Le PSOE a perdu la quasi-totalité de ses positions locales et Podemos s’est effondré comme un château de cartes. Vox est non seulement partisan du capitalisme, mais anti-immigration, climatosceptique, misogyne et nationaliste espagnol.
Les exceptions, comme toujours, sont le Pays basque et la Catalogne, où la représentation de la bourgeoisie locale n’a jamais pu être évincée par le PP. L’analyse par quartiers et niveaux de revenu montre que l’abstention est le fait des électeurs de la classe ouvrière favorables aux partis qui se présentent plus ou moins comme des défenseurs de leurs intérêts de classe : PSOE, IU [Gauche unie, le front du PCE], Podemos, En Comú-Podem [Podemos en Catalogne], Compromís [coalition en Valence], Más Madrid [scission de Podemos]…
Bildu [Réunir, ex-ETA] et BNG [Bloc nationaliste galicien] ont été les exceptions à cette tendance et n’ont pas été affectés par la démoralisation générale. Le BNG, troisième force de Galice, est passé de 12,47 % à 17,25 % des suffrages exprimés, dans un territoire où aucun candidat Vox n’a été élu. De son côté, Bildu est passé de 24,79 % au Pays basque en 2019 à 29,2 % en 2023, juste derrière le PNV [Parti nationaliste basque, principal parti nationaliste bourgeois basque]. La campagne féroce de certains médias espagnols contre Bildu semble le favoriser malgré son adaptation au PNV et le fait qu’il soit devenu l’une des béquilles qui ont stabilisé et justifié les politiques du gouvernement espagnol ces derniers temps.
Dans le cas du Pays valencien, la participation aux élections régionales a chuté beaucoup plus que la moyenne (6,78 %). La progression du binôme PP-Vox ne s’est faite qu’en pourcentage, puisqu’il a obtenu 47 667 voix de moins que PP-Vox-Cs en 2019. Le PSOE a progressé en voix et en pourcentage. Compromís, qui a gouverné aux côtés du PSOE au cours des quatre dernières années, a perdu une voix sur cinq, après avoir permis à la vice-présidente du Conseil, Mónica Oltra, d’être renversée par une manoeuvre ignominieuse orchestrée depuis les égouts de Vox.
En Catalogne, la faible participation (près de 10 points en dessous de la moyenne) et l’augmentation significative de l’abstention (9,33%) sont frappantes. Ces deux chiffres sont très significatifs de l’atmosphère politique de désenchantement après toutes les tromperies du processus avorté d’indépendance. Le PSC [Parti socialiste catalan] est passé devant ERC [Gauche républicaine de Catalogne, parti nationaliste bourgeois catalan] avec 23,7 % des suffrages. ERC, qui assure la présidence de l’actuel gouvernement de la Generalitat, a perdu 300 000 voix (6 %). Enfin, si Barcelona en Comú n’a pas été affecté par la débâcle nationale de Podemos, il a vu son porte-drapeau Ada Colau perdre la mairie de Barcelone, où la participation a fortement chuté dans les quartiers les plus pauvres, tandis que Junts [Ensemble, un autre parti nationaliste bourgeois catalan] a mobilisé dans les quartiers les plus riches.
Aux Baléares, la participation a augmenté de plus de trois points, mais reste très faible, à 57,21%. L’alliance PP-Vox-Cs a atteint la majorité absolue, gagnant près de 11 % et 56 113 voix par rapport aux élections de 2019. Vox obtient l’un des résultats les plus élevés d’Espagne, avec 13,9 % des voix. Le PSOE et Més [Plus, coalition nationaliste baléare] se maintiennent en voix, mais perdent en pourcentage et ne récupèrent pas la moitié des voix que Podemos a perdues depuis 2019.
À Madrid, le PP n’a pas eu la majorité absolue comme prévu, même si Isabel Díaz Ayuso [présidente PP de la Communauté de Madrid, réélue pour un 3e mandat] n’aura aucune difficulté à gouverner avec l’aide de Vox qui perd presque 2 % des suffrages. Mas Madrid [scission de Podemos] et le PSOE ont maintenu leurs scores, améliorant leurs pourcentages très similaires, à environ 18 %. Podemos s’est effondré avec la perte de tous ses élus dans la Communauté de Madrid, ce qui a entrainé une forte augmentation de l’abstention (6,2 %).
Le premier ministre PSOE Sanchez a annoncé le lendemain la convocation des élections législatives anticipées le 23 juillet. Le PP va administrer avec Vox 30 capitales régionales sur 50 et, parmi les régions autonomes, la Communauté valencienne, l’Estrémadure, les Baléares, l’Aragon, la Castille et Léon, la Cantabrie et la région de Murcie. Le tandem PP-Vox, un concentré de réaction franquiste, veut maintenant s’emparer du gouvernement central.