Cahier révolution communiste 30
Les marxistes et l’émancipation des femmes

Présentation

Dans tous les pays capitalistes, même ceux qui se prétendent les plus démocratiques, les femmes sont doublement opprimées : d’une part comme membres des classes laborieuses par le régime du profit, d’autre part, comme femmes, parce que pèse sur elles seules le fardeau des tâches domestiques et que les institutions et les lois les maintiennent dans une situation de profonde inégalité par rapport à l’homme.

Au cours des dernières années, les luttes contre cette oppression ont connu une importance grandissante ; luttes pour un système public de garderies, pour le droit à l’avortement, pour le salaire égal à travail égal, etc. Au Québec notamment les femmes ont été de plus en plus nombreuses à combattre pour ces droits. Le mouvement ouvrier organisé s’est engagé dans des revendications et des batailles sur la situation des femmes impliquant l’ensemble des travailleurs. La Centrale de l’enseignement du Québec, la Fédération des travailleurs du Québec ont produit des documents qui révélaient une conscience aiguë du sort fait à la femme en régime capitaliste en même temps qu’ils appuyaient les luttes déjà entreprises en vue de les renforcer et de les élargir. Les délégués au congrès de la Confédération des syndicats nationaux en 1974 décidaient de doter leur centrale d’une position élaborée sur la question en vue du congrès de 1976.

Cette recrudescence des luttes contre l’oppression de la femme accompagnait une montée générale des luttes des travailleurs contre l’exploitation capitaliste, Elle se produisait au moment même où l’État bourgeois, pour maintenir en vie le régime du profit, est obligé de s’attaquer aux droits démocratiques et sociaux, que ce soit les droits du travail, salaires et conditions de travail, droits d’organisation, droit de grève, ou les conditions de vie, santé, éducation, logement, etc.

Pour les militants ouvriers, cette évolution revêt la plus grande importance. L’entrée des femmes dans la lutte active contre la « double oppression » dont elles sont l’objet renforce le combat de toute la classe ouvrière. La classe ouvrière dans son combat ne peut pas rester indifférente au sort fait à des millions de femmes, elle ne peut pas rester passive devant l’étouffement des droits démocratiques et sociaux des femmes.

Le combat pour les libertés démocratiques, pour le socialisme est indivisible. On ne peut prétendre lutter pour la défense de ces droits en certains domaines et les laisser fouler aux pieds en d’autres. La lutte contre l’oppression de la femme est partie intégrante de la lutte de la classe ouvrière pour son émancipation.

Quelle est la situation faite à la femme en régime capitaliste ? D’où vient l’oppression dont elle est l’objet ? Comment lutter pour combattre cette oppression ? Pourquoi cette oppression ne peut être éliminée sous le régime de la propriété privée et du profit ? Qu’est-ce que le socialisme apporte à la femme ?

Ces questions qui sont aujourd’hui débattues partout dans le mouvement ouvrier doivent recevoir les réponses les plus claires. Le mouvement communiste a accumulé à leur sujet une somme d’expériences et d’enseignements théoriques qui sont d’une grande richesse, même si certains, poursuivant d’autres buts, voudraient plutôt faire croire que le marxisme n’a rien apporté de valable concernant l’émancipation de la femme.

Pour les luttes présentes, il est essentiel de partir des acquis théoriques et politiques du mouvement communiste sur la question de la femme comme sur l’ensemble des questions de la lutte des classes. Ces acquis, en ce qui a trait au combat contre l’oppression de la femme sont condensés notamment dans des textes de Friedrich Engels et de Lénine, mais aussi dans les débats et les résolutions des quatre premiers congrès de l’Internationale communiste dirigée par Lénine et Trotsky, entre 1919 et 1923.

1976, Roch Denis

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