppressifs s’effondrent. Plus la lutte sera énergique, moins nous subirons de dommages, moins il y aura de pacifisme défaitiste, plus il y aura de victoires. La classe ouvrière doit à nouveau diriger l’alliance ouvriers-paysans pour obtenir des gains historiques.
La bureaucratie opportuniste de la CGTP a été incapable, au début de l’année, de promouvoir la création d’une direction unifiée du soulèvement. C’est le résultat constant de leur politique en tant que gauche du système, un épisode de plus de leur faillite répétée dans la direction du mouvement de masse. Or, en ce moment, la Coordination nationale unitaire de lutte (CNUL) a l’opportunité de rassembler toutes les expressions des organisations populaires, assemblées, comités de lutte, fronts de défense, etc., en intégrant des directions unifiées par régions, dans une structure réellement représentative et avec un fonctionnement démocratique, afin de pouvoir développer des organes de pouvoir de classe qui rivalisent avec le pouvoir bourgeois. Front uni de tous les travailleurs, autodéfense dans les actions de masse, organismes du pouvoir prolétarien, grève générale illimitée, sont les mots d’ordre de la voie anticapitaliste.
Dehors la dictature, son congrès fascisant et son système judiciaire !
Emprisonnement immédiat des assassins, des politiciens, des commandants de l’armée et de la police ! Tribunaux populaires !
Pour un gouvernement ouvrier, paysan et populaire !
Pour un parti ouvrier révolutionnaire en lutte pour le pouvoir !